[TERMINÉ] [EVENT] L'étincelle du chaos - Groupe 3 [Lilith, Maya, Milo]

"Merci pour votre visite, à bientôt !"

"À bientôt !" répondit poliment Milo avec un sourire.

Toute contente, la jeune femme rangea ses nouvelles aquisitions dans son sac. Deux beaux livres tout neufs, l'un sur sa nouvelle région, et l'autre un roman fantastique avec une pointe de romance. Celui sur Maïlys, avec une couverture épaisse, était orienté sur la géographie de l'île, les pokémons que l'on y trouve, et quelques plantes locales. Elle n'avait qu'une envie : se poser dans un café pour dévorer ses nouveaux bouquins. Il lui semblait en avoir vu un tout proche de la librairie dans laquelle elle se trouvait actuellement. Elle n'avait rien de prévu aujourd'hui, pourquoi ne pas aller boire une tasse de thé avec des biscuits dès maintenant ?

C'est avec cette idée en tête que Milo s'éloigna de la caisse, laissant un homme plus âgé prendre sa place et régler ses articles- quand elle entendit un bruit.

Dehors, le ciel était gris. La pluie frappait le sol et les parapluies si fort que le son de la ville semblait être atténué sous l'eau. Mais il y avait quelque chose d'étrange. Quelque chose n'allait pas. On aurait dit des cris. Pas ceux d'enfants qui s'amusent, des parents qui grondent leur bêtises, ni de pokémons surexcités. C'était comme si toute une foule s'était passé le mot pour hurler ensemble. Il y aurait-il une fête culturelle en cours dont Milo ne connaissait pas l'existence ?

Mais elle n'eut pas l'occasion de chercher une explication.

Dans un fracas assourdissant, des chaises et des tables appartenant à un café non loin s'envolèrent devant la vitrine de la librairie. Milo et quelques clients sursautèrent alors que le mobilier s'écrasait devant la porte, rapidement rejoints par un pokémon plus grand que la jeune femme, visiblement fait de pierres colorées, et enragé. La créature se releva, se secoua rapidement avant de s'en aller. Mais au moment où elle reparti, un autre pokémon tout aussi gros, paraissant appartenir au type eau, fonça sur la créature de pierre qui l'esquiva sans prêter attention au nouvel arrivant.

Le pokémon eau, entraîné par son élan, vint briser la vitrine et s'écraser dans la librairie, entre les livres et les clients.

Milo ne fut pas la seule à hurler et à s'accroupir, tandis que la bête reprenait ses esprits et se dégageait des décombres. Le pokémon envoya valser des morceaux de bibliothèque autour de lui sur son chemin vers l'extérieur.

La vitre brisée laissait passer avec plus d'aisance les sons venant de la rue. Ce n'était pas des cris de joie, ou une dispute du voisinage. C'était des hurlement de terreurs, des explosions, des pas qui couraient sur les flaques d'eau, des ordres d'attaques donnés à des pokémons, une mère qui appelait son enfant, des passants qui essayaient de comprendre ce qu'il se passait-

Un véritable chaos venait de tomber sur la ville.

Le pokémon eau agrandit le trou dans la vitre en sortant, et le bruit du verre craquant sous ses pattes donna envie à Milo de remercier le ciel d'avoir sa paire de baskets dans son sac, qu'elle s'empressa d'enfiler.

"C'était quoi, ça ?" demanda une voix masculine derrière elle.

Le jeune femme se retourna pour y voir l'homme qui a payé ses articles après elle.

"Je ne sais pas..." répondit-elle en reposant ses yeux vers l'extérieur. Puis, après une pause, "Je vais voir."

N'ayant aucun instinct de survie, Milo se releva et marcha avec prudence vers la vitrine brisée, plus proche d'elle que la porte de la librairie. Derrière elle, elle entendait l'homme demander aux autres si tout le monde allait bien, et les réponses globalement positives qu'il reçut, mais la terreur dans la rue l'empêcha bien vite d'entendre autre chose. Elle dû escalader une bibliothèque en miettes et une pile de livres pour atteindre la fenêtre. Un coup d'œil à l'extérieur lui suffit à confirmer ses craintes.

Dehors, des groupes de combats semblaient s'être créés. Des pokémons - parfois avec des dresseurs, parfois sans - tiraient à l'aveuglette dans la foule. Des passants fuyaient dans tous les sens, d'autres fonçaient dans le tas pour se battre. Dans tous ces voyages, elle n’avait jamais connu une situation pareille. Impossible de savoir ce qui avait causé ce bazar, ni même qui avait raison, et qui était en tort. Tout ce que Milo savait, c'était qu'elle et de nombreux innocents étaient pris dans la bataille, en plein dans le feu croisé. Un peu plus haut dans la rue, Milo reconnu la musicienne à l'iroquoise, celle qu'elle avait rencontrée le jour de son arrivée sur Maïlys, en train d'aider une famille à s'enfuir avant de se diriger vers une femme qui semblait moins surprise par ce chaos ambiant.

"Mademoiselle, venez en arrière boutique avec nous !"

Milo se retourna. L'homme plus âgé lui tendait la main, de l'autre côté des décombres qu'elle avait enjambé. La jeune femme s'apprêtait à lui répondre quand un tir de pokémon, semblable à un laser, transperça les restes de vitres et de murs entre elle et l'homme, et vint faire exploser un des piliers de la boutique qui s'écroula entre eux. Milo ne put retenir un cri alors qu'elle fit un pas en arrière en couvrant son visage pour le protéger des débris. Une fois la poussière retombée, la jeune femme pu voir le tas de débrits et de roches devant elle.

Le passage était bloqué, Milo ne pouvait pas les rejoindre. Pire, elle était maintenant à découvert, à moitié dans la rue, et la prochaine attaque pourrait la frapper de plein fouet.

C'était devenu trop dangereux de rester là.

"Allez-y sans moi, mettez-vous à l'abri !" hurla-t-elle à l'homme et aux autres clients de la librairie.

"Mais-"

"Je trouverais une autre cachette ! Partez !"

Malgré la pluie et la panique, Milo les entendit s'éloigner et rejoindre le fond de la librairie. Rassurée qu'ils soient en sécurité, la jeune femme quitta les restes de la boutique et se dirigea vers le seul visage familier qu'elle avait vu depuis le début des combats. Elle slaloma entre les débris, et esquiva un raichu qui semblait courir pour sa vie en longeant la rue.

Milo n'avait aucune idée de ce qui avait pu causer ce chaos, mais une chose était sûre, il fallait évacuer tous ceux qui ne participaient pas à la bataille. Cela paraissait peut-être égoïste, mais les humains s'inquiétaient bien plus pour eux et leur proches que pour de parfaits inconnus. Alors la jeune femme garda ses yeux fixés sur la musicienne, facilement repérable dans la foule avec ses cheuveux rouges.

Une fois à son niveau, Milo lui attrapa le bras.

"Lilith, il faut pas rester là !" hurla-t-elle par-dessus le chaos et la pluie. Puis ses yeux se posèrent sur la femme avec qui la musicienne parlait, qu'elle inclua immédiatement dans ce groupe de fuite. "Allons-nous en !"

La pluie tombait et ne semblait pas vouloir s'arrêter. Milo était habituée aux caprices de la nature, et généralement, elle aimait bien la présence de la pluie. Mais là... L'eau tombait comme si un océan en train de se vider était au-dessus de leurs têtes. Humains comme pokémons étaient trempés, et ses chaussettes étaient si mouillés qu'elle hésitait sérieusement à se mettre pieds nus et à courir dans les flaques. Mais les bris de glace de la librairie lui rappelèrent que le sol goudronné de la ville n'était plus aussi sûr qu'avant. Se blesser et perdre de sa mobilité pourrait la mettre dans un danger plus grand que celui dans lequel elle se trouvait actuellement. Si son sac n'avait pas été étanche (un choix pris après un malheureux accident lui coûtant un carnet, des pensement neufs, et trois pieds d'une petite plante prospérant dans un environnement sec-) Milo se serait inquiétée pour l'état de ses nouveaux livres.

De temps en temps, un flash de lumière traversait le ciel sombre. Impossible de savoir s'il s'agissait d'éclairs causés par la météo, ou d'attaques de pokémons électriques cherchants à se défendre dans ce chaos.

"Il faut que tu te mettes à l'abri !" crut-elle entendre de la part de Lilith. Dans ce brouhaha, difficile de comprendre ce qu'il se disait. Mais la musicienne lui faisant face, Milo pouvait s'aider du mouvement de ses lèvres pour décrypter ses messages. "Je vais aider à-"

Une attaque eau.

Milo sursauta. Par réflexe, elle fit un pas en arrière, lâchant le bras Lilith. L'attaque était passée tout près, mais tout de même assez loin pour que la tentative d'esquive de la jeune femme ne servis à rien. Peu importe. Le plus important était qu'aucune d'entre elles n'était blessée. Milo n'y connaissait pas grand-chose en pokémons, mais même elle savait que les pokémons eaux étaient plus puissants quand il y avait, bah, de l'eau. Les quelques gouttes d'éclaboussures qu'elle avait reçues allaient déjà assez vite pour la piquoter... Alors qu'aurait donné cette attaque si elle se l'était prise de pleins fouet ?

"Bloody bastards !" entendit-elle.

Passant une main sur son visage pour tenter d'y enlever un peu d'eau (et calmer un peu sa panique), Milo se tourna à nouveau vers Lilith. Elle ne pouvait qu'être d'accord avec cette remarque.

"Il vont finir par tuer quelqu'un...!" se dit-elle à voix haute, sachant pertinemment qu'il est était possible qu'aucune des deux femmes avec elle ne l'entende.

Lilith reporta son attention sur la jeune femme.

"Faut qu'on se mette un peu à l'écart." lui dit-elle, et Milo fixa ses yeux sur sa bouche pour être sûre de ne louper aucun mot. "On prend trop de risques à rester au milieu de la route, je te suis."

Milo approuva d'un signe de tête. La ville était devenue un vrai champ de bataille. Et là où elles étaient postées, les trois femmes étaient des cibles faciles. L'attaque eau en était la preuve ! Mais là où Lilith et l'étrangère avaient des pokémons pour les aider et les défendre, Milo était toute seule. Maintenant qu'elle avait trouvé quelqu'un dans ce chaos, elle n'avait aucune envie de se séparer. Elle était soulagée de savoir qu'au moins Lilith allait rester.

Milo se tourna vers l'étrangère, lui demandant du regard si elle prévoyait de venir aussi.

Cependant, Lilith l'avait devancée et s'adressait déjà à elle. Dans cette position, Milo peinait à voir le visage de la musicienne, et un pokémon choisi pile ce moment-là pour passer en hurlant son propre nom juste derrière elle. La pluie battante l'aveuglait, et les cris de peur et de colère de la foule étaient assourdissants. Crier était le seul moyen de communiquer, pour être entendu, et pour entendre les réponses. Milo n'était pas sûre d'avoir compris la moitié de ce que Lilith et l'étrangère se disaient. Elle avait entendu quelque chose, quelque chose comme 'stèrme' ? Un pokémon local qu'elle ne connaissait pas ? Celui qui avait envoyé cette attaque eau ?

Elle ne put pas chercher à comprendre plus longtemps, car la musicienne s'était retournée vers elle avec un hochement de tête. Milo compris qu'elle était prête à partir, et que l'étrangère ne les rejoindrait pas. Inquiète de savoir si tout irait bien pour elle, la jeunne femme reporta son attention quelques instants sur elle.

L'étrangère lança deux pokéballs en l'air, et un pokémon oiseau, et un autre poney, en sortirent. Elle semblait être capable de se débrouiller, ce qui calma l'inquiétude de Milo. Malheureusement, la jeune femme ne put déchifrer ce que l'étrangère dit à ses pokémons, et l'un d'entre eux s'envola et se mis à tourner au-dessus de leur petit groupe imrpovisé, tandit que le poney partit en courant de son côté.

L'étrangère se retourna ensuite vers elles. Milo put alors voir son visage et se concentrer sur ses paroles.

"On se retrouve rapidement." dit-elle. "Je ne pense pas avoir à vous le dire, mais faites vraiment attention à vous. Et merci, pour votre aide."

'votre aide' ? Lilith avait-elle parlée de donner un coup de main, pendant que Milo n'entendait rien ? Quel coup de main ? Qu'était-elle censée faire ? Ça ne concernait que Lilith, ou Milo était inclue aussi ?

Avant qu'aucune d'eux ne puisse répondre, l'étrangère jeta un regard au pokémon à ses pieds avant de s'en aller, la créature à sa suite.

Peu importe. Trop tard pour poser ses questions. De toute façon, il serait stupide de rester pour demander des détails en pleins milieu d'une zone de combat. À découvert, en plus.

Revenant au problème actuel, Milo regarda autour d'elle. Elle n'avait aucune idée d'où elle pourrait emmener Lilith se cacher. Quand elle l'avait rejoint, son but était plutôt de la tirer hors de la zone de guerre, et de courir le plus loin possible jusqu'à trouver un endroit. Mais ce n'était plus possible, non ? Se mettre à l'abri, c'était bien beau, mais elles n'étaient pas les seules qui avaient besoin d'une zone sûre.

Il y avait tant de personnes en ville quand les combats ont commencé. Des familles, des enfants, des frères, des sœurs, des amis, des personnes âgées, ou juste des pacifistes qui ne souhaitaient pas rejoindre la mêlée. Toutes ses personnes avaient aussi besoin d'aide. Il y avait peut-être même des blessés... Milo avait toujours une trousse de secours et quelques plantes médicinales dans son sac, mais elle espérait ne pas avoir à s'en servir. Parce que s'il y avait un blessé, alors il y en avait d'autres, et Milo n'était pas médecin. Elle savait qu'elle ne pourrait pas aider tout le monde...

Mais elle ferait de son mieux. Alors, quitte à chercher un endroit sécurisé pour elle et Lilith, autant en chercher un qui puisse servir au plus grand nombre !

Dans la pluie et le brouhaha, Milo n'entendit pas les cris outrés d'une foule dispersée par le pokémon poney de l'étrangère. Elle n'entendit pas les cris de haines et de représailles de leur part alors qu'ils bloquèrent la route à la créature. Elle n'entendit pas l'ordre d'attaque donné par un habitant depuis sa fenêtre.

Elle n'entendit que la pluie et le choc des quelques attaques les plus bruyantes.

Mais elle vit tout.

Milo attrapa la manche de Lilith, juste assez longtemps pour attirer son attention. Puis elle pointa l'étrangère du doigt, comme si la musicienne n'avait pas vu ce qu'il s'était passé.

"Je crois qu'elle est coincée..." fit-elle, abasourdie ; mais suffisamment fort, elle l'espérait, pour être entendue.

Puis elle fit face à Lilith, et prit soin d'articuler pour être bien comprise, tout en hurlant presque ses paroles par-dessus la cacophonie qui avait envahi la ville.

"Est-ce qu'il y a moyen de l'aider ? Je n'y connais pas grand-chose en pokémons et en attaques- est-ce qu'on peut la sortir de là ?"

Milo fut impressionnée par la vitesse de réaction de Lilith. La musicienne n'avait eu besoin que de quelques secondes pour évaluer la situation. Réfléchissant visiblement à toute vitesse, elle s'était rapidement décidée sur une pokéball avant de donner des ordres aux créatures choisies. Aucun des deux pokémons n'hésitèrent, ils partirent à toute vitesse pour accomplir leur mission. Milo les regarda foncer sur l'étrange mur qui avait bloqué la voie à l'étrangère. La première créature l'esquiva en plongeant dans le sol, passant par-dessous l'obstacle, tandis que le pokémon à quatre pattes... passa tout simplement à travers ? Quelle utilité avait ce mur s'il laissait passer certaines choses ? Comment fonctionnait-il ?

Mais Milo n'eut pas le temps de se questionner plus sur l'étrangeté des attaques causées par les pokémons fantomatiques et autres créatures mystiques, car Lilith reporta son attention vers elle.

"Regarde cette ruelle." fit-elle en pointant du doigt quelque chose un peu plus haut dans la rue, vers là où elles se dirigeaient avant que Milo ne les stoppe. La jeune femme se retourna vers la direction indiquée, et là, un petit espace entre deux bâtiments, semblant encore à l'abris de ce chaos, se trouvait non loin d'elles. "Tu crois qu'on pourrait mettre les gens à l'abri là-bas en attendant de réussir à les faire évacuer ?"

Oui. Oui, c'était possible. Le passage semblait assez petit pour ne pas être emprunté par la foule, et des débris étaient entassés près de l'entrée, camouflant en partie sa présence. Cependant, il fallait d'abord vérifier qu'elle soit sans danger. Il ne manquerait plus qu'un ennemi ne les y attende... Et il valait mieux être sûres que l'autre bout de la ruelle ne débouche pas sur une nouvelle zone de guerre, plus dangereuse que celle dans laquelle elles se trouvaient déjà ; ou encore, que les deux bâtiments qui l'encadraient étaient en assez bon état pour ne pas s'effondrer sur eux.

Milo observa un peu plus la rue. Il y avait également des boutiques et des cages d'escaliers qui pouvaient aussi servir... Mais, se souvenant de ce qui était arrivé à la librairie qui avait manqué de les écraser, elle et les autres clients, la jeune femme n'avait pas très envie de retourner à l'interieur. Peu importe la solidité de l'immeuble.

Il n'y avait aucune solution parfaite. En attendant de pouvoir évacuer, tout ce qu'elles pouvaient faire, c'était de choisir l'option la moins pire.

"Ça pourrait le faire." informa-t-elle à la musicienne, exagérant un hochement de tête de haut en bas pour s'assurer d'être bien comprise à travers la cacophonie ambiante. "Mais il faut voir s'il n'y a pas de danger avant d'y aller !"

L'étrangère ne semblait pas être en danger immédiat, entourée de ses propres pokémons et de ceux de Lilith. C'est donc sans grande inquiétude à l'idée de la laisser derrière que Milo tira la musicienne par la manche en direction de la ruelle. Et puis, leur destination n'était pas si loin, elles pourraient facilement revenir donner un coup de main si besoin.

Milo ne put faire que quelques pas avant qu'elle ne s'arrête une nouvelle fois. Il y avait quelque chose, sous ses pieds. Difficile de dire ce que c'était, avec ses baskets. Mais c'était comme si... le sol tremblait. Petit à petit, la vibration, non douloureuse mais certainement inconfortable, passa de ses pieds, à ses chevilles, puis à ses mollets, et à ses genoux. Plus loin, à travers les cris et la pluie, la jeune femme parvint à entendre un bâtiment qui s'éffondrait, s'il s'agissait bien d'un bâtiment. Serait-ce la cause de cette sensation sous ses pieds ? Ou une conséquence ?

"Tu sens ça ?" demanda-t-elle à Lilith, les yeux fixés au sol. "Je n'aime pas ça..."

Aussitôt qu'elle eut fini sa phrase, le mouvement se calma, puis s'arrêta.

Milo prit une grande inspiration, resserra ses doigts sur la manche de Lilith, et de sa main libre, elle chassa une partie de l'eau de pluie qui dégoulinait sur son visage. Encore une fois, elle n'avait pas le luxe de chercher des réponses. Elle ne pouvait qu'avancer.

Un pas après l'autre, elle reprit sa route. La jeune femme rêvait de retourner en forêt, tout seule. Car c'était assourdissant. La pluie, le vent, les pokémons, les attaques, les grondements, les cris, et les hurlements de terreurs de plus en plus forts-

Attends, quoi ? De plus en plus forts ?

A peine cette pensée lui traversa l'esprit qu'une foule de personnes effrayés se dirigea vers eux, semblants apparus de nul part depuis le haut de la rue.

"Hein ?"

Il y avait une dizaine de personnes, cherchant visiblement à sauver leurs peaux. Parmi eux, des enfants, des femmes, des hommes... Ils fuyaient quelque chose qui les avait poussés ici. Rien n'avait l'air de les poursuivre, ce qui les terrifiait était probablement une zone de combat, ou la ville qui tombait en miettes. Peut-être avaient-ils même perdu leur zone sûre dans laquelle ils s'étaient cachés...

Mais ils ne pouvaient pas continuer dans cette direction. Plus bas, l'étrangère faisait face à la foule. Mais eux n'étaient pas une foule de personnes lambdas : ces gens-là étaient venus pour se battre. C'était bien trop dangereux pour les nouveaux arrivant de continuer leur route.

La ruelle était juste là, si proche de Milo et Lilith. Ce serait si simple de les diriger vers cette nouvelle cachette. Mais elles n'avaient pas encore pu s'assurer de sa sûreté, et le temps leur manquait. La jeune femme savait qu'elle s'en voudrait bien longtemps d'aggraver la situation en les menant vers un énième danger. Il fallait prendre une décision, et vite.

Milo tira une fois sur la manche de la musicienne pour attirer son attention. D'un mouvement de tête, elle indiqua la ruelle, espérant passer le message qu'elle n'avait pas abandonné cette idée, avant de se détacher et d'avancer vers la foule en panique. Elle allait essayer de gagner du temps, il ne servait à rien d'entasser des personnes terrorisées dans un petit espace, de toute façon. Qu'elle puisse permettre à Lilith de vérifier la ruelle ou non, il fallait au moins tenter de les calmer.

Alors Milo se positionna en plein milieu de leur passage, et avec des grands signes des bras, elle leur indiqua de se rapprocher des murs. Le risque est toujours là, mais ils seront moins exposés aux attaques imprévisibles dans un coin qu'en plein milieu du chemin.

Une fois le groupe ralentit et hors du passage, Milo se rapprocha d'eux.

"Tout va bien ?" leur dit-elle assez fort pour être entendue. "S'il y a des blessés, je peux aider, j'ai une trousse de secours !"

Toujours avoir une trousse de secours sur soi quand on part en vadrouille toute seule.

Cependant, ils étaient mal placés pour se poser et s'occuper de blessures. Ils avaient beau être au bord de la rue, ils étaient toujours dans la rue. Sans protection et à découvert. Il leur fallait désespérément une zone sûre.