[EVENT REV x NEFFY] De l’autre côté du miroir : Timeline 1

Ce qui frappait aux yeux des premiers visiteurs à entrer dans le temple du jeu depuis son déverrouillage devait être le chaos qui y régnait encore. Le couloir d’entrée qui menait aux rayonnages de tables électroniques et de bandits-manchots avait été saccagé, plusieurs machines ayant été éventrées ou renversées. Divers individus gisaient inconscients, dresseurs comme Pokémons. Certains semblaient avoir été mis KO après quelques longues minutes de luttes comme en témoignaient leurs états ou l’endroit où ils se trouvaient alors que d’autres semblaient être tombés en pleine action. Une odeur doucereuse régnait dans la pièce et les réminiscence d’un brouillard artificiel flottaient encore, brouillant la vue de ce qui provenaient de l’extérieur.

Sans que ne soit pipé mot, le duo que forait le rhinolove et la majaspic partirent dans une direction opposée à celle dans laquelle se dirigeait leur propriétaire. Le chromatique sembla agité de spasmes au moment où les fils qui ornaient sa tête se touchèrent et il prononça encore des paroles vides de sens qu’il n’adressa à personne en particulier. Les échos dissonant de sa folie s’éloignant, la jeune brunette fit signe à ses deux invités de la suivre, gardant à ses cotés César, Charles et Gustave. Adressant un petit sourire à l’ingénieur, elle lui lança.

- Si vous pouvez gérer le problème, ça m’arrange. Tous les systèmes ont été renforcés par motismas ce qui ralentit fortement les performances de piratage de mon porygon. Haussant les épaules elle rajouta en aparté. Il préfère les chasser plutôt que de faire son job… Enfin bref, allons y, cet endroit a été agrandi à postériori et les plans sont aussi tordus que leur propriétaire.

En effet, ils durent marcher pendant trois bonnes minutes, toujours sur leurs gardes avant d’atteindre une première porte, barrée d’un avertissement peu chaleureux. La porte se déverrouilla pourtant sans difficultés et un premier escalier de béton et de métal s’offrit aux visiteurs des lieux. L’ambiance de cet espace réservé au personnel tranchait cruellement avec la façade brillante et ostentatoire du casino lui même. Le demolosse se frayant une voie en tête de file, la jeune femme guida les deux dresseurs vers l’étage supérieur où la cage s’arrêtait en un étroit couloir circulaire pourvu de nouveaux accès à intervalles réguliers. Indiquant ce qui se trouvait derrière le mur d’un signe de tête, elle expliqua.

- C’est la salle de spectacle. L’escalier de service commence à une de ses extrémités et se finit à l’autre, ce qui est architecturalement stupide mais passons.

Le corridor n’était pas assez large pour laisser passer plus de deux personnes de front si bien que la guide pris la tête du cortège accompagné de César alors que le mackogneur et son compère fermaient la marche. Le chien la truffe en l’air se mit à flairer le sol méticuleusement alors que sa dresseuse se détendait et lançait par dessus son épaule.

Vous pouvez parler vous savez, inutile de rendre le chemin plus lugubre que ce qu’il ne l’est déjà. Je suis terriblement curieuse, dites m’en plus sur là d’où vous venez. J’ai l’impression de reconnaitre ce dont vous parlez sans jamais vraiment replacer tous les détails, c’est très perturbant mais très enrichissant.

Le temps de cette discussion, le petit groupe arrivait à la fin du couloir qui débouchait dans une sorte de fausse loge, perchée au dessus d’une vaste scène propice tant au théâtre, qu’aux performances musicales, artistiques ou autres. Si des sièges étaient visibles proches du balcons, le fond du box était orné de matériel technique et de panneaux électriques divers et comportait deux ouvertures. Alors que la brunette allait ouvrir la seconde porte, le molosse émis un très léger grognement qui fit pâlir sa dresseuse. Immédiatement, elle se jeta au sol, tentant d’emporter avec elle le scientifique et l’apprenti-détective en saisissant leur cervicales. Alors que Cesar et Charles se camouflaient entre deux boites de matériel et des piles de fils électriques, Gustave se jeta lui aussi au sol entre les sièges et le balcon. Portant un doigt à ses lèvres la brunette fit signe aux deux hommes de ne pas émettre un seul son, que sa tentative de les plaquer avec elle ait fonctionné ou pas. Il fallait croire que peu importe où et comment ils se trouvaient, ils s’étaient fait assez discrets pour que suivant quelques longues secondes d’un silence de mort, une toute petite silhouette spectrale et aérodynamique leur passe au dessus de la tête sans les remarquer. Patientant quelques secondes supplémentaires, la demoiselle se releva enfin, époussetant sa jupe en expliquant.

- Un fantyrm… Elle sait que quelque chose cloche. Elle les utilise en éclaireur, s’ils repèrent quelque chose ils appellent leur porteur, ce qui est rarement bon pour les affaires. Si vous en repérez un, surtout faites en sorte qu’il ne vous voit pas ou, dans le pire des cas, qu’il ne reparte pas.

Sur ces mots, elle s’engagea dans un nouvel escalier sans personnalité, plus sec encore que le précédent. Chaque pas raisonnait dans un petit écho le long de haute cage brute et peu à peu, l’essoufflement finit par gagner la jeune femme qui préféra quand même rester digne en respirant par les narines uniquement. Plus ils montaient, plus les relents de la musique d’ambiance des salles de jeu se laissaient de nouveau deviner au travers des épais murs de bétons au sein desquels ils se trouvaient piégés. Quelques minutes plus tard, ils émergèrent dans une pièce, apparement un salon de jeux de cartes si l’on en croyait les tables renversées et les jetons éparpillés par terre. De nouveau, des personnes évanouies jonchaient les meubles et le sol et la même odeur que tout à l’heure, quoi que plus forte encore faisait tourner les têtes. Batty, posé sur une table entouré de fruits et de mignardises tentait maladroitement de croquer la baie trop grosse pour sa mâchoire qu’il avait enfourné dans sa bouche. Il y parvint finalement au prix de ridicules efforts en faisant dégouliner du jus sur sa collerette de fourrure et sur la nappe. Ramassant l’élégante canne d’ébène d’un vieux-beau tombé plus tôt et la faisant tourner comme un bâton de majorette, la jeune femme lança.

- Encore un étage et on y est. Normalement, on ne devrait pas croiser qui que ce soit de plus vif sur le chemin. Elle tapota le crâne de l’homme évanoui du bout de sa botte. Tout le monde suit toujours ?

Posant les yeux sur l’ingénieur robotisé, la brunette eut enfin l’occasion d’apercevoir sa combinaison à une lumière plus avantageuse. Commençant à cerner plus finement l’animal, elle n’eut pas trop de mal à comprendre l’authenticité du costume et commença à tourner en cercle autour de l’homme, faisant toquer par terre son nouveau jouet à chaque pas.

- Tout ceci m’a l’air formidablement compliqué et affreusement élaboré. Je suppose que ça vous rend plus résistant ? Plus fort ? Mais ce doit être fort peu pratique à proximité de points-d’eau ou en cas de choc électriques non ?

Et comme pour joindre le geste à la parole, elle avança sa canne alambiquée pour donner deux petits coups au niveau du mollet du scientifique, tant pour prouver sa théorie que pour s’amuser du geste.

Ecoutant le récit du dresseur avec qui son alter-ego faisait équipe, la jeune femme ne remarqua pas le manège agacé du docteur que son Ossatueur ne quittait plus des yeux. Il fallait croire que son exaspération commençait à peser au pokémon ou lui mettait la puce à l’oreille quant à la bonne volonté du cyborg. Il continua néanmoins à avancer silencieusement, après tout, ce n’était pas parce qu’il ne lui accordait pas sa confiance qu’il faudrait faire un esclandre immédiatement. La demoiselle pendant ce temps, se trouvait absorbée par le récit ahurissant que lui contait le dresseur étouffant de temps à autre de délicats éclats de rire derrière un poing fermé ou envoyant encore à ses Pokémons en queue de file quelques coup d’oeils amusés. La perspective qu’il agissent de la sorte semblait lui plaire de toute évidence et sans qu’elle ne s’étonne vraiment du scénario, elle conservait une certaine dose de détachement. La remarque, quoi que faite de mauvaise grâce et dans un tout autre but que celui de complimenter, fit tout de même sourire la brunette qui lâcha un petit soupir flatté avant de répondre, très diplomatique.

- Je dois reconnaitre que je pourrais adresser quelques reproches à cette Amélia. Mais je suis certaine que la réciproque serait aussi vraie. Levant les yeux d’un air résolument inspirée elle continua. Imaginez un peu que nous mettions en commun nos ressources et compétences. Ce serait là enfin friser la perfection… Mais je divague. Ce n’est qu’une simple hypothèse. Enfin, plutôt une expérience de pensée ? Une affabulation ? Ou un rêve. Elle ricana. J'ai entendu un jour qu'armé d'un crayon et de rêves, il était possible de battre jusqu'à la mort elle même. Cherchant des yeux l'expression du dresseur elle hocha la tête en continuant. Ça, c'est ce que l'on appelle un bien beau mais bien ridicule dessein.

Continuant à monter les marches en silence, la jeune femme contint son sourire cryptique en fixant la porte, laissant le garçon méditer sur ces paroles. Elle tint ouverte le battant pour que chacun passe et entama son manège avec la canne, l’armure et tout le toutim. La réaction du scientifique ne se fit pas attendre, qu’elle eut été déclenchée par le manège de la demoiselle ou par la réaction quasi-hilare de son unique public. Face à ce déferlement de colère, la dame ne bougea pas, se redressant pour se tenir bien droite face au pistolet tenu à seulement quelques centimètres de son visage. Bien qu’étant grande, elle ne faisait pas exactement la même taille que l’ingénieur si et le haut de son crâne casqué donnait encore plus de hauteur à la silhouette du scientifique. Néanmoins, la jeune-femme ne se départit pas de son expression favorite, apparemment satisfaite de sa provocation, regard planté dans celui du porteur de l’arme, par dessus le canon tarabiscoté qui lui faisait face et rictus aux lèvres. Il est connu que les sourirent énervent souvent bien plus que les insultes.

Suivant la trajectoire de l’arme qui fut rangée sans être utilisée pour le moment, la demoiselle leva ensuite le regard vers les griffes tendues vers elle, les étudiants d’un coup d’oeil en haussant un sourcil. Battant lentement des paupières elle releva le menton et observa son interlocuteur rageur s’éloigner d’elle d’un air hautain et caustique. Elle nota qu’il avait tout de même répondu à sa question cependant et une fraction de seconde plus tard elle observa sans broncher les jetons qui filaient dans sa direction. Il y avait de quoi laisser de douloureuses et disgracieuses marques sur un si joli visage mais les bouts de plastiques s’immobilisèrent en plein vol, à quelques centimètres de ses yeux, comme si le temps n’avait plus d’effets sur eux. En faisant tournoyer un d’une petite pichenette faite à l’envers, la baronne ne quitta pas des yeux le cyborg alors qu’il finissait sa tirade. De son coté le rhinolove qui retenait les jetons les fit retomber au sol alors que son regard perdait la brillance psychique qui les animaient jusqu’alors. Ricanant face à la menace, la jeune femme se rapprocha de nouveau de son interlocuteur à pas cadencé.

- Que de menaces. Mais chien qui aboie jamais ne mord, c’est connu. Dites moi, à quel moment ai-je dit que j’avais besoin de vous pour m’occuper de la sécurité ? Hmm, Docteur ? Parce que si je me souviens bien, j’ai dit que nous gagnerions du temps si vous le faisiez, pas que vous étiez indispensable, loin de là.

Elargissant son sourire le temps d’une seconde, elle le relâcha immédiatement après. Sa manière d'accentuer certains mots en disait long sur sa manière de penser. Récupérant une carte encore miraculeusement posée face cachée sur la table la plus proche, la brunette commença à la faire cabrioler entre ses doigts sans même y prêter attention. Son sourire dévoilant d’un coté ses canines alors qu’elle reprenait la parole, son ton posé ne laissait aucun doute sur son sérieux subitement retrouvé.

- Vous voulez jouer aux menaces ? Et votre mise consiste à mettre en péril mon opération voire notre sécurité, bien. Dites moi si j’ai tort sur le postulat de départ, vous avez la nuit pour récupérer à Nyssa des objets de valeurs qui vous permettront de rentrer chez vous. Moi je connais le plan du casino et ses protocoles de sécurité par coeur et vous, vous disposez d’un coléoptère et de quelques vagues informations sur une hallucination aperçue dans un miroir. Il paraît que je suis très douée en matière de jeux, du coup vous ne m’en voudrez pas d’essayer. Disons que je suis, je double même. Je compte jusque’à trois, à la fin du décompte soit j’ai reçu une preuve de bonne volonté, soit je plie les gaules et je re-tenterai ma chance plus tard, je ne suis plus à 24h près moi, Docteur.

Reculant d’un pas elle tint la carte qu’elle avait pioché entre deux doigts avant d’en révéler la valeur au scientifique. Une dame de pique qu’elle envoya virevolter d’un mouvement souple du poignet. Piochant deux pokéballs à sa ceinture, elle pointa son rhinolove et son demolosse en commençant à compter d’une voix un peu trop enjouée pour l’occasion.

- Un…

Elle rappela les deux Pokémons, rangea les deux pokeballs et en sortit une autre qu’elle agrandit sans en dévoiler le contenu. Charles et Gustave vinrent encadrer leur patronne, l’air de savoir ce qu’elle avait à l’esprit visiblement. Laissant un large temps de méditation entre les premiers chiffres elle expliqua au monotype qui n’avait pour le cout rien demandé.

- Vous voyez, c’est pour ça que je n’aime pas m’encombrer de coéquipiers. Trop instables, trop demandants, trop impulsifs… Ça vous ralentit plus que ce que ça ne vous avantage. Dommage, je commençait à trouver tout cela fort opportun et divertissant. Tant pis ! Faute de connaitre le chemin, vous finirez par le trouver ! Deux…

Elle dressa son index et son majeur dans un V triomphant qu’elle présenta à l’ingénieur avant de révéler le pokémon que contenait la sphère. Un porygon-Z apparut, dodelinant le temps d’étudier les alentours. Alors qu’il s’élevait pour gagner en visibilité, un claquement de doigts lui intima de rester concentré et à l’écoute alors que la jeune femme continuait.

- Celui qui ne sait pas employer les avantages que lui procure l’existence est un sot. Je pensais pourtant en l’essence, prêcher le converti que vous étiez Docteur. Mais peu importe, l’heure n’est plus à la morale. Son sourire l’élargit alors que resserra ses paupières. Je suis certaine que votre panoplie du parfait petit robot fera fureur dans un Gulag. Vous en avez par chez vous ?

N’abaissant pas la main, elle agita son annulaire comme pour annoncer le passage au numérique suivant. A l’heure actuelle il était impossible de savoir si elle bluffait ou non, mais plus les secondes s’écoulaient moins le doute était permis. Elle était prête à s’éclipser, disparaissant comme elle était apparue, laissant les deux hommes à leur sort sans le moindre état d’âme. Si le début de leur rencontre avait pu prouver que la demoiselle n’appréciait pas la perspective d’être tournée en ridicule, il était maintenant aussi possible de conclure que sa susceptibilité n’avait d’égal que sa superbe. Le sort de la nuit reposait maintenant dans les griffes du colérique scientifique.

La seule réaction qui fut visible chez la jeune femme face au flot de reproche qui lui était adressé sans aucun ménagement fut de cesser d’agiter son doigt, comme si son compte à rebours avait été mis en suspens. Son expression restait néanmoins narquoise et amusée, pas pour le moins offensée ni même surprise de la remarque. Cherchant du regard une validation imaginaire autour d’elle de ce qui venait de se passer elle pivota la tête comme un oiseau avant de lancer au dresseur.

- Ai-je dit à un seul moment ne pas vouloir vous aider ? Je crois avoir été particulièrement patiente jusque là pour quelqu’un qui s’est fait menacer à trois reprise et insulter bien plus que cela. Le problème c’est que vous n’avez pas le sens des affaires, on ne marchande pas lorsque l’on en a pas les moyens. Je n’ai aucun mal à déceler le potentiel qu’Amélia à remarqué chez vous, mais vous êtes aussi borné qu’un Bourinos de trait. Un vrai gâchis.

Regardant le dresseur partir sans lui donner d’indications concernant la direction qu’il venait de prendre, elle détourna la tête pour rire doucement en repensant à la remarque sur Amélia. Lui faisant un petit signe de sa main libre sans se soucier de savoir s’il le verrai ou non, elle lui lança en haussant le ton pour être entendue.

- Saluez donc Amélia de ma part!

Poussant un soupir las, la jeune femme se concentra sur le scientifique qui s’était remis à pallier et à se plaindre tout en s’envoyant des fleurs, une performance qui devait être saluée tout du moins. Fronçant les sourcils, elle observa la coccinelle qui semblait fort concentrée tout d’un coup sans que rien ne se passe. Peut-être avait elle tenté de lancer une attaque ou de booster son dresseur mais aucun effet ne s’était fait sentir aussi, haussant les épaules, la jeune femme supposa que le pokémon était en train de communiquer avec son dresseur. D’un air totalement détaché elle fit remarquer.

- Votre coccinelle est en train de déclencher une migraine ou une crise de constipation, je pense que vous devriez faire quelque chose. Souriant encore elle continua. Si vous êtes effectivement si malin faites nous rêver débrouillez vous tout seul, ça ne risque pas de m’empêcher de dormir. Rappelez moi juste, mis à part hurler à qui veut l’entendre que vous êtes un ”super-méchant”, vous avez quel laurier à votre palmarès ? Vous êtes le maitre incontestable de votre Maïlys ? Hmm j’en doute, sinon votre compatriote vous aurait sans doute reconnu et fait preuve d’un minimum de révérence. Vous êtes un génie du mal dont le nom fait trembler ses ennemis ? Apparement pas, vous n’arrivez même pas à prendre le dessus sur une version incomplète de ce que je suis, et vous n’avez pas assez de pudeur pour éviter de vous en plaindre. Donc je vous le demande honnêtement, mis à part vous enfermer dans un sous-sol pour jouer à Bob le bricoleur, qu’est ce que vous avez accompli ? Elle observa son poignet comme s’il arborait une montre imaginaire. Bon. Sur ce, moi j’ai des choses à faire. Trois ! Bisous !

Et alors qu’elle mimait l’envoi d’un baiser d’un revers de main vers l’ingénieur, elle se fit téléporte, elle et ses Pokémons, par le porygon-Z sans laisser de trace ni d’indice sur sa destination. L’homme robotisé resté seul dans la pièce où il se trouvait n’eut aucune autre solution que de suivre le couloir dans lequel s’était engagé son compagnon d’infortune quelques secondes plus tôt. Le large corridor menait à plusieurs salles de jeux, certaines de cartes, certaines de dés et au bout, au loin, se devinait derrière une luxueuse tenture ouverte un espace entièrement dédié à la roulette. Devant chaque pièce, une imposante statue d’un spécimen de dragon toisait les passants de ses yeux vides et scintillants. Diverses plantes arboraient les lieux, sans doute pour leur conférer un aspect plus chaleureux mais tout la verdure du monde ne donnerait pas suffisamment de vie aux murs laqués et au sol de velours et de parquet pour le rendre agréable.

Du coté où se trouvait le monotype psy, il fallait croire que les fantyrm sentaient quelque chose car leur allers et retours se faisaient de plus en plus rapprochés et surtout méticuleux. Comme si quelque chose les avait, consciemment ou non repoussés jusqu’alors et ne faisait à présent plus d’effet. Il fallait être certain de redoubler de prudence et de discrétion pour échapper à leur inspections maintenant.

C’était sans compter la présence du méga-metalosse qui venait de faire son apparition dans le couloir à son tour. L’espace, pourtant vaste comparé à ce que l’on pourrait attendre de la part d’une largeur de corridor plutôt normale, voir élevée, venait de rétrécir cruellement du fait de la présence du mastodonte qui l’occupait à présent. Lancer son oeil miracle s’avèrerait être une chose plus que complexe et il serait fort à parier que la visualisation mentale du colosse dépasserait difficilement les capacités qu’offrait le champ de vision de son propriétaire. Pour cause, le casino restait ce qu’il était, surtout à cet étage où aucun jeu n’était automatisé et les brouilleurs psychiques étaient plus nombreux que des nosféraptis dans les caves de kantho. Se pouvait t’il que le chromatique de la brunette ait pu user de ses capacités en raison des différentes modifications qui lui avaient été apportées ? Ou était-ce là l’utilité de l’implant à nu sur sa tempe ?

A chaque extrémité du couloir, des fantyrms firent leur apparition, ce n’était qu’une question de seconde avant qu’ils ne remarquent l’étrange attroupement qui se trouvait alors sur les lieux. Il faudrait agir vite et bien, sans faire d’erreur. Et peut être quelqu’un remarquerait t’il qu’une des statues s’était mise à cracher une sorte de vapeur sombre sans que personne n’en connaisse la raison.

HRP ::

Il n’y avait jamais eut de nuées de fantyrms, ni maintenant ni plus tard. Seulement deux dragonnets sortis chacun d’une direction opposée prêts à remonter pour l’un et descendre pour l’autre le couloir qui les séparaient. Malheureusement, des obstacles se trouvaient sur leur route et leur barrait le passage. Le contre-temps ne le serait pas sur le plan physique évidemment mais ils avaient été dressés dans un but, et ils agiraient en temps que tel. Le duo n’avait eut qu’une poignée de secondes pour agir, s’engouffrant dans une des salles au hasard sans même regarder par dessus leur épaule. L’idée avait du bon, il fallait l’avouer, mais les quelques hésitation qu’ils avaient ressenti et qui les avait ralentit reviendraient les hanter sous une autre forme bien moins insignifiante. Emettant de petits cris rappelant la bouche d’un ballon de baudruche que l’on aurait pincée, les fantômes firent demi-tour, préférant rebrousser chemin de peur d’être ralentis ou interceptés.

La salle qu’ils avaient choisie était gardée par une statue de métal sombre représentant un trioxydre monochromatique dont les gueules béantes jugeaient et menaçaient les visiteurs mal avisés. Sa tête principale crachait toujours une étrange vapeur, légère mais compacte, rappelant les volutes d’un bâton d’encens étrangement affectée par la gravité. La salle était apparement dédiée au jeu de dés, comme en témoignaient les quelques tables encore debout, les godets de lancer et surtout les dés eux même. Une entrainante musique jouée au piano raisonnait encore dans les lieux vides et les décors rococos taillés aux coins des fenêtres étirant des ombres sur les murs au rythme des panneaux publicitaires visibles au dehors.

De nouveau, une odeur entêtante régnait et parfois des joueurs évanouis serraient encore des jetons dans leurs mains. Un autre semblait avoir adopté une étrange position en tombant, ce qui promettait un réveil difficile voire douloureux. Le calme qui régnait avant la tempête permettrait sans doute aux hommes de chercher des indices ou une porte de service qui les mènerait à l’étage supérieur. Cette fouille serait néanmoins vaine, la pièce ne disposait que d’une ouverture, celle par laquelle ils étaient entrés. Une voix se fit cependant entendre, forte et grésillante, comme projetée par haut parleur.

- C’est donc vous qui êtes à l’origine de cette désastreuse soirée ? Je ne comprends pas cependant, pourquoi être allé si loin pour vous pavaner maintenant devant mes caméras ? Idiotie ? Maladresse ? Ne répondez pas, je n’en ai rien à faire.

Dans un des coins de la pièce se trouvait effectivement une discrète caméra, fondue dans une dorure de telle sorte qu’elle ne pouvait être repérée que lorsqu’on la cherchait attentivement.

- Je vois bien vous cherchez quelque chose. Vous ne surpasserez pas ma sécurité ni ne vous retrouverez dans le bâtiment sans guide. Ce casino est mon paradis, ma création, à moi. Un lieu de fantaisie créé de toutes pièces par les mains d’un génie. Qui a dit que seules les Dieux conçoivent le divin ? Mais je m’égare, je m’élève bien trop au dessus de ce que de pestilentielles vermines telles que vous pourrez atteindre. Vous me servirez de sujet test, ça confèrera un semblant d’utilité à vos insignifiantes existences. Voyons voir jusqu’où vous irez maintenant. Si vous me cherchez, vous n’avez qu’à descendre mais attention, il fait sombre dans les abysses…

Le rire cruel qui suivi la dernière remarque fut interrompu par un cri à mi chemin entre le crissement d’ongles sur un tableau noir et le hurlement d’un fossile revenu à la vie. Un dispareptil venait de faire irruption dans la pièce et étudiait les spécimens présents pour savoir à qui s’attaquer en premier. Vu la carrure du pokémon, la fuite semblait être la solution la plus raisonnable or l’unique sortie était à présent bloquée. Alors que le fantomatique dragon s’élançait sur le duo, il fut percuté avant l’impact et envoyé droit dans le mur qu’il ne traversa que partiellement. Se remettant de ses émotion il étudia son adversaire, perplexe et agressif. La statue crachait toujours de la buée mais semblait être animée de l’intérieur par une force peu naturelle. Poussant un nouveau cri atroce aux tympans, le dragon propulsa les dragonets qu’il transportait vers sa cible qui les intercepta, chacun dans une des gueules de ses têtes périphériques sous le regard horrifié de leur porteur. Alors que ce dernier s’élançait de nouveau pour un combat titanesque entre défunt et ornement, un anneau apparut et il fut envoyé nul ne sait où. Sans doute à l’autre bout du casino. La statue rejetant sa tête principale en arrière selon un angle peu agréable à observer, elle posa son regard vert vif sur le duo alors qu'une voix raisonnait dans leur crâne à tous.

”Toujours pas de trésor ? Après tout ce temps ? Tic tac, tic tac, tic tac… Vous n’y parviendrez jamais à ce rythme. Je vous donne une dernière chance, je vous envoie directement à l’endroit où vous serez les plus susceptibles de confronter celle que vous cherchez. Mais c’est la dernière fois !”

Les mêmes ricanements sordides que ceux qui avaient accompagnés leur voyage aller raisonnèrent autour d’eux alors qu’un nouveau portail apparaissait sous leurs pieds. Quelques secondes plus tard, ils tomberaient dans une anti-chambre sans fenêtre, vaste et richement décorée. Le lieu bien que sombre était en un sens apaisant et le luxe qui se dégageait des différents éléments de décoration avait sans doute été calculé au cm près. Une porte massive de bois sombre leur faisait face d’un coté alors que de l’autre, une épaisse et impersonnelle porte de sécurité verrouillait cet espace privilégié. Une fontaine ornée d’une statue de Draco attirait facilement le regard d’autant plus que, d’un coup, les yeux du dragon de pierre virèrent au vert et la perle transparente qu’il avait au cou se remplit de nouveau de brume sombre et vaporeuse.