[Event final]Knocking on Hell's door

Hrp:

Faisant de son mieux pour ne pas perdre son équilibre sur le sol vacillant, Nathan se pencha de quelques centimètres, passant sa tête dans l'embrasure de la gigantesque porte de Rodin. Il s'attendait à voir tout et n'importe quoi ; des limbes infernales remplies d'autres monstres du même acabit que celui-ci, des morts qui tenteraient de l'agripper et de l'attirer dans les ténèbres de la mort, ou même une plaine de flammes et de destruction. Mais non, il ne fit qu'une pièce intégralement sphérique, recouverte de miroirs sur son intégralité, manquant de lui heurter les yeux tant la réflexion de la lumière du dôme y devenait aveuglante.

Il se tourna vers Squelettor, ne sachant trop comment réagir à cette découverte sans queue ni tête, juste à temps pour voir les geysers de lave sortir du sol, autour de ses compagnons. Si une idée pouvait lui venir, il serait mieux qu'elle lui vienne rapidement ; les autres vaillants dresseurs et Pokémon qui avaient répondu à l'appel du danger ne tiendraient pas éternellement, et Nathan était bien incapable de retourner tête la première dans la mêlée pour les sortir de ce pétrin. Ses yeux firent de multiples allers-retours entre la pièce et les dresseurs, tandis qu'il grognait entre ses dents serrées.

"Allez Nathan, réfléchis, plus vite que ça…"

Les éclats de lumière multicolores qui se manifestèrent de l'autre côté de Squelettor lui firent oublier son dilemme l'espace d'une seconde ; un nombre colossal de nouveaux dresseurs apparaissaient, bien décidés à venir apporter leur pierre à l'édifice. Voir des médecins se diriger vers Yob lui fit souffler de soulagement, et en voir d'autres arriver dans sa direction le rassura quelque peu.

Pour lui, il ne s'agissait peut-être plus de sauver Maylïs ou de mourir en essayant.

Voir tous ces nouveaux arrivants fit reprendre espoir à Nathan ; il ne s'agissait plus seulement de se battre jusqu'au bout pour l'honneur et par haine de l'ennemi, mais bien parce qu'il apercevait une lumière au bout de ce tunnel de sang et de sueur qui avait obscurci sa vision. Tentant de respirer malgré la douleur, il leva la tête vers le ciel, et il se couvrit rapidement les yeux pour ne pas être aveuglé par la lumière des clefs.

La lumière.

L'évidence le frappa comme un coup de poing en pleine mâchoire. Tandis que Shiro le rejoignait pour lui proposer son aide, Nathan mit un genou au sol, rapprochant son visage de celui de son Goupix.

"Attend une seconde, Shiro, j'ai une idée."

Il plaça sa main sur le crâne de Goupix avec tendresse, attirant l'attention du petit Pokémon."Goupix, j'ai besoin que tu te mettes en danger pour moi à nouveau. Je veux que tu files vers Mewtwo, et que tu lui demandes d'utiliser sa télépathie pour répéter ce message à tous les autres défenseurs de Maylïs : je vais tenir la porte ouverte aussi largement que possible. S'ils utilisent leurs attaques pour repousser Squelettor à l'intérieur de la pièce et qu'on y lance les clefs, leur lumière se reflètera sur tous les murs et tous les angles en même temps. Si j'ai raison de croire que la brume noire qui forme son véritable corps est la même que celle qui entoure l'île et que les clefs repoussent… Ça pourrait suffire à le battre. Mais s'il a suffisamment d'os autour de lui pour se protéger de la lumière, il pourrait y survivre, alors il faut en détruire un maximum dans le processus ! Répète les instructions à autant de Pokémon que tu le peux, puis je veux que tu t'occupes de protéger ceux qui préparent des attaques du mieux que tu peux - utilise Extrasenseur pour dévier les jets de lave."

Le renardeau hocha la tête et détala dans la direction du reste du groupe, prêt à répéter tout cela à tous les Pokémon qu'il croiserait avant d'arriver jusqu'au Méga-Jungko, qui avait l'air de préparer une nouvelle attaque. Sa protection serait la priorité du Goupix jusqu'à ce que le plan de son maître réussisse - ou non. Le garçon à la casquette se tourna vers Shiro :"Si tu t'en sens capable, on peut tenir un battant de la porte chacun. Dès que ce truc aura traversé le seuil et que les clefs auront été lancées, on la fermera de notre mieux… Et pour l'amour de tous les dieux de ce monde j'espère que ça suffira. Accroche-toi bien, Shiro, ce qu'ils vont utiliser pour le balancer à l'intérieur risque de secouer."

Il se redressa, échangea un regard avec Griff, et s'approcha d'un des battants de la porte, calant son épaule gauche contre celle-ci pour mieux affermir sa prise et s'assurer qu'il pourrait la fermer aussi vite que possible.

"Griff, utilise Lance-Flammes en l'air, à pleine puissance. J'ai besoin que les dresseurs de l'autre côté me remarquent pour que ma voix porte jusqu'à eux, juste au cas où le message de Goupix ne serait pas délivré." Griff renversa sa gueule vers le ciel et, monopolisant une grande partie de l'énergie qui lui restait, projeta une gerbe de flammes dans les airs, suffisamment épaisse et brillante pour être remarquée même au travers de l'énergie noire de l'abomination. Au risque d'aggraver encore son état, Nathan gonfla ses poumons d'air avant de hurler de toutes ses forces, tâchant de couvrir les bruits du combat : "La pièce derrière la porte est recouverte de miroirs ! Si on le repousse dedans et qu'on y lance les clefs de l'intérieur, la lumière le frappera de tous les côtés en même temps ! Poussez-le !"

Peut-être que son plan était foireux, peut-être qu'il était complètement à côté de la plaque - mais il devait essayer."Griff, maintenant, rejoins-les et utilise Lance-Flammes avec eux !"

Le jeune Salamèche s'élança à son tour. Tout ce temps passé sous la pluie acide du ciel noir, l'épuisement, la violence du Typhon Noir reçu précédemment - et même simplement la motivation de son dresseur qui le gagnait… La flamme de sa queue prit une couleur blanche bleutée aveuglante tandis que sa capacité Brasier s'activait, décuplant sa puissance de feu. Il sauta aussi haut qu'il le pouvait pour rattraper son retard sur le timing des autres Pokémon, passant au-dessus d'Onyinyosoyacysgod pendant que celui-ci était trop concentré sur les Pokémon d'Angstorm pour faire attention à la lumière flamboyante qui retournait auprès du groupe. Tournoyant sur lui-même dans les airs, il se tourna vers l'ennemi ; aussitôt qu'il put voir le trou qui avait été fait à travers la carapace d'os du monstre, il relâcha toutes les flammes qui lui restait droit dans la brèche, donnant tout ce qu'il avait pour détruire les os qui restaient, blesser l'ennemi, et le repousser en arrière.

Propulsé dans les airs par sa propre attaque, il atterrit non loin des secours, maintenant le torrent enflammé aussi longtemps qu'il le pouvait, bien conscient qu'il ne serait plus capable de faire quoi que ce soit après une telle attaque.

HRP:

Plus le temps passait et plus le cratère devenait instable, impossible de savoir si c’était là l’oeuvre du temps ou du monstre mais une chose était certaine, ce n’était pas bon. Des fissures magmatiques commençaient à s’ouvrir sous nos pieds, nous forçant parfois à nous déplacer pour ne pas risquer de brulures et renforçant à grande vitesse la température qui régnait au fond du puits rocheux. Suivant l’offre du commandant, j’intimais rapidement à mes dragons respectifs à se protéger derrière la muraille vivante qu’était devenu le clone du banc de froussardines. Cette protection particulièrement efficace me permit de me concentrer sur les actions à venir pendant que le haut gradé devinait ce vers quoi j’espérais l’amener. Décidément ce combat resterait dans les archives de l’île et ce pour plusieurs raisons, déjà pour l’enjeu qu’il représentait et ensuite parce que d’histoire de coopération on n’avait rarement vu un duo aussi hétéroclite fonctionner aussi bien. Certes les autres dresseurs mettaient aussi la main à la pâte mais le cas de figure de l’entraide entre une championne et un commandant était quand même suffisamment différent et inédit pour être remarqué, surtout nous concernant nos passifs respectifs. Pendant qu’une brume salvatrice s’installait tout autour de nous et de nos pokémons, j’en profitais pour écouter les dires de mon jeune collègue au chevet du mourant. Son état état loin de s’arranger on avait l’impression qu’il commençait à délirer et ce, plus que d’habitude s’entend, et l’idée du jeune champion ne risquait pas de l’aider bien qu’elle parte d’un bon sentiment. Je fis claquer mon fouet sur le chemin du gallame pour lui bloquer la route, expliquant tout en m’avançant vers eux.

- C’est inutile, vous êtes rentré dans un hôpital dernièrement ? Les urgences sont surchargées de blessés dans son état, il aura vingt fois le temps de mourir sur une civière avant de pouvoir passer en bloc. Il faut commencer par faire cesser le saignement puis…

Une nouvelle secousse manqua me faire perdre mon équilibre et reporta mon attention vers le Mal que nous étions tous venus combattre. Il semblait se replier sur lui même, attirant de nouveau vers lui toute l’ombre à sa disposition comme un tsunami fait reculer la mer avant de s’abattre. Cette attaque serait meurtrière et la tempête verte n’avait pas encore été ne serait-ce qu’entamée, nous n’avions rien pour répliquer ou plus simplement pour nous protéger. Fixant au moins la mort en face en attendant qu’elle arrive, je ne fus pas témoin de l’événement auquel je m’attendais. Un rayon d’une puissance aussi destructrice qu’éclatante vint percuter de plein fouet la carapace, interrompant le chargement de l’attaque meurtrière et fissurant la carapace nouvellement formée. Il fallait croire que cette chose ne s’attendait pas non plus à recevoir un tel assaut à un moment pareil. D’autre attaques s’en suivirent sans que je ne comprenne dans un premier temps d’où elles provenaient et ce, jusqu’à ce que la voix suave et mélodieuse de Taric se mette à résonner contre les parois du volcan. Analysant le petit groupe qui s’avançait vers nous, je n’eut aucun mal à reconnaitre le gemmologue ça allait de soi de même que l’ancien champion de type normal revenu à la vie civile ou encore les fabuleux qui s’affairaient à contrer la bête infernale. J’avais d’ailleurs entendu parler de réputation de la dresseuse à qui le soin de Magearna avait été confié, entre autre à cause du combat atroce que Rok avait mené contre elle, mais je ne l’avais jamais rencontré en personne auparavant. De même, je ne connaissais absolument pas la rousse au chromatique qui avançait avec eux mais, déformation professionnelle, son dracaufeu semblait d’une puissance terrible et d’une forme absolument impeccable. J’étais sur le point de m’avancer vers ces renforts miraculeux, laissant les professionnels gérer l’état de Stran lorsqu’une silhouette familière m’interrompit en pleine action.

- Négligé ?!

Oui il n’y avait aucun doute possible c’était bien l’inspecteur négligé qui était en train de canaliser les quelques forces de l’ordre qui étaient venues en renfort afin de couvrir l’arrivée des médecins. Je n’arrivais pas à y croire. Il vint à ma rencontre en entendant mon éclat de voix, tout fier de lui bombant le torse dans l’espoir je supposais de faire bonne impression.

- Content de vous trouver là mam’zelle Germanni ! Nous travaillons à la sécurisation du périmètre et on vous laisse vous charger de ce gars là !
- Faites votre travail et je m’assurerai personnellement que votre paye soit rétablie.

Disons simplement que c’était ma manière de dire que c’était une bonne chose qu’il soit là. La fin du monde m’avait déjà fait faire équipe avec un criminel et demander assistance à une fée, il ne fallait pas pousser le vice non plus. Ceci étant, cette promesse sembla le motiver encore d’avantage ce qui je devais l’avouer ne me semblait pourtant pas physiquement possible.

Le sens du spectacle d’Angstorm semblait reprendre le dessus alors qu’il invitait tout le monde à se joindre à ce qui promettait d’être un combo encore plus puissant encore que le précédent au rythme où nous allions. Entre son coté fanfaron et la présence de Taric, je pense que nous n’étions qu’à deux doigts que tout ceci ne vire en comédie musicale avant la fin. Ecartant cette pensée dégoulinante de sucre dans un rictus de dégout, je m’adressais à mes pokémons en me rapprochant de la source de l’attaque.

- Apophis commence par un laser-glace, Scylla double l’attaque d’un jet d’acide !

Mon draco s’attela rapidement à geler une partie du tourbillon végétal, le rendant aussi tranchant que du verre alors qu’il continuait à tourner comme un typhon. Néanmoins, ma chromatique échoua une nouvelle fois son attaque, se blessant sans ménagement à cause de sa confusion. En voyant cela, Négligé qui gardait un oeil curieux sur l’avancée de l’attaque hurla à l’attention des médecins.

- Que quelqu’un utilise aromathérapie les gars !

Bon sang c’était donc cela, il fallait que la fin du monde soit annoncée pour que cet homme se mette à raisonner comme une personne dotée de bon sens. L’attaque lancée aurait pu permettre de guérir tous les pokémons atteints de confusion si cette attaque concernait la confusion. Au lieu de ça l'attaque fut sans effet notoire et je dus prendre la baie que m'apportait un policier pour soigner ma chromatique. C'était du négligé tout craché, une intention louable qui se terminait en échec cuisant. L'inspecteur se gratta compulsivement l'arrière du crâne en me regardant l'air désolé et en espérant que je ne m'énerve pas. Toujours était il que j'avais au moins l’occasion de tourner le regard vers le signal de détresse qui venait d’être lancé. Apparemment les deux jeune dresseurs voulaient tenter quelque chose pour piéger une bonne fois pour toute la monstruosité de squelette et d’ombre derrière la porte dont elle était sortie. Décidément, l’arrivée inespérée de ces renforts semblait bénéfique pour l’inspiration de tous et je devais dire que le dresseurs semblait être plus doué pour échafauder des plans de secours que pour trouver des surnoms. Ma kravarech à présent guérie, je vis le goupix s’éloigner d’Apophis pour partir communiquer avec d’autres pokémons. Mon partenaire de toujours me fit alors un signe de tête pointant tout d’abord l’attaque en route puis le Mal et je répondais alors en tendant mon fouet au dessus de ma tête.

- Apophis draco-rage, Scylla recommence, poison brûlant ! Je me retournais vers le commandant, observant la scène, les personnes présentes avant de lui dire et après avoir entendu la dernière phrase de Yob Stran. C'est drôle cette allégorie de randonnée. Vous pensez vous aussi que l'on puisse s'en référer à une telle métaphore pour régler un tel conflit.

Maintenant qu’elle ne risquait plus de se blesser, je pouvais lui redemander de faire ce combo. L’intervention d’Apophis ne risquerait pas de brûler les parties végétales tourbillonnant au coeur de l’attaque mais plutôt de les gorger d’un feu draconique puissant. Elles ne seraient que les vaisseaux de ses éclats bleutés et destructeurs. On verrait bien ce qu’en penserait notre adversaire ?

HRP:

Hrp:

HRP:

P.S.:

HRP:

Les turbines s'échauffaient alors que Walter avait fait son entrée. Lisa suivait son petit numéro par radio, installé dans l'hélicoptère. L'appareil se trouvait sous un dôme lumineux, caché dans une plaine en contrebas du volcan. L'énergie des clés avait pu être copiée pour créer cette protection, mais l'appareil qui le permettait était difficilement déplaçable. Aussi cette opération avait été minutieusement préparée, et tout s'était passé comme prévu. Alors que le bruit des pales fouettant l'air se fit de plus en plus fort, Lisa entendit la voix du pilote dans son casque.

*2 minute avant décollage, madame.*

Lisa leva un sourcil. Madame ? elle n'était pas assez vieille pour qu'on l'appelle ainsi, mais elle ne le corrigea pas, elle avait d'autre  préoccupations. Les quelques personnes autour de l'appareil s'agitèrent. L'un d'entre eux coulissa la porte de l'hélico avant de se mettre à l'abri du vent quelques mètres plus loin. La brume se dissipa tout à coup, c'était le signal qu'attendait Lisa. Elle fit signe au pilote, les tuyères d'échappement sifflèrent alors que l'appareil s'élevait. L’ascension vers le sommet du volcan se faisait rapidement quand Lisa reçut le message de son agent.

* Si vous pouviez venir me chercher ce serait sympa maintenant que j'ai le paquet*

"On arrive."

Là-haut, la brume s'était dissipée lorsque l'abomination avait été capturée. un léger brouillard persistait, plus dû à l'altitude qu'autre chose. Un bruit sourd et régulier se fit entendre, de plus en plus fort, provenant du bas du volcan. Walter tournait le dos au précipice quand l'hélicoptère massif surgit derrière lui, brisant la chape de brouillard. Le bruit des pales envahissait l'endroit, ne permettant guère d'entendre quoique ce soit d'autre. De son point de vue, Lisa pouvait admirer la scène de combat. Voir tout ces gens paralysés était bienvenu, elle n'aurait pas à utiliser les mitrailleuses rotatives installées sur les côtés de l'appareil.

Atterrir sur ce sol rocailleux était impossible, elle ouvrit donc la porte et se prit aussitôt une rafale de vent qui faillit la déséquilibrer. Elle s'accrocha et se protégea le visage un instant, avant de balancer une échelle qui pendouilla près de Walter. Après avoir rappelé son pokémon, celui-ci entreprit son escalade périlleuse.

La blonde profita de l’ascension de Walter pour observer les gens présents. Du beau monde, des inconnus aussi. Et surtout un légendaire ainsi qu'un fabuleux. Voir ces deux puissants pokémon paralysés attisait sa convoitise, ce seraient de belles acquisitions pour Abyss. Mais elle se ravisa, il ne fallait pas être trop gourmand.

Elle aida Walter à se hisser et le tira sans ménagement dans l'hélico avant de refermer l'ouverture. Le vent cessa immédiatement alors que l'appareil quittait son vol stationnaire. Il s'éloigna de la porte de Rodin béante, laissant là les pauvres âmes qui avaient risqué leurs vies pour sauver Maïlys. Et bientôt, l'appareil disparut, ne laissant que le sifflement du vent derrière lui.

Assise face à Walter, Lisa souriait, le plan s'était déroulé sans accroc, et elle adorait ça. Elle tendit la main à l'homme face à elle, essayant de ne pas jubiler. Lorsqu'il serra cette main tendue, Lisa lui fit avec un sourire satisfait :

" Heureuse de vous accueillir parmi nous, cher Walter. "

Hrp:

...

Non, pas ça… Tout mais pas ça… Il n'y avait rien qui pouvait être pire, pas les émotions négatives dans cette situation… Non… Pitié… Arrêtez ça… Je vous en supplie, arrêtez ! ARRÊTEZ ! Je ne peux pas m'en empêcher, les larmes commencent à couler sur mes joues alors que je me tiens fermement le crâne. La douleur, la peine, la souffrance que j'ai causé, elle se répercute sur moi dans cet instant précis. Mais je n'ai jamais demandé tout cela… S'il vous plaît… Gh… Je…

C'EST DE TA FAUTE SI MA FILLE EST MORTE !

TU AS DETRUIS MA VIE !

INCAPABLE DE PROTEGER TA VILLE !

TU NE FAIS QUE LES MAUVAIS CHOIX !

DISPARAIS, TU ES UNE HONTE AUX CHAMPIONS DE CETTE ÎLE !

Non. C'est faux ! Laissez moi tranquille ! Je… Je n'ai rien fait de mal, ce n'était pas moi ! Je ne voulais pas ça ! Tout ce que je voulais c'était vivre ma vie comme je l'entendais… Je fais ce que je peux ! Ce n'est pas de ma faute, non, ce n'est pas de ma faute !... Une seconde chance, oui, je désire juste une seconde chance, laissez moi me racheter ! Juste… Un peu plus de temps…

Pauvre imbécile, tu me dégoûtes, tu sais ? Par ta faute, ton collègue et ami, Yob Stran, va mourir. Il aurait pu être bien plus utile que TOI. Mais c'est à cause de tes mauvaises actions qu'il meurt, tu vois que le karma existe. Tu ne contrôles rien, arrêtes d'être arrogant. Tu n'es pas doué dans ce que tu fais, pourquoi gardes-tu le sourire ? Tu penses qu'il y'a une chance pour que tu t'améliores ? Angstorm avait raison, tu sais ? Tu devrais le rejoindre vu que le MAL EST LA SEULE CHOSE QUE TU FAIS BIEN. Ils ont tous raison et tu le sais. Tu n'es qu'un sale gosse immature.

…

Puis d'un coup, tout s'arrête. Les larmes continuent de couler sans que Rok n'émette aucun bruit, genoux au sol, bras lâchés, ayant un regard vide, mort, concentré évidemment sur autre chose. Il a vu le monstre être absorbé. Il a vu Walter partir et être un connard. Mais il ne peut pas réagir, il est encore sous le choc. Sa tête lui fait mal, très mal. Il se sent également mal. Il n'ose même pas regarder qui que ce soit, restant focalisé sur une roche n'ayant rien de particulier. C'était donc ça le pouvoir des ombres qu'il avait ressenti ? Peut-être était-ce lui qui avait le plus souffert de tout le groupe et il y'avait de quoi. Tout ce qui était arrivé à Yob était de sa faute, toutes les blessures de son collègues lui étaient à la base destinées. Mais il refusait d'admettre la vérité, il refusait d'avoir sa part de responsabilité là-dedans, il blâmait inconsciemment les autres. Maintenant, il ne pouvait plus fuir, il était exposé à ses propres méfaits… Par les victimes de ses actes. Il avait échoué à être un bon champion, il ne supportait plus la pression, il n'était définitivement plus saint d'esprit. Il commença alors à murmurer, c'était presque indescriptible mais ça restait audible par les gens qui se trouvaient à côté de lui.

"C'est de ma faute… C'est de ma faute… C'est de ma faute…"

Il le répétait sans cesse. Il ne pouvait penser à autre chose. Il ne pourrait pas avoir cette discussion avec Nyssa pour le moment, peu importe son avis, peu importe sa rage, peu importe ce qu'elle pense de lui après ça. Il est brisé mentalement. Il a atteint ses limites. Se faire insulter et moquer par Angstorm est une chose, être la risée de ses collègues en est une autre, avoir commis plusieurs actes impardonnables en est encore une autre, mais tout cumuler et se faire hanter pendant quelques instants par tout ceux qui t'en veulent, c'est au delà des forces du champion. Malgré tout, il commença à rire après avoir terminé de murmurer. Un rire qui devenait de plus en plus fort, mais qui restait dans une certaine limite, il ne gueulait pas non plus. Et voilà qu'il se remettait à se tenir le crâne, continuant de pleurer. Il pensait à tout, pensait à quel point il était mauvais, à quel point ça allait être dur de remonter. Il ne voulait pas perdre Yob, c'était son mentor d'une sorte, il plaçait tous ses espoirs en lui… Et si jamais il mourrait…

Ce serait de sa faute. Et uniquement de la sienne.

Comprenant que ce spectacle ne serait pas approprié pour tout le monde, le Méga-Gallame demanda au Coatox de se rapprocher et envoya rapidement un court message télépathique à Nyssa Germanni. De quoi quand même prévenir la Championne du départ de son dresseur.

*Je comprends que vous ayez des reproches à lui faire parvenir. Mais ça sera inutile à la vue de son état. Je peux vous proposer de venir lui rendre visite après, à l'arène, ou alors il viendra de lui-même vous voir, c'est selon. Là-bas, vous pourrez discuter calmement, sans risques d'être interrompu et surtout…* il marqua une pause, jetant un œil à son dresseur, cette fois-ci il avait arrêté de rire, il se tenait juste là, toujours sur ses genoux, fixant toujours le vide. *Qu'importe, ce sera mieux ainsi. Désolés de vous faussez compagnie de la sorte mademoiselle Germanni.*

Qu'allait-elle penser ? Que le jeune homme était toujours immature pour avoir une réaction de la sorte ? Quelle ironie ce serait alors que son jeune âge est l'une des raisons de pourquoi la pression l'a brisé. Evidemment que c'est de sa faute, qu'il fait des erreurs. Mais ce n'est pas en le répétant de la façon la plus condescendante possible qu'il va devenir meilleur. On a déjà essayé ça. Il respecte Nyssa, il sait qu'elle est son aînée, qu'elle est meilleure que lui en probablement tout point et il a sincèrement fait de son mieux lors de cet évènement. Mais il y'a des barrières que l'on ne peut pas franchir en un jour. Après avoir transmis le message télépathique, le Méga-Gallame se téléporte à l'arène avec le Coatox. Des gens sont présents et saluent le Champion, le félicitant et certains même s'excusant d'avoir été méprisants avec lui alors qu'il vient de risquer sa vie pour eux. Mais Rok ne les écoutes pas, il avance seulement, sans bruit, vers ce qui lui sert de salle de repos. Il a besoin de ce repos, demain est un autre jour, demain il tentera d'avancer de nouveau.

Le Pokémon Psychique et le Pokémon Toxiques s'occupent d'expliquer du mieux qu'ils le peuvent la situation et font sortir les habitants d'Oblaide de l'arène, ils reviendront un autre jour. Nul doute que la population appréciera un peu plus Rok désormais, c'est plutôt amusant, ne trouvez-vous pas ? Maintenant que les habitants l'apprécient plus, il se rend compte de toutes ses erreurs et s'enfonce lui-même. Mais tout cela va changer, tout va changer, oui. Alors que le jeune homme est dans son lit, enroulé sur lui-même, restant seul, il se murmure quelques mots pour se rassurer, des mots qui ont pour but de lui faire regagner un peu confiance, en vain malheureusement pour le moment.

"Tapis… J'attends avec impatience le jour où je vais te foutre en prison… Si tu crois avoir tout vu, tu as tort."

Et il ferma les yeux. Il se sentait juste fatigué. Encore une fois, il n'avait besoin que d'une bonne nuit de sommeil s'il n'en faisait pas des cauchemars. Et il savait que maintenant, avec tout ce qu'il s'était passé…

C'était lui, qui commençait à délirer.

HRP:

Hrp:

L'homme gisait, le dos en partie enfoncée dans la neige immaculée du Mont Couronné. Son regard vitreux fixait le ciel sans le voir ; il n'y avait plus de nuage, plus d'étoile pour lui. La douce lumière de la lune éclairait la scène paisible et silencieuse, ou rien ne bougeait. Nathan reconnaissait sans peine l'endroit où il avait passé des mois à s'entraîner à la vie de dresseur avec son père, un émérite top dresseur de la région. Il voyait bien que c'était un homme, au sol, mais celui-ci n'avait pas de visage, comme si son apparence était censurée, obstruée par quelque chose en lui.

Nathan cligna des yeux à de multiples reprises, et il était de retour au sommet du volcan de Maylïs. L'attaque de Victini avait achevé de détruire la carapace du monstre, mais une sensation étrange l'avait pris aux tripes et, l'instant d'après, il avait vu le Mont Couronné devant ses yeux. Ses yeux clignèrent à nouveau ; il cherchait à comprendre quelle était cette sensation étrangement lourde qui lui enserrait la poitrine, pourquoi il n'arrivait pas à bouger.

Les flashs reprirent avant qu'il n'ait le temps de formuler une hypothèse. Dans son hallucination, il fit un pas vers l'homme. Le sang noir souillait la neige autour du corps. Il concentra son attention sur le visage de l'homme, et il eut l'impression qu'une seconde paupière s'écartait de ses yeux. Un haut le coeur le prit quand il reconnut les traits de son père. Un filet de sang coulait du bord de ses lèvres.

Le volcan revint. Un homme se tenait entre Shiro et Nathan, un boitier étrange entre les mains. Nathan poussa de toutes ses forces pour refermer la porte sur le monstre, mais son corps se refusa à bouger. Le visage de son père s'imposait à sa vue chaque fois qu'il tentait d'activer le moindre muscle.
L'intrus était moqueur ; il ridiculisait les efforts des guerriers qui avaient fait face à l'avatar du chaos, traitait la créature qui avait failli tous les tuer comme une arme, un outil. Le dresseur avait envie de hurler, mais ses cordes vocales se refusaient à lui obéir. L'effort fit apparaître la scène dans la neige une nouvelle fois, et des larmes de frustration commencèrent à troubler la vue de Nathan.

Spectateur impuissant, il regardait avec toute l'attention possible l'intrus rayonner de joie, l'hélicoptère et la femme venus le chercher, leurs au-revoirs moqueurs. Coincé contre la porte, Nathan était piégé entre la rage et la peur. Il ferma les yeux, s'efforçant de graver l'apparence des intrus dans sa mémoire, et la scène changea - quand ses yeux tombèrent sur le corps, il vit que son père était plus jeune, plus petit.
Non.
Il se vit, lui, gisant dans la neige, tué par la vie d'aventures et de dangers qu'il avait choisie avant d'en être satisfait.

Il mit un genou au sol et vomit une nouvelle fois. Un mélange nauséabond de bile et de sang se répandit sur le sol, combinaison répugnante de la terreur de Nathan et de ses blessures.

"C'est vers ça... Que tu m'emmenais, Papa ?"

Il fut distrait de sa peur soudaine par les déclarations d'Angstorm. Le retrouver... Au sommet ? En avait-il seulement encore envie ? Il sentait toujours cette flamme brûler au creux de ses entrailles, cette sensation chaleureuse que rien ne pouvait l'arrêter et que le sommet de Maylïs l'attendait... Mais dans sa tête et son coeur, il n'y avait plus que de la neige.

Un petit sourire lui échappa quand il vit son Goupix revenir vers lui. Il n'avait pas l'air réellement blessé. Soulagé, le jeune dresseur sortit sa PokéBall et le rappela, non sans le féliciter au préalable.

"T'as été extraordinaire. Tu mérites de te reposer, p'tit gars."

Sa voix était lente, plus basse - plus douce - qu'auparavant. Le jeune idiot qui avait essayé de lancer une PokéBall à vue sur un Pokémon Légendaire quelques minutes plutôt était déjà loin - ou en tout cas, cet aspect de lui était complètement endormi, épuisé par la douleur et la rage.

Se rappelant ses priorités, cependant, il mit de côté la haine qu'il ruminait envers ceux qui avaient mis à leur service la menace du chaos ; il mit de côté l'aide de Shiro, le repoussant doucement tandis que celui-ci tentait de l'amener vers les médecins ; il mit la neige de côté pour se relever et tituber vers le groupe de dresseurs venus les sortir du pétrin. Hagard, il fouillait l'assemblée du regard, cherchant désespérément Griff.

Après quelques instants de panique, il finit par voir le petit lézard à côté d'un Dracaufeu noir, dans les bras d'une jeune femme qu'il ne connaissait pas le moins du monde. Le Salamèche avait perdu connaissance après avoir poussé son Brasier au maximum, mais il respirait normalement et avait le même air serein sur le visage que lorsqu'il dormait.

Avant même de parvenir à articuler un mot de remerciement à la femme, Nathan soupira profondément de soulagement - et tomba tête la première sur le sol, vidé de son énergie et à court de l'adrénaline qui l'avait gardé sur ses pieds jusqu'ici. À l'instant où il avait cessé de s'inquiéter pour son partenaire, plus rien ne le maintenait éveillé ; allongé sur le ventre, le souffle faible, il perdit connaissance aux pieds de tous ceux qui n'avaient pas encore quitté les lieux.

HRP: