[Terminé] Entre plateau et falaise [Louis]

Si Lucy fut surprise par la proposition soudaine de Louis, elle n'en dit rien. Elle jeta juste un coup d'oeil à son Ptéra, bien trop loin et qui semblait manquer cruellement de bonne volonté, avant de regarder le petit Kabuto qu'elle désigna comme étant l'adversaire de Suojus.

Celui-ci s'approcha en courant, ravis à l'idée de se défouler avec un ami. Les deux petits Pokémon Eau se faisaient face puis l'affrontement commença. Lucy ordonna un bonus de défense puis une attaque. Louis allait faire quelque chose de similaire.

"Rugissement, puis enchaîne avec Ecras'Face !"

Là où le Kabuto augmentait sa défense, le Tiplouf baissait son attaque - on pouvait dire que c'était équivalent, d'une façon ou d'une autre. Une fois l'échange de formalité faite, ils se ruèrent au corps à corps. Le petit fossile griffa le pingouin au torse alors que celui-ci le frappa de son bras, comme une grosse baffe.

Louis savait que Suojus était capable de maîtriser Écume, mais il préférait garder cette attaque comme atout dans sa manche, pour plus tard. Mais en voyant le peu de dommages infligés par l'attaque du Tiplouf, l'adolescent du se rendre à l'évidence : le type Roche du fossile rendait l'affrontement trop compliqué sans utiliser d'attaque de type Eau.

Si le type roche que la plupart des fossiles partageait avait un avantage, c'était de résister à plusieurs types courants comme les attaques feu ou normal. Mais pour toute sa capacité de défense face à eux, il se trouvait dérouté face à l'eau, la plante, l'acier, le combat et le sol. Tu parles d'une défense...
Regarder les deux petits Pokémons s'entrechoquer avait quelque chose de burlesque. Une griffe, un Ecras'Face. Les deux dresseurs étaient là, tels deux parents regardant - et même encourageant - leurs enfants se taper dessus.
Tiplouf était un type eau, et Lucy se doutait bien qu'il pouvait disposer d'une attaque eau qui ferait plus de dégâts à son Kabuto que de simples baffes. Elle avait elle aussi son atout en manche : le Vol-Vie, type plante, très efficace contre l'eau. Mais à ses yeux, cette attaque ne serait intéressante que si le Kabuto subissait des dégâts. Pour l'heure, autant faire du dégât. Mais avec ses attaques limitées...

— Aegir... euh... Griffe !

Eh oui. Parce que finalement, son Pokémon n'avait que trois attaques : Griffe, Armure et Vol-Vie. Et autant elle gardait Vol-Vie dans sa manche, autant augmenter d'avantage sa défense semblait pour l'instant ridicule au vu des attaques du Tiplouf. S'il continuait comme ça, elle l'aurait à l'usure.

Le combat débordait de mignonitude : les deux Pokémons semblaient se frapper gentiment, comme deux enfants qui se chamaillent. Bon, il fallait le reconnaître, c'était un peu violent, mais ça restait mignon !
Par contre, là où Lucy réfléchissait aux types et aux attaques que Suojus pourrait connaître, Louis n'avait pas la moindre idée des techniques que le Kabuto pouvait maîtriser.

Les deux se griffaient, se baffaient, se chahutaient et Louis ne semblait rien avoir besoin de dire : les deux Pokémons semblaient partis dans une espèce de lutte.

Lorsque le Tiplouf parvint à prendre un semblant d'ascendant grâce à sa forme bipède - non sans avoir pris un certain nombre de griffures et tenté de donner quelques baffes à son adversaire -, étant au dessus du petit fossile, Louis vit une occasion de rajouter un peu de nouveauté dans l'affrontement.

"Vas-y Écume !"

Ravi d'avoir une consigne, le Pokémon Eau sembla baver des bulles de liquide vers son adversaire qui aurait du mal à se libérer à temps pour esquiver, à moins d'un choc suffisamment soudain pour que Suojus soit surpris et déséquilibré. Dans tous les cas, après l'attaque, le Kabuto ne mettrait pas longtemps à se libérer et à prendre le dessus.

Les deux Pokémons semblaient bien partis pour se chamailler tout seuls et pendant un moment, Lucy ne prit même plus la peine de donner ses ordres : le Kabuto effectuait les attaques Griffe tout seul comme un grand à chaque Ecras'Face.
Alors que Lucy se perdait un moment dans un regard attendri devant tant de puérilité, l'ordre donné par Louis la sortit de sa rêverie. Une attaque eau ! Face au type roche, les dégâts seraient...
Sa panique s'arrêta d'un coup lorsqu'elle se souvint que Kabuto disposait également du type eau lui aussi. Ainsi, si l'attaque était très efficace contre le type roche, elle ne le serait pas contre le type eau, en résultant en une frappe normale.
Alors qu'Aegir était repoussé en arrière, Lucy saisit cette occasion pour révéler sa carte maîtresse :

— Aegir ! Vol-Vie !

Le petit Pokémon, content d'enfin passer à autre chose, se jeta griffes en avant vers le visage de son adversaire pour effectuer son attaque, tel un alien pokémonien. Cette fois, il bénéficierait d'un vrai avantage de type : non seulement son attaque serait très efficace, mais il régènerait en plus des points de vie ! Que demande le peuple ?

Le Kabuto fut envoyé en arrière par l'attaque aquatique, mais il ne perdit pas de temps et bondit en avant sous l'ordre de sa dresseuse. Vol-vie ? Mais c'était une attaque plante, ça ! C'était pas juste, c'était de la triche ! Lorsque le fossile relacha finalement sa proie, Suojus tituba en arrière avant de tomber, les fesses sur l'herbe, clignant des yeux à répétition alors qu'ils s'embrumaient. Vaaaaache, ça faisait super mal !

Le Tiplouf se leva en courant et alla se cacher derrière son dresseur, visiblement effrayé par le petit fossile. Devant la panique du petit pingouin, Louis l'attrapa et le pris entre ses bras, le faisant légèrement tressauter. D'une voix douce, le jeune Némésis tentait de rassurer son Pokémon :

"Hé, t'en fais pas, c'est pas grave, tu sais ? Ca va aller, sssssh..." murmura-t-il avant de se tourner vers Lucy "Désolé, visiblement c'en était trop pour lui." lui dit-il avant de détourner les yeux, mal à l'aise.

Il avait proposé un combat, et se retrouvait à l'arrêter en plein milieu. Il y avait de quoi se sentir un peu coupable. Louis avait beau être un Némésis, il n'était pas cruel au point de pousser un bébé Pokémon à tomber KO à son premier combat alors qu'il était visiblement terrifié après sa première attaque super efficace.
Cette situation gênait vraiment le jeune garçon qui évitait soigneusement de regarder dans la direction de la jeune femme aux cheveux blancs.

Juste après son attaque Vol-Vie, le Tiplouf sembla déclarer forfait en allant se réfugier près de son dresseur. C'était touchant, vraiment, de voir le petit être se faire prendre dans les bras du garçon. Pour commencer, le dresseur protégeait encore son Pokémon, mais sans doute dans quelques mois, l'inverse serait vrai.
Pour l'heure, son Kabuto revenait vers elle, tout content. Elle lui tapota légèrement la carapace, mais refusa de lui donner l'autre Pokébloc qu'il semblait demander.

— Tu en as déjà eu un, lui dit-elle telle une mère attentive.

Presque déçu, le Kabuto reprit ses va-et-vient autour du groupe, comme si de rien n'était ; l'attaque lui avait rendu quasiment tous ses points de vie.

— Ils sont encore jeunes, répondit Lucy à la remarque. Enfin... le mien a peut-être quelques milliers d'années, mais d'un certain point de vue, il est quand même encore jeune.

Elle baissa le regard vers le Tiplouf et s'efforça de parler tendrement :

— C'est pas grave, tu t'es bien débrouillé.

Elle avait eu l'avantage du type, quelque chose qu'elle saurait utiliser à l'avenir mais qui, elle le savait, pourrait facilement lui jouer des tours.

— Tu es dresseur aussi ? Moi je viens de commencer.

Le Kabuto semblait fier de sa victoire par forfait et tenta en vain de quémander une friandise en guise de récompense : Lucy lui rappela qu'il y avait déjà eu droit. Il ne fallut pas plus pour que le fossile reparte gambader dans les hautes herbes, en pleine forme, sous le regard triste et légèrement jaloux du Tiplouf.

Louis et son Pokémon ne quittaient pas le Dôme réssucité des yeux : comme la jeune fille venait de le dire, ce Pokémon avait vu le jour il y a plusieurs milliers d'années. Certes, il n'avait pas été conscient pendant tout ce temps, mais il avait pu voir deux époques et deux civilisations totalement différentes. A cet égard, il était bien plus expérimenté qu'eux. Malgré ça, Lucy avait raison, les deux étaient encore jeunes dans le sens d'inexpérimentés. La demoiselle enchaîna avec un compliment qui fit rosir de plaisir le petit pingouin. Celui-ci se dégagea finalement des bras de son dresseur et alla se poster devant la jeune femme en poussant un petit cri plein de bonne humeur. Comme les enfants humains, la douleur d'un bobo pouvait vite s'estomper dans certaines circonstances.

Allant mieux et étant de meilleure humeur, Suojus repartit jouer dans l'herbe, cherchant le Kabuto, ne lui tenant absolument pas rigueur pour les blessures infligées lors de leur affrontement amical.

Louis en profita pour s'étirer un bon coup jusqu'à vaciller et il finit par se laisser tomber par terre avant de pousser un cri des plus masculins : son coccyx venait de faire une charmante rencontre avec un caillou. Se massant le derrière tout en s'insultant mentalement pour ce manque de virilité face à une si jolie demoiselle, il réfléchit à comment répondre à la dernière question de celle-ci.
Le plus simple était d'opter pour une vérité presque entière.

"A vrai dire, j'ai commencé il y a plus d'un an mais... en bref, j'ai eu des problèmes avec ma famille. Je m'y suis remis il y a peu de temps, donc on peut considérer que moi aussi je suis un débutant." termina-t-il les yeux dans le vague.
A peine quelques mois plus tôt, il en voulait tellement à sa jumelle qu'il aurait été presque ravi de la voire se faire empaler sur un Exagide - symbole de souffrance et de malédiction. Il chassa cette pensée peu sympathique et raviva la conversation.

"Pourquoi tu as choisi Maïlys ?" demanda-t-il avant de le regretter immédiatement : en toute logique, elle allait lui retourner la question et il serait obligé de parler d'Axelle. Zut.

HRP:

Tandis que Lucy observait les deux petits Pokémons s'en aller jouer, un cri fort peu viril attira son attention : elle se retourna pour voir Louis qui se massait le coccyx. Sans se laisser démonter pour autant, il parla de son expérience de dresseur sur l'île, mais évoqua quelques problèmes de famille. Un détail que la jeune étudiante n'avait pas vraiment eu à expérimenter, elle qui avait vécu une enfance que d'aucun jugeraient idéale.

— Je... je suis venue sur Maïlys... pour une raison toute simple, vraiment. L'île est agitée par des secousses sismiques et ce phénomène, d'une manière pas forcément très compréhensible, ramène des fossiles à la surface. C'est plus facile pour les étudier.

Elle s'assit à ses côtés, genoux entre les jambes.

— Et puis... j'aime bien ici. C'est un peu plus vivant que Kanto, d'où je viens.

Son regard se perdit sur la ligne d'horizon ; ils étaient en hauteur et, en contrebas, le reste de l'île était visible. En levant légèrement les yeux, elle pouvait voir Ouranos qui continuait de planer au-dessus du paysage, ses cris stridents résonnant dans l'immensité.

— Tu es né ici toi ? Ou tu es venu, comme moi ?

L'espèce d'un instant, Lucy sembla quelque peu gênée et hésitante au début, mais elle se reprit rapidement et donna une raison des plus rationnelles : pour ses études, les conditions sismiques de l'île étaient favorables. Louis hocha la tête en silence. Il commençait à cerner la jeune fille : elle était très focalisée sur ses études. Après tout, ce n'était pas très surprenant : elle était déjà bien avancée dans son cursus et ce malgré son jeune âge.

Sa remarque suivante fit éclater de rire l'adolescent. Oh oui, c'était très vivant ici ! Entre les différentes organisations criminelles, les Légendaires qui venaient semer le chaos et compagnie, il était clair qu'il n'y avait pas le temps d'ennuyer ! Depuis que Red avait ramené le calme à Kanto en distribuant des mandales à la Team Rocket, cette région était devenue terriblement ennuyeuse.

"Ahah... pardon ! C'est vrai qu'on a pas le temps de s'ennuyer par ici, ça crée de l'animation. Mais je t'avoue qu'un peu de calme n'est pas de refus. C'est d'ailleurs pour ça que je suis venu me réfugier ici." commenta-t-il, un petit sourire aux lèvres.

Il continua sur la question suivante, sa bonne humeur revenue.

"Oh non, je suis originaire de Kalos ! Je suis venu ici pour commencer ma quête de dresseur, mais... la situation était déjà mauvaise à l'époque." expliqua-t-il.

Court silence qui fut brisé par le son d'un téléphone qui vibre. Louis attrapa l'appareil et regarda le message qu'il venait de recevoir :

Code:

RDV QG ASAP

Il soupira. Pourquoi maintenant ? Il passait un si bon moment... Mais il n'avait pas le choix, ça devait être important pour qu'il soit rappelé ainsi.

"Je suis désolé, je vais devoir partir... Un ami m'a envoyé un message et il a besoin d'aide... Et j'en sais même pas plus !" commenta-t-il avec un petit rire gêné. Il ne voulait pas que Lucy apprenne son appartenance à la Némésis. Il avait passé un moment merveilleux qui l'avait poussé à laisser derrière lui toutes ses préoccupations.

Il voulait la revoir.

"Tiens, je te passe mon numéro. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite surtout pas ! Même si c'est juste pour discuter, ça sera avec plaisir !" lui dit-il en griffonnant son nom et son numéro sur un bout de papier.

Lucy sentait derrière l'approbation de Louis une pointe de sarcasme : elle n'avait pas encore été confrontée à une quelconque action de la Team Némésis. Néanmoins, elle ne souleva pas le point et se contenta de répondre par un sourire.
Louis non plus ne venait pas d'ici. Ils étaient tous les deux des étrangers somme toute. Alors qu'elle allait relancer la conversation sur les passe-temps, le téléphone du garçon sonna et sembla lui faire un assez gros effet. Il se leva et commença à s'en aller.

— Rien de grave j'espère, dit-elle par politesse.

Elle allait proposer de l'accompagner, mais celui-ci avait lui avait déjà tendu un papier avec son numéro, signe qu'ils se séparaient maintenant. L'étudiante marqua d'ailleurs une fraction de seconde d'hésitation : la plupart des garçons qui lui donnaient leur numéro n'étaient pas toujours les plus bienvenus dans son cercle d'amis.
Mais celui-ci semblait différent. Il ne lui avait pas fait de rentre-dedans grossier et restait somme toute assez mignon. Elle prit le papier avec un sourire.

— Ok. Je t'enverrai un message pour que t'aies le mien.

Kabuto revint près de sa maîtresse tandis que le Ptéra commençait à se rapprocher d'eux ; elle ne tarderait sans doute pas à redécoller quand le garçon serait parti.

Louis ne tarda pas à rassembler sa petite troupe et à se mettre en marche. A son grand plaisir, Lucy lui assura qu'elle lui répondrait afin qu'il puisse avoir son numéro. Il tenta de lui faire son sourire le plus charmeur mais le rouge lui monta rapidement aux joues et il se détourna, honteux et en colère contre lui-même : il avait du être ridicule.

Il ferma les yeux un instant pour reprendre contenance avec de lui répondre :

"Dans ce cas... à très bientôt, peut être ?" dit-il avant de limite prendre la fuite en courant.

Bon sang, ce moment passé avec la jeune fille aux cheveux blancs avait été court mais tellement agréable. Louis n'avait pas connu ça depuis... et bien, il n'avait pas connu ça avec une personne qu'il venait juste de rencontrer et encore moins lorsqu'il s'agissait d'une jeune fille "de son âge".

Alors qu'il s'éloignait d'un bas décidé mais plein de regret, il jeta un rapide coup d'oeil vers son téléphone, où un autre message l'attendait.
Sa lecture le poussa à ouvrir de grands yeux ronds et à augmenter le rythme : le Commandant Linceul voulait le voir. Et on ne faisait pas attendre l'homme au Tapis.

HRP:

Lucy hocha la tête devant l'au revoir du jeune homme, non sans un sourire attendri ; elle avait vu sa tentative de charme, mais devant d'un garçon aussi jeune, elle trouvait ça touchant.

Alors qu'elle le regardait s'éloigner au pas de course, Ouranos atterrit à ses côtés et passa sa tête sous son bras. Elle se laissa faire sans quitter la silhouette des yeux. Elle ne s'était pas attendue à rencontrer quelqu'un aussi haut dans les montagnes. C'était là la preuve rassurante que les habitants de Maïlys n'était pas tous enchaînés à leurs villes et que certains gardaient encore la nature comme refuge malgré son côté parfois légèrement inhospitalier.

Sentant sous son bras qu'Ouranos s'agitait, elle finit par détacher son regard rêveur de l'horizon et l'enfourcha. Avant de décoller cependant, elle attrapa son téléphone et, après quelques secondes pendant lesquels son sourire malin cachait son hésitation, elle envoya sur le numéro du garçon :

"A bientôt, Louis "

Sans quitter son sourire, elle rangea son téléphone dans son sac qu'elle rajusta au-dessus de son épaule et donna deux coups brefs sur les flancs de son Pokémon, lequel battit puissamment des ailes et "s'envola vers d'autres cieux".

HRP: