[S3]Wanted : détective qualifiée [Amélia] [Terminé]

La jeune femme leva un sourcil en entendant le jeune homme commencer à avancer arguments sur arguments dans un court monologue qui n’avait de toute évidence aucun sens. Partir dans toutes les directions pour perdre son destinataire sous le flot d’informations et le laisser confus et pantois. Voilà une stratégie dont la détective n’hésitait pas à user et abuser et partant de ce principe là, elle en connaissait la parade inratable.
—Je n’ai absolument rien écouté—

Et oui, il n’y a pas de quoi être perdu lorsque l’on ne bouge pas de son point de départ n’est ce pas. La jeune femme était plutôt occupée à se demander pour quelle raison le garçon avait décidé de lui demander un poste et surtout de cette manière. Elle tiqua, rassemblant tout de même ses idées en apprenant qu’il ne logeait que dans un motel. Elle n’avait pas de problème d’argent cela allait sans dire, d’autant que ses affaires allaient bon train mais était ce là la raison pour laquelle le garçon était venu frapper à sa porte ? Plissant les paupières en répondant mentalement à sa propre question, elle réalisa un autre élément qu’il lui faudrait rajouter au puzzle. Qui disait employé disait salaire. Ce qui revenait à ses yeux à payer quelqu’un de sa poche pour qu’il fasse à sa place le travail qu’elle était largement capable de faire toute seule et pour lequel d’autres gens étaient susceptibles de la payer. Ca faisait beaucoup de paiement et peu d’argent dans sa poche au final. Un sourire mesquin aux lèvres alors que le jeune homme lui demandait enfin s’il lui raconté une de ses anecdotes, elle répondit.

- Ca dépend, c’est aussi authentique que la disparition de votre frère comme histoire ?

Ricanant à la pique qu’elle venait de lancer, elle fit démarrer le véhicule en trombe et s’élança dans les rues de la capitale à toute vitesse. Elle savait ce qu’elle faisait et où elle comptait aller ce qui pourrait sans doute expliquer sa conduite plus que sportive ce soir là. Ca et le fait que sous ses airs affables et abordables, elle n’en restait pas moins contrariée. Il ne lui fallut qu’une demi-douzaine de minutes pour atteindre sa destination, un hôtel à la façade grandiloquente qui n’avait rien du motel de coin de rue. Se garant sur l’emplacement de dépose rapide, elle coupa le contact et fit signe à son passager de la suivre en lui confiant une carte qui provenait tout droit d’un… Monopoly ? Définitivement c’était une carte ”libéré de prison”. Elle s’arrêta devant la porte à tambours et expliqua.

- Le directeur de cet établissement m’est redevable de quelques petits services, et du coup, c’est ici que je fais séjourner mes clients en besoin de protection ou de discrétion. L’arbre qui cache la forêt somme toute. Allez y, donnez cette carte au concierge et une fois cela fait, dites lui que c’est moi qui vous envoie, vous serez mieux que dans un motel. Mais soyons clair, je vous offre ce dernier service parce que je suis particulièrement généreuse et pleine de mansuétude et rien de plus. Si j’ai pu vous donner l’impression que j’avais besoin d’employés parce que je vous ai confié un job, ce n’est absolument pas le cas. Vous m’avez proposé un marché, je l’avait accepté, c’est tout. Elle haussa les sourcils et fixa son ex-futur-client comme on fixe un enfant en manque d’attention. Pas de stage, pas de CDD, rien. Nada. Niente.

Faisant clignoter sa voiture pour y reprendre place, la jeune femme lança dans un éclat de rire.

- Quand vous serez capable de m’impressionner, vous pourrez me rappeler !

Elle pris place dans l’automobile et disparu dans un crissement de pneus. Ricanant dans sa voiture vide elle imaginais déjà la réaction du concierge face à la carte de jeu. Tout ce qu’elle avait dit sur l’hôtel était vrai, l’accord, les clients, la chambre, rien de faux là dedans. Par contre donner la carte de sortie de prison au concierge sans explications allait le faire passer pour un lunatique jusqu’à ce qu’il explique par qui il était envoyé. Et ça, aux yeux de la baronne, c’était drôle. Suffisamment drôle pour qu’elle ait presque envie de faire demi-tour pour assister à la scène. Mais presque seulement n’étant pas suffisant, elle rentra chez elle raconter ce qui s’était passé à ses associés et Pokémons. Rentrant dans le bureau, elle commença à parler sans s’arrêter de marcher.

- Vous devinerez jamais ce qu’il m’a sorti. Ayant attiré l’attention de Charles, Gustave et Cesar, elle continua comme s’il s’agissait d’une vraie conversation. Il voulait que je l’engage, moi ! Vous vous rendez compte ?

L’ossatueur se mit à rire ouvertement alors que le macogneur sembla envisager la situation plus généreusement que sa patronne et son accolyte. Voyant sa réaction, la brunette leva un sourcil et esquissa un sourire d’un seul coin de ses lèvres et sermonna gentiment le colosse.

- Non Gustave, ce ne serait pas ”pas une mauvaise idée”, encore moins une bonne idée, ce n’est pas une idée du tout. Les garçons rappelez vous le principe même du fonctionnement de cette agence. Les deux répondirent en disant leur nom à l’unisson. Exactement, on travaille en solo.
- (Mais quand t’es allée voir Sam ?….) Macko mack ?…
- Ne dis pas de bêtises, j’étais certes jeune quand je me suis présentée à la porte de Sam mais moins que lui. Dis elle devinant la pensée de son mackogneur aussi clairement que s’il avait prononcé des paroles intelligibles. Et Sam avait au moins la trentaine alors que moi j’ai…

Elle interrompit sa phrase en plein milieu, réalisant la réponse qu’elle était sensée annoncer sans vouloir le faire. Elle écarquilla les yeux et se laissa tomber assise sur la banquette sous le regard de son démolosse qui posa alors sa tête sur ses genoux. Contraint d’arriver à la même conclusion  qu’elle, Charles gratta son crâne nu de son pouce et la fixa d’un air mêlant respect et attendrissement. Lui non plus n’avait pas vu le temps passer et il voyait à l’air absent de sa patronne qui fixait à présent son bureau qu’elle ressassait énormément de souvenirs d’un coup. Décidant de donner aussi son avis, l’ossatueur pris un gros calepin A4 et un stylo et grava maladroitement sur une des feuilles vierges.

”APRANTI”

- Ça prend 2 ”-P” et c’est un ”-EN” avec un ”-E”. Elle laissa s’échapper un petit rire ironique. Je suis à peine un bon exemple pour vous, alors qu’est ce que ce serait pour un apprenti.

Le mackogneur posa une de ses imposantes mains sur l’épaule de sa patronne en signe de réconfort. Il n’était pas très fort pour les grands discours mais il aurait voulu lui dire que Sam aussi ne s’était pas senti près le jour où il avait choisi d’agrandir son agence. Qu’il disait que l’on est jamais à la hauteur de ce qu’on devrait être mais qu’on est toujours à la hauteur qu’on devrait être. Qu’il savait très bien pour avoir appartenu au boss et à la patronne qu’il avaient en eux l’âme de leaders uniques et que ça, il le savait même s’il n’était qu’un simple Mackogneur. Alors il haussa les épaules et dit simplement.

- (Meh) Ma.

La remarque et l’attitude amusèrent grandement la baronne qui se releva aussitôt, rebostée et déjà prête à repasser à autre chose. Echangeant un regard plus lourd de sens que mille mercis avec ses Pokémons, elle se frotta les mains et sortit de nouveau de l’argent de son corsage.

- Qui va nous chercher du chinois pour ce soir ?

Le mackogneur pris l’argent, mis sa casquette de chauffeur et sortit des locaux de l’agence. La détective se rassit à son bureau sous le regard de Charles qui, quelques secondes plus tard récupéra un journal sur la table basse et commença à le lire, concentré au possible. Se saisissant de son bilboquet, la jeune femme commença à en faire virevolter la boule en la réceptionnant d’un coté, puis de l’autre encore et encore dans une démonstration d'agilité qui méritait d’être remarquée. Un petit sourire aux lèvres, elle continua à s’amuser en repensant aux évènements de la journée, certaine d’une chose.
—Je t’attend de pied ferme. Et t’as interêt à m’impressionner.—

HRP :