Valder voulait mettre les choses au clair avec son spectre. Qu’il n’y ait pas de mensonges. Que celui-ci ne cache plus ses méfaits au jeune homme. Il s’était alors installé au niveau d’un café, appelé « Le Salon du Tapis Fringant ». S’asseyant à une table, là où peut de monde était, il fit appel à son Spectrum et Celebi – les Pokémons étaient évidemment autorisés au sein de l’établissement. Le fabuleux se posa sur son épaule tandis que le spectre fit comme s’il s’asseyait sur la chaise d’en face, jouant avec son corps immatériel pour faire comme s’il possédait un nœud papillon avec une chemise. Il fit alors signe à un serveur d’une main fermée, ne levant que son index (appelons-le comme ça parmi ses trois doigts).
- Deux cafés s’il-vous-plait,dit-il d’une voix suave... Qui fut totalement incompréhensible aux oreilles d’autrui. Le jeune homme soupira, et finit par prendre la parole. - Une simple limonade, Oran s’il-vous-plait. - Et moi ?!
L’empoisonneur voulait se contenter de quelque chose de simple. Et évidemment il n’offrit rien à son sombre Pokémon. Celebi ne désirait rien également. L’homme prit note et repartit de son côté, allant préparer ce qui était demandé. Le dresseur prit une grande inspiration, et commença alors à parler à son Pokémon.
- Doopliss... J’ai tout vu. J’ai compris pourquoi tu as agis comme ça face à Nyssa. Tu... Tu m'effraies. Et tu me dégoûtes.
Le Spectrum sourit. Il fit alors sortir de son corps la Pomme d’Or qu’il gardait précieusement, se mettant à jongler un peu avec. Il était décidément fier de lui ce taré. L’empoisonneur eut un frisson dans le dos en la voyant. Avait-il abandonné les intentions qu’il avait du temps où il était le Sphinx ? Soufflant à nouveau, l’humain reprit la parole.
- Où as-tu eu ça... ? Enfin non. Pourquoi tu ne m’as pas dit tout ça ? Pourquoi as-tu fais ça ? - Je t’ai déjà dit que j’ai travaillé avec la Boréale pourtant. Le destin était ainsi, tel que je l’ai vu.
Celebi traduisait ses paroles sans s’interposer. Valder pouvait confirmer qu’effectivement, il lui avait dit qu’il avait eu contact avec la Boréale. Mais pas ça. Ça, c’était au-delà de tout ce qu’il pouvait croire. Il ne pouvait pas se contenter de simplement de cette réponse. Il était persuadé que le spectre lui cachait ses véritables intentions. Il tapota ses doigts sur la table, le fixant d’un air particulièrement sérieux. Lui ne rigolait pas. Le serveur arriva alors, donnant la Limonade au jeune homme. Celui-ci, après l’avoir remercié, en bu une gorgée avant de reprendre.
- Tu croyais vraiment que je voulais me coltiner ça ?! De quoi j’ai l’air moi... ? Je refuse de coopérer avec quelqu’un comme toi. Je ne sais quasiment rien de toi... Enfin, tout ce que je sais ne sont que tes folies et tes sursauts de criminalité !
Il n’avait pu s’empêcher de le dire. Mais remarquant les mots qu’il avait employé, il se coupa net, soudain envahit par une vague de honte et de stress. Personne ne l’avait entendu, hein ? Au pire, Celebi était là pour le dédouaner, dirons-nous. Le spectre se mit alors à rire, volant la Limonade du jeune homme, jouant avec son autre main avec la Pomme d’Or, et buvant cul-sec la boisson de Valder. Ce-dernier passa alors d’un coup de la honte à la surprise puis à la colère contre lui. Heureusement qu’il était un introverti et qu’il savait être calme. Respirant un grand coup, il faisait en sorte de se détendre et de ne pas perdre la face devant un être aussi malsain que pouvait être ce Spectrum.
Pendant ce temps au même café, à quelques mètres de là se trouvait une baronne une tasse de café posée devant elle, crayon en main les yeux rivés sur le journal qui se trouvait sous ses yeux l’air aussi concentrée que possible. Accentuant son expression, le majeur de sa main libre venait masser son sourcil perplexe alors que le crayon de papier virevoltait dans des figures imprévisibles digne de toute personne s’étant déjà ennuyée en cours. Son Ossatueur assis en face d’elle l’observait réfléchir tout en buvant son propre café, café qui avait été compliqué à obtenir grâce à la fantastique bonne volonté du serveur, et en prenant son mal en patience avant que le concentré d’informations quotidiennes ne lui soit rendu. Poussant un soupir, il recommença à observer les passants qui venait s’installer à la terrasse du café peu populaire à cette heure de la journée tout en pensant à la peau de chamois qu’il avait laissé dans la Spyker. S’il l’avait eu il aurait pu nettoyer son os une fois encore mais non, il n’avait que sa patience pour seule compagnie depuis que la détective lui avait emprunté son journal. Un éléments inscrit à l’intérieur semblait avoir piqué sa curiosité et cela faisait déjà bien vingt minutes qu’elle n’avait plus prononcé un mot, perdue dans les méandres de ses constructions mentales.
Croisant les bras en espérant que ça l’aiderait à chasser l’ennui, le pokémon regarda un garçon s’installer à la table en face de la leur tout juste dans le dos de sa patronne et réprima un sifflement surpris. Enfin réprimer le mot est grand sachant que même s’il avait voulu le faire il n’y serait pas parvenu pour des raisons physiques et anatomiques. Question de logique. Siffler sans lèvres c’est pas possible. Enfin, pour rester dans le registre de ce type de réaction, le pokémon au chapeau melon souleva son couvre chef d’un revers du pouce tout en se grattant le crâne d’un air absent. C’était la première fois qu’il voyait un tel fabuleux de si près et qui plus était en compagnie d’un dresseur. Il y avait certes eu la fois où victini avait fait un don en espèce au duo mais tout s’était passé tellement vite qu’il n’avait pas réalisé qui était l’auteur de ce coup de chance. Ce dernier semblait vouloir avoir une conversation avec le spectre en face de lui… Le reptilien fut sortit de ses admirations à la limite du voyeurisme par l’exclamation de la baronne qui s’empressa de marquer quelque chose sur la feuille froissée qui captait son attention depuis bien longtemps déjà.
- Aha ! “Crouton”, 7 lettres ! Tu peux le reprendre.
Sur ces mots elle fit glisser le journal vers son pokémon en le faisant pivoter afin qu’il constate ce qu’elle était en train de faire. S’il avait eu des sourcils à relever, l’ossatueur l’aurait sans doute fait, observant sa patronne par le dessous, tête penchée cherchant à savoir si elle était vraiment sérieuse derrière son petit air ravi. Déjà, le fait qu’elle lui ait emprunté son journal pendant tout ce temps pour faire des mots fléchés était un fait assez cocasse en soit. Mais le plus drôle était qu’aucun mot ne correspondait à la définition à laquelle il était associé et rentrait pourtant parfaitement dans les cases alloué, se combinant sans mal avec ses voisins. Voilà comment “crouton" s’était trouvé en face de “sont bien arrivés”, “lampe” en face de “virage de montagne” ou encore “dresseur” en face de “escargot à la nage”. —Je suis sûre que ce dernier est juste—
Attrapant sa tasse de café, fière d’elle la jeune femme était prête à la porter à ses lèvres lorsque la mention du nom de la championne de Mégapagopolis la fit tiquer et reposer le récipient bientôt froid. Il y a de ces gens dont l’ouïe est égale à celle d’un satellite russe et la baronne en faisait partie. Et puis l’humain avait cette faculté de se focaliser sur des mots clefs peut importe le contexte et le bruit ambiant, raison pour laquelle prononcer “sexe” pendant une fête bruyante fait taire toutes les voix et tourner les têtes vers la source de la parole magique. Une expérience rigolote à essayer en famille ou entre amis. Tournant la tête sur le coté un air évasif elle ne perdait plus une miette de la conversation. Faire ? Dire ? Y avait-il là quelque chose de juteux à se mettre sous là dent ? Après tout les affaires des autres sont toujours les meilleures. L’on parlait tout à l’heure de voyeurisme chez l’ossatueur qui se modérait tout de même un minimum, et bien la détective dépassa quand à elle les barrières du raisonnable en retournant au maximum ses hanches et son bustes sur sa chaise, jusqu’à pouvoir poser son coude sur le dossier de son siège. Il fallait dire que son regard partiellement masqué par la grande capeline qui lui couvrait la tête la rendrait un tantinet mystérieuse.
Il faisait chaud aujourd’hui et la jeune femme avait opté pour un style de ville décontracté, simple tout en restant élégant. Ses longs cheveux lâchés ne se voyaient ordonnés que par la présence de la capeline blanche au lisserai noire qui la protégeait du soleil. Une petite robe d’été dans les mêmes teinte venait la couvrir jusqu’à mi-cuisse alors qu’un gilet mauve et vaporeux apportait quand à lui son lot de couleur tendre. Quelques bijoux en or venaient enfin parfaire le tableau. Lorsqu’ils étaient visibles, ses yeux montraient un maquillage discret mais présent dans les mêmes teintes que sa tenue. Son sourire malicieux s’étirant au fil de la conversation du garçon, son attention fut captée par la pomme d’or tenue par le spectre en face de lui. C’était de l’or. Ca brillait. C’était beau. C’était suffisant pour réveiller la pie qui sommeillait en elle. Observant le jeune homme de dos, sans doute dresseur, elle se permit de prendre la parole sachant que l’éloignement des chaises et des tables lui offraient le luxe de babiller à une cinquantaine de centimètre de ses oreilles et de celle du fabuleux. Parce que non la présence du lutin des bois ne la choqua pas outre mesure. N’est pas Amélia qui veut.
La tenue:
- Si je puis me permettre, on ne crie pas ça en terrasse de café si l’on a envie de rester discret. Des petits soucis avec la championne ? A moins que vous soyez du type à poser des problèmes à la championne ? Cette femme est un sacré numéro.
L’hôpital qui se moque de la charité, acte 2 scène 1. Agitant la main devant elle comme pour les engager à reprendre leur conversation, la jeune femme papillonna des paupières et confia à qui l’écoutait. Ses yeux allaient et venaient sans pour autant réduire l’attention qu’elle portait au fruit doré.
- Continuez faites comme si j’étais pas là, c’est très intéressant !
Elle était loin de se douter de ce que la fortune ou infortune lui avait réservé cette fois ci.
Qui aurait pu prévoir qu’une mystérieuse jeune femme un peu trop curieuse était installée pile derrière Valder, dos à dos ? Était-ce lui qui avait ses sens non-opérationnels ou cette femme qui était une as de la discrétion, du faufilage et de la surprise ? Quoiqu’il en soit, si elle voulait surprendre le jeune homme, c’était une grande réussite. Celui-ci, entendant la voix toute proche de son oreille, sursauta d’un coup, manquant presque de tomber de sa chaise. Si Doopliss ne lui avait pas volé son verre, nul doute qu’il y aurait eu de la casse.
- Wouah !!Il mit sa main sur son cœur qui battait un peu trop rapidement, tandis que Celebi reprit son envol d’un coup, pas plus surpris que cela.Ça va pas ?! Et tout ça ne vous regarde pas... !
Pour le coup, Valder, qui était déjà sur les nerfs, ne pouvait pas s’empêcher de crier sur cette femme. Niveau discrétion, c’était raté. Des regards se tournèrent vers eux, mais pour le coup, il s’en fichait. L’autre s’invitait dans ses affaires, sûrement de manière intéressée, et ça ne plaisait pas à l’empoisonneur. Il avait déjà assez à faire avec son Spectrum, si elle se rajoutait avec un ton frisant, selon lui, une certaine insolence il allait craquer. Soufflant un grand coup et fronçant ses sourcils, il finit par se retourner nouveau vers son spectre, voyant que celle-ci lui disait finalement de continuer.
Le Pokémon gazeux avait posé délicatement le verre sur la table, et, constatant le regard insistant de cette femme, il eut un large sourire qui lui fut adressé en faisant danser la Pomme d’Or entre ses mains. C’était quand même assez drôle. Quand on les regardait de profil, on pouvait voir les deux humains entourés de leur Pokémon respectif, les deux ayant une forme de bon habillement. Autant dire que c’était assez cocasse pour quiconque s’arrêterait un instant.
Les activités de chacun reprirent alors son cours, tandis que Celebi se reposa sur l’épaule du jeune homme. Celui-ci ferma les yeux, essayant de se détendre un peu et de reprendre calmement la conversation avec ce Spectrum narguant. Il passa ses mains sur son visage, posant ensuite ses coudes sur la table, joignant ses mains, et fixant de nouveau son Pokémon droit dans les yeux.
- ...
Au moment où il allait parler, il se stoppa net, bouche grande ouverte, écarquillant les yeux. Vous savez, c’est ce genre de réaction que l’on a lorsqu’un détail qui nous avait échappé nous revient d’un coup en tête. Il se retourna alors à grande vitesse, se retrouvant de nouveau nez à nez avec la jeune femme qui l’avait importuné.
- La championne ? Vous connaissez Nyssa ? Qu’est-ce que vous savez pour affirmer ça ?
C’était un peu un côté « paranoïaque » qui s’était exprimé. Evidemment qu’elle devait la connaitre. La maîtresse des dragons était loin d’être méconnue du public, surtout en sachant qu’elle était à la tête du casino. Mais suite à toute cette histoire lors de l’arène et de ce qu’il avait appris par rapport à son Spectrum, il s’était imaginé que la réaction de l’intruse soit dû à quelconque information lié à une relation entre criminel et championne auquel elle pourrait être au courant. Peut-être qu’elle avait plus d’informations sur le Sphinx et ce qu’il s’était passé lors de cette soirée ? Enfin, ce n’était pas vraiment des informations sur le Sphinx qu’il attendait. Mais plutôt par rapport à cette Eris avec qui son grand oncle avait coopéré. Evidemment, il pourrait fouiller son passé, voyager dans le temps avec Celebi mais... Il y avait beaucoup trop à fouiller. Valder ne pouvait pas rester éternellement dans le passé. Sans information en plus, trouver où et quand était Aversan, c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Celebi n’avait pas été avec lui pendant ces temps-ci, alors comment celui-ci pourrait le deviner ? Néanmoins, trouver plus d’informations sur des lieux de rencontres pourrait l’aider justement à localiser précisément quand voyager avec l’aide de son fabuleux, et lever le voile sur les véritables intentions de l’Aversan de l’époque – et donc peut-être celui de maintenant. Puisque celui-ci ne voulait pas plus parler, il allait devoir chercher lui-même des indices.
Cette femme était peut-être le maillon manquant pour se lancer dans une sacrée enquête.
En observant la réaction surprise du jeune homme et de son pokémon, la baronne ne put s’empêcher d’étirer un peu plus son sourire arrogant et ravi. L’effet de surprise, la plus vieille ruse du monde mais bon dieu ce qu’elle était efficace et amusante à regarder. Le garçon semblait furieux d’une telle intrusion au sein de son espace vital mais aussi de ses préoccupations du moment et ne se gêna pas pour envoyer paître la jeune femme. Cette dernière néanmoins très satisfaite de l’effet qu’elle venait de se produire était restée stoïque, le menton posé sur son poignet et le coude lui même posé sur le dossier de sa chaise, comme si elle ne faisait que regarder un film ou un spectacle de rue. Il fallait dire qu’avec les éclats de voix du jeune homme et l’omniprésence de pokémons hors du commun, c’était plutôt eux qui fournissaient le spectacle aux passant. Penchant vaguement la tête sur le coté, la détective confia en réponse à la réaction du garçon, sur un ton qui trahissait l’évidence même.
- C’est justement pour ça que je m’y intéresse sinon où serait l’intérêt ?
Bien entendu, les affaires des autres sont toujours plus vertes à la table d’à coté. Ne perdant en rien à l’expression qu’elle arborait depuis le début de cet échange, la baronne se laissa aller jusqu’à fixer le pokémon en tuxedo puisqu’il semblait lui faire signe du regard de fixer son trésor. Elle n’avait pas besoin de se forcer outre mesure pour cela, tout ce qui avait de la valeur et plus encore qui brillait, déclenchait chez elles des passions ardentes et difficilement répressives. Cependant une voix dans son esprit, sans doute celle de sa chère et attentionnée voix-off, lui soufflait qu’elle avait déjà vu ou entendu parlé d’un tel bijoux d’orfèvrerie. Mais où ? C’était forcément un contexte spécial puisqu’elle n’avait pas pu se la procurer. Un tri important était à faire parmi de trop nombreux souvenirs conservés dans une exactitude la plus parfaite. Sans pour autant se déconnecter de ce qui se déroulait autour d’elle, elle se mit à réfléchir plus efficacement, se creusant discrètement et silencieusement la cervelle. —Qu’est ce qui va en sortir ? Ca va mettre du temps—
Charles, partagé entre le désir le lire son journal et celui de suivre la conversation qui s’était engagé, envoyait des coups d’oeil perplexe aux pokémons de la table en face. La proximité avec une célébrité comme Célébi était troublante alors qu’une méfiance prudente devait être conseillée face au spectrum. D’une part l’ossatueur n’accordait que peu sa confiance mais qui plus était, depuis que la feuforêve d’Esperantown avait rejoint l’équipe de l’agence, il se méfiait des spectres. C’était des fourbes. Et en plus il n’aimait pas sa tenue. Porter un smoking sans chapeau clac, quelle preuve d’amateurisme. Pensant que le garçon ne s’occuperait plus de sa patronne maintenant qu’il s’était retourné, cette dernière l’incitant à ne pas se soucier d’eux, il reprit sa lente lecture concernant la manière dont une femme avait été mise en prison après avoir été dénoncée par son pijako.
Mais il avait pourtant été dit plus tôt que l’esprit humain était un aimant à mots clefs. Il avait suffit à la baronne de souffler une petite idée au garçon pour que cette dernière insuffle le souffle de vie au raisonnement qui n’attendait que ça pour prendre racine. Tout d’un coup beaucoup moins véhément qu’intéressé, il se retourna vers la détective plus soucieux pour deux pokédollars de son intrusion dans ses affaires. Alors comme ça lui aussi s’intéressait t’il à la championne et plus drôle encore, souhaitait t’il une preuve venant appuyer les déclarations que la baronne venait de lancer. Un drôle de retournement de situation aux yeux de l’aristocrate qui par cette série d’interrogation put faire le lien entre ses souvenirs, les paroles et les faits. Forçant sa tête à se porter toute seule, elle pointa d’un index indolent le fruit du fantôme avant de répondre.
- Je sais que ceci devrait se trouver dans une salle de scellés avec sa petite soeur par exemple.
Oui la baronne était perspicace mais pas clairvoyante non plus, il lui était impossible de savoir s’il s’agissait d’une troisième pomme d’or ou de l’une de celles qui avait été confisquées par la police et rangée dans une obscure salle des affaires classées. Néanmoins elle était certaine que cette petite bombe lâchée ferait son petit effet sur le jeune homme et laisserait entendre qu’elle savait beaucoup de choses, particulièrement ce qui ne la concernait pas. Laissant le suspens planer, elle se remit dans le bon sens sur sa chaise et vola de nouveau la feuille de chou régionale, posant ses yeux sur un article totalement au hasard alors que Charles lui la regardait incrédule, visiblement choqué de s’être fait encore une fois voler son bien avant même qu’il ne connaisse la fin de son histoire. Redressant le papier dans un geste typique elle lança en direction de son pokémon et du quotidien, sur un timbre et un ton qui lui permettrait tout de même de se faire entendre de son voisin de table.
- Enfin… Ces affaires ne sont pas les vôtres et ne vous regardent pas. Quelle honte de vouloir se mêler des histoires des autres…
Aux olympiades de la mauvaise foi, après un triomphe Amélia de Saint-Gil serait disqualifiée pour professionnalisme. Laissant ses yeux vagabonder sur les lignes de textes sans pour autant les lires, au grand damne de son pokémon qui lui, voulait vraiment finir son article, elle se mit à chantonner distraitement, à très bas volume de manière à être entendue par les protagonistes de cette histoire. Avec le ton et les intonations qu’il fallait quand même. —Un thème très à propos j’en suis convaincue—
- Une… Bonne paire… De claques… Dans la gueule, -leuh ~ Un… Grand coup… D’Savate… Dans les fesses, -seuh ~ Un… Mârron… Sur les… Mandibules, -leuh… Ca vous fait, une deuxième, jeunesse, -seuh ~
Les Pommes d’Or qui devaient être scellées, cela n’étonnait pas plus que ça Valder. Ayant vu directement à quoi elles avaient servies, c’était logique. Et le fait que Doopliss en possédait une n’était pas si surprenant vu qu’il les avait en sa possession à la base. Mais celle-ci, l’avait-il gardé avec lui ? Ou bien... L’avait-il ramené du passé, en jouant le fourbe à sortir de sa Pokéball ? Voilà quelque chose qui serait dangereux. S’il venait à être bloqué dans le passé avec sa folie ? Il valait mieux écarter cette histoire de voyage temporel. A n’utiliser qu’en de très rares exceptions. Pour en revenir à cette pomme, il était fort intrigant que cette femme connaisse quelque chose dessus. Peut-être était-ce justement en lien avec ce qu’elle pourrait savoir sur Nyssa.
Mais puisqu’elle semblait en savoir plus sur la pomme, sur la championne, et qu’elle faisait son insolente pour attiser la curiosité de Valder, celui-ci n’allait pas simplement se contenter de la bombarder de question. Enfin, lui aurait fait ça, mais Celebi le regarda droit dans les yeux avant de dire non de la tête. Il lui transmit via ses pouvoirs une meilleure méthode pour interagir avec ce genre de personne. Eh, qui a dit que le fabuleux ne savait pas être joueur de temps en temps ? L’empoisonneur haussa un sourcil, mais finalement approuva. Toujours regardant dans le sens d’Amélia, il repéra le journal qu’elle avait pris à son Ossatueur, tandis que le farfadet se posta juste derrière, voletant. D’un geste suffisamment agile, le jeune homme attrapa le journal par-dessus l’épaule de madame, tout en faisant un commentaire dessus.
- Et ce ne sont pas vos affaires non plus. Plutôt d’une certaine Eris, je crois.
Après tout, c’était elle l’origine de la Boréale et donc des Pommes d’Or ! C’était elle la principale concernée par ces affaires, pas l’autre et son ton assez méprisable. En retirant le journal, cette mystérieuse femme allait se retrouver nez à nez avec Celebi, avançant son bras droit de manière à faire un petit « poke » sur le nez de celle-ci. Une manière de dire « il est trop tard pour reculer, je m’implique dans l’affaire ! ».
Bon, il était évident que Valder n’avait pas un jeu d’esprit aussi prononcé qu’elle. C’est pour cela qu’il n’allait pas s’aventurer plus loin dans un « qui sera le plus fort sur ce terrain ». Puisqu’elle avait réussi son coup pour s’immiscer dans l’affaire, autant s’avouer vaincu. Sa fierté et son orgueil n’était pas ce qui était le plus précieux chez lui. Il n’y avait qu’à imaginer comment il aurait réagit face à Nyssa si Antasma ne lui avait pas fourni un peu de courage...
- Bon, d’accord, désolé de m’être énervé, je m’en fous si mes affaires ne sont pas les votre. Mais si vous savez des choses sur un rapport entre Nyssa et cette Pomme d’Or, on peut s’entendre. Si je peux faire quelque chose pour vous, en échange... ?
Celebi gardait tout de même un côté méfiant, voletant de nouveau vers son ami. Elle avait le genre de comportement qui ne faisait pas d’elle la personne la plus clean. C’est pourquoi il veillait au grain. Néanmoins, l’occasion était trop inespérée, alors autant tenter sa chance. Tant pis si elle n’était au final qu’une moucharde, elle n’aurait sûrement rien à gagner dans ce cas. Ou, s'il y avait ébruitage (inventons ce mot), peut-être que cela mènerait à quelque chose de positif.
Pendant tout ce temps, s’il y en a un qui se délectait de cette scène, c’était Doopliss. Il continuait de jouer avec sa pomme, souriant pleinement, avant de se décider à flotter jusqu’à passer entre cette femme et son Ossatueur, léchant alors sa pomme tout en prenant un air pouvant être qualifié de beauf. Quand il pouvait en rajouter une couche, il n’hésitait pas une seule seconde à vernir celle-ci.
Alors que la baronne s’occupait activement de faire semblant de lire le journal qu’elle tenait en main, laissant entendre de manière clairement ostentatoire qu’elle n’attendait qu’à être rappelée, Charles quand à lui, lui lançait un regard contrarié perçant au travers du fin papier imprimé. Est ce qu'elle avait vraiment eu besoin de lui piquer son journal en entier ? Elle aurait pu seulement lui supprime quelques pages pour lui laisser lire les siennes, mais non il avait fallut qu’elle prenne le tout. Boudeur, il attrapa sa tasse de café et la renversa en arrière avant de se rendre compte qu’aucun liquide ne venait dispenser sa douce amertume dans son gosier. Et en plus il avait fini sa tasse et bien quand le sort décide de s’acharner. Reposant la faïence il voulu croiser ses petits bras dans un geste d’exaspération mais s’arrêta net en voyant le fabuleux de la table d’en face venir virevolter au dessus de leur propre tablée. Ses principes avaient bon dos mais se pouvait t’il que le lutin devienne hostile à la jeune femme ? Il devait faire quelque chose tout de même, parce qu'il y avait la politesse, l’espace vital et surtout, les verres d’eaux qui auraient pu se renverser sur la table. Se penchant légèrement pour que son crâne dépasse la silhouette du pokémon il lui lança tout de même en grommelant plus qu’en parlant. —La voix-off a oublié, mais vous saviez qu’il avait un accent jambon-beurre à couper au couteau ?—
- (Heu, hé… Bah faut pas vous gêner hein…)
Et dix points pour cette performance haute en assurance et en témérité. Le jeune homme pendant ce temps avait subtilisé le journal de la jeune femme ce qui lui permettrait sans doute de se rendre compte qu’il était à l’envers. Un détail rendant la lecture beaucoup plus ardue et bien moins compréhensible, au cas où ses fins auraient été moins évidentes à percer. —Non, c’est juste que j'aime les challenges—
Se trouvant nez à nez avec l’esprit de la foret, la baronne papillonna de nouveau des paupières, accentuant la fausse surprise en suivant le doigt qui vint tamponner son nez jusqu’à en loucher brièvement. Ajustant plus justement son chapeau pour pouvoir voir devant elle sans avoir à se déboiter les cervicales, elle vint reposer son bras plié sur son accoudoir pour pouvoir faire face à son interlocuteur. Il était amusant à vouloir entrer dans son jeu. C’était là une des fantaisies à laquelle la jeune femme ne savait pas résister, la technique du pied dans la porte par procuration. Un sourire amusé et malicieux peint sur le visage l’aristocrate vint répondre à la remarque du dresseur, certes pertinent mais non pas moins incorrecte.
- Je n’ai pas dit que c’était mes affaires, uniquement que ce n’était pas les vôtres. Nuance.
La brune n’avait pas pu s’empêcher de venir chercher la petite bête et de montrer que peu importe quelle serait la tournure de la conversation, elle finirait par venir déposer le dernier mot comme une cerise confite sur une coupe de glace. C’est ce qu’elle aimait, jouer sur et avec les mots comme en témoigne son don inné pour les mots fléchés semble t’il. Cependant la simple mention d’Eris faite de vive voix suffisait à projeter une ombre sur sa bonne humeur et son envie de s’amuser. Non pas qu’il s’agisse là d’un détail visible sur la façade minaude qu’affichait la détective mais cela lui faisait le même effet que lorsque l’on se rend juste compte qu’on est parti en vacances avec le gaz allumé. Une préoccupation qui ne vient vous hanter que lorsqu’on la mentionne. La créature portant le doux nom d’Eris, un patronyme aussi évocateur qu’à propos, n’était autre que la spectre de la jeune femme, attrapée lors d’un moment d’égarement dans le cimetière d’Esperantown. —Une belle plaie surtout—
Si la non-morte voyait ses instincts de révoltes limités par le lien qui l’unissait à la pokéball de sa propriétaire, elle n’en restait pas vicieuse et mauvaise comme une amibe coincée dans une porte de prison. Elle n’avait jamais communiqué sur son passé mais les diverses enquêtes qu’avait mené la baronne dans le dos de la ligue l’avaient mené à quelques éléments plutôt fâcheux à concevoir, particulièrement en ce qui concernait les rapport du gala de Mégapagopolis. Impossible de trouver un rapport non caviardé et les audios des vidéos de surveillances avaient miraculeusement disparus. Concernant le reste, la détective avait opté pour la technique de l’autruche et des œillères histoire d’éviter à avoir en plus à se déclencher des ulcères en pensant à la casse-pieds. Or là, repousser l’évidence était quand même compliqué et l’homonymie semblait peu probable à moins qu’elle ai été nommée en l’honneur de la personne à la source des pommes. Encore une fois, des idées fort peu probables. —Laisse moi espérer un peu espèce de voix-off cruelle et sans coeur—
Sans coeur sans doute, je ne suis qu’une voix mais cruelle c’est un comble, moi qui suis dévoué et d’une omniscience objective sans le moindre défaut. Ca me déçoit beaucoup. Mais pas le temps de s’apitoyer cependant puisque la demande de retour en grâce du jeune homme sembla plaire à la jeune femme et surtout flatter son ego. Elle aimait que les gens s’avouent vaincus face à ses jeux d’esprit et là elle obtenait ce qu’elle voulait c’était à dire des excuses et la verbalisation exacte du fait que le dresseur ait besoin de son aide et de son savoir. C’est à se demander, que demande le peuple ? Qui plus était les mots magiques avait été prononcés. “En échange”. Ne pouvant s’empêcher de laisser son regard dériver d’une manière éphémère sur le fabuleux, l’aristocrate fixa son regard dans celui de son interlocuteur. Des paillettes d’émeraudes brillaient au sein de ses iris noisettes.
- Ma foi, en voilà un jeune homme qui sait parler aux femmes. Une faveur contre quelques informations… Et si vous changiez de table que nous puissions discuter comme il faut, j’ai la nuque fragile vous savez, c’est terrible. On peut aussi jouer aux mots fléchés si vous préférez, il y a des grilles fantastiques dans ce journal !
Sans attendre la réponse du dresseur, la jeune femme fit signe au premier serveur passant en terrasse de venir refaire les niveaux sur la table. Par un bref mouvement de poignet circulaire, elle pointa la limonade et fit comprendre au serveur que tout le monde prendrait la même chose. En voyant le spectre s’installer au milieu de la table pour performer quelques obscénités avec la pomme, la baronne ne dit rien, observant seulement alors que Charles quand à lui se contenta d’attraper son chapeau par les deux bords, l’appuyant en avant sur ses yeux tout en espérant que son journal reviendrait bientôt. Intriguée par un tel comportement la jeune femme se laissa aller à demander avec dans la voix, un soupçon d’amusement, une pincée de méfiance et une bonne cuillerée de perplexité.
- Il est toujours comme ça ?
Et par là elle ne voulait pas demander, toujours habillé en costume cela allait de soi. Croisant les mains devant elle pour afficher sa manucure parfaite, l’aristocrate continua sur sa lancée curieuse.
- Alors si nous commencions par quelques présentation ? Et expliquez moi surtout pourquoi est ce qu’un jeune dresseur bien propre sur lui cherche à disposer d’information sur la Germanni et est en possession d’une des pièces à conviction des plus gros scandales de l’île.
La détective souhaitait garder le silence sur sa propre identité et sa profession pour le moment mais il était difficile de savoir s’il s’agissait là de conserver un effet de style et de surprise, de se protéger au cas où ce qu’elle apprendrait ne lui conviendrait pas ou si elle voulait simplement qu’il lui pose la question tout seul. —Je m’amuse d’un rien c’est bien connu—
Dernier mot, certes, mais Valder n’avait pas insinué qu’elle insinuait que c’était ses affaires. A vrai dire, il n’avait même pas songé qu’elle puisse être de mèche avec la police ou quelque chose du genre pour surveiller ces Pommes d’Or. Soit ! Ne nous éternisons pas sur cela.
Valder accepta la proposition de ne s’installer qu’à une seule table. Il se déplaça, étant donné que Doopliss jouait déjà son numéro. Dommage pour les compliments cependant, ce n’était pas les femmes qui l’intéressaient ! Entre ça et Maze... Le fabuleux quant à lui attrapa le journal, remarquant qu’en effet il était à l’envers. Puis, d’un coup de flip flip flip, il se rendit au niveau des mots croisés, curieux de savoir avec quelle facilité parviendrait-il à associer les définitions humaines aux mots correspondants. Et... Autant dire qu’il eut une drôle de réaction en voyant cela. Il jeta un œil à cette femme, plissant son regard, avant de voleter à côté de l’Ossatueur et de montrer les mots croisés en question.
- C’est moi ou elle est vraiment nulle aux mots croisés ? Et en lecture...
Le jeune homme tapota ses doigts sur la table afin de rappeler son spectre à l’autre. Il n’y avait pas plus malaisant que ce truc. Doopliss pouvait vraiment infernal quand il s’y mettait. Et encore, si Amélia connaissait son âge, elle remarquerait qu’elle aurait eu affaire à un comportement de vieux pervers. Même s’il ne l’était pas à la base. Enfin, on ne savait jamais à quoi s’attendre avec lui. Un certain agacement se lisait dans le regard fatigué de l’empoisonneur. Rien qu’à cela elle avait certainement de quoi avoir un semblant de réponse. Un peu, ça peut être drôle venant d’un Spectrum. Tout le temps, c’était épuisant. Surtout quand on associait Pokémon farceur à un vieil excentrique qui n’avait plus toute sa tête.
- Toujours, oui. On ne sait jamais à quoi s’attendre, mais on peut toujours s’attendre au pire.
Le fantôme se mit à rire un instant, avant de se glisser sous la table. Une main passa au-travers de celle-ci, en remuant les doigts se remuer frénétiquement. Une fois celle-ci presque passée totalement de l’autre côté, il la ferma, et se mit à pointer une direction avec son index. Il la tourna, semblant chercher quelque chose, tel un radar. Et, lorsqu’il semblait avoir enfin trouvé, s’immobilisa, avant de la faire se déplacer comme si elle marchait sur la table pile en direction de la tasse de café de la jeune femme. Valder allait l’arrêter, mais celui-ci repassa sa main sous la table... Avant de la faire ressortir sous la tasse en question. Le jeune homme leva les yeux au ciel, mais se concentra sur tout autre chose lorsque son interlocutrice reprit la parole.
- Je m’appelle Valder. Je suis un dresseur, qui se spécialise dans le poison. Je viens d’affronter Nyssa à son arène, et il se retrouve que Doopliss, mon Spectrum ici présent, a eu la merveilleuse idée de la provoquer... Il se trouve que les deux se connaissent déjà. Je ne peux pas vous dire exactement ce qu’il y a, enfin pas encore. Mais disons qu’il y a du lien entre lui, la pièce à conviction en question, la championne et une certaine Eris...
Pas trop de détails pour l’instant. C’était assez flou pour que, si curieux il y avait, le curieux en question ne puisse comprendre de quoi il s’agissait. Quant à elle, si elle en savait plus sur ces histoires, notamment sur ce qui pourrait lier Nyssa à l’affaire des Pommes d’Or et d’Eris, elle pourrait certainement plus comprendre. Autant dire qu’il s’agissait d’une manière indirecte de s’assurer qu’elle puisse être une femme suffisamment de confiance pour récolter les informations désirées. L’empoisonneur était également très sérieux à ce niveau, et ne désirait pas qu’on essaye de le tromper sur quelque chose d’aussi important.
- Enfin, vous devriez faire un lien avec ce que j’ai pu dire avant, je suppose... Disons qu’il m’est impossible de savoir ce que ce Spectrum a derrière la tête pour avoir pu faire ce qu’il a fait. J’aimerai comprendre ses intentions, si elles sont encore d’actualités, etc... Et avoir des informations sur cette affaire pourrait vraiment m’être utile dans le cas présent.
Et autant dire qu’il n’avait pas l’intention de mettre des équipes d’enquêteur ou autre – des profilers comme le nouveau conseiller, par exemple. S’il pouvait enquêter discrètement sur son Pokémon, il éviterait sûrement certaines conséquences non-désirées. Si on venait à lui retirer Doopliss alors qu’il a la fâcheuse tendance à se libérer des Pokéballs, qui sait ce qu’il pourrait faire pour empêcher de mener cette enquête à bien ? Il pourrait d’autant plus cacher ce précieux indice qu’était la Pomme d’Or et possiblement bloquer complètement tout enquête.
Relevant le haut de forme de son visage, Charles jeta un oeil à la question qui lui était posé d’un air perplexe. Si d’habitude il n’appréciait pas que l’on critique la baronne, il devait avouer quand même qu'il y avait des circonstances atténuantes à cette situation. Se grattant le crâne dans un soupir, il tenta d’expliquer simplement son point de vue sur la question, dans la plus grande objectivité possible. Chacune de se phrases étant assaisonnée de son accent typiquement gouailleur, on l’aura compris. —Au cas où quelqu’un aurait oublié—
- (Ah bah si c’était aussi simple… C’est plus que les règles elles sont là, dit-il en pointant le journal de la pointe de son tibia portatif,et la patronne elle est…)
Il formula la fin de sa phrase dans un crescendo accompagné d’un mouvement circulaire du poignet pointant vers l’horizon, un air de dire “loin, très loin”. C’était là la version la plus flatteuse qu’il avait pu trouver sans virer dans l’hypocrisie la plus totale. Non la détective était largement suffisante pour se charger de l’hypocrisie, on l’aura saisi plus tôt. D’ailleurs, pendant qu’un débat sur les qualités littéraires de la demoiselle prenait place de manière courtoise d’un coté de la table, à son milieu le fantôme toujours présent recommençait, ou continuait plus exactement, à faire le pire sous le regard las et navré de son dresseur. Vu son cinéma avec la tasse de café vide, soit il s’apprêtait à offrir à la jeune femme une session de divination par le marc de café, soit c’était un fétichiste des récipients, sachant qu’il avait déjà volé le verre de limonade. Baissant les yeux vers sa tasse retenue par une sorte de grappin mauve, la baronne se contenta de hausser un sourcil pour mieux s’intéresser à la présentation du dresseur. Et sur le dresseur lui même.
Elle l’avait déjà fait remarquer plus tôt, il avait l’air jeune mais n’avait pas de traits enfantins pour autant, son âge devait sans doute être situé autour de la vingtaine, pas loin de là. Sa voix quoi qu’un peu basse à suivre, semblait être emprunte d’une assurance sans doute fraichement acquise puisqu’il ne paraissait pas s’y être lui même habitué. Pour ce qui concernait l’aspect propre sur lui, elle ne varierait pas de cet avis non plus et la manière dont le garçon se limitait lui même dans le nombre de mouvements qu’il faisait ne plaiderait pas en la faveur d’un changement d’avis. D’autant qu’il ne semblait pas doté d’une autorité phénoménale avec son pokémon spectre tout du moins. Apprendre de sa part qu’il se spécialisait dans le type poison n’étonna pas outre mesure la détective qui avait déjà vu ce cas de figures à quelques rares occasions. Les personnes ayant tendance à douter de leurs propres capacités sont ainsi plus enclines à s’intéresser aux toxines et autres venins, armes redoutables et discrètes servant tant à défendre qu’à attaquer et dont les dosages seuls modifiaient la virulence. Certains étaient mortels en une seule goutte alors que d’autres supportables jusqu’à plusieurs centilitres voir plus. Un raisonnement sensé selon elle et ce fut ainsi en affichant un air se voulant concerné que la jeune femme demanda pendant la pause du jeune homme, alors que les nouvelles limonades étaient servies.
- Et si vous vous spécialisez dans le type poison vous avez un nostenfer ? Il parait que c’est tellement rapide ces bêtes là, un truc phénoménal !
Sa boutade lui permettait ainsi de faire l’autruche à l’évocation nouvelle d’Eris et aux vibrations qu’elle sentait se dégager de sa pochette. On pourrait se demander, quelle idée de se balader avec une telle malade sur soi ? Mais la baronne vous répondrait que tant qu’elle l’a à portée de mains, elle ne déclenche pas de catastrophe hors de sa vue. Par contre plus elle écoutait et plus des pièces de puzzle formaient leur passage au sein de la grande mosaïque que composait l’esprit de l’aristocrate et les perspectives qu’elle formait ne lui plaisaient pas spécialement. D’un coté cela ne lui plaisait pas parce qu’elle se sentait en première ligne des concernés par cette histoire et cette homonymie avec sa casse-pieds, mais à coté de ça si elle pouvait fouiller dans le passé de la dite casse-pieds, cette dernière en ferait une jaunisse. Et jaune et rouge ça n’allait pas bien ensemble. —C’est tout à coup beaucoup plus tentant vu comme ça…—
Ecoutant la fin des informations qui lui étaient gracieusement allouées, la jeune femme observa de nouveau la main du fantôme toujours émergée, ou le fantôme en lui même s’il avait terminée son exploration en sous-marin. Il y avait quand même quelque chose qui la perturbait dans ce comportement et surtout, dans la compréhension des codes sociaux à dépasser pour choquer ou lasser au maximum. Un sourire amusé à la demande sous entendue que venait de formuler le dresseur, la jeune femme lui fit remarquer.
- Donc si je résume bien, ce dont vous avez besoin c’est de quelqu’un prêt à enquêter discrètement sur le passé de votre pokémon sans pour autant ameuter toutes les autorités de la région. Ca a un nom ce que vous cherchez, ça s’appelle un détective privé. Et ça a le mérite d’être cher lorsque doué. Enfin, sauf lorsque ça accepte les échanges de services et les promesses de faveurs. Farfouillant quelques instants dans sa sacoche d’un air distraite, elle tomba tout d’abord sur la rune qui lui assurait d’être épargnée des sautes d’humeurs et autres bêtises provoquée par sa feuforêve. Cela l’amena d’ailleurs à se demander si cela repousserait aussi le spectrum. Et là. Le déclic du raisonnement de tout à l’heure. Une hypothèse seulement mais… Farfouillant toujours, s’en était à se demander comment une aussi petite sacocche pouvait contenir autant de choses, la jeune femme se hasarda, le regard pétillant de curiosité.
- Votre phénomène… Il ne serait pas issu du fruit d’une réincarnation par hasard ?… Ah ! Le voilà !
Prononçant le cri de ralliement des fans de Denis Brogniart, la jeune femme extirpa de sa sacoche son précieux badge, preuve de la véracité de sa profession. Considérant que l’effet serait assez théâtral à présent, la jeune femme présenta au jeune homme en le faisant glisser sur la table sans pour autant le lâcher. Si le spectrum décidait de faire mumuse avec, l’incident diplomatique serait tel qu’il fallait mieux ne pas y penser. —De toute façon il va pas le faire, l’intérêt scénaristique et la magnificence de ce topic sont suffisant pour éviter de provoquer un rage-quit n’est ce pas ?—
- Amélia Baronne de st-Gil, détective privée. Et Charles. Que diriez vous d’aller discuter de tout cela dans un endroit plus calme, loin des oreilles indiscrètes ? J’ai horreur des gens qui s’invitent dans les conversations des autres sans y être invités, c’est tout bonnement affreux.
Celebi haussa les épaules, reposant alors le journal. C’est à ce moment qu’il se demandait jusqu’où cette histoire irait. Cette femme excentrique était mystérieuse. Mais... Pas plus que Doopliss, en fait. A croire que plus on était taré, ou du moins semblait, plus on avait des choses à cacher. Non pas que cette jeune femme soit taré, hein, mais vous comprendrez où je veux en venir. J’espère.
L’interlocutrice de Valder réagit instantanément à l’évocation de la spécialisation du jeune homme. Son esprit de déduction fut suffisamment vif et affuté pour comprendre qu’il possédait bel et bien un Nostenfer. Cette vitesse était-elle liée ? D’ailleurs, la Spyker de madame, dont l’empoisonneur ignorait encore l’existence, devait certainement être basée sur un Nostenfer.
- Oui, en effet, j’en ai un. Il est très très rapide, cela va sans dire.
Curieux hasard qu’il soit tombé sur un Nosferapti pour premier Pokémon et non pas par choix en se lançant dans un monotype poison ! Ce n’était au final pas pour profiter de cette vitesse qu’il avait décidé de récupérer ce Pokémon. Et ni même pour son type à la base. Une curieuse suite de coïncidence, qui l’avait mené sur cette spécialité. Enfin, on n’allait pas redétailler toute son histoire pour en arriver là. D’ailleurs, quand on y pense, un Spectrum aussi c’était bien rapide, et une Malamandre aussi ! Et Méga-Dardargnan. Oh et Drascore pouvait l’être aussi ! A croire que Valder n’était pas spécialisé dans le poison, mais dans le très très rapide. Bien que le reste de son équipe contrastait énormément en termes de vitesse. Et ce n’était pas les futurs venus qui allaient arranger ça.
Bref. Elle enchaîna sur un résumé qui décrivait mieux que ce que Valder lui-même aurait pu faire à propos de ce qu’il avait besoin. Un détective privé, évidemment ! Par contre, pour un payer un, ça allait être plus dur. Il avait besoin de son argent. Ou alors, il y avait toujours cette Pomme d’Or mais... Non. Il ne valait mieux pas. Doopliss l’avait avec lui et il ne se laisserait certainement pas faire si on essayait de lui piquer. Un point faible, peut-être ? De toute façon, il était capable de la cacher on ne sait où. Et il n’hésitait pas à faire comme s’il croquait ce fruit interdit, ce gredin ! Une forme de provocation dont il avait le secret.
Heureusement qu’elle précisait échanges de services et promesse de faveur. Ça, il en serait certainement plus capable. Il n’y avait plus qu’à trouver la bonne personne. Si elle savait tout ça, c’était certainement parce qu’elle avait déjà eu recours à faire à quelqu’un du genre. Et ça devait expliquer pourquoi elle connaissait ce fruit doré en plus de posséder des informations sur Nyssa !
A la question concernant le fantôme, Valder se contenta simplement de hocher la tête. Il donnerait de plus amples détails plus tard, si nécessaire. Pendant qu’elle cherchait quelque chose, il parvint enfin, à l’aide de Celebi, à attraper son Pokémon. L’attrapant avec ses deux mains, le corps gazeux de l’ectoplasme se compressa, s’allongeant de bas en haut. Après tout, rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme ! Ou bien c’était rien ne se créé, rien ne se perd ? Voilà que l’ordre des mots concernant cette célèbre phrase physicienne lui échappait.
Pas le temps de penser à tout ça. Elle avait trouvé ce qu’elle cherchait. Et oh, quel twist inattendu ! Elle était détective privée ! Ça expliquait son comportement malicieux et son jeu d’esprit. Mais pas ses mots fléchés. En tout cas, le jeune homme fut surpris, vérifiant sur la plaque que montrait la baronne, bien content d’être bien tombé. Fort bien.
- Ah ? Oh ! Mais c’est super ! Enchanté ! Je veux bien qu’on y aille, vous me direz là-bas ce que vous désirez en retour si vous pouvez m'aider.
Le fabuleux quant à lui, posa à nouveau une question au dénommé Charles, suite à la remarque des personnes s’invitant dans des conversations.
- Elle se déteste elle-même ?
Voilà que le fabuleux commençait à devenir insolent. Cette femme avait un étrange pouvoir.
Oh combien la baronne fut satisfaite de voir que son petit effet de surprise avait réussit ! Le jeune dresseur avait désormais sous les yeux la solution à ses problèmes et cette solution portait un nom qui commençait par un grand -A. Par contre, pour revenir à la réponse qu’elle avait eut quelques instants plus tôt concernant le spectre, cette dernière sembla déferler en elle une nouvelle vague de perplexité. Le fantôme semblait toujours occupé à faire le pitre, se jouant de son dresseur et de ses tentatives d’autorités comme le ferait un sale gosse trop gâté au milieu d’un Kingdra Jouet. Est ce que tous les morts qui avaient droit au traitement de faveur “retour parmi les vivants” avaient un problème clinique avancé ou était-ce là deux malheureuses coïncidences ? Rien n’était moins sûr. Par ailleurs, Pomme d’or, Eris, spectrum fou réincarné… Elle allait forcément avoir besoin de fouiller le passé de sa propre pokémon. Bah elle pourrait au moins se féliciter de la garder enfermée les trois-quarts du temps comme ça.
Le jeune homme accepta sans rechigner, voir même en se montrant enthousiaste au contraire, l’offre de la détective consistant à aller parler dans un endroit plus calme et potentiellement plus professionnel. Charles par ailleurs n’avait pas pu s’empêcher de hausser les épaules, sachant qu’il aurait peut être sourit en coin si son ossature faciale n’en avait pas décidé autrement. Reprenant le ton sur lequel elle s’était elle même présentée, le pokémon ajouta.
- (Amélia, championne de la mauvaise foi, grande duchesse de la provocation, princesse du non respect des règles, reine des détectives et baronne de saint-Gil. Et Charles. J’suis lucide avec elle mais ça reste une bonne patronne. Pi on a pas l’temps s’ennuyer.)
L’aristocrate observait l’échange avec curiosité sans pouvoir autant comprendre ce que les deux pokémons étaient en train de dire. Elle savais cependant dans quel contexte son ossatueur avait tendance à hausser des épaules. Et elle savait que les lutins c’est malicieux. Non ce n’est pas raciste comme réflexion. Dire que tous les lutins sont irlandais aurait été raciste cependant. Enfin, pointant un index manucuré sur le duo avec alternance, elle leur glissa sourire mesquin aux lèvres et pupille rieuse.
- Je vous surveille tous les deux, c’est très impoli de faire des messes basses sans curé. A moins que vous soyez curé Valder. Si vous avez eu une mésaventure avec un curé ça marche aussi !
Et une allusion déplacée pour la demoiselle à droite, une ! Une fois sa petite bombe larguée, la jeune femme prit une gorgée de limonade avant de reposer le verre la bouche un peu pincée. Cette marque était beaucoup trop sucrée à son goût, le genre de boissons qui vous donne plus soif encore parce que vous avez aspiré une gorgée de sucre en poudre avec un peu d’eau. Pendant ce temps Charles avait récupéré le journal, arrivait aux dernières lignes de son article et… Les trois quarts des mots avaient été caviardés au stylo noir. Le même que celui des mots croisés. Croisant le regard de sa patronne, celle dernière lui lança un petit coup de tête synchronisé avec son épaule un air de dire “je t’avais dit de pas faire de messes-basses”. Reposant le journal, il croisa les bras pour recommencer à bouder alors que la détective quand à elle posait son verre d’eau sucrée pétillante et déclarait.
- Bon ! Et bien allons y ! Comme je suis d’une générosité folle aujourd’hui, je vous offre le voyage jusqu’à l’agence.
Posant un billet sans doute suffisant pour l’addition des cafés et limonades sur la table commune, la jeune femme se leva et partit en direction de la place de sa voiture, considérant que tout le monde la suivrait. La Spyker attendait son heure à une cinquantaine de mètres de là, et fit des clins de phares à sa propriétaire alors que cette dernière poussait le bouton de déverrouillage. Présentant le bolide d’un geste large du bras, la détective précisa.
- Je vous présente la Spyker ! Grace à elle nous seront à bon port en moins de temps qu’il n’en faut pour prononcer Stachenscarfen. Par contre règles de sécurités, ceinture pour tous et pas de pokémon hors de sa pokéball.
Pour prouver que ce n’était pas là un traitement de faveur envers le dresseur, elle rappela son propre associé, à contre coeur certes mais c’était son propre règlement. Et un des seuls qu’elle respectait. Les raisons à cela étaient les traumatiques latents qu’avaient provoqués ses deux accidents et l’on ne pourrait pas l’en blâmer pour une fois. S’installant à la place du conducteur, elle se tortilla pour sortir un gyrophare d’un bleu électrique de la boite à gant et le montra au garçon avant d’ajouter.
- Vous ne voyez pas d’inconvénients à ce que je m’en serve ?
Sans se soucier de la réponse, la demoiselle l’installa sur le toit du véhicule en passant le bras par la fenêtre et mis le contact.
Ceci expliquait cela. Maintenant que le fabuleux avait ces informations en poche, il pourrait mieux la surveiller. Enfin, c’était surtout veiller à ce qu’elle ne pose pas de problèmes au final au jeune homme. En réalité, Celebi n’avait pas de problèmes avec les personnalités excentriques. C’est surtout en connaissant Valder et Doopliss qu’il se faisait du souci. Mine de rien, il s’y était attaché à ce jeune homme. Si cette femme pouvait apporter son aide, alors il n’avait nul raison d’interférer. Et pour l’instant, plus ça allait, plus elle se révélait être une personne possiblement de confiance. Après tout, un détective privé, c’est sensé savoir garder des secrets !
A la remarque d’Amélia, il fit exprès de faire les yeux doux avec un léger sourire ironique, se moquant légèrement d’elle – pas méchamment cela dit – en possession des informations donné par l’Ossatueur. Valder quant à lui fut un peu désemparé face au commentaire de la détective. Ce n’était pas tous les jours qu’il se retrouvait face à une personne maniant aussi bien l’art des mots. Bah, tant que ce n’était pas à de mauvaises fins, hein, il n’avait pas grand-chose contre ça.
- Euh non, non, je ne suis pas curé non...
Des mésaventures avec un curé, ça pouvait toujours arriver ! ... Mais pas forcément celles sous-entendues par madame.
Il constata le billet déposé à la table. Visiblement, il n’aurait pas à débourser de l’argent. Pour le moment, cela dit. Après tout, peut-être que la générosité de cette femme avait ses limites. Celebi voleta au-dessus de l’épaule du jeune homme, pendant que Doopliss, qui s’était échappé de l’étreinte du jeune homme, lévita silencieusement derrière eux. Non sans faire quelques grimaces ou faire une imitation caricaturale de la gestuelle d’Amélia.
La suivant, ils firent face à ce qui se présentait comme un bolide peu commun parmi toutes ces voitures. Visiblement, la baronne avait vraiment de l’argent à jeter par la fenêtre. Pouvait-elle voler et faire une course avec un Nostenfer ? Valder regardait la Spyker d’un air impressionné. Il ne s’y attendait clairement pas. Heureusement qu’elle ne faisait pas payer le trajet ! Les personnes qui le faisaient avec de telles voitures n’hésitaient à proposer des prix pour le moins exorbitant. Aaah la richesse ! Plus on a des pépettes, plus on en demande.
- Oh, wow, si je m'attendais à ça... Evidemment, sécurité avant tout.
Il regarda d’abord le fabuleux, qui acquiesça d’un hochement de tête. Prenant sa Masterball en main – à chacun sa pièce de conviction ! –, l’empoisonneur rappela Celebi. Puis son regard se posa sur son Spectrum, celui-ci levant les yeux au ciel en sifflotant, mans dans le dos. Ou du moins, il mimait le sifflotement. Quel coup préparait-il encore ? Allez savoir. Valder le rappela sans qu’il n’y ait quelconque débat de la part de ce fantôme un peu trop surexcité. C’en était presque suspect.
S’installant du côté passager, il mit sa ceinture, et eut un petit hochement d’épaule accompagné d’un sourire en réponse à la question d’Amélia. Pourquoi pas après tout ? Quitte à faire le trajet dans une telle voiture avec une détective privée pour une affaire sérieuse – une affaire même criminelle ! –, autant aller jusqu’au bout.
Quoique, une petite voix en son fort intérieur lui disait qu’il allait le regretter. C’était peut-être pour ça que Celebi avait accepté volontiers de faire le trajet dans sa Masterball.
La spyker avait clairement fait son petit effet sur le jeune homme, cela allait sans dire puisque de toute évidence, un bolide comme ça, ça ne courrait pas les rues. De manière figurée et propre sachant qu’une voiture roule mais ne court pas. Si le jeune homme se croyait heureux de se faire offrir le voyage, il ne fallait pas qu’il suppose que dans le cas contraire elle le lui aurait fait payer, non bien au contraire elle serait partie en Spyker et lui aurait eut tout le luxe de la rejoindre à pied. Ou en Nostenfer. D’ailleurs le garçon n’avait pas opposé la moindre résistance à l’idée que ses pokémons doivent être enfermés durant le voyage, tant mieux cela ferait au moins un sujet de débat et de potentiel incident diplomatique à retirer de la table. —Pas d’inquiétude il en reste encore plein à trouver—
Après avoir installé son gyrophare sur le toit de son coté, la baronne laissa sa clef pivoter pour mettre le contact et un terrible vrombissement raisonna dans l’habitacle, un son qu’elle ne se lasserait jamais d’entendre. Le tableau de bord affichant de multiples et diverses informations lança quant à lui la musique du jour et du moment, tentant de concurrencer les rugissements du moteur alors que la jeune femme se dégageait de son emplacement de parking avec une aisance certaine. Avant de s’élancer sur la route la conductrice ferma au maximum sa fenêtre pour ne pas être gênée par le son de la lumière pivotante qui se rajouterait bientôt et se tourna vers son passager, arborant un petit sourire qui voulait tout dire.
- Vous devez aimer la vitesse puisque vous avez un nostenfer, c’est tellement rapide comme pokémon. Alors comptez sur moi pour faire honneur à votre goût !… Et on va changer de musique.
Etait-ce un pur hasard ou avait-elle prévu le coup depuis le début ? Parce que certes le dresseur avait une chauve-souris bolide dans son équipe mais de là à apprécier la vitesse en voiture, il y avait une marge. Surtout lorsque cette vitesse était gérée par l’aristocrate. Et qui plus était le thème musical de l’habitacle était passé d’un charmant mambo qui aurait apporté une rupture de ton à la situation tout aussi correct qu’à propos à un morceau qui offrait une rupture bien moins correcte. Hochant les sourcils rapidement tout en regardant le dresseur, la jeune femme dût lui faire ainsi saisir tout ce que la naïveté ou l’espoir ne lui avait pas permis de saisir par l’incarnation de son sourire satisfait. —T’as bien fait d’venir !—
La zikzik:
La situation était dans un accord burlesque et terrible avec le morceau qui l’accompagnait. La Spyker s’élançait dans les rues et les ruelles à une vitesse folle et certainement pas adaptée à la conduite en centre ville. Il aurait été envisageable de penser que le trafic à cette heure jouerait en faveur du garçon en limitant la vitesse du boulet de canon indigo mais au contraire, le gyrophare forçait les voitures environnantes à libérer un large passage, encourageant de plus belle le comportement de la détective. Concentrée sur ce qu’elle faisait tout en étant détendue au possible, la jeune femme hochait la tête en rythme, poussée par la musique à en faire toujours plus. A mon humble avis de voix-off, le pire moment fut celui du rond point en dérapage mais cela n’engage que moi.
La musique disparaissait dans un fondu annonçant sa fin lorsque la conductrice ralentit, enfin, arrivée devant le haut immeuble au sommet duquel était perché son bureau. Se garant à l’emplacement qui lui était dédié, la baronne sortit tranquillement de l’habitacle ravie de son petit tour et lança au garçon sans savoir s’il s’était extirpé ou pas encore.
- Cette Spyker est formidable, j’espère que vous aurez apprécié !... Soupirant de satisfaction la jeune femme ajouta dans le vide. Ce morceau est la justification ultime pour apprendre le saxo. Puis rentrant dans le building elle s’avança directement vers les ascenseurs hésitante quant à ressortir son partenaire tout de suite ou plus tard. En y repensant elle pouvait très bien attendre d’être arrivée en haut, le voyage en ascenseur n’aurait pas grand intérêt. Lorsque la cabine de fer s’ouvrit, l’aristocrate se glissa dedans et commença à inspecter son maquillage dans le grand miroir, histoire de faire passer le temps. Comble du cliché c’était maintenant une version instrumentale de “The girl from Ipanema” qui était jouée lascivement, rendant impossible de savoir si cette initiative avait été prise pour rendre le temps du voyage plus ou moins long. Une fois son inspection terminée, la détective vérifia ses ongles, honorant une fois de plus la tradition du “rien ne se passe dans les longs trajets en ascenseur”. Et puis ainsi le garçon aurait le temps de se remettre de son trajet en voiture pendant cet intervalle. —Ou de se remémorer, je suis certaine qu’il a adoré !—
Bientôt ils purent pénétrer dans le cabinet de la demoiselle au 15e étage. La porte donnait sur la salle d’attente, où deux canapés en face à face semblaient attendre eux aussi que des clients potentiels ne viennent les essayer. L’élément central de cette pièce était évident son splendide ficus dont le pot était orné des différents souvenirs ramenés d’une certaine expédition sur les flancs du volcan. Derrière il y avait le bureau, vaste et ergonomique mais divisé en deux parties, l’une de travail où trônait le mobilier professionnel, l’ordinateur et le bilboquet et une autre de détente possédant une atmosphère plus tranquille avec un autre canapé, une table basse et une bibliothèque étroite et vitrée. —Pour les détails supplémentaires, chercher dans la fiche et les autres rps-
C’était à l’étage, dans le duplex, qu’évoluaient ses autres pokémons mis à part Charles qu’elle libéra dans la foulée et qui partit sur la banquette et la folle qui attendait toujours son heure dans la pochette. La dite pochette fut d’ailleurs nonchalamment lancée sur le canapé avec l’Ossatueur et le chapeau de la demoiselle retiré et accroché à un porte manteau. Puis s’assaillant tranquillement dans son fauteuil de bureau la détective déclara.
- Donc ! Ne vous gênez pas, assaillez vous ! Je vais avoir besoin dans un premier temps que vous me racontiez tout ce que j’ai à savoir et nous pourrons ensuite se pencher sur les quelques modalités que vous préfèrerez connaitre. Pas de mensonges si vous n'en voulez pas de ma part évidement !
A l’instant précis où la baronne tourna la clef afin de mettre le contact, Valder réalisa quelque chose. Ce n’était même pas une conduite à la gta dont elle était pro. C’était une conduite digne de Mario Kart. Le moteur vrombit avec force, tel le 2 du décompte disparaissant du top départ sur une Route Arc-en-Ciel. Apparemment, elle visait le démarrage parfait. Amélia visait quand même dans le juste : le jeune homme était habitué à la vitesse. Mais pas ce genre de vitesse. Pas que c’était plus rapide, hein, un Nostenfer reste un Nostenfer, mais c’était moins... Contrôlé, dans le ressenti. La musique associée au voyage poussa inconsciemment le jeune homme qui écarquillant les yeux à s’agripper à la poignée à côté de lui. Et zouf ! Voilà qu’ils étaient partis dans une course effrénés. Immédiatement, il fut au fond de son siège, retenant d’un coup son souffle.
- Ohmondieu !Laissa le jeune homme s'échapper de sa bouche. Il ne s’attendait clairement pas à ça, c’était un fait. Et oui, comme si elle avait pris une super étoile – la musique actuelle aurait même pu être remplacée par ça ! –, elle fonçait vers la première place, les autres voitures s’écartant sur son chemin, ne voulant pas être envoyés dans le décor. Heureusement que le dresseur se tenait bien et avait sa ceinture ! Sinon sa tête se serait déjà prise à de nombreuses reprises la fenêtre. On aurait pu croire qu’elle conduisait comme si elle était poursuivie par une Carapace Bleue, en fait. Et dans ce cas, tout se justifiait.
Au bout de cette course effrénée, les voilà arrivant à destination. Lentement, le cœur battant à fond, Valder se détacha, ouvrant la portière et manquant de tomber.
Plus jamais ça.
Mieux valait un Nostenfer très très rapide.
Cependant, ils n’avaient pas remarqué quelque chose lors de cette terrible course. Le Spectrum s’était encore échappé de sa Pokéball, prenant un malin plaisir de contredire les règles de sécurité d’Amélia, ayant fait comme s’il était assis à l’arrière et qu’il se limer les ongles. Bien qu'il n'avait pas d'ongles, mais c’était le geste qui comptait. De quoi jouer l’imperturbable.
Valder le remarqua sortant de la voiture, passant à travers une portière. Il eut une mine en colère mais s’empressa de le rappeler encore une fois, avant de suivre la détective jusqu’à ses locaux. Et s’il y avait une chose qui sautait aux yeux, c’était bien les multiples pierres précieuses qui auraient pu être convoitées par des êtres maléfiques tel que le Dr Gang. Elle ne semblait manquer de rien tout en exposant bien une certaine luxure ! Spyker, pierres précieuses, vêtements témoignant d’une certaine classe... Et l’attitude surtout !
S’asseyant, il refit appel à Celebi, en cas que celui-ci ait divers détails à ajouter à ce que Valder pourrait raconter. Maintenant qu’il était mis en confiance, sans aucune oreille un peu trop curieuse pour capter des informations, le jeune homme pouvait étaler la situation.
- D’accord. Si vous êtes au courant de l’existence de ces Pommes d’Or, alors vous êtes au courant pour le gala de Megapagopolis du 19 mai d’il y a 2 ans, n’est-ce pas ? Un gala orchestré par la team Boréale organisé plus précisément par deux personnes. Une certaine Eris, se prétendant être la déesse du Chaos et qui était cheffe de la team Boréale, et surtout le Sphinx. Le Sphinx, c’était celui qui a mené de bout en bout cette soirée, la rythmant d’énigmes et de pièges pour certains mortels – Nyssa en ayant fait l’expérience, c’est pourquoi elle m’a accusé de complicité lorsqu’elle a découvert l’identité du Sphinx lors de notre match. Leur marque de fabrique était ces Pommes d’Or. Et il se trouve que celui qui s’avérait être le Sphinx n’était autre que... Que mon grand-oncle, qui m’avait caché ça. Or, il est mort récemment. Mais vous l'aurez sûrement compris : il s’est réincarné, et c’est mon Spectrum.
Voilà pour les grandes lignes. Ça devait résumer suffisamment la situation, le contexte. Si elle était une détective privée, alors nul doute qu’elle pourrait être bien placée pour enquêter sur le Sphinx et surtout Eris, même si c’était en-dehors de la requête de Valder. Mettre un point final à cette affaire était clairement une très bonne chose.
- Autres choses qui pourraient avoir leur importance, mon grand-oncle était un voyant. Un vrai, bien de ses visions se sont avérées juste, bien que j'ignore encore la nature de ce don... Il a notamment entretenu des relations avec la Zodiac et avait voulu me pousser à entrer dans la Némésis.
En espérant que ça donnait suffisamment de détails pour la détective avant de passer aux modalités concernant la requête de l'empoisonneur.