[Terminé] Des mauvais traitements à la pelle [Célestio]

Voici Salizyr en mode “brigade anti-maltraitance pokémon” dans la ville la plus luxueuse de tout Maïlys. Seulement, comment négocier avec un Humain qui ne peut comprendre votre langage, quand vous n'êtes accompagné par aucun Pokémon Psy ? Il faut trouver d'autres moyens. Et si on ne peut pas parler, on peut toujours écrire.

Les clients qui allaient et venaient dans cette boutique généraliste en bordure de ville jetaient un regard incrédule au Dracaufeu, assis là dans son coin avec un stylo entre les doigts et des pokeballs à la sacoche, mais cela faisait une bonne heure que personne n'était venu l'approcher depuis qu'il était entré ; même le propriétaire de la boutique n'osait pas lui dire quoi que ce soit, même s'il avait grimacé en voyant le Dracaufeu entrer et ne cessait de surveiller les mouvements de sa queue avec une goutte de sueur sur la tempe en craignant que la flamme à l'extrêmité ne déclenche un incendie. Quant au vendeur, l'idée ne lui avait même pas traversé l'esprit de venir demander au Dracaufeu s'il pouvait l'aider à trouver un article en particulier.

De toute manière, le Dracaufeu était sage dans son coin, à faire quelque chose que personne ne comprenait vraiment, il n'embêtait personne et ne déclenchait pas d'incendie pour le moment, à croire qu'il faisait attention à ne pas laisser traîner sa flamme caudale n'importe où. Et c'était précisément le cas, mais personne ne soupçonnait.

Dans une main, donc, Salizyr tenait un stylo, et dans l'autre, un petit carnet. Assis dans un coin de la boutique, il observait les étiquettes de prix, les affiches commerciales, les emballages de certains produits. En un mot : il lisait. Tout ce qu'il pouvait. Il était né au sein d'une famille Humaine, il avait appris à lire en plus de pouvoir suivre une conversation courante ; avec Raphaël en “professeur”, il avait même partiellement appris à écrire, mais avait encore des progrès à faire. Et pour négocier la liberté d'un Bacabouh soumis à des maltraitances répétées de la part d'une Humaine bornée, Salizyr avait deux options : tout cramer chez la dame, ou bien améliorer son vocabulaire écrit pour essayer de jouer sur le peu d'empathie qui pouvait rester à la fautive. Oh, cramer la face de quelqu'un qui maltraitait un Pokémon, ce n'était pas pour déplaire à Salizyr, l'idée était bien tentante, mais le Dracaufeu restait un être civilisé, bien éduqué par la famille de Raphaël. Alors il n'allait pas tout cramer, autant qu'il faisait attention à ne pas foutre le feu à la boutique avec sa queue. Et puis il ne s'agissait pas que de punir l'Humaine pour son comportement répréhensible, il fallait aussi assurer au Bacabouh un meilleur avenir. Enfin, Salizyr n'avait entendu parler que du Bacabouh, mais qu'est-ce qui garantissait qu'aucun autre Pokémon ne subissait de mauvais traitements de la part de cette Humaine ?

Salizyr écrit la dernière lettre du mot “remboursement”. Sur la même page du carnet étaient déjà écrits les mots “connexion”, “expressément”, “euphorisant” et “merveilleux”. Aucun rapport entre chacun de ces mots. Salizyr les avait juste lus çà et là et s'entraînait à les réécrire. Son trait était assez grossier mais lisible, c'était l'essentiel.

Lumières vacillantes, reflets de la grandeur humaine et de sa démesure en matière de luxure et de plaisir, l'Imaginarium aujourd'hui encore semblait arborait ses plus belles couleurs afin de séduire les différentes personnes hantant les rues. La ville avait une aura allant du tout au tout, luxe certes, mais aussi le côté sombre des business pouvant s'y dérouler, certains étaient indifférent à ce qu'il s'y passait, mais pas Célestio.

Il s'était retrouvé dans la mégalopole non pas par hasard, mais avec un but en tête. Récemment, l'arrivée de son nouveau Pokémon, ce Croaporal, avait amener son lot de "black-outs", légers par moments, d'autres plus... surprenants. Voir un médecin était ptêtre la meilleure des choses à faire, mais le Kaloséen s'était évidemment dit qu'aller voir un champion ayant voulu le tuer était une bonne idée. Nan c'était plus car ce dernier avait quand même eu des mots d'encouragements, et Célestio sentait qu'il pouvait être assez sincère pour savoir quoi peut être faire. Le dresseur en était rendu à avoir quelques états d'anxiété, ne sachant pas quoi faire. De plus, il n'appréciait pas la ville, mais il devait attendre la nuit pour espérer trouver du monde à l'arène. Il avait réussit à trouver quelques moyens pour se calmer, c'était plutôt stable actuellement...

Le dresseur se promenait donc dans la ville, avec Caelis, lui aussi partageant son peu d'affect envers la ville. La journée n'était pas mauvaise, et le dresseur revenait d'un combat de dresseur sur un terrain de la ville le matin même. Pokemon soignés, et moral à bloc, les deux compagnons s'étaient mis en tête d'aller dans une boutique racheter de l'équipement. Potions, rappel, et Pokeballs aussi. Cela faisait depuis 1 an qu'il n'avait pas racheté de Pokéballs car il ne pensait pas à capturer un 6ème Pokémon à l'époque. Mais depuis l'arrivée du Croaporal qui ne l'écoutait pas, Célestio préférait se préparer au cas où... Techniquement, si ça n'allait pas il pouvait stocker la grenouille dans un PC.

Bordure de la ville étant, le quartier apaisait plus le dresseur et son Pokemon comparé au reste de la ville. Il marcha, quand il remarqua deux personnes sortant d'une boutique généraliste, murmurant des choses entres elles. Un soupçon d'inquiétudes s'élevaient de leur voix tues. Célestio regarda Caelis, et ce dernier soulevant un sourcil fit mine que c'était inutile de s'en préoccuper. Les deux rentrèrent alors dans la boutique, mains dans les poches. Ils se mirent directement à regarder pour les objets dont ils avaient besoin. Cependant, leurs oreilles leur firent noter un son inhabituel dans un tel magasin. Une flamme crépitant légèrement. Le bruit était très très léger, mais présent néanmoins. Certains dresseurs se promenaient avec leur type feu, s'était surement cela.

En marchant de rayon en rayon, le dresseur au détour d'une allée, s'arrêta net en voyant donc un Dracaufeu dans le coin de la boutique. Les écailles luisantes, et la queue qui était placée avec soin de sorte que rien ne prenne feu. Célestio se gratta le front un peu perplexe, et se retournant et regardant autour de lui, il vit les regards des personnes flânant dans le magasin, le vendeur et le caissier évitant le regard et comme inquiets. N'avaient-ils jamais vu un Pokemon ? Certes un Dracaufeu, cela était rare, et sans dresseur au premier abord, c'était très intriguant. Mais en aucun cas ce n'était une raison pour en faire tout un foin.

Observant le Pokemon en s'approchant peu à peu, Caelis souffla, sur l'épaule de Célestio, pour diriger son regard vers une sacoche portée par le type Feu. Celle ci contenait des Pokéballs, utilisées ou non Célestio n'en savait rien, et le Dracaufeu qui tenait dans ses mains un carnet, traçant maladroitement des formes. Plus près du Dragon, ces formes formaient en effet des mots. Célestio ouvrit la bouche de stupéfaction, ce Pokemon essayait d'apprendre à écrire, et ça c'était encore plus rare. La communication, le dresseur l'avait déjà vu avec Paku, était possible par langage humain, l'écriture c'était une première. Et les Pokéballs de ce Dracaufeu... Tout correspondait à un "dresseur" ? Un Pokemon dresseur, l'idée pouvait paraître farfelue, mais Célestio et Caelis ne jugèrent pas cela si fou que ça. Le Paku aurait très bien pu être un dresseur aussi s'il n'était pas passionné par son seul ventre.

Des murmures dans son dos énervèrent Célestio. Soupirant légèrement en regardant les gens derrière lui, il marcha et se mit à côté du Dracaufeu, mains dans les poches. Calmement il regarda son carnet puis le Pokémon.

Tu essayes d'apprendre à écrire ? Je n'avais jamais vu ça... Enchanté, je suis Célestio et lui c'est Caelis. On peut t'aider peut être ?

Caelis appuya ce salut cordial par plusieurs cris le faisant se présenter. Dresseur Pokémon ou autre chose, Célestio ne voulait pas qu'un incident diplomatique commence... Les gens n'étaient pas respectueux, et s'il pouvait aider le Dracaufeu, cela lui faisait plaisir et en plus les gens commenceraient à se taire et passer à autre chose. Malgré la démesure de cette ville, un simple Dracaufeu avait réussit à choquer cette ville avangardiste.

Le Dracaufeu tourna légèrement la tête et regarda derrière lui, d'un œil luisant, presque méfiant, alors qu'il entendit les bruits de pas d'un Humain qui approchait. Il sentait que cet Humain se dirigeait vers lui précisément. Allait-il lui demander s'il pouvait dégager le rayon pour ne pas gêner les clients qui voudraient y trouver un article ? Voire carrément de quitter le magasin par peur du déclenchement d'un incendie ? Qu'est-ce que ça aurait été si Yaeslig avait voulu entrer dans la boutique ! Heureusement que ce n'était pas elle la Dresseuse ! Imaginez un peu, si les Humains avaient peur d'un risque d'incendie avec la flamme caudale d'un Dracaufeu – ce qu'on ne pouvait pas vraiment juger – alors comment auraient-ils réagi si au lieu de ça, ça avait été un Limagma ou un Volcaropod !

CELESTIO – Tu essaies d'apprendre à écrire ? Je n'avais jamais vu ça... Enchanté, je suis Célestio et lui c'est Caelis. On peut t'aider peut être ?

Caelis, c'était un Evoli chromatique perché sur l'épaule de ce qui s'apparentait à un Dresseur. Salizyr marqua une expression de surprise. Non pas à cause de l'Evoli chromatique qui prit la parole à son tour pour se présenter amicalement, mais à cause de l'intention de ce Dresseur. Ou du moins, celle qu'il affichait pour le moment. Il pouvait très bien escompter le conduire hors de la boutique mais avec une approche un peu détournée, avec beaucoup de diplomatie, en se montrant intéressé et poli afin de l'amadouer et faire passer plus facilement son intention finale.

N'allons pas trop vite en besogne, pour l'heure, rien n'indiquait que ce Dresseur avait bien cette idée derrière la tête. Il n'avait fait que se présenter et demander s'il pouvait aider. Voilà une question que Salizyr s'était attendu à recevoir de la part d'un vendeur, pas d'un Dresseur qui, a priori, n'avait rien à gagner à proposer son aide à un inconnu dans la boutique, comme ça.

SALIZYR – Bonjour.

finit-il par prononcer en regardant le Dresseur dans les yeux, en comptant sur ce dernier pour comprendre l'intention du mot. Puis il s'adressa à l'Evoli :

SALIZYR – Je pensais que ton Dresseur allait me demander de m'en aller... Enchanté Caelis, moi c'est Salizyr.

Il s'adressa à nouveau au Dresseur :

SALIZYR – Je complète mon vocabulaire écrit car j'ai entendu parler d'une Humaine qui maltraite au moins un Pokémon, et je veux négocier avec elle avant de passer au plan B...

Quand c'est un Dracaufeu au tempérament ardent qui parle, tout le monde sait ce que c'est que le plan B...

Bon, évidemment, le Dresseur n'allait rien comprendre, et autant l'intention d'un simple “bonjour” était facile à interpréter, autant là, l'Humain mal coiffé risquait d'être perdu. Salizyr se mit debout, observa le Dresseur de la tête aux pieds en le reniflant discrètement. Il avait un physique assez lambda, hormis un signe distinctif au visage sous les traits d'une cicatrice longeant son sourcil. Son sweat à capuche, son sac, son jean, ses chaussures noires, tout était banal dans sa tenue, avec simplement de multiples bracelets, certains ornés de pierres. Un souvenir de sa famille ou de ses anciens amis, peut-être.

Salizyr se mit à écrire sur son carnet. Alors, certes, il n'avait pas du tout une belle écriture, mais il avait quand même le trait assuré, ce qui pouvait indiquer à Célestio qu'il n'était pas juste en train d'apprendre à écrire, ce qu'il savait déjà faire depuis longtemps, mais bien d'enrichir son vocabulaire écrit. Quelqu'un qui apprend à écrire va dessiner plusieurs fois la même lettres, puis une autre, ou écrire des mots de façon très académique. Rien de tout ça sur la page visible du carnet de Salizyr, ou se trouvaient simplement les mots “remboursement”, “connexion”, “expressément”, “euphorisant” et “merveilleux”.

Et maintenant la phrase suivante : “Une Humaine maltraite ses Pokémons. Négocier.”.
C'était concis, rapidement écrit avec assurance, encore une fois l'écriture n'était pas belle mais tout à fait lisible. Salizyr tourna le carnet face à Célestio et le regarda dans les yeux. Il se retint de mentionner son plan B...

S'y attendant, Célestio observa le Dracaufeu lui rendre le bonjour puis ensuite s'adresser à Caelis. Plus jeune le dresseur rêvait de pouvoir comprendre les Pokémons, leur parler et qu'ils comprennent, et inversement. Maintenant, ce rêve était bien mince, mais il se satisfaisait déjà de réussir à discuter, d'une certaine façon, avec ses propres Pokémons. Pour ceux qu'il rencontrait à peine, c'était plus difficile. La situation restait peut être lunaire pour les clients lambda passant de si de là, mais au moins c'était apaisé... Les gens semblaient moins agacés par la présence du lézard volant.

Ce dernier s'adressa de nouveau à lui, Caelis à côté, perplexe, hochait la tête aux explications du Pokemon. L'évoli, le starter à peine finit, réfléchit et sauta de l'épaule de Célestio. A terre, il se mit à gesticuler maladroitement et en poussant plusieurs cris différents pour accompagner sa mise en scène théâtral. Mais alors que ce dernier finissait à peine, le Dracaufeu traçait déjà quelque chose sur son carnet. Il semblait extrêmement concentré sur la tâche, faisant sourire Célestio. C'était un peu mignon et cocasse de voir une telle scène. Les mots finit, le Pokemon retourna le carnet pour faire lire le dresseur. Ce dernier lu à haute voix...

"Une... Humaine maltraite... Ses Pokemons. Négocier" ? ... ah... AH ! La vache !

Se tournant vers le Kaloséen à nouveau, l'évoli plissa les yeux, serra les dent et se grandit en faisant grossir sa fourrure. Apparemment, le Dracaufeu ne comptait pas que négocier, ou alors comptait recouvrir à d'autres moyens que la négociation si cela ne marchait pas... Cela n'était pas une mince affaire. Il se redressa et se gratta la tête un peu gêné, la situation n'était pas simple... En soit, il ne comptait pas spécialement au tout début s'immiscer dans des affaires ne le regardant pas, cependant 3 choses le poussait à faire quelque chose néanmoins. 1, le DRacaufeu faisait tout pour jouer "dans les règles", il n'avait causé aucun tort, et Célestio avcait pour habitude de venir en aide aux Pokémons qu'il croisait. 2, si la négociation ne marchait pas et qu'un incident éclatait, l'affaire pourrait tourner au drame... Et ce dans n'importe quel sens. Et surtout 3, si un Pokemon était maltraité, il se devait de faire quelque chose. Un Maître ne resterait pas planté là, à juste encourager le Pokemon et après coup ne rien faire. Caelis le regarda et d'un cri plutôt enjoué, fit remarquer à son maître qu'il prenait trop de temps à réfléchir. Le Célestio d'avant, peut être plus insouciant, n'aurait pas autant réfléchis à la question. Soufflant, le dresseur tendit sa main au Dracaufeu.

Si un Pokémon est en danger, être à 2 n'est peut être pas de trop... Tu veux qu'on t'aide ?

Caelis eut un petit sourire en coin et fouetta de sa queue la poussière du pantalon de son maître, comme pour se moquer de lui légèrement. Célestio en retour grogna, et fit bouger son pied vers l'évoli.

Ouais ouais, fais le malin toi... Tsss.

Reposant son pied, Célestio dépassa le Dracaufeu et prit un peu les devants. Se retournant vers l'incongru Pokémon, il le regarda avec un sourire en coin.

Allons négocier, je te suis euh... Hum ? Tu pourrais m'écrire ton nom s'il te plait, Caelis est pas assez bon en mimes pour me le faire comprendre. Il haussa les épaules. Il fait ce qu'il peut.

Fulminant, l'évoli passa devant Célestio, faisant de grands pas, et tout en lui tournant la tête pour lui signifier son mécontentement. Le dresseur ricana légèrement tout en caressant la tête de l'évoli quelques secondes avant de se redresser, et d'un geste de la main, invita Salizyr à prendre les devants. Ce serait peut être plus simple pour lui si Célestio se portait garant des intentions de l'impressionnant Pokemon. L'Imaginarium était peuplé de personnes en tout genre, mais s'ils tombaient sur le gratin de la ville, la scène promettait... Des personnes capables de maltraiter leurs Pokémon ici, le choix principal était les riches, profitant des plaisirs de la ville, et s'en foutant donc de leurs Pokémons. Et imaginer la scène d'un Dracaufeu, avec des Pokéballs, négocier contre la bourgeoisie fêtarde de l'Imaginarium quant à la liberté d'un Pokemon, cela donnait des sueurs froides au jeune Kaloséen. Caelis partageait cet avis, mais ils avaient décidé de placer leur confiance en Salizyr pour le moment !

Salizyr était amusé par les talents de comédien et de mime du petit Evoli qui donnait de sa personne pour essayer de traduire ses paroles, avant de découvrir qu'il savait écrire, ce qui était plus lent qu'un langage des signes, mais plus pratique. En revanche, en l'observant, Salizyr ne comprit pas tout de suite ce que l'Evoli voulait signifier en se mettant debout sur les pattes arrière, fourrure gonflée, yeux plissés et dents serrées. Il donnait l'impression de vouloir péniblement imiter le Dracaufeu. Et peut-être était-ce le cas, mais que voulait-il dire ? Essayait-il de faire comprendre à son dresseur que Salizyr pourrait opter pour une méthode plus violente en cas d'échec de la négociation ? Ca n'avait rien de surprenant venant d'un Dracaufeu, pour autant, si Salizyr n'avait pas mentionné son plan B à l'Humain, c'était pour une raison. Il posa un pied sur l'Evoli pour l'arrêter dans ses mimes et le repoussa légèrement, lui signifiant d'arrêter, puis reposa son pied au sol.

CELESTIO – Si un Pokémon est en danger, être à deux n'est peut-être pas de trop... Tu veux qu'on t'aide ?

Salizyr devait bien reconnaître une chose : un Humain négociant à l'oral serait quand même plus efficace qu'un Pokémon devant écrire pour se faire comprendre. Il pourrait y mettre le ton et plus de nuances, la négociation serait plus fluide. En effet, c'était certes très pratique pour Salizyr de savoir écrire, un avantage non négligeable pour se faire comprendre des Humains sans avoir à recourir à un interprète de type Psy et sans avoir à gesticuler théâtralement comme Caelis, mais ça ne permettait tout de même pas un dialogue fluide. A chaque “prise de parole”, Salizyr devait écrire dans son carnet, puis montrer à l'Humain qui devait lire, puis répondre et s'interrompre en voyant Salizyr écrire, cela faisait un dialogue haché. Possible, et c'était déjà énorme, mais haché.

Salizyr attendit la fin des petites chamailleries entre Célestio et Caelis, et hocha la tête. Là, au moins, il n'y avait pas besoin d'écrire, pour un simple “oui”. D'ailleurs l'Evoli s'était encore fait repousser du pied, décidemment... D'abord le pied reptilien du Dracaufeu, puis la chaussure de son dresseur... Il n'avait qu'à arrêter de faire son petit malin, aussi.

CELESTIO – Allons négocier, je te suis... euh... hum ? Tu pourrais m'écrire ton nom s'il te plait, Caelis est pas assez bon en mimes pour me le faire comprendre. Il fait ce qu'il peut.

C'était évident. Caelis fit mine de bouder dans son coin, ça devait être un petit jeu entre lui et son dresseur, Salizyr décida de ne pas y faire attention. Il se contenta d'écrire quelques lettres en majuscules sur son carnet pour former son nom et le montrer à Célestrio : “SALIZYR”.

Bon, Salizyr n'allait donc pas avoir besoin de prendre plus de temps pour enrichir son vocabulaire écrit. Il rangea son carnet avec ses pokeballs et quitta la boutique, au plus grand soulagement du vendeur. En marchant, il dit à Caelis :

SALIZYR – Tu n'étais pas obligé de lui parler de mon plan B.

Célestio leur emboîtait le pas. Salizyr n'avait pas l'adresse exacte de la coupable de maltraitance pokémon, mais il avait quelques informations, et avec l'aide de Célestio, ils pourraient trouver plus vite sa maison. C'était déjà une première information : elle n'habitait pas en appartement, mais dans une petite maison. Caelis pourrait-il les aider ? S'il fallait lire les noms sur les boîtes-aux-lettres, il n'était pas garanti que l'Evoli puisse être d'une grande aide.

SALIZYR – Tu sais lire, toi ?

Au moins il serait fixé. Il reprit son carnet et commença à noter les informations qu'il avait obtenues pour les montrer à Célestio. Soit ils se contentaient de ça pour essayer de trouver la bonne maison en lisant les noms sur les boîte-aux-lettres, ce qui avait été l'idée initiale de Salizyr avant de recevoir l'aide du Dresseur Humain, soit Célestio interrogeait les habitants pour obtenir des infos plus précises. Pour commencer, il lui montra les notes sur son carnet :
“Humaine femme âgée. Surnommée la Vieille Martha. Vêtements chics, bijoux. Porte souvent un tailleur violet. Habite seule dans une petite maison, à l'écart du centre-ville, dans l'angle d'une rue.”
L'Imaginarium était une grande ville...

Semblant légèrement contrarié de la décision de l'évoli quant à l'idée de mettre au courant son dresseur de son fameux plan B, Salizyr repoussa Caelis du pied délicatement. Célestio avait saisit l'idée, mais décidé donc de ne pas en refaire mention, le Dracaufeu ne semblait pas non plus, et à juste titre, faire totalement confiance à Célestio. Mais assez quand même pour sembler accepter son aide, bon ce ne serait de tout repos, la barrière de la langue resterait, et il faudrait attendre, au dresseur, que Salizyr ait finit d'écrire ses mots pour les transmettre à leur "cible". D'ailleurs, il retint attentivement le nom que le Dracaufeu lui présentait avant de sortir.

S... Sa... Liz... Liz ? Yr ? Salizyr ? Enchanté alors !

Lui emboitant le pas, le petit groupe sortit du magasin. Soulageant par ailleurs les clients et gérants du magasin, mais aussi Célestio. En sortant, il prit son col et le remua légèrement, le magasin était trop chauffé, et avec la flamme du dragon il avait risqué de suer à grosses gouttes, ce dont il avait horreur lorsqu'il n'était pas en train de s'entraîner ou combattre. Alors qu'il suivit le dragon, ce dernier discuta avec Caelis, lui demandant pourquoi il avait décidé de parler de l'option plan B. L'évoli regarda en l'air avant de répondre au Dracaufeu.

Je n'étais pas obligé, mais pour nous comme pour toi c'est mieux que nous soyons au courant. Lui comme moi n'aurions pas apprécié que tu te mettes d'un coup à tabasser la personne d'un coup, tu ne penses pas ? Ca éviterait aussi à mon dresseur de réagir trop rapidement aussi... Et non, je n'ai jamais appris à lire, j'suis impressionné que tu y arrives ! Je comprends, parfois, certains mots mais à ton niveau nan !

Célestio en arrière, laissait les deux Pokémon discuter, ce serait plus simple ainsi. Et si ça permettait aussi de lier quelques liens avec Salizyr, c'était plutôt sympa. Aussi intriguant était-il, il semblait vraiment très motivé par cette idée de "justice" et d'aller aider le Pokemon supposément maltraité. Célestio avait décidé de croire en cette "honnêteté" et sa sincérité. Il ne voyait pas pourquoi il lui mentirait... S'il avait d'autres plan en tête, c'était tout à son avantage de ne pas avoir Caelis et Célestio le duo de choc dans les pattes.

Un moment, se stoppant, Salizyr saisit à nouveau son carnet, et écrit beaucoup plus qu'avant. Le dresseur fait vite el rapprochement et comprend que ce sont les informations qu'il a sur la personne. Après peu de temps, le dresseur et son évoli observèrent les notes. “Humaine femme âgée. Surnommée la Vieille Martha. Vêtements chics, bijoux. Porte souvent un tailleur violet. Habite seule dans une petite maison, à l'écart du centre-ville, dans l'angle d'une rue.” Le Kaloséen se redressa à nouveau, se frottant le menton, pensif mais surtout embêté.

C'est pas simple tout ça... L'Imaginarium est si immense, trouver une bonne vieille Martha comme ça, ça va être compliqué... Ce quartier même si moins grand que le reste, n'en reste pas néanmoins large ! Je vais demander à quelques personnes attendez moi là !

Arrachant sans demander la page à Salizyr, Célestio se décala et demanda à quelques passants. Le jeune homme n'était pas à l'aise généralement en public, mais après avoir déglutit, reprit son souffle et saisit son courage à 2 mains, il s'y lança. S'il voulait devenir maître, parler à des randoms dans la rue ne devait plus êtes un obstacle. Comme si c'était du théâtre, il fit preuved 'une surprenante aisance et s'adressa à 3-4 personnes, mais sans succès. C'était peut être peine perdue, mais alors il vit passer 2 vieilles dames, marchant côte à côte. L'espoir renaissait ! Entre vieilles dames, ça se connaissait, nan ? L'échec fut cuisant, il revint bredouille et désolé vers Salizyr.

Euuuuh... Désolé j'étais peut être trop positif...

Caelis, grimpant sur l'épaule sembla lui parler, et son dresseur rouvrit les yeux et reprit son air pensif.

C'est vrai que demander à la police serait jouable... Sinon tenter dans des cafés peut être ? les vieilles dames comme ça aiment les endroits chics... peut être en trouver quelques uns nous aiderait à la retrouver, qu'en penses tu Salizyr ?

Les deux compagnons se tournèrent vers Salizyr, lui laissant le choix. C'était sa quête à lui à la base, et les deux amis ne comptaient pas non plus s'en emparer. Cependant, une question vint en tête à la toute fin, mais attendit avant de pouvoir la poser : comment Salizyr avait-il pu obtenir ces informations ? Leur contenue était mince en somme, mais assez précis d'une certaine façon. Comment pouvait il savoir qu'elle maltraitait un Pokemon sans l'avoir vu lui même ? Il était curieux mais se posait sûrement une question inutile. Le plus important était de décider de quelle façon allaient-ils retrouver l'étrange femme.

La réaction de Célestio fut attendue :

CELESTIO – C'est pas simple tout ça... L'Imaginarium est si immense, trouver une bonne vieille Martha comme ça, ça va être compliqué... Ce quartier même si moins grand que le reste, n'en reste pas néanmoins large ! Je vais demander à quelques personnes, attendez-moi là !

Parfait, Célestio prit l'initiative d'aller interroger d'autres Humains sans que Salizyr n'eût à le lui suggérer. Le Dracaufeu attendit donc sagement sur place avec l'Evoli. Contrairement au temps passé dans la boutique, ici au milieu de la rue ils n'attiraient pas le regard. Encore que Salizyr un tout petit peu plus, du simple fait qu'il portait des pokeballs dans une sacoche en bandoulière et tenait un carnet sur lequel il avait écrit des choses. Sinon, en soi, sans faire attention à ce détail pourtant significatif, les gens pouvaient imaginer qu'il était l'un des Pokémons de Célestio.

Salizyr avait bon espoir que le Dresseur Humain de Caelis obtienne des informations utiles. Si Salizyr, en chopant au hasard une conversation devant le commissariat, avait entendu cette histoire, alors Célestio ne devrait avoir aucun mal à en apprendre plus auprès des gens du coin. Il y avait bien quelqu'un ici qui connaîtrait la Vieille Martha. Déjà, si elle avait un surnom, c'est que plusieurs personnes la connaissaient, voire qu'elle avait une petite réputation.

Voilà Célestio qui revint.

CELESTIO – Euuuuh... Désolé j'étais peut être trop positif...

Contrarié, Salizyr cracha un peu de fumée cendrée par les narines. Soit Célestio s'y était très mal pris, soit ils auraient plus de chances en interrogeant des gens dans un autre quartier. Avoir un surnom ne signifiait pas que toute la ville connaissait la Vieille Martha, peut-être seulement ses voisins. La personne que Salizyr avait entendue parler devant le commissariat devait être un voisin, justement, et c'est là que le Dracaufeu s'en voulut de ne pas l'avoir prise en filature jusque chez elle. Et en même temps, il n'était pas le plus discret pour les filatures, loin de là. Si un Dracaufeu vous suit depuis le commissariat jusqu'à chez vous, vous avez de fortes chances de vous en rendre compte.

Caelis grimpa sur l'épaule de son Dresseur pour lui glisser quelques mots à l'oreille. Cela donnait l'impression finalement que Célestio comprenait le langage pokémon, sauf que si ça avait été le cas, alors pourquoi Caelis aurait-il eu besoin de faire des mimes précédemment ? Célestio voulait-il cacher cette particularité ? Non, Salizyr partait sûrement trop loin, là.

CELESTIO – C'est vrai que demander à la police serait jouable... Sinon tenter dans des cafés peut-être ? Les vieilles dames comme ça aiment les endroits chics... peut-être en trouver quelques-uns nous aiderait à la retrouver, qu'en penses-tu Salizyr ?

Tout de suite le Dracaufeu se mit à écrire dans son carnet : “Police déjà au courant. Nous devons intervenir en premier.”.
Quand il s'agissait de maltraitance pokémon, Salizyr préférait intervenir lui-même, d'abord parce que c'était dans sa nature, mais aussi parce que si la Vieille Martha était maligne, elle pourrait facilement dissimuler les preuves de maltraitance, la police n'aurait donc pas lieu de l'embarquer tout de suite, cela prendrait du temps, et les Pokémons maltraités n'avaient pas ce temps à perdre. Face à un autre Pokémon, les victimes de la Vieille Martha seraient sans doute plus en confiance pour parler dans le dos de leur bourreau. Contrairement à la police, Salizyr saurait ce qu'ils diraient, tandis que la Vieille Martha ne comprendrait rien. Un sacré avantage. Par ailleurs, si la police intervenait, qu'adviendrait-il du Bacabouh maltraité, voire des autres ? Salizyr voulait s'assurer lui-même de lui offrir un avenir.
Parlant de cela, il réalisa que Célestio n'avait pas toutes les informations, il écrivit donc : “Vieille Martha maltraite un Bacabouh, peut-être d'autres Pokémons.”.

Quid maintenant de parler d'elle dans des cafés ? C'était déjà une meilleure idée. Essayer de deviner les endroits qu'elle pouvait fréquenter, ou ceux où les rumeurs la concernant auraient le plus de chance d'atterrir. Salizyr se remit à écrire encore une fois, ce devait être pénible pour Célestio d'attendre à chaque fois que le Dracaufeu eût fini, mais encore une fois, même si ça ne permettait pas des échanges fluides, ça permettait au Pokémon de se faire comprendre de l'Humain, et c'était déjà énorme.
“Cafés bonne idée. Surnom donc connue. Rumeurs sur elle ? Des gens la connaissent.”

Certains passants jetaient de brefs coup d'oeils, moins jugeurs que ceux des clients à l'épicerie, mais assez intrigués par ce qu'ils pouvaient voir. Salizyr écrivait à nouveau pour que Célestio puisse lire. La fumée expirée par le lézard quelque secondes auparavant témoignait sûrement de son agacement, conclut Célestio, mais avec cette bride d'informations comme point de départ, cette enquête n'était qu'à son balbutiement... Car au final, Caelis et Célestio remarquaient que ça avait tout l'air d'une enquête ! Les deux s'étaient amusé, à 14 ans, à jouer au détective privé en dehors de leurs entraînement à Cromlac'h, et retrouver les objets ou Pokemons disparus des différents habitants. Il était temps de retomber dans leurs talents d'observateur attentif et de fin analystes !

Profitant du temps de délire enfantin des deux acolytes, le Pokemon avait finit d'écrire. Deux informations se suivirent assez vite : la police était déjà prévenue et le Pokemon maltraité en question était un Bacabouh... Le commissariat était donc barré de la liste d'idée d'endroit où allez chercher des informations. Le café était donc la meilleure option qui s'offrait à eux. De plus, le fait qu'elle soit accompagnée d'un Bacabouh pourrait aider à l'identifier auprès des citoyens, un prénom plus un Pokémon, c'était reconnaissable entre milles. Célestio ne put s'empêcher par contre de trouver drôle le fait qu'une vieille dame, d'apparence compatible avec le genre d'endroit que fréquenterait leur cible, un Samedi matin vers 9h avec ses amis, prêtes à parler ô combien ces Kaloséen et autres étrangers pourraient arrêter de dénaturer leur belle île, tout en sirotant un thé hors de prix. Bref, si la Martha était dans le coin, c'était son QG à n'en pas douter... C'était le flair de Célestio et Caelis, Détectives privés de Galar !!!! Ou Kalos plus exactement... Le dresseur tourna le Motismart, et pointa du doigt le café, ainsi que sa description à Salizyr.

Je pense qu'on a une chance à cet endroit... Allons-y, c'est à 2 pas d'ici Salizyr !

Replaçant son sac sur son dos, et lançant le GPS, Caelis retourné à terre pour prendre les devants, le petit groupe se mit en marche. L'endroit n'était pas très loin, mais donc Célestio en profita, marchant aux côtés du type Feu, pour faire légèrement la conversation.

En tout cas, c'est un honneur de te rencontrer, je dois avouer que des Pokemons comme toi je n'en avais jamais vu... Tu es donc un Dresseur ? Tu as appris à lire et écrire dans ce but ? J'suis désolé si j'arrose de question, je suis juste assez curieux ahah ! Tu n'es pas obligé de me répondre à tout en détail si tu préfères.

Après s'être tue, il se dit que ce n'était pas très fairplay qu'il harcèle de question ce Dracaufeu ayant juste pour but d'aider un Bacabouh. Le dresseur se reprit et termina rapidement en se présentant réellement cette fois ci.

J'ai été assez impoli désolé, je devrais me présenter un peu aussi nan ? J'ai 21 ans, je viens de Kalos et avec mes Pokemons on est passionné de combats, on a pour but de devenir Maître Pokémon. On se dit qu'on aimerait bien aider Maïlys à retrouver un peu de sa sérénité d'une certaine façon !

Le reste du trajet se passa sans encombres. Arrivé au lieu de leur destination, l'atmosphère intérieure du café ne laissait aucun doute. La devanture en bois foncé vernis, les deux lanternes de part et d'autres de la porte, le rideau blanc, et les dentelles, permettant un peu d'intimité dans le café sans pour autant ne pas voir ce qui se passait à l'intérieur, tout respirait le mondain, le "classieux" à souhait. Pile ce qu'une dame de "haute société" de son propre avis aspirait à connaître. Les 3 compères s'arrêtèrent devant, puis après avoir prit une grande inspiration, Célestio se tourna vers les deux Pokemon.

Je vais rentrer et demander au barman s'il en sait plus. Rentrez si vous le souhaitez, mais te ferais passer pour un de mes Pokemons Salizyr pour ne pas éveiller de soupçons. Evitons de trop tarder et de trop nous faire remarquer.

Célestio se recoiffa d'un passage de main dans les cheveux. Ses habits ne convenaient pas à ce genre d'endroit normalement, mais il n'était pas non plus "mal habillé". Son jean, pull à capuche et t-shirt étaient plutôt bons pour ce genre d'habits. Il espérait vraiment ne pas déclencher de guerre civile, il avait peur que quelque chose se passe mal... Poussant la porte, et appuyant le pas doucement, l'homme se tourna rapidement vers un barman, derrière le comptoir, en train de nettoyer des verres. Le veston, la chemise blanche, il avait tout l'attirail du métier. Célestio, le plus poliment possible s'avança, alors que le serveur le regardait déjà, et s'adressa à ce dernier.

Bonjour Monsieur, veuillez me pardonner de vous déranger, mais moi et mes Pokemons sommes à la recherche d'une personne. On nous a dit qu'elle venait parfois à vos tables, peut être la connaîtriez vous ? On la prénomme Martha, et elle posséderait un Bacabouh. Nous chercherions à savoir où nous pourrions la trouver à tout hasard.

Célestio semblait montrer une vraie bonne volonté. Salizyr ignorait qu'il prenait plaisir à se prendre pour un détective et à mener des enquêtes, mais il ne pouvait qu'être ravi de voir cet entrain à retrouver la Vieille Martha pour négocier la libération de son Bacabouh, voire d'éventuels autres Pokémons qu'elle pourrait maltraiter. Célestio pointa le doigt en direction d'un café dans leur quartier, qu'il venait de repérer sur la carte de son motismart. Salizyr ne s'était jamais servi de ces petits appareils mais il avait déjà observé Raphaël utilisé le sien très souvent, et en connaissait la plupart des fonctionnalités. En réalité, il ne savait pas vraiment expliquait ce qui le retenait d'en utiliser un lui-même. Le besoin ne s'en était jamais fait suffisamment ressentir, supposait-il.

CELESTIO – En tout cas, c'est un honneur de te rencontrer, je dois avouer que des Pokémons comme toi, je n'en avais jamais vu...

Salizyr bomba imperceptiblement le torse, tel un dragon fier, il ne lui manquait plus qu'à écarter les ailes et à lever un peu le museau pour vraiment faire son beau. En fait, Célestio n'était pas le premier ni le dernier à reconnaître n'avoir encore jamais rencontré de Pokémon Dresseur, mais cela faisait toujours plaisir d'entendre que quelqu'un se sentait honoré de faire sa connaissance.

CELESTIO – Tu es donc un Dresseur ? Tu as appris à lire et écrire dans ce but ? J'suis désolé si j'arrose de question, je suis juste assez curieux ahah ! Tu n'es pas obligé de me répondre à tout en détail si tu préfères.

Salizyr avait appris à lire et même commencé à apprendre à écrire bien avant que l'idée de devenir Dresseur ne pût même effleurer son esprit. Il avait appris auprès de Raphaël, or avant la mort de ce dernier, il ne s'était jamais imaginé suivre cette voie. Salizyr lui sourit pour lui montrer que discuter ne le dérangeait pas, et écrivit sur son carnet tout en marchant. Célestio poursuivit avant qu'il n'eût fini :

CELESTIO – J'ai été assez impoli désolé, je devrais me présenter un peu aussi nan ? J'ai vingt-et-un ans, je viens de Kalos et avec mes Pokémons on est passionnés de combats, on a pour but de devenir Maître Pokémon. On se dit qu'on aimerait bien aider Maïlys à retrouver un peu de sa sérénité d'une certaine façon !

Il avait donc deux buts : un personnel, l'autre altruiste. Salizyr avait l'impression que c'était le cas de beaucoup de Dresseurs. Raphaël lui aussi s'était mis en tête de devenir Maître Pokémon, et de fait, Salizyr avait repris cet objectif à son compte. Puisque Célestio faisait l'effort de se présenter, Salizyr écrivit un peu plus sur son carnet. Il le retourna vers Célestio une fois fini : “Appris à lire et à écrire bien avant de devenir Dresseur. Oui je suis Dresseur aujourd'hui, débutant. Je suis né en Maïlys dans famille d'Humains, élevé par eux. Ils ont eu un fils, c'était mon frère. Raphaël. Il a cotoyé Abyss, tué dans un règlement de compte, juste quand il a voulu devenir Dresseur. Je suis devenu Dresseur pour lui.”.

L'histoire de Salizyr n'était pas un secret, il n'avait pas de réticence particulière à en parler. Cela pouvait par ailleurs aider les Humains – et les autres Pokémons – à comprendre comment un Pokémon pouvait devenir Dresseur. L'exemple de Salizyr, s'il n'était peut-être pas unique, était pour le moins extraordinaire, et la question qui pouvait revenir le plus souvent était : « Comment ça se fait ? ». Autant apporter l'explication. Cela pouvait par ailleurs ouvrir les yeux à certains sur les sentiments qu'un Pokémon pouvait éprouver à l'égard d'un Humain et les décisions que cela pouvait l'amener à prendre.

Ils arrivèrent au bar, et Célestio n'émit aucun frein à ce que Salizyr entre – tant mieux, ce dernier n'aurait pas se montrer têtu. La seule chose, Célestio suggéra de faire passer le Dracaufeu pour son Pokémon. Ce petit jeu de rôle ne dérangeait nullement Salizyr. Il regarda ses pokeballs, et trouva la place de les dissimuler dans sa sacoche. Il n'en avait que trois, heureusement. Il rangea son carnet, l'accrochant au dos de la sacoche, il resterait visible mais cela ne poserait pas de questions. Caelis, qui depuis un moment avait quitté l'épaule de son dresseur, s'immisca dans le café à peine la porte poussée par Célestio, et Salizyr leur emboîta le pas, laissant la porte se refermer derrière sa queue.

Comme dans la boutique, Salizyr fit constamment attention à ne pas laisser traîner sa flamme caudale n'importe où. Une petite musique d'ambiance se mêlait discrètement aux conversations polies, où personne ne parlait d'une voix trop forte. Les murs intérieurs étaient décorés d'une surface en bois verni et de papier peint classieux, des lanternes suspendues au-dessus des tables et des oriflammes de dentelle complétaient la décoration. Salizyr dilata les narines pour renifler l'ambiance, mêlant le café, la tarte et le vin. C'était la mi-journée, et le café servait un menu du jour pour le déjeuner, une tarte salée faisant office de plat principal. Avant de tomber dans la délinquance pendant un moment, Raphaël, comme ses parents, avaient fréquenté avec Salizyr ce genre d'endroits. Salizyr avait grandi dans ce genre de luxe, cela lui était familier, contrairement à Célestio dont le style vestimentaire détonnait un peu ici. Le Dresseur Humain interrogea le barman, qui accorda une faible importance à l'Évoli et au Dracaufeu pour lui répondre directement :

Barman – Bonjour Monsieur. Mmmh, la Vieille Martha ? J'ai entendu parler d'elle mais elle ne fréquente pas notre établissement. Que lui voulez-vous ?

Postés à l'entrée de l'établissement, les deux Pokemon, dont un clairement plus imposant, semblaient ne poser aucun problème aux clients et gérants du bar. Célestio se dit que cela devait peut être apaisé le Dracaufeu, d'être un peu moins le centre de l'attention. Quelques minutes auparavant, encore en marchant, le Dracaufeu avait révélé toute sa backstory, en lisant le papier sur lequel il avait écrit, le dresseur voyait défiler dans sa tête des images romancées de ce qui avait dû arriver au type Feu. C'était pile le bon moment pour un flashback hyper touchant et avec un beau fondu en noir pour bien présenter cette backstory. Mais Célestio mit fin à ses plaisanteries mal placées au vu du contexte, ils avaient une mission, et l'histoire de Salizyr n'amenait à rien de drôle. Caelis et son dresseur restait impressionné par la volonté et la détermination de leur nouvel ami malgré les situations durs qu'il avait vécu... Ce n'était pas commun, mais ils se dirent que cela ne devait pas non plus être unique des Pokemons ayant apprit à lire au sein d'une famille. Mais bref, ce n'était plus le moment d'y réfléchir, Célestio s'était excusé de son manque de délicatesse à Salizyr avant de rentrer dans ce café, qui maintenant devait rester le sujet d'attention du dresseur !

Le serveur le regarda quelques secondes après que Célestio lui ait adressé la parole. Il avait oublié que ses vêtements n'étaient peut être pas au goût de tous ici... Ses parents, chercheurs reconnus à Kalos, n'étaient pas des plus bourgeois, mais pouvaient apprécier de temps en temps ce genre d'endroit, Célestio connaissait le style de ces cafés. Mais en tant que dresseur, et surtout pour aujourd'hui, il avouait aisément préférer des habits plus "agréables" à porter pour s'entraîner et les combats Pokemon. Peut être jugaient-ils le livre à sa couverture. Mais il lui répondit quand même.

Bonjour Monsieur. Mmmh, la Vieille Martha ? J'ai entendu parler d'elle mais elle ne fréquente pas notre établissement. Que lui voulez-vous ?

Elle ne venait pas ici ? Merde, c'était bien leur veine... Et il fallait s'en douter, mais la réponse à la question de pourquoi la cherchaient-ils était nécessaire, afin d'accéder au saint graal de cette enquête : où la trouver ! Célestio avait réfléchis à la question sur la route, pleins de stratégies possibles. Dire la vérité, la première venue, n'était clairement pas la meilleure idée... Déjà qu'un jeune homme, accompagné de ses Pokémons, dise que la vieille martha maltraitait ses Pokemon, alors que ça se voyait qu'il ne la connaissait pas, cela le rendrait suspicieux. Et s'il y a bien une chose qu'il voulait éviter aujourd'hui, c'était de devoir être arrêté par des policiers. Mais Célestio, rapidement avant de partir, avait trouvé une bonne idée... Sortant d'un geste rapide de son sac, un autre sac plastique, il le montra au serveur.

Nous faisions des courses, et on nous a dit qu'elle avait oublié un de ses sachets. Les vendeurs nous ont demandé de bien vouloir lui rapporter, et nous ont dit de demander aux alentours où nous pourrions la trouver.

Dedans, il n'y avait pas forcément quelque chose qu'une vieille bourgeoise prendrait au magasin, mais ça, le serveur n'avait pas besoin de le savoir. Le dresseur avait acheté des petits trucs à la caisse automatique du magasin, quelques secondes avant de sortir et suivre la piste de Salizyr. C'était un pari dangereux, mais il espérait vraiment que cela paye.

Salizyr voulait bien imaginer que la Vieille Martha avait une petite réputation dans son quartier, auprès de ses voisins, pour avoir mérité un surnom, mais de là à être connue dans des bars qu'elle ne fréquentait pas ?... Soit c'était la star du coin, soit le barman mentait en attendant de savoir ce que Célestio lui voulait. Peut-être aussi voulait-il protéger ses clients, ça se comprendrait. Il ne fallait pas être dupe, il n'allait pas lâcher les endroits fréquentés par ses clients – autres que son bar – comme ça au premier inconnu qui passait dans le coin ! Sauf s'il avait lui-même un grief avec ledit client. Ou qu'il était du genre grosse pipelette qui aimait baver dans le dos de toute le monde, mais ça ne semblait pas être son cas, à la première impression.

Du coup, pour Célestio, il y avait deux approches. La première consistait à montrer patte blanche, à donner bonne impression et à obtenir un minimum la confiance du barman. Ca pouvait prendre du temps, ça aurait de bonnes chances de succès, mais ça impliquait peut-être de devoir devenir client du bar le temps de quelques jours, et Salizyr ne voulait pas attendre. La seconde consistait à balancer un gros mensonge au barman, afin d'obtenir un renseignement immédiat, mais c'était plus risqué. Au plaisir de Salizyr, c'est cette seconde option que choisit Célestio.

CELESTIO – Nous faisions des courses, et on nous a dit qu'elle avait oublié un de ses sachets. Les vendeurs nous ont demandé de bien vouloir lui rapporter, et nous ont dit de demander aux alentours où nous pourrions la trouver.

Le barman jaugea Célestio du regard, dévisageant brièvement ses deux supposés Pokémons – le Dracaufeu n'était pas le sien, mais qu'en savait-il – et réfléchit un instant. Ca pouvait fonctionnait, et Salizyr faisait l'effort de réprimer son impatience, mais il avait envie de taper du pied et de souffler des narines. C'est fou comme il fallait parfois user de ruse et d'efforts, tout ça pour apporter la plus élémentaire des aides à des Pokémons en danger. Salizyr connaissait bien la société humaine et ne s'en étonnait plus mais son agacement demeurait. Lui-même n'hésitait pas à donner de sa personne pour protéger et sauver des Humains, il n'aimait pas quand il fallait forcer la réciproque quand ça coulait de source.
S'il savait la vérité, ce barman serait certainement d'avis de retirer la garde des Pokémons à la Vieille Martha ; mais il enverrait également Célestio déposer une main courante à la police plutôt que de le laisser s'en charger lui-même surtout avec un Dracaufeu soupe-au-lait.

Barman – Je vois. Dans ce cas, laissez-moi les commissions, je vous remercie.

Salizyr fixa un instant le barman, percutant sur ce qu'il venait de dire, puis se tourna, faisant mine de regarder le reste du bar, mais donna un petit coup de coude discret à Célestio pour le faire réagir. Si le barman demandait à ce qu'on lui remette les commissions, c'est donc qu'il connaissait la Vieille Martha au point d'être capable de les lui remettre. Donc il avait menti, il ne la connaissait pas juste de nom.
Il fallait espérer que Célestio percute et comprenne le petit coup de coude, car Salizyr ne se voyait pas écrire sur son carnet ici et maintenant, et de toute façon, Célestio aurait déjà parlé le temps que Salizyr finisse juste un bout de phrase.
Oui, savoir écrire, ça lui permettait de communiquer avec les Humains, mais ça ne remplaçait pas la langue orale pour autant. Les Pokémons Psy avaient quand même plus de chance que lui.

L'ambiance chaleureuse et calme du café devint d'une certaine façon un peu plus oppressante d'un coup. Bien sûr, rien de grave, et le monde entier ne se tournait pas vers le dresseur et ses compagnons, mais quelque chose dans l'attitude du barman changea. Après avoir bien regardé Célestio et les deux Pokémon derrière lui, ce dernier avait reposé les yeux sur le verre qu'il essuyait alors qu'il répondit calmement à Célestio.

Barman – Je vois. Dans ce cas, laissez-moi les commissions, je vous remercie.

Rapidement après, Salizyr donna un coup de coude à Célestio. Sans rigoler, comme si ce dernier n'avait pas remarqué. Laisser les commissions à ce mec signifiait bien une chose : il connaissait donc la vieille Martha, et assez pour lui apporter les courses qu'elle aurait "oublié". "Entendre parler d'elle" c'était une chose, pouvoir récupérer quelque chose pour elle et lui transmettre, c'en était une autre ! Salizyr semblait de plus en plus excité derrière, son calme olympien tombait bien bas après cette phrase du barman. Mais si il s'excitait de plus en plus, tout allait devenir suspect. L'homme venait de regarder le Dracaufeu en haussant un sourcil, les yeux légèrement plissés, au vu de la réaction du Pokemon. Célestio serra les dents, sans le montrer, et saisit le poignet de Salizyr doucement.

Je suis désolé, il tient difficilement en place... Il adore avoir des missions et les mener à bien ahaha ! Mon Dracaufeu se prend un peu pour un espion...

Se retournant vers Salizyr, il le regarda calmement, et d'un signe de tête, indiqua à Caelis de regarder autour de lui s'il ne remarquait pas quelque chose de suspect des clients. Puis en baissant la voix, il prit un air "tendre" comme si il parlait à son propre Pokemon, mais sa voix elle était assez dure.

J'ai compris ton envie Salizyr, mais je t'en prie calmes toi... On a déjà éveillé les soupçons, et ce mec est bizarre... On peut pas lâcher ça maintenant, pour le Bacabouh.

Dirigeant son regard à nouveau vers le barman, le dresseur s'abaissa comme pour s'excuser du comportement du Dracaufeu. Puis en levant légèrement le sac il regarda en souriant le serveur, et il se dit qu'il fallait jouer le tout pour le tout... De tout de façon, ce n'était pas le seul endroit où ils pourraient trouver la trace de la Martha nan ?

Si on vous le laisse c'est que vous sauriez comment lui rapporter non ? C'est mieux qu'elle n'ait pas à attendre je pense... Il y a quelques produits frais. Et en plus, on ne voudrait pas que cela vous dérange lors de votre service.

Gentil garçon, bon comportement, Célestio jouait sur les cartes de la bonne éducation, et de l'enfant sage. Même s'il avait déjà la vingtaine, il faisait assez jeune de visage. A la suite de ces paroles, le serveur toussota, avant de refroncer les sourcils en regardant cette fois Célestio droit dans les yeux. Ce serveur leur cachait quelque chose, l'instinct de Célestio le lui criait au fond de lui, et même plus... Comme une voix intérieure, différente de la sienne, résonnait légèrement... Interrogatoire nécessaire. Force et méthodes de persuasions à prendre en compte. Fais le. mais le dresseur arrivait à l'ignorer pour l'heure. Comme si il redémarrait son cerveau, Célestio oublia la voix intérieure, et se concentra sur le barman. Il avait arrêté de nettoyer son verre, et avait posé les mains sur son atelier de travail. Soupirant, il regarda durement Célestio.

Sauf que là, c'est vous parler qui me dérange lors de mon service, vous ne consommez pas : vous me faites perdre du temps. Je vous propose de les laisser ici, c'est ça ou rien non ?

Célestio grinça des dents, et dans son dos il fit un léger signe à Caelis. Ce dernier le vit, et insulta son dresseur dans son dos. Bon, ce dernier se l'imaginait bien... Car là Célestio avait deux idées en tête, la première qu'il mettait à exécution, et la deuxième qu'il préparait en saisissant en avance de beaux billets à glisser dans la poche du serveur : quitte ou double ! Littéralement...

Après le signe, Caelis, glissa à Salizyr un petit coup pour qu'il le regarde. Puis d'une technique, qu'ils savaient peu efficace, mais qui pouvait marcher, il souffla à Salizyr l'idée de faire les yeux doux au serveur, pour appuyer cette scène de théâtre, de lui voulant absolument remplir sa mission en tant qu'espion. Tout se jouait là dessus...

Salizyr sentit Célestio lui attraper le poignet, et comprit à son tour le message : il devait éviter de trop s'agacer devant le barman. Bon, de toute façon, avant que ce dernier n'aille comprendre que le Dracaufeu était en fait un Dresseur indépendant, les Poussifeus auraient des dents ; cependant il pouvait se méfier des intentions du dragon de feu envers la Vieille Martha.

CELESTIO – Je suis désolé, il tient difficilement en place... Il adore avoir des missions et les mener à bien ahaha ! Mon Dracaufeu se prend un peu pour un espion...

L'avantage pour Salizyr, c'est qu'il ne lui était pas difficile du tout de se faire passer pour le Pokémon de quelqu'un : il avait été celui d'une famille humaine pendant quinze ans ! Aux mots de Célestio, Salizyr lança un regard taquin comme celui qu'un Pokémon pourrait lancer à son dresseur, et émit un petit grognement pour lui répondre, comme si tous deux communiquaient souvent. Voilà qui pourrait peut-être rassurer le barman. Célestio joua lui aussi son rôle en se penchant vers lui d'un air tendre, mais en profita pour lui glisser à voix basse :

CELESTIO – J'ai compris ton envie Salizyr, mais je t'en prie calme-toi... On a déjà éveillé les soupçons, et ce mec est bizarre... On peut pas lâcher ça maintenant, pour le Bacabouh.

Il avait les mots justes. Salizyr devait penser au Bacabouh.

SALIZYR – Tu as raison, désolé.

Les Humains autour ne purent comprendre les mots mais ceux-ci sonnèrent à leurs oreilles comme un petit grognement timide et contrit. Célestio reprit la petite bataille verbale avec le barman retors :

CELESTIO – Si on vous le laisse c'est que vous sauriez comment lui rapporter, non ? C'est mieux qu'elle n'ait pas à attendre je pense... Il y a quelques produits frais. Et en plus, on ne voudrait pas que cela vous dérange lors de votre service.

Pas mal le coup des produits frais pour inventer une urgence, et celui de ne pas vouloir le déranger pendant son service. Célestio passait pour un gentil garçon. Ca pouvait marcher. Il y eut un échange de regard entre le Dresseur Humain et le barman, pendant que Salizyr avait ostensiblement la tête basse pour jouer le Pokémon qui venait de se faire gronder par son dresseur. Ce n'était pas du tout dans son caractère de s'écraser comme ça face à un reproche, mais ce qui l'aidait à cet instant, c'est la perspective de feindre l'émotion dans l'intérêt de sauver le Bacabouh, voire d'autres Pokémons.

Après de longues secondes où l'on entendit les mouches péter, le barman posa les deux mains sur le comptoir d'un air las et soupira avec un regard dur.

Barman – Sauf que là, c'est vous parler qui me dérange lors de mon service, vous ne consommez pas : vous me faites perdre du temps. Je vous propose de les laisser ici, c'est ça ou rien, non ?

Oh bordel, qu'il commençait à taper sur le système de Salizyr, lui... Bon, c'est vrai que c'était souvent mal vu de demander des services dans un bar sans consommer quoi que ce soit. Mais enfin, il fallait être logique : dans l'idée que Célestio eût réellement des courses avec des produits frais à remettre rapidement à la Vieille Martha, il n'allait pas s'asseoir à une table et siroter un verre ! Les mots du barman n'avaient aucun sens. Il était beaucoup trop récalcitrant pour quelqu'un qui soi-disant n'avait qu'entendu parler de la Vieille Martha.

Au tour de Célestio de donner un petit coup de coude à Salizyr, qui le vit lui faire un petit signe. C'est surtout Caelis qui aida Salizyr à comprendre : il devait faire le regard doux au barman. Voilà quelque chose que Salizyr avait très bien su faire quand il était Salamèche, mais ce n'était maintenant plus dans son caractère, et ça risquait de sonner faux. Pour le bien de la mission, il s'y efforça, regardant le barman droit dans les yeux avec un air larmoyant, les paupières écarquillées, la bouche triste et serrée en cœur... Mais au final, cela lui donnait un air terriblement bête et pas du tout naturel. En le voyant, on avait juste envie d'éclater de rire. Et c'est en effet ce qui se produisit : à défaut d'attendrir le barman, cela l'amusa.

Barman – C'est un marrant, ton Dracaufeu ! Il me fait un drôle de numéro, là ! Je suis sûr que ça amuserait beaucoup la Vieille Martha ! J'ai presque envie de t'offrir un verre rien que pour m'avoir permis de voir cette gueule sur le visage de ton Dracaufeu.

Un petit peu vexé, Salizyr se recula du bar d'un pas, reprenant une expression naturelle, et s'adressa directement à Caelis :

SALIZYR – C'est la dernière fois que ton dresseur me demande de faire la moue... Déjà que ce barman nous freine, voilà maintenant qu'il se moque de moi ! On verra la gueule qu'il fera, lui, quand son bar va cramer, ce sera à moi de me marrer !

Salizyr inspira profondément. Contre toute attente, la tronche qu'il venait de tirer devant le barman pourrait bien les rapprocher du but, il ne fallait pas gâcher cet effort si vite. Voyons comment Célestio allait capitaliser là-dessus...

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