[EVENT REV x NEFFY] De l’autre côté du miroir : Timeline 1

La tentative d’esbroufe du scientifique acculé n’impressionna pas a spectre et bien au contraire, malheureusement pour lui, elle y vit là une nouvelle faille dans laquelle elle pouvait s’engouffrer. Son sourire toujours plus ostentatoire, elle n’adressa à la tirade du savant fou qu’une expiration passablement contrariée à l’entente d’arguments si vains. Voici à quoi en était réduite la répartie de ce fameux génie, homme de sciences et inventeur hors pairs ? Un vulgaire monologue sur sa nature profonde et les aléas qu’elle entraine ? Une menace sous le joug d’une arme inconnue et fantasque ? La maitresse des lieux n’esquissa même pas un geste pour se soustraire de la trajectoire du canon, se retenant de rire face au reproche ultime de l’ingénieur auquel elle répondit simplement, un reproche moqueur dans la voix face à tant d’évidence.

- Nous n’avons jamais cherché à le savoir parce que Nous nous moquons de toutes ces trivialités. Ce qui vous semble être un barrage infranchissable n’est qu’une banalité de plus à Notre échelle.

Le pantin qu’elle habitait fronça délicatement le nez alors qu’un nouveau hurlement vindicatif était poussé par l’homme de sciences, comme s’il ne s’agissait que d’un désagrément mineur pour les oreilles délicates de la demoiselle, ou en l’espèce, du garçon. Poussant un nouveau soupir las, elle repris.

- Chien qui aboie ne mord pas, je ne vous apprend rien. Et vous Nous avez prouvé à maintes reprises que vous aboyez particulièrement fort.

Ce fut à ce moment que plusieurs choses de déroulèrent à quelques instants d’écart. L’Alakazam mal en point envoya son message à la spectre, reportant son attention sur ce dernier. Baissant de nouveau son regard sur la main qu’elle venait d’endommager, elle la força à se contracter, profitant de cette douleur qui n’était pas la sienne, étudiant les paroles du télépathe d’une oreille distraite. Il était évident que le discours n’atteignait pas les objectifs auquel il était sensé aboutir.

Vous Nous parlez de monde monochromatique mais vous rendez vous compte de la fadeur de vos propos. Un individu de votre intellect ne devrait pas être soumis à une piteuse créature telle que celle ci. Elle désigna le corps qu’elle habitait pour illustrer son propos. Et pourtant vous Nous parlez de ”Maître” de soumissions… Quel gâchis. Enfin qu’importe, vous comprendrez bien assez tôt.

Dans le même temps, le message télépathique était transmis aux dragons qui tiquèrent suite à cette incursion dans leur esprit. Si l’Ekaiser balaya l’opportunité d’un dialogue d’un grognement sourd, lançant un regard à sa dresseuse puis au possédé avant de détourner le regard, la bruyverne désorientée concentra ses pensées et répondit par le même biais silencieux, ses aptitudes de télépathiques perturbées par la confusion.

*Vous croyez vraiment qu’on y a pas pensé ?!….* Elle zigzagua et manqua percuter le lustre *Libérée de sa possession oui… Pas de leur emprise… Apophis….*

La télépathie l’épuisait ainsi confuse et craignant d’être repérée, elle repris son vol, faisant mine de ne pas remarquer le regard suspicieux que lui lançait son camarade. Si leur petit échange devait être remarqué par la maitresse des lieux, ils savaient ce qui attendaient leur dresseuse. Ils n’obtiendraient sans doute pas plus d’information que ces bribes de phrases énigmatiques. L’attention de la spectre était toujours figée sur le duo sur lequel elle exerçait son chantage, surtout maintenant que le corps massif du colosse de métal s’était écrasé à quelques mètres d’elle, lui bouchant la vue vers son propriétaire et la porte du bureau. Un nouveau bruit de croque suivit de mastication se fit entendre à quelques centimètres du scientifique, dans l’entrebâillement camouflé par le métalosse. Appuyée contre l’encadrement de la porte nonchalamment, comme si de rien n’était, la silhouette de la détective détaillait la pièce en mangeant une pomme, trouvée Arceus seul sait où. Tournant la tête vers le scientifique elle avala sa bouchée avant de demander, suffisamment bas pour ne pas être remarquée de la spectre.

- Ca se passe bien les enfants ? Tout le monde s’amuse gentiment ? La famille, les amis, tout ça, Imohtep ? Elle leva sa pomme pour rajouter. Une Golden, ma préférée, un peu sucrée, croquante et acide. Ça vous rappelle quelqu’un ?

Elle leva les yeux pour apercevoir le vol erratique du coléoptère, visiblement perturbé et repris une bouchée de pomme le plus calmement du monde pointant l’insecte de son fruit.

- Vous savez, si vous avez besoin d’aide, des excuses et on peut régler ça proprement. Sinon j’attend dehors que vous ayez fini de vous entretuer et je termine mon business après. A vous de voir. Elle sortit une autre pomme des plis de sa jupe, sans doute à l’endroit d’une poche dissimulée avant d’offrir. Pomme ?

L’action s’intensifiait toujours plus semblait t’il au sein de la pièce si vaste qui paraissait pourtant si exiguë ainsi bondée de créatures plus massives les unes que les autres. La remarque du coléoptère, même si motivée par la frustration de sa position, sembla ne pas particulièrement plaire à la vouivre qui après un feulement sonore en guise de réponse, chargea une sphère d’énergie spectrale et l’envoya à l’attention de l’insecte. Heureusement pour lui, le rappel de son dresseur arriva juste assez tôt pour que la ball’ombre s’écrase au sol dans une gerbe de petites étincelles noires, carbonisant le sol à l’endroit de l’impact.

Ne suivant le combat qu’elle savait gagné d’avance, l’usurpatrice aveuglée par le contrôle qu’elle exerçait sur la situation se laissa distraire quelques instants de plus par l’Alakazam. Ainsi renforcée par son inquiétude et ses doutes quant au déroulé de l’entretient, elle sentait ses forces grandir de secondes en secondes comme un lac se nourrissant de gouttes de pluie. Un rire dédaigneux traversa ses lèvres à l’achèvement de la question.

- J’ai bien peur mon cher, que d’avoir à subir le contrôle de ce ridicule primate n’ai altéré vos facultés intellectuelles. Chaque chose chose a un prix et chaque action entraine des conséquences. Disons que pour moi ces coquilles sont telles des roses, destinées à se flétrir. Vous comprendrez donc qu’au delà de l’enveloppe idéale que m’offre cette chère championne, j’aurais horreur de la laisser se faner trop vite.

Elle gloussa comme si elle venait juste d’entendre la plus adorable des plaisanteries, un son qui ne collait ni à la situation, ni au corps qui l’avait émis. Remarquant néanmoins que le compagnon félidé du psychiste ne semblait plus aussi concentré qu’il ne l’était, elle fit un signe à l’Ekaiser qui, agitant sa queue comme une sonnette par mesure d’intimidation, balança une attaque charge à son encontre sous la forme d’un massif coup de poing. Bien que l’attaque semblait ridiculement faible par rapport à ce dont était capable le dragon, il ne s’agissait là que d’un rappel à l’ordre sans oublier que le cognobidon avait décuplé les forces du combattant à un niveau sans précédent.
La détective pendant ce temps, avait bel et bien reçu le message télépathique mais ne s’était pas encore mise en mouvement, si ce n’était pour ranger sa seconde pomme qui de toute évidence n’était pas appréciée à sa juste valeur. Faisant un petit signe de la main dans la direction supposée du duo du dresseur possédé, la jeune femme fit remarquer au scientifique qui venait encore d’éructer.

- Je ne vous demande pas qu’elle serait la valeur de vos excuse, je vous demande d’en faire. S’ils y arrivent, je pense que ça devrait être à la hauteur de vos capacités docteur.

On notera la main tendue via l'absence de surnoms cette fois ci. Les informations de la coccinelle ne laissèrent cependant pas la détective de marbre, cette dernière tiquant visiblement à l’entente de ces nouveaux détails. L’air de nouveau sérieuse, elle sembla réfléchir quelques instants avant de reprendre en levant son fruit entamé.

- Vous saviez que les pommes sont composées à 25% d’air ? C’est ce qui leur donne leur texture si unique et leur capacité à flotter.

Elle adressa un sourire à l’ingénieur, prenant une nouvelle bouchée et la sachant ostensiblement, ce geste destiné à lui faire comprendre que si elle n’obtenait pas ce qu’elle voulait, il n’obtiendrait rien non plus.

Comme ça en somme:

Puis vinrent la suite des explications et les excuses tant attendues qui détendirent la jeune femme et élargirent son air satisfait.

- Ben voilà, je ne doute pas que c’était douloureux, mais on y est arrivés. Bon en ce qui concerne…

La brunette en costume fut interrompue alors que le métalosse se déplaçait et exposait sa position à la maitresse des lieux dont le courroux fut presque palpable, malgré la distance qui les séparait. Cette dernière, par le biais du corps du dresseur, le redressa et adressa un air de défi régal à la détective, ne portant plus aucune attention aux autres personnes présentes. Ce défi dura quelques instants, jusque’à ce que la championne toujours évanouie n’émette un léger râle, sans pour autant revenir à elle. Le dresseur possédé lança alors, la voix sonnant de nouveau comme le concert dissonant de deux timbres opposés.

- Il est temps de mettre un terme à cette farce ridicule. Bruyverne, fais ton office.

Visiblement perturbée par la scène et par la confusion, la dragonne pris quelques secondes pour observer la brunette, la spectre, sa propriétaire et se concentra avant d’agir. Suffisamment de précieuses secondes gaspillées pour permettre à la jeune femme d’agir sans perdre de temps. Dévoilant une pokéball après avoir lancé son trognon de fruit par dessus son épaule, elle fit apparaitre son mackogneur et lui ordonna sans lui laisser le temps de réfléchir de placer une garde large. Pendant ce temps, la vouivre s’était mise à émettre un son de plus en plus fort, strident et désagréable, voire douloureux avant que la barrière protectrice ne vienne l’atténuer. Les alvéoles immatérielles virent entourer toutes les personnes et Pokémon’s présent, y compris le corps du garçon déguisé en diablotin qui, lorsqu’il ne serait plus sous le contrôle de la spectre, serait sans doute ravi de toujours avoir des tympans en état de marche. Puis arriva le bang sonique, un bruit qui même assourdi par l’attaque restait suffisamment intense pour faire vibrer la cage thoracique des personnes en présence et exploser la totalité des vitres de la pièce dans une pluie d’éclats de verre. L’Ekaiser que le talent avait protégé naturellement de l’attaque ne semblait pas plus dérangé par le son que par les éclats tombés sur et autour de lui.

- Okay, maintenant Garathon.

Jaillissant de sous le bureau, la majaspic enserra le garçon possédé dans ses anneaux, un papier serré dans les crocs dont la vue fit pâlir sa victime. Les pas crissant sous les pépites de vitre blindés, la détective s’avança et s’adressa directement à la spectre, son ossatueur apparaissant sur ses talons.

- Tu es vraiment un parasite, opportuniste, manipulateur et traitre.

Le garçon balaya les remarques comme des compliments d’un revers de tête, seule partie libre de la constriction.

- Je fais ce que je peux. Pourquoi n’irais-tu pas faire ce que ton espèce fait de mieux ? Décéder.
- Tu en est la preuve flagrante.
- Vieillit et meure.

Suivant le soupir de sa propriétaire, la majaspic colla la rune qu’elle tenait toujours sur le front du garçon qui tomba immédiatement dans les pommes, relevant une ombre qui se dégagea de sa silhouette pour être immédiatement rappelée dans une des balls de la jeune femme qui s’empressa de la verrouiller. Tout en glissant un liquide pâteux dans la bouche du dresseur elle expliqua au scientifique.

- Ca devrait le remettre debout et atténuer le mal de crâne. Trois mois que ça dure. Elle devait juste déloger Nyssa et résultat elle a empiré la situation au quadruple au moins en me doublant par la même occasion. Mais bon, tout est bien qui finit bien. Elle se tourna vers le chat le l’alakazam en faisant le tour du bureau. Et si les dragons lui obéissaient c’était pour ça.

Elle tira avec précautions de sous le bureau une rosélia apparemment K.O, un dard venin dépassant toujours de sa rose bleue.

- Vous aviez totalement oublié que Garathon était partie devant quand vous avez fait votre petit caprice hein ? Elle s’est occupée de la mettre hors d’état de nuire pendant votre petit cinéma et il ne lui restait plus qu’à attendre mon signal tranquillement cachée sous le bureau.

La bruyverne toujours confuse tournait néanmoins toujours dans tous les sens frénétiquement. La fixant d’un air mauvais, l’Ekaiser émit un grognement sourd en se rapprochant de l’espace de travail. Un coup d’oeil méfiant aux sauriens plus tard, la jeune femme fouilla les poches de la championne gémissante pour en tirer deux pokéballs et rappeler leurs occupants.

- Inutile de prendre des risques inconsidérés, nous avons toujours quelques affaires à régler avec cette chère championne. La possession n’excuse pas tout. Vous vouliez du butin, servez vous je pense que l’accès est libre maintenant. Prenez ça comme un remerciement de ma part. Elle tapota le crâne de la championne qui continuait son lent processus de réveil avant de rajouter. Moi je termine ce pour quoi je suis venue.

Infos HRP:

La jeune femme s’était nonchalamment appuyée sur le bureau dans une position semi-assise pour écouter les plaintes et commentaires de l’ingénieur colérique. Enfin, vu la manière dont elle haussa les sourcils, pointant l’insecte suivant sa réflexion, il semblait qu’elle était plus intéressée par les déductions du Pokémon que par les critiques de son propriétaire. N’écoutant qu’à moitié ses remarques alors qu’il se trouvait maintenant de dos et qu’elles aient ponctuées par les vomissements du jeune dresseur qui l’accompagnait, la brunette pointa le scientifique du menton et proposa au coléoptère.

- Vous savez, vous me le laissez en stage et je vous le rend bien dressé, coopératif et tout ce qui faut. Baissant la voix sur le ton de la confidence théâtrale elle tourna la tête et mit sa main au coin de sa bouche pour lui confier. J’en ai maté un, j’en materai deux.

Elle haussa deux fois de suite les sourcils, ricanant à la perspective qu’elle venait elle même d’évoquer avant d’être interrompue par le jeune homme, apparement de nouveau sur pieds. Pour accompagner les confirmations que lui donnaient ses Pokémons, elle leva les bras à la hauteur de  sa tête main ouvertes vers le haut dans une pause de présentation glorieuse. Un petit haussement d’épaules plus tard, elle sortit un paquet de cigarettes de l’une de ses sacoches et sélectionna un bâtonnet avant de répondre.

- Il vous aura fallut du temps pour vous en rendre compte, mais le principal c’est que vous soyez arrivés à cette conclusion ! Le détaillant de la tête aux pieds elle rajouta, coinçant la cigarette toujours éteinte entre ses lèvres toujours étirées dans un petit sourire énigmatique. J’y réfléchirai si l’occasion venait à se représenter.

Elle mit le feu au rouleau de papier, inspirant une grande bouffée de fumée avant de la souffler par dessus son épaule. L’ossatueur à ses cotés surveillait tour à tour la championne, et les deux dresseurs, grinçant et grommelant, apparemment insatisfait des délais que prenait cette étape. La détective fit claquer sa langue pour retrouver son attention et lui intimer de garder patience. Laissant les dresseurs à leurs fouilles, elle se tourna vers les écrans géants, fragmentés en plusieurs plus petites images de l’intérieur et de l’extérieur du casino. Pianotant sur le moniteur de contrôle, elle agrandit les images et les réduisit, ne gardant pour finir qu’une seule immense image qu’elle faisait sauter d’une image à l’autre. Elle était arrivée à capter une chaine d’informations télévisée lorsque le garçon déguisé en diablotin se précipita vers un objet dans des éclats de voix. Clignant des yeux, elle pinça sa cigarette du revers de son index et majeur et confia à son mackogneur.

- L’appréciation de la notion de calme est une valeur très subjective apparemment.

Le bodybuilder lâcha une expiration amusée à la raillerie mais conserva son air fermé et sa paire de bras supérieurs croisés, alors que ses mains inférieures étaient posées sur ses hanches. Gémissant une fois de plus, la championne fit pivoter sa tête toujours posée sur le bureau, visiblement faible. Un murmure intelligible s’éleva tout de même des borborygmes qu’elle émettait depuis la fin de sa possession.

- L’empire… S… G…
- Ce n’est pas le genre de choses dont on se vante Nyssa.

La brunette s’était avancée vers la championne, les reproches de sa remarque tranchant avec la légèreté de son ton. Posant une main à plat sur la surface boisée à quelques centimètres du visage émacié de la jeune femme, sa cigarette crachant des volutes bleutées vers le plafond, la demoiselle se pencha vers elle et rajouta d’un air faussement pédagogique.

- Le temps que ces messieurs s’en aillent et nous allons avoir une petite discussion vous et moi. Elle releva la tête alors qu’ils sortaient de la pièce et haussa la voix pour être entendue par eux, un rictus sur les lèvres. Saluez Amélia de ma part.

À la fontaine, la situation n’avait pas changé, même si l’étagère projetée plus tôt avait fissuré le bassin qui perlait de petites goutes d’eau au niveau de la brèche. Accroché à un plafonnier, la silhouette chromatique de la chauve-souris de la détective semblait endormie, les ailes serrées comme une couverture trop grande autour de son corps. Même si sa tête n’était pas visible ainsi suspendu, les câbles qui éructaient de ses tempes dépassaient toujours du cocon d’ailes dans lequel il se reposait. Lorsque les deux hommes arrivèrent au pied de la décoration, la statue de Draco se mit en mouvement en faisant s’envoler des particules de poussière dans l’air. Elle serpenta vers les deux hommes, sans sortir du bassin et observa les objets qu’ils portaient avant de déclarer.

”Tout ça pour… Ça ?”

Pivotant la tête du dragon de pierre pour observer de plus près les offrandes, il finit par la secouer doucement en signe de résignation et confia dans un soupir. Il fit apparaitre un petit anneau près de sa tête et un autre à coté de celle du dresseur déguisé et s’y engouffra jusqu’au cou avant de rajouter.

”Si j’avais voulu un de ces bibelot j’aurais pu le piocher moi même. Mais bon, tant pis, vous êtes passés à coté de ce que j’avais en tête, ça risquait d’arriver.”  

Un portail s’ouvrit derrière les deux hommes alors que la statue sortait la tête de ses anneaux avant de les faire disparaitre. Sa position de nouveau conventionnelle, il continua.

”La nuit a été longue, si vous voulez rentrer je serais magnanime. En revanche…”

La statue serpenta dans le bassin, en faisant le tour, l’eau ondulant doucement au rythme de son déplacement et il se remit en place sur son piédestal. Ajustant sa pose il lança, comme pensant à voix haute.

”Il n’est pas encore minuit… Si vous vouliez retourner chercher une meilleure offrande, vous en auriez encore le temps. Après tout, les portes sont ouvertes.”

Et sur ces mots, le draco se pétrifia de nouveau, quelques volutes de brumes brillant encore dans la perle, mais tout autre signe de vie ayant de nouveau disparu.

HRP:

L’appréhension et la frustration des deux dresseurs étaient quasiment palpable si bien que leur petite discussion ne tomba pas entièrement dans l’oubli. L’exaspération du dresseur déguisé attira l’attention de la chauve-souris qui ouvrit ses ailes pour surveiller, la tête toujours vers le bas ce qui se passait. Une étincelle fusa alors que les fils qui bordaient son crâne entrèrent en contact suivant un pivot de sa tête, lui faisant lâcher sa prise et tomber au sol dans un flop bruyant. Reprenant rapidement son vol en secouant sa tête pour reprendre ses esprits, il retourna dans le bureau, dépassant le dresseur contrarié pour venir se percher sur le fauteuil dans lequel était installée la championne mal en point. Maintenant redressée dans son assise, elle était encadrée par le mackogneur à droite et sa propriétaire à gauche, le bras tendu vers l’assise du fauteuil, forçant un duel d’elle-contact avec la dompteuse de dragons. L’exclamation du jeune homme qui passait le seuil suffit à les faire sursauter toutes les deux, la détective se redressant pour adopter une posture moins agressive, les yeux fixant le garçon sans comprendre la raison de son retour. L’ossatueur devant le meuble se mit en joue de nouveau avant que la jeune femme ne l’incite à se détendre d’un nouveau claquement de langue.

- N’étiez vous pas sensés être quelque part ?

Un haussement de sourcils perplexe suivit l’appel à l’aide alors que la championne émit un grincement qui se voulait sans doute être un ricanement à l’origine. A voir l’air que lui décocha la détective, si elle avait pu grogner comme l’Ekaiser elle l’aurait sans doute fait, la championne ne perdant rien de sa superbe bien qu’amoindrie par son exécrable condition. Bien plus de Pokémons étaient maintenant présents puisque le démolosse de la jeune femme était réapparu à l’instar de son porygon-Z qui semblait passionné par les moniteurs et les caméras de surveillances présentes. Ecoutant les théories du jeune homme, la détective prit une nouvelle bouffée de cigarette, visiblement distraite. Grinçant de nouveau, la championne reprit d’une voix encore faible.

- Mais qui peut bien être ce tyran ?…

La jeune femme lui lança un regard noir, lui rappelant silencieusement qu’elle n’avait pas son mot à dire dans cette histoire. Lui soufflant la fumée de sa cigarette dans le visage dans l’unique but de lui provoquer une quinte de toux et sans doute de la faire taire, la détective observa dans l’arrière plan l’ingénieur qui revenait chercher aussi et fit signe à son interlocuteur de continuer. La suite de ses raisonnement furent suivit avec plus d’attention, détail perceptible malgré la nonchalance naturelle que dégageait la détective. Plongée dans l’analyse des propos qui fusaient dans tous les sens, la jeune femme se mit à jouer de son pendentif tout en restant attentive. Alors que la championne qui avait repris son souffle comptait apporter un nouveau commentaire, le mackogneur lui décocha une pichenette sur le haut du crâne afin de la faire changer d’avis. L’objectif de la manoeuvre ne devait pas être de la blesser outre mesure puisque seule une grimace et une contrariété affichée suivirent le geste. Sans même lui adresser un regard, la demoiselle cessa d’asticoter son collier et tira une pokéball de sa poche avec laquelle elle se mit à jongler entre ses doigts. Aucun nouveau son ne suivit ce geste.

Voyant la crise de panique dans laquelle commençait à plonger le garçon, la jeune femme coinça sa cigarette entre ses lèvres et claqua des doigts qui la tenaient jusqu’alors pour attirer son attention. Une fois cela fait, elle lui expliqua.

- Le doute est toujours permis et je suppose que rien ne pourra vous prouver avec certitude que tout ceci appartient bien à votre réalité. Ceci étant, à mon niveau, tout ceci existe bel et bien, au même titre que la peine que je me suis donnée pour en arriver là. Le tout c’est de ne pas se laisser dépasser et de conserver le contrôle de la situation.

Difficile de déterminer à qui cette remarque était destinée. Alors que la remarque du coléoptère se mit à raisonner dans les têtes de ses destinataires, la détective vérifia que la championne n’avait pas entendu la question avant de répondre. Cette dernière à présent murée dans son propre silence grinçait des dents, les yeux fixés sur la petite liasse de papiers devant lesquels elle était attablée. Prenant une nouvelle bouffée de tabac, l’air plus décontractée, la jeune femme indiqua un petit cercle alambiqué au milieu du filtre taché de son rouge à lèvres.

- Bingo. Ce serait ce que voudrait votre ”farceur” ? Une de mes cigarettes ? Elle sortit son paquet et le tendit au coléoptère, le logos affiché sur sa face visible. Enfin, s'il n'y a que ça pour faire votre bonheur...

Levant les yeux vers les caméras de surveillances de la pièce apparement éteintes, la brunette balaya la pièce des yeux, réfléchissant de concert avec les deux hommes selon tout vraisemblance. Le bâtonnet de tabac de nouveau pincé dans ses lèvres elle semblait aux prises avec un casse-tête et n’avait encore rien dit de plus. Ne pouvant se retenir plus longtemps, la championne qui fixait le paquet de cigarettes avec intensité jeta un coup d’oeil à l’ingénieur, son insecte puis enfin au dresseur en panique avant de railler de nouveau.

- C’est tout ce que donne la formule Saint-Gil en action ? Je suis déçue…

La détective lui coupa la parole en frappant un grand coup sur le bureau de sa main libre, faisant rebondir tous les objets qui y siégeaient. Fixant de nouveau la championne dans les yeux, cette dernière perdit un semblant d’arrogance et détourna le regard au bout de quelques instants. La jeune femme écrasa sa cigarette sur un bibelot et se détendit de nouveau alors qu’elle se retournais vers ses visiteurs et leur confiait.

- Continuez à chercher, si j’avais une illumination je vous le ferai savoir. J'ai encore deux ou trois choses à régler avec notre championne préférée avant cela.

Une certaine tension semblait s’être installée dans la pièce saccagée, les yeux de la brunette en costume passant rapidement d’un bibelot au sol au suivant, son air toujours indéchiffrable. Impossible de savoir si la concentration et le silence qui l’habitaient soudain se trouvaient dûs aux réflexions lancées au hasard par la championne ou par une réflexion tendant à trouver ce qui serait nécessaire aux deux hommes pour rentrer chez eux. Ou à tout autre chose encore. Elle ne tourna pas les yeux vers le jeune dresseur tandis que ce dernier se rapprochait d’elle, le regard toujours plongé dans le vide de sa réflexion. Le mackogneur qui se tenait derrière la championne ainsi que l’Ossatueur au fedorah, n’avaient quant à eux pas manqué de remarquer l’instant de lividité qui avait drainé ses traits des couleurs qui leur revenaient à peine. Leur yeux épiant le moindre mouvement de l’homme, ils ne prirent aucune initiative et restèrent à leur place puisque rien ne pouvait leur permettre de savoir ce que venait de souffler le garçon à l’oreille de leur propriétaire. Un des tendons du cou du bodybuilder semblait plus proéminent si on y faisait attention. La brunette quant à elle, se contenta d’hausser un sourcil avant de tourner les yeux vers le dresseur, un léger sourire énigmatique étirant ses lèvres. Son attitude et son expression restant invariables elle fixa simplement son regard sur le coléoptère alors que ce dernier portait une attention toute particulière au tabac qu’elle venait de lui confier. Remarquant alors le soucis grandissant des membres de sa propre équipe, elle adressa un coup d’oeil à la championne avant de lever les yeux au ciel, visiblement amusée de la situation.

- Que je sois plus impliquée ? Vu ma position dans ce bazar généralisé, je me demande bien par quel biais je pourrais être plus impliquée que je ne le suis déjà. Elle souffla un petit éclat de rire. Que je sois la ”méchante”. Je pense que c’est la chose la plus drôle que j’ai entendu depuis longtemps. Comment pourrais-je être méchante vu tout le mal que je me donne ? Un avis sur la question Nyssa ?

La championne ne répondit pas, adressant seulement un regard noir à son interlocutrice qui s’était retournée vers l’écran géant dans un nouveau souffle amusé. Les images montraient les alertes lancées par de diverses personnalités concernant les impacts écologiques des usines de productions massives sur l’île. Sursautant alors que la coccinelle venait voir par dessus son épaule le contenu du bureau, la championne ne réagit pas dans un premier temps, ignorant d’une moue dédaigneuse de répondre à l’insecte. Puis, l’espace d’une ou de deux secondes plus tard, elle sembla réaliser quelque chose et glissa précipitamment quelques papiers sur les deux petites liasses de feuilles qui se trouvaient devant elle. Le pokémon aurait sans doute eut le temps de voir quelques mentions mises en valeur sur les feuillets telles que ”résignation”, "fonctions", des sommes d’argent et des encadrés de signatures. Ce ne fut que lorsque les papiers furent dissimulés que le rhinolove qui se trouvait toujours au dessus de la tête de la championne, sur le dossier de son fauteuil, referma ses yeux.

- Pour répondre à votre question, je pense pouvoir affirmer que ni vous ni votre dresseur ne fumez n’est ce pas ? Sinon vous sauriez que chaque tabac a un goût, une intensité, chaque cigarette sa forme… Et bien qu’il existe effectivement d’autres marques, bien plus complexes à obtenir soit dit en passant, il faudra reconnaitre l’équilibre et la légèreté de celles ci. C’est l’inconvénient des addictions, elles vous commandent plus que vous ne les contrôlez.

Les yeux vagabondant jusqu’au paquet qu’elle venait de confier, elle poussa un léger soupir. Il ne fallait pas être enquêteur pour deviner que si la boite avait été à portée de main, elle aurait pris une nouvelle cigarette. Préférant finalement le laisser au coléoptère, lui laissant le luxe de l'analyser sans doute, elle passa un bas sous sa poitrine, reposant son second coude délicatement sur le dos de sa main. Ses doigts virent alors s’occuper en se glissant dans la chaine qu’elle portait autour du cou, trouvant sous le décolleté de son costume le pendentif qui y était jusque là dissimulé. Continuant machinalement à jouer avec son collier elle rajouta.

- Voilà où nous en sommes, une banale et ennuyeuse question de gentil et de méchants. Je me bat quotidiennement contre l’ennui, c’est épuisant, vraiment. A quoi est ce que vous vous attendiez ? A ce que je retire un masque dans un élan dramatique ? Vous perdriez tout le respect que vous pourriez avoir à mon égard. Je ne mens qu’en de très rares occasions. La vérité maniée avec art se suffit à elle même la plupart du temps. Nyssa, un commentaire sur le fait de ne plus mériter le respect d’autrui suite à un retournement de veste dramatique ?

La championne ne adressa de nouveau le même regard plein de reproches à la jeune femme, visualisant parfaitement bien ce dont parlait la jeune femme. Ou pensant à quelque chose qui faisait écho à ce qu'elle venait de dire. Un stylo retenu dans sa poigne faible elle semblait griffonner sur une des feuilles de brouillon qu’elle avait ramené devant elle, les mâchoires serrées. La détective, insatisfaite de ce silence pivota la tête sur le coté et dans un nouveau sourire elle questionna d’un ton qui se voulait faussement didactique.

- Combien de fois vous ai-je défié Nyssa ?

Devant l’absence de réponse, ce fut au mackogneur de cogner sur le bureau, déséquilibrant tout ce qui s’y trouvait encore. Tournant les yeux vers le scientifique qui n’avait pas parlé jusqu’alors, elle ses lèvres jointes, hochant rapidement la tête les yeux clos, prenant un air non sans rappeler celui des parents qui attendent que leur enfant récitent une poésie l’air de dire ”ça va venir vous inquiétez pas, vous allez adorer”. Les dents serrées la championne répondit d’une voix glaciale.

- Deux fois…
- Bien ! De la coopération, merveilleux ! Et combien de fois ai-je gagné Nyssa ?
- Je ne vois pas quel est le rap…
- Combien. De. Fois ?

La réponse arriva après un nouveau silence glacial.

- Deux fois.
- Et combien de badge ai-je reçu de votre part Nyssa ? La jeune femme n’attendit pas de réponse de force de la championne avant de répondre à la question purement rhétorique. Pas un seul ! Et pourquoi ? A cause de divergences de point de vues politico-économiques. Ai-je tort encore une fois ?
- Ce n’est pa…
- Oui. Non. Ai-je tort ?
- Non, souffla la propriétaire des lieux.

Haussant les épaules la détective reporta le regard vers l’écran télévisé, l’air d’avoir démontré son point de vue. Son ossatueur ricanait encore face à la démonstration, bien que son objet semblait toujours un peu flou. Etait-ce un moyen de démontrer qu’elle n’avait rien à cacher au contraire de la championne ? D’affirmer qu’elle pouvait rester droite face à ses dires ? Subtilement rappeler la puissance qu’elle avait à sa disposition ? Ou peut-être un mélange de tout cela. Voyant la silhouette de son pokémon virtuel apparaitre à l’écran dans une miniature, elle gloussa. Pendant ce temps, la maitresse des dragons continuait de gribouiller maladroitement. Un S. Un G. Puis un autre, encore et encore. Enfermés dans un cercle. La jeune femme pivota, la lumière bleutée de l’écran géant se reflétant sur son profil.

- Je comprends bien que vous avez besoin de ces fameux trésors pour repartir chez vous et si je me suis engagée à vous aider à les trouver, c’est bien parce que je compte le faire. Pour le reste, vous êtes assez grands pour tirer vos conclusions tout seuls, c’est ce que vous avez fait avec brio jusqu’à présent. Si vous voulez en savoir plus, posez les bonnes questions, tout simplement, et je vous répondrai. Elle tourna les yeux vers la championne et rajouta dans un sourire indéchiffrable. Après tout, je n’ai jamais mordu personne.