Collègues de Bordeciel [Ft. Reiji]

Parfois, Reiji se demandait pourquoi il avait accepté de donner des cours à des étudiants.
Bien sûr, il ne dénigrait pas la profession de professeur. Lui-même avait admiré les siens, lorsqu'ils le poussaient à donner le meilleur de lui-même, lorsqu'ils le conseillaient pour ses recherches poussées.
Et bien sûr, parmi ses élèves, certains étaient très prometteurs, très sérieux, très impliqués. La plupart d'entre eux l'étaient, en fait, se fondant dans la masse en travaillant silencieusement.
Mais... Il y avait les autres.
Ceux qui avaient l'audace de manger des chips en plein cours. Ceux qui racontaient leurs meilleurs potins de la veille de manière extrêmement bruyante. Ceux qui allaient et venaient en plein milieu sans se soucier du dérangement, faisant grincer horriblement la porte (qu'il faudrait songer à regraisser). Ceux qui profitaient de la pause pour distribuer des tracts politiques à tout le monde. Ceux, également, qui sortaient leur pokémon et ne savaient pas le tenir.
Le professeur n'avait rien contre ceux qui n'écoutaient pas le cours, mais ne le dérangeaient pas - après tout, c'était leur problème s'ils rataient leur année. Qu'ils jouent à Mario Kartatroc ou à Candine Crush, grand bien leur fasse.

Ce jour-là, la cerise sur le Charmilly avait été ce groupe d'élèves qui jouaient aux cartes alors que Reiji posait une question cruciale pour la compréhension du cours. Ils avaient mis un certain temps à s'apercevoir que plus personne ne parlait, et continuaient à rire dans leur coin. Bouillant intérieurement, le professeur avait fait un signe à Rail, son Scalproie, qui en un éclair avait gravi les escaliers de l'amphithéâtre pour planter son bras-épée en plein dans le paquet de cartes, endommageant légèrement la table, sous les regards choqués des étudiants.
Plus personne n'avait dit un mot après cela. Même les élèves d'habitude volontaires n'osaient plus s'exprimer. C'était un peu embêtant mais au moins, les éléments perturbateurs ne l'étaient plus. Temporairement.

En bref, Reiji était en proie à une grande fatigue lorsqu'il avait regagné son bureau pour la pause méridienne. Il avait besoin de repos.
Se demandant comment son collègue et ami d'enfance réagirait à une telle matinée, il eut l'idée, pour se détendre, de regarder un épisode de leur série préférée lorsqu'ils étaient enfants. Cela eut plutôt l'effet escompté et parvint à lui arracher un sourire.

On frappa alors à la porte. Se rendit compte qu'il avait peut-être mis le son un peu fort, le champion-professeur eut un instant de gêne en se demandant si cela risquait de lui ôter sa crédibilité en tant que figure d'autorité. Il éteignit aussitôt l'appareil et ouvrit précipitamment la porte, se préparant à envoyer bouler - non, inviter à revenir plus tard - un étudiant un peu trop insistant.

- Oui, qu'est-ce qu'il... Oh, *hum*, bonjour. Excusez mon ton et mes gestes un peu brusques, je ne m'attendais pas à recevoir une collègue. Vous êtes la nouvelle championne de Bordeciel, n'est-ce pas ? Que me vaut cet honneur ?

Ce ton cordial tranchait avec la rudesse avec laquelle il avait ouvert la porte, mais espéra qu'elle ne lui en tiendrait pas rigueur. Il était réellement curieux de savoir ce qu'elle lui voulait, ayant reconnu la jeune femme. En effet, Reiji avait pris connaissance des nouvelles recrues au sein de la ligue, et avait d'ailleurs prévu de rencontrer cette nouvelle collègue. Cela lui facilitait la tâche. De plus, une discussion sur le métier de champion serait une pause bienvenue par rapport à son métier de professeur. Pas facile d'avoir plusieurs rôles.

L'ouverture brusque de la porte semblait avoir légèrement effrayé la jeune Inoke, mais fort heureusement, elle parvint à reprendre ses esprits et adresser une salutation enthousiaste à Reiji. Cela le rassura un peu, il ne souhaitait pas partir sur de mauvaises bases avec cette nouvelle collègue.

Elle annonça la raison de sa venue. Discuter un peu du métier de Champion, et faire connaissance. Il s'en doutait, pour quelle autre raison viendrait-elle sinon ? Il s'apprêtait à lui répondre quand elle ajouta qu'elle ne voulait pas déranger. Il soupira, mais avec bienveillance. Inutile de s'encombrer de telles considérations. Il la gratifia d'un très léger sourire lorsqu'il lui répondit.

- À dire vrai, vous... m'interrompez. Mais ce n'est pas un mal, bien sûr. Frapper à une porte constitue toujours une interruption, la différence étant que parfois, ce n'est vraiment pas un bon moment. En l'occurrence, le moment est plutôt correct : j'avais vraiment besoin d'une pause dans mon travail de professeur. Discuter du métier de champion me permettra de penser à autre chose. Et faire connaissance est toujours appréciable. Entrez donc !

S'était-il trop perdu en explications ? Peut-être. Il avait toujours aimé expliciter sa pensée. Autant mettre les choses au clair dès le début. Reiji avait horreur des non-dits. Cela amenait parfois une trop grande franchise, ou un chemin de pensée difficile à suivre, mais ses proches l'appréciaient généralement pour cela. Il espéra simplement ne pas avoir trop déstabilisé sa collègue.

Il accompagna son invitation à entrer d'un geste, qui permit à Inoke de découvrir le bureau. Le mot d'ordre du lieu était, justement l'ordre : tout était impeccablement rangé à sa place. Une immense bibliothèque prenait tout le mur de droite, et était remplie d'ouvrages divers, avec une partie dédiée à la recherche et une autre aux romans et autres ouvrages littéraires. Au centre de la pièce se trouvait un bureau en bois poli, sur lequel le champion-professeur avait l'habitude de travailler, grâce notamment à un ordinateur portable simple mais performant ainsi qu'à de nombreuses notes papier parfaitement empilées. Au fond, sur une étagère de taille moyenne, étaient disposés différents éléments en lien avec le champion : ses pokéball, le trophée d'un tournoi auquel il avait participé, des figurines de pokémon de type Acier, un rocher rare qu'il avait déniché lors de ses recherches de terrain, et un badge étrange qui constituait une subtile référence à la série qu'il était en train de regarder. Sur la gauche, un canapé à angle droit à la fois luxueux et confortable, qui permettait à la fois à Reiji de se reposer et de recevoir. Enfin, une petite table tout juste assez grande pour le plateau d'échecs posé dessus trônait dans un coin, accompagnée de deux tabourets face à face.
Reiji entraîna sa comparse jusqu'au sofa pour l'inviter à s'y asseoir.

- Après vous, je vous en prie.

Il attendit qu'elle s'assoie pour le faire également, utilisant le coin du canapé pour être ni à côté, ni face à elle : simplement placé de côté, de manière à créer une ambiance amicale sans être trop intrusif ni trop formel.

- Alors, quels sujets en particulier voudriez-vous aborder ? À moins que vous ne souhaitiez vous présenter d'abord. Je ne connais de vous que la description présente dans les fichiers de la Ligue.

Reiji avait remarqué que la jeune championne semblait tendue, ne serait-ce que par le fait qu'elle se cache derrière cette écharpe. Mais ça n'était pas le seul indice. Un tic, un regard un peu fuyant... Il savait repérer ce genre de chose. Était-elle d'un naturel anxieux ? Si tel était le cas, il espérait pouvoir la mettre à l'aise autant que possible. Et si ce n'était pas le cas, c'était que quelque chose en particulier la gênait, et il tâcherait de découvrir quoi.

Quoi qu'il en était, elle choisit de commencer par les présentations. Elle désigna la pokémon spectre qui se baladait çà et là comme sa soeur. Reiji haussa un sourcil curieux. Soit elle la considérait comme telle car humain et pokémon avaient grandi ensemble, comme il l'avait souvent vu chez les dresseurs ayant un fort lien avec leur pokémon, soit, en tant que pokémon spectre... Il préférait ne pas songer à la deuxième option. Pour ne pas prendre le risque que cette hypothèse soit la bonne, il ne questionna pas sa collègue sur ce terme.

- Ne vous excusez pas pour votre... soeur. Elle ne faisait que regarder. Je n'ai aucun problème à ce que l'on se promène dans mon bureau, tant qu'on ne touche à rien sans ma permission.

Inoke parla ensuite de son lieu de travail, endroit que Reiji avait pu apercevoir, mais dont il n'avait jamais franchi la porte.

- En effet, j'ai déjà entendu parler du Café. Je comptais m'y rendre un jour ou l'autre, mais... D'une part, j'ai beaucoup de travail. De l'autre, les quelques fois où je suis passé devant, l'endroit était bien rempli. Or j'apprécie un certain calme, lorsque je prends ce genre de pause. Surtout lorsque je risque d'y croiser des élèves... Enfin. Félicitations pour votre promotion en tant que championne, en tout cas.

Il lui adressa un léger sourire d'encouragement. Puis reprit.

- À mon tour, donc. Reiji Huntedge, enseignant-chercheur. J'étudie les liens entre les pokémon et leur environnement, plus particulièrement en milieu montagneux. Je suis également spécialiste des pokémon de type Acier. J'ai ouvert cette arène-université il y a environ un an, en compagnie de mon collègue de type Roche, qui est actuellement à l'étranger pour une longue durée.

Passant en revue la présentation de sa collègue pour voir s'il n'avait pas omis d'information, il se rendit compte de quelque chose.

- Oh, j'oubliais. Je vous présente Rail. Mon partenaire, et ami.

À ces mots, un Scalproie surgit de derrière l'une des bibliothèques. Cela semblerait certainement surprenant pour Inoke, qui le verrait comme sorti de nulle part, mais en réalité, cet interstice dissimulait une sorte de chambre creusée dans la roche, aménagée spécialement pour le pokémon Acier/Ténèbres.

Le pokémon s'avança d'un pas rapide vers la jeune championne, la fixa, et lui tendit ce qui lui servait de bras. Son expression était très neutre et pouvait sembler froide, mais son geste invitait à la salutation.

À la salutation de la championne, Rail s'inclina, satisfait. Nombre d'humains étaient déstabilisés à serrer la patte d'un pokémon de la sorte, mais ça n'avait pas eu l'air de déranger la jeune femme. Le pokémon Acier aimait mimiquer les coutumes humaines, quand bien même il avait une origine sauvage. Son lien avec Reiji n'y était pas pour rien. Pour corroborer cela, en réponse au grand sourire de l'humaine, il en esquissa un léger également – ce qui pouvait paraître effrayant.

La championne Fée fit ensuite une remarque à propos de l'aménagement pour Rail. Son collègue lui adressa un sourire satisfait, rares étaient les personnes qui remarquaient cela.

- Eh bien, vous êtes perspicace ! Effectivement, j'ai profité du fait que l'arène soit construite dans la montagne pour lui aménager un petit coin spécial derrière la bibliothèque. C'est le seul à avoir le privilège d'une chambre à lui, mais comme vous l'avez suggéré, d'autres zones ont été creusées dans la roche pour que les pokémon puissent avoir leur coin à eux également. Elles sont accessibles par des tunnels bien cachés – pour éviter que des petits malins viennent les déranger.

Comme pour rebondir sur cette dernière remarque, la porte s'ouvrit brusquement. Un étudiant à l'air essoufflé, les joues rouges, se tenait là, et tentait de reprendre son souffle. Reiji lui lança aussitôt un regard assassin. Peu importe la raison de sa venue, il dérangeait.

- Vous seriez prié de frapper avant d'entrer, la prochaine fois. Je suis occupé, mais dites-nous donc la raison de votre empressement.

- Je... Oui, je suis vraiment désolé monsieur, j'aurais dû frapper, c'est vrai. Mais il faut que vous veniez vite ! Il y a un combat pokémon généralisé dans l'amphi – dans les gradins, là où tout le monde se pose pour manger ! Certains ont essayé de calmer le jeu mais ça n'a fait qu'empirer les choses !

Le champion soupira. N'avaient-ils jamais fini de lui causer du souci ? Il se tourna vers sa collègue.

- Navré. Je vais devoir intervenir. Vous pouvez m'accompagner ou m'attendre ici – même si j'admets qu'une aide supplémentaire me serait fort utile.

Il alla prendre ses pokéball et sortit de la pièce, Rail sur ses talons. Il suivit l'étudiant jusque dans l'amphi en question, puis constata l'ampleur de ce qui se passait.

Un Hippodocus et un Blizzaroi étaient en train de se battre, sur les gradins. À se demander comment ils tenaient sur les étroites tables en pierre servant habituellement à prendre des notes. Ils se tenaient tous deux dans un équilibre précaire, et se lançaient des attaques à distance, à base de sable et de glace. Les flocons et grains de sables volaient dans la pièce, créant une sorte de brume chaotique.
Étonnamment, l'hippopotame semblait tenir bon, malgré son désavantage de type. Autour d'eux, les dresseurs n'étaient même pas attentifs au combat : ils étaient occupés à se disputer avec ceux qui tentaient de les calmer, leur répétant de se mêler de leurs affaires, tout en toussant toutes les cinq secondes à cause des flocons de sable.

- Cessez immédiatement ! dit le champion d'une voix forte et ferme, son Scalproie lançant les mêmes regards assassins que lui.

Tous se retournèrent, pokémon compris. Et, si les humains faisaient profil bas, l'Hippodocus, lui, dut prendre le regard de Rail comme une agression. Il poussa un cri, puis sauta des gradins pour atterrir au niveau de l'arène dans un Séisme surpuissant.

Reiji était habituellement préparé aux attaques de ce genre, et avait toujours Aile, son Corvaillus, à ses côtés, durant les combats. Cependant, cette fois, il n'avait pas eu le loisir de prendre ses précautions, et le pokémon Vol était dans sa pokéball. Le séisme se répercuta dans tout le bâtiment, dans un fracas assourdissant, jusqu'au champion resté au sol, qui le ressentit dans tout son corps. Il se figea, son teint blanchit, et il eut uniquement la présence d'esprit de s'asseoir contre un mur avant que ses souvenirs traumatiques ne l'envahissent jusqu'à ce qu'il ne soit plus capable de ressentir autre chose que de la terreur. Un état qui durerait le temps du tremblement de terre, et bien davantage.

Dans la pièce, l'attaque avait fait perdre l'équilibre à la plupart des étudiants qui se trouvaient là, et le Blizzaroi dégringola de plusieurs étages avant de s'écraser au sol, KO.

- J'ai gagné, ça t'apprendra, tocard !
- Pff, tu parles, on était tous distraits par l'arrivée du prof, et en plus, ton pokémon a agi tout seul, c'est même pas toi. Il était presque KO en plus.
- Laisse tomber, tu restes un p'tit con qui sait pas admettre ses torts.
- Vous pouvez pas la fermer deux minutes ? tempêta une étudiante. Vous avez vu ce bazar que vous avez mis ? Vous croyez que c'est le lieu, franchement ? C'est pas comme si y'avait un terrain de combat DEUX MÈTRES PLUS BAS ! ...Et puis, d'ailleurs, il est où, monsieur Huntedge ? C'est bizarre qu'on l'entende plus...

Plusieurs étudiants qui se posaient la même question s'approchèrent du mur vers l'entrée de la pièce, où était situé le professeur. Cependant, Rail leur bloqua la route, en position défensive, le regard féroce, empêchant quiconque de s'approcher.

- Je sais pas ce qui lui arrive, mais je pense qu'on ferait mieux de s'en aller. Il fiche la frousse, son Scalproie, dit une étudiante.
- Tu veux qu'on le laisse comme ça ? lui répondit une autre, inquiète.
- Je pense que ce pokémon sait ce qu'il fait. Il est très intelligent... Pas comme certains, asséna l'étudiant qui était allé chercher Reiji en premier lieu, regardant les deux combattants avec mépris.

Le groupe s'éloigna, laissant la salle vide et en désordre. Plus d'étudiants. Tant mieux. Ils avaient causé assez de soucis comme ça, et Rail savait que son partenaire ne voudrait pas qu'ils le voient dans cet état.
La seule personne qu'il laisserait approcher, en cet instant, serait la championne Fée. Le Scalproie avait le sentiment qu'elle était digne de confiance.

La terreur. Les attaques. Les cris. Les tremblements. Tout repassait en boucle. Une autre attaque. Un fracas.
Rien de tout cela n'était en train d'arriver, le séisme était passé depuis longtemps. Mais l'esprit de Reiji n'était pas rationnel. Il attendait une nouvelle occurrence, comme s'il avait été projeté une dizaine d'années en arrière, caché dans cette maison, ce foyer qui tombait en ruines.
La terreur, les attaques, les cris, les secousses...

Cependant, après un certain moment, cette part instinctive dut se rendre à l'évidence : effectivement, rien de tout cela n'était en train d'arriver. Et ce fait immuable faisait peu à peu diminuer la panique pour laisser place à une part plus rationnelle.
Part qui refit surface grâce à deux choses.
La première, c'était le contact, à la fois froid et rassurant, de Rail, qui avait apposé sa patte métallique contre la paume de Reiji. Un contact qui avait su l'aider, de nombreuses fois.
La deuxième, c'était une voix. Une voix humaine, féminine, envoyant un message clair à l'inconscient du champion : il n'était pas seul, il n'était pas dans la situation d'il y a dix ans.

Il reprit peu à peu ses esprits, recouvrant la vue, découvrant à la fois un Scalproie à la mine grave mais rassurrante, et le visage inquiet de sa collègue de type Fée, qui semblait... lui proposer de l'eau.
N'ayant pas encore retrouvé la parole, il se contenta d'hocher la tête doucement, tout en regardant la Magirêve, signe qu'il préférait la seconde proposition.
Il prit ensuite l'une de ses pokéball et invoqua Cloche, son Archéodong qui, comprenant la situation, émit un profond et apaisant son de cloche, qui sembla calmer son dresseur.
Puis il tâcha de se redresser, de prendre de grandes respirations, puis de réussir à aligner les mots dans sa tête.

- Je... Je vous remercie. Est-ce que... Est-ce que quelqu'un m'a vu ?

Il tremblait toujours. Il songea qu'il devrait des explications à la jeune femme, mais ne se sentait pas capable de les fournir en l'état.
Il prit le verre d'eau apporté par la Magirêve – heureusement qu'il y avait un distributeur d'eau avec des gobelets non loin, le but, et remercia la pokémon spectre d'un signe de tête.
Il tenta ensuite de se lever, doucement pour ne pas tourner de l'oeil, soutenu par Rail et Cloche.

- Il faudra... nettoyer tout ça, dit-il en jetant un coup d'oeil vers la salle. Mais, pour le moment, retournons à mon bureau.

Son visage retrouvait peu à peu des couleurs, et il tremblait moins. Il était toujours sous le choc, mais sentait la tension retomber.
Une fois à son bureau, il s'assit sur son sofa et prit à nouveau de grandes inspirations, puis s'adressa à Inoke. Il était prêt à donner ses explications.

- Je suis désolé que vous ayez dû me voir dans cet état. Je n'ai pas assez envisagé la possibilité qu'il y ait un pokémon de type Sol impliqué dans ce grabuge. Il s'avère que j'ai... Un certain passif, qui fait que je réagis de manière traumatique aux tremblements de terre. En principe, en cas d'attaque Séisme ou capacité similaire, je m'aide d'Aile, mon Corvaillus, qui me permet de décoller du sol et de m'éviter cette réaction. Il soupira à nouveau. Ces satanés étudiants n'auront jamais fini de causer des soucis. Enfin. Je serai mieux préparé la prochaine fois.

À la mention que Rail avait très bien réagi, Reiji adressa à son pokémon un regard infiniment reconnaissant. Il aurait certainement moins bien géré sa crise sans lui, et de surcroît, le Scalproie avait évité toute approche inopinée d'étudiant trop curieux.
Il adressa également ce regard à Inoke, accompagné d'un léger sourire. Un regard aux antipodes de ceux qu'il lançait aux personnes qui le dérangeaient, ou qui l'irritaient. Un regard réservé à ceux qui le méritaient.
Sa collègue, ayant manifestement vécu quelque chose de similaire, se montrait compréhensive. À une époque, il aurait vu cette empathie comme... Une faiblesse. Mais il avait changé. C'était davantage une force, il le savait, il le respectait, et il en était reconnaissant.

- Oui, je me sens mieux. Merci beaucoup.

Elle évoqua ensuite le fait que les étudiants étaient tous les mêmes. Ou plutôt, qu'il y avait des énergumènes de ce genre dans toutes les filières, tous les milieux. En effet. Il se rappelait également, lui-même, avoir constaté ce type de comportement, lorsqu'il étudiait.

- On ne changera pas ce fait. Heureusement, je sais user d'autorité assez pour ne pas avoir à leur répéter plusieur fois de se calmer. Mais c'est loin d'être de tout repos.

- Mais passons. Vous n'êtes pas venue pour parler de jeunes imbéciles, n'est-ce pas ? Vous souhaitiez parler du métier de champion, il me semble. Vous pouvez me demander ce que vous voulez à ce sujet.

Il n'exerçait pas le métier depuis très longtemps, mais avait déjà pu livrer des combats d'arène, et ce contre des dresseurs aux profils très différents, ce qui lui donnait un panel assez large sur les différents types d'adversaires, ainsi que des bases solides sur comment s'adapter à eux.