[Terminé]The Jigsaw Case Chapitre II

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[Alex est seul au début de ce RP. Vanilla est ailleurs, dans les hauts monts, mais peut potentiellement revenir si le topic s’allonge.
Alex a ses trois Pokemons avec lui, plus Ahri, la Goupix de Marie]


Son déjeuner fini, Alex, Ahri dans les bras, se dirigeait vers le commissariat où il retrouvait régulièrement le commissaire Matthews. Le commissaire lui communiquait les cas intéressants, les dernières nouvelles et surtout, tout ce qui concernait l’affaire Jigsaw, le tueur au puzzle. Près d’une douzaine de victimes lui avaient déjà été attribuées, et toutes suivaient le même schéma. Il s’agissait le plus souvent de criminels ou délinquants, enfermés dans un lieu avec des pièges mortels. Le plus souvent, une cassette audio leur énonçait ce qu’ils devaient faire pour survivre, le plus souvent se mutiler, parfois tuer quelqu’un d’autre. Un vrai sadique.

Ainsi donc, Ahri dans les bras et Blaze sur les talons, Alex entra dans le commissariat où il salua les officiers qu’il connaissait. Lorsqu’il fut mis au courant de son arrivée, le commissaire Matthews le convoqua dans son bureau. Une fois le garçon installé, il lui proposa un café, mais le jeune homme refusa. Il posa remplit donc la deuxième tasse et la posa de son côté de la table en murmurant :

—Ça tombe bien, je crois que je vais en avoir besoin.

Il tendit alors un dossier au garçon, rempli de notes et de photos.

— Amarfi, on a un problème. Jason, notre informateur, s’est fait chopper par ce… Jigsaw. Je te passe les détails, tu les verras dans le dossier, mais… juste… sois prudent, d’accord ?

Ne comprenant pas vraiment pourquoi le commissaire s’inquiétait tant, Alex prit le dossier qu’on lui tendait et, sans lâcher Ahri, salua le commissaire et sortit du bâtiment.

Il passa par le parc pour rejoindre le café Amalfi et, voyant qu’il n’y avait pas beaucoup de monde et que le soleil n’était pas trop chaud, il se dit qu’un moment ici pour commencer à décortiquer les documents qu’on lui avait donné serait le bienvenu.

Il déposa donc Ahri qui se mit à gambader joyeusement avec Blaze, tandis qu’il ouvrait le dossier sur ses genoux.

Jason avait été retrouvé, la tête dans un étrange mécanisme. Alex prit la cassette jointe et la joua dans son magnétophone.

« Bonjour Jason. On va jouer à un jeu. Jusqu’à présent, vous avez gagné votre vie en observant les autres. Vous êtes ce qu’il est convenu d’appeler un informateur, un espion, un rat. Moi je vous appelle indigne. Indigne de la vie qui vous a été donnée. Mais il est temps de voir si vous êtes également capable de regarder à l’intérieur de vous-même plutôt qu’à l’extérieur. L’appareil que vous portez autour du cou est un masque de mort, relié à un minuteur. Si le minuteur atteint zéro, le masque se refermera… un peu comme une plante carnivore. Puisque vous êtes désavantagé dans la quête qui vous permettra de trouver la clé du masque et ainsi vous libérer, je vais vous donner un indice, et cet indice, le voici : il est juste derrière vos yeux. [Rires] A quel point êtes-vous prêt à saigner pour rester en vie ? Vivre ou mourir. A vous de choisir. »

La cassette s’arrêta, laissant Alex frissonnant. Les résultats de l’autopsie avaient montré que la clé en question avait été chirurgicalement placée derrière l’œil de Jason. Il lui aurait donc fallu s’arracher l’œil pour que… brrr…

Alex jeta un coup d’œil (…) sur les photos jointes au dossier. Le corps sans vie de Jason avait été pris sous tous les angles possibles, mais parmi toutes les photos morbides, il remarqua celle d’un mur sur lequel avait été écrit en lettres de sang :

« Regardez plus prêt, Alex Amarfi »

Le sang d’Alex se glaça. Jigsaw savait qu’il était sur ses traces ? Il le menaçait ? Il s’adressait directement à lui, merde ! C’était donc ça qu’Eric voulait dire ?
Sous le coup de la panique, il referma brusquement le dossier, blanc comme un linge, et se prépara à quitter le parc. Il se sentirait mieux au café Amalfi, un peu plus loin.

[HRP : Je laisse la personne qui prendra la main libre de choisi le lieu. Soit le parc, soit le café, ou encore sur le chemin entre les deux.]

Fun Fact : la majorité des cambriolages se passent en journée et principalement dans la fin d'après-midi. Et non pas dans la nuit comme le font penser les films et la croyance populaire. Certes c'est plus classe, mais c'est tellement moins efficace. Ainsi, quoi de mieux pour attraper un vilain que d'agir au moment où celui-ci est la main dans le sac ? On avait beau dire à Amelle de ne pas jouer les héroïnes, ça ne l'empêchait pas de vouloir tester sa combinaison et ses entraînements en situation réelle. Pour ce faire, elle avait tendu un petit piège, en cohésion avec une partie de la police de Megapagopolis, pour attraper un cambrioleur récidiviste. Mais pas tous, évidemment… A peine la brigade allouée à la zone. Mais bon, c'était déjà ça.

Le principe était assez simple : elle attrapait le méchant et elle le livrait à la police. Ca évitait à cette dernière trop de travail et ça faisait plaisir à Amelle. Donc c'était tout bénef, non ? Dans un monde peuplé de pokémon et de dresseurs, en tout cas, ça semblait plutôt pas mal. Mais plus qu'une simple appréhension, là il s'agissait pour Amelle d'attraper le gredin. Malheureusement, celui-ci s'était enfuit avant qu'elle n'ait pu faire quoi que ce soit d'autres que envoyer son magnéti à sa poursuite. Pendant que, elle, prenait un autre chemin. Une simple tenaille, en soit. Mais on ne change pas une tactique qui gagne.

Le Magnéti allait l'emmener sur une rue, proche du parc, tout en tirant quelques Eclairs de sommation. Fort heureusement, la population de la rue était plutôt faible et donc perdre la cible était plus que difficile. Du côté de Amelle, c'était assez simple : son Magnéti émettait des ondes qui lui permettait de le voir sur la minimap de sa combinaison. Mais bientôt, elle arriva au croisement et dégaina ses tonfas, pour sauter littéralement sur sa cible, faisant un roulé-boulé avec celle-ci, alors que le sac d'argenterie tombait au sol, sous la surveillance du pokémon magnétique. Maitrisé, le cambrioleur dû se laisser attacher les poignets, alors que la femme en combinaison portait sa main à son casque.

« Allô ? Cible appréhendée et mise hors d'état de nuire. J’attends la voiture. Et mon salaire, héhé. » Elle rabaissa sa main avant de continuer, en regardant autour. « Et après, on va se prendre une petite pâtisserie. »

Sur ce, elle redressa le malandrin par l'arrière du col, sans arrêter de regarder les alentours, en quête de la voiture de police qui ramènerait le voleur en cellule et également d'un bistro, café ou simplement boulangerie pour manger un morceau. Jouer les héroïnes, ça creuse l'estomac, mine de rien. Mais pour le moment, la police n'avait plus besoin d'elle, donc c'était l'heure de se détendre un peu.

L’esprit encore secoué par ce qu’il venait d’entendre, Alex entra dans le café Amalfi avec l’air préoccupé. Si Jigsaw était sur ses traces comme il était sur les siennes, il risquait d’y avoir de l’électricité dans l’air.
Il s’efforça d’arborer un léger sourire de circonstance en allant commander au bar auprès de la jolie Martina qui ne put s’empêcher de caresser Ahri, toujours dans les bras du garçon. Après ce petit épisode, le garçon partir s’installer dans son coin habituel, près de la baie vitrée, avec vue sur la plus grande partie du petit café.
Le temps d’un soupir, cet endroit l’apaisa. C’était un peu devenu son deuxième chez lui, un endroit où il se sentait en sécurité. Et pourtant, après quelques secondes, la crainte revint ; s’il devait lui-même être pris dans un des pièges de Jigsaw, comment réagirait-il ? Survivrait-il ? Quelqu’un avait-il seulement déjà survécu ?

Il étala les photos sur sa table afin d’en avoir une vue globale. Au centre se retrouva la photo avec l’inscription de sang qui le fit à nouveau frissonner et vérifier inutilement que personne ne se trouvait derrière lui.
Il sortit ensuite son carnet, sur lequel il nota les quelques détails qui, recoupés ensemble, pourraient peut-être permettre de trouver un indice supplémentaire.
L’un des murs de la pièce disposait d’un petit trou duquel on pouvait voir la scène. Jigsaw y avait-il assisté ? Fort possible. Sur presque chaque lieu de crime se trouvait un mécanisme similaire, que ce soit un trou dans un mur ou une porte en bois fissurée, ce malade trouvait un moyen d’assister à ses spectacles macabres.
La cassette, le « jeu » évoqué par Jigsaw, le décompte… tout cela faisait aussi partie de ce qui était devenu une sombre routine. Mais ce texte bon dieu. Ce texte. Le type l’appelait, il le provoquait.

Pour une des premières fois, Alex pensa lâcher l’affaire. Il y était entré comme dans un engrenage et peut-être le moment était-il venu de se retirer du cas. Ces séries de meurtres ne menaient nulle part et il ne voulait pas attirer la folie de ce tueur sur lui – ou pire, sur sa sœur.

Sa commande arriva et, après avoir remercié Martina d’un sourire et l’avoir regardé s’éloigner un moment, le garçon tourna négligemment la tête vers la baie vitrée qui donnait sur la rue. Tout semblait paisible. Les gens vivaient leur vie, profitant de ce début d’après-midi radieux.
Soudain, au milieu de toute cette quiétude, une jeune femme bondit sur un homme chargé qui s’étala au sol et lui passa les menottes. Un voleur ? Une policière ? Non, elle n’en portait pas l’uniforme. Elle portait un… truc. Ca avait l’air assez technologique, mais impossible de faire des suppositions à cette distance. Dans le doute, et alors que les badauds s’attroupaient autour de la jeune fille et de sa victime, Alex porta prudemment la main à ses pokéballs. Ahri était retournée au bar se faire caresser par Martina – quelle diva, j’vous jure –, Blaze était couché près de la chaise d’Alex, mais Xiao Long et Grumpy étaient toujours dans leurs balls.

Et merde, les gens avaient décidés de s'attrouper autour d'elle et de sa « victime »… C'était vrai que la situation n'était pas commune, même pour un monde pokémon. Amelle soupira longuement sous son casque, avant de se redresser et de jeter un œil au « public », alors que le malfrat restait sous le regard bienveillant de l'unique œil de son Magnéti. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire ? Elle ne voulait pas passer pour la méchante, pour le peu de débiles qu'il avait dans l'assistance… Et même si la police ne tarderait pas à cueillir le voleur, elle n'aimerait pas rester trop aux yeux de tous. Meh, qu'elle idée de bosser en journée. Elle haussa les épaules et regarda de nouveau les rues. Personne pour le moment…

« Hey, je suis pas la méchante ici, okay ? Ce type est un cambrioleur notoire du secteur, je bosse juste avec les flics. D'ailleurs ils devraient pas tarder à venir… Donc à moins que vous connaissiez un bon endroit où je pourrais manger un bout, il n'y a rien à voir, circulez, s'il vous plaît. »

Elle se détendit un peu les bras par la suite, toujours en train de chercher la voiture de police du regard. Meh, elle avait peut-être d'autres choses à faire en attendant, non ? Elle partit refermer le sac du voleur, avant de remettre celui-ci en position assise, plus confortable… Et maintenant ? Plus qu'à attendre que la voiture vienne.

Finalement, Alex s’était levé, était sorti du bar et s’était presque discrètement mêlé à la foule de badauds, arrivant à temps pour la justification de la jeune fille. Elle travaillait avec la police ? Elle aussi ? Visiblement sur des affaires plus banales et musclées que les enquêtes auxquelles il était parfois confronté.
Le récent cas auquel il était confronté l’aurait invité à plus de prudence, mais à y réfléchir, rien de trop dangereux ne pouvait se passer ici, en plein jour, avec une foule de témoins, bien que celle-ci soit doucement en train de se disperser.
Il hésita un moment, puis, comme pour détendre la situation, engagea, supprimant un moment les murmures qui s’étaient élevés :

—Il y a bien le café Amalfi si vous voulez. On y sert de super Profiteroles et Dames Blanches.

Mais même si elle était tentée, il faudrait attendre que la voiture arrive. Laisser un cambrioleur seul comme ça dans la rue n’était pas des plus judicieux.

Une petite intervention musclée des familles ! Héhé. Amelle était assez contente de sa prise, même si ça n'était pas un gros poisson. Et pour cause : c'était son premier poisson. Ainsi, c'était avec un sourire aux lèvres sous son casque qu'elle s'annonçait, avant de tourner son regard vers le jeune homme qui lui avait adressé la parole, hochant de la tête et faisant un simili-salut-militaire. Un café ? Yay, ça la bottait bien, ça !

« Roger, mon capitaine, reçu cinq sur cinq, café Ama… Anal… Alf... Amalfi ! Héhé. » Elle commença déjà à partir vers le type mais poussa un profond soupir en entendant le son de son Magnéti mécontent… Tché, le voleur, c'est vrai. Elle roula des yeux, avant de hausser ses épaules et de se retourner, attendant la 'cavalerie' en soupirant. S'ils étaient tous aussi lents, ça n'était pas une surprise que des 'héros' fassent le boulot à leur place. Mais bon, elle, elle bossait avec la police. Là où d'autres préféraient rendre justice eux-mêmes.

Finalement, après quelques minutes d'attente lui semblant une éternité, la voiture arriva finalement et elle leur livra le type sans plus de cérémonies que de présenter une carte attestant de leur partenariat, réexpliquant rapidement les délits du voleur, remettant le butin de pièces à conviction avant de s'en aller, trouvant le café assez vite. Une fois au pas de la porte, elle enleva rapidement son casque, prenant une inspiration de l'air frais. Elle avait encore retiré sa coloration avant de mettre sa combinaison, histoire d'être tranquille… Et puis ça changeait de style, c'était cool ! Elle sourit aux personnes à l'intérieur et s'étira un peu avant d'aller au comptoir, faisant sortir sa Mysdibule à côté d'elle.

« Salut ! A ce qui paraît, vous avez des bonnes choses ici ? Je prendrais bien quelques Profiteroles… Pour moi et ma pokémon. Le Magneti il mange pas beaucoup, vous vous en doutez, héhé… Oh et je vais aussi prendre un café et un diabolo fraise pour elle ! »

La jeune fille semblait assez enthousiaste à l’idée de se rendre dans un café dont elle peinait à prononcer le nom. Comme prévu cependant, elle dut attendre que la police arrive pour se voir libérée de son prisonnier.

En voyant la police arriver, Alex étira très légèrement ses lèvres en un sourire discret. Il reconnaissait certains visages, mais décida de rester discret pour le moment. Au moins, il avait désormais la quasi-certitude que la jeune justicière n’était pas une fausse qui, sous couvert de justice, n’exécutait qu’une vendetta personnelle.

Il la suivit dans le café après qu’elle ait enlevé sa combinaison et que la foule se soit dispersée. Il arriva juste à temps pour entendre la commande et Martina qui s’affairait derrière le bar pour préparer tout ça. Profiteroles ? Bon choix. Café ? Pas fan. Diabolo fraise ? Bon choix également.

« Bonjour, dit-il en feignant de ne pas connaître la serveuse. Un thé vert, s’il vous plait. »

Il avait quelques questions à poser à la jeune fille et faire comprendre qu’il s’agissait d’un endroit où il avait ses habitudes pouvait être perçu comme une menace par certains. Parfois il l’utilisait, mais il sentait que cela ne serait pas nécessaire aujourd’hui.
Il ne la soupçonnait pas encore d’être liée à Jigsaw ou à un quelconque délit dans le coin – peut-être serait-elle-même avec lui, de l’autre côté de la barrière. Mais quelqu’un qui n’a pas peur d’intervenir en plein jour et qui semble disposer de tels gadgets technologiques pourrait potentiellement s’avérer utile.
Il s’installa donc au bar, à côté d’elle, tout en gardant la table sur laquelle ses documents étaient encore éparpillés dans le coin de l’œil, et tenta d’engager naturellement la conversation :

« Vous semblez travailler avec la police. Cela fait longtemps ? »

En temps normal, peut-être aurait-il été plus guilleret, plus avenant, mais son esprit était encore tourmenté par le dernier message de Jigsaw et sa commande de thé plutôt que de soda faisait foi : le garçon était sur la défensive.

Amelle aimait bien le café. Enfin, « aimer bien » est un peu faible… Le café et elle c'était une petite histoire d'amour. Elle en prenait fréquemment, pour tirer un peu et repousser les horaires de coucher… Ce qui faisait que assez souvent, son rythme de sommeil était décalé. Mais bon, que voulez-vous, elle préfère jouer à ses jeux la nuit, tranquillou dans sa couverture avec son thermos de café. En tout cas, rien ne l'empêcherait de prendre son café ! Et ses profiteroles. On lui avait dit qu'ils étaient bons, donc forcément elle les goûte. Et elle en avait commandé un petit supplément pour sa gourmande de pokémon…

Puis une voix qui la fait sursauter légèrement, avant de soupirer longuement en la reconnaissant et en voyant le garçon. Forcément qu'il devait connaître l'endroit et c'était logique de l'y voir. Bah, pas grave, au pire ça lui ferait de la compagnie. Au mieux, de la bonne compagnie. Il prit un thé… Beuh… Amelle était vraiment pas fan de ça. Mais bon, chacun ses goûts. Elle sourit un peu en le voyant s'asseoir à ses côtés, alors que sa Mysdibule prenait l'autre côté comme elle pouvait à cause de sa petite taille. Oh, il voulait parler boulot ? Bah, pourquoi pas. Elle haussa les épaules, détendus, avant de donner réponse.

« Ouaip, mais ça fait pas longtemps. On me permet pas de bosser sur de gros coups, pour le moment, car ils doutent de ma fiabilité, mais ça va vite changer, héhé. J'ai des capacités, mon gars. Si je peux faire en sorte que Maïlys garde sa paix, autant que je mette ce que je peux en œuvre. Dont le truc que t'as vu plus tôt, là. Mais vu que l'habit ne fait pas le super-héro, j'ai encore du chemin à faire. Et toi, tu fais quoi ? D'ailleurs, c'est quoi ton nom ? Moi c'est Am… Oh, tu peux m'appeler Âme, si on cause boulot, c'est avec ce pseudo que j'aide la police et tu me feras un peu de pub en parlant de Âme la chasseuse de vilains, comme ça ! »

Bien que surprise dans les premières secondes, la jeune fille sembla assez encline à engager la conversation.
D’après ses dires, cela ne faisait pas longtemps qu’elle travaillait avec les forces de l’ordre et elle devait encore gagner leur confiance avant de se voir offrir des affaires plus coriaces. Mais elle semblait confiante en ses capacités et déterminée à faire de Maïlys un lieu de paix.
Elle se présenta sous un pseudo : Âme, mais sembla assumer directement que le garçon pourrait lui « faire de la pub ». Avait-elle directement grillé qu’il travaillait avec la police ? Après tout, peu importait. Elle était à des années lumières de ce qui lui semblait être le profil psychologique de Jigsaw ou d’un éventuel complice. Sans lui faire aveuglément confiance, Alex reconnut que cette Âme avait le bénéfice du doute.

— Alex Amarfi, se présenta-t-il. Je suis détective privé, mais j’ai souvent à travailler avec la police.

Il remua son thé et, voyant Ahri qui arrivait sur le comptoir, en versa une partie dans un verre vide que la Goupix se mit à laper calmement avant de retourner auprès de Martina.

— Peut-être pourrais-tu me montrer à quel point tu a des capacités, reprit-il après une gorgée de thé. Tu sembles à l’aise pour ce qui est de  l’intervention musclée. Comment te sens-tu en terme de réflexion en amont ?

Encore assez loin du désespoir profond d’une enquête sans fin, Alex pouvait user d’un éventuel coup de pouce si jamais la jeune fille trouvait quelque chose. Si en revanche elle préférait ne pas se frotter à ce cas, il se contenterait d’en parler à Eric sous le simple pseudonyme qu’elle lui avait indiqué.

En fait, Amelle pensait surtout que le garçon pouvait lui faire de la pub à travers les réseaux sociaux et avec ses amis… Il avait l'air assez jeune et elle n'aurait pas pu se douter de la suite des paroles d'Alex -vu que c'était son nom ». Alors comme ça il bossait en tant que détective ? Elle le regarda avec de grands yeux un moment, curieuse de savoir comment un 'gamin' comme lui pouvait devenir détective si tôt, mais elle elle se baladait bien dans une combinaison hi-tech. Meh. Un point partout. Donc il bossait aussi avec les flics ? Cool. Elle jeta un œil au café et au reste qu'on lui servit, remerciant rapidement avec un sourire doux, laissant le café refroidir un peu en écoutant la suite des paroles du garçon. Des capacités ? Sur le coup, elle cru qu'il voulait faire un bras de fer, mais comprit vite que ça allait être plus cérébral. Elle se mordilla un peu la lèvre inférieure, doutant de ses capacités cognitives.

« Meh, je suis pas conne, loin de là, mais j'ai pas vraiment fait d'enquêtes, héhé… Mais j'ai vu beaucoup d'épisodes de Esprits Criminels ! Et blague à part, si je peux aider de ma petite personne, ce sera avec plaisir. Alors, c'est quoi ton truc ? Un disparu, un timbré dans la nature, madame Gisèle qui trompe son mari ? Ca doit être coton si un détective vient à demander son avis à une inconnue rencontré il y a cinq minutes, ahah.» Dit-elle, en souriant doucement et en tendant les profiteroles prévus pour sa pokémon vers celle-ci, qu'elle puisse se goinfrer allégrement pendant que les plus grands discutent.

Comme prévu (ou presque), la jeune fille avoua être plus une physique qu’une cérébrale. Mais après tout, pourquoi pas. Parfois, la réflexion à outrance obscurcit des détails qui nous crèvent les yeux. A trop chercher le petit détail, on en oublie le gros qui se voit comme le nez au milieu de la figure. Les yeux de quelqu’un d’entièrement extérieur pourraient s’avérer judicieux, qui sait. Mais plus qu’une inconnue, cette Âme était une inconnue dont l’amour de la justice semblait franc et c’était ça qui avait fini par décider le garçon qui ne savait pas par où commencer.

Jigsaw était bien sûr son principal problème. Cela faisait de semaines qu’il tournait en rond. Mais ce genre d’affaire pourrait facilement choquer une âme encore ingénue et dont l’idée de justice est juste de rattraper des voleurs à la tire et des cambrioleurs.
…
Après tout, si ça n’était pas déjà le cas, elle finirait par apprendre tôt ou tard que le monde n’est pas aussi simple et que parfois, il existe des malades dont l’objectif est plus que flou.
Il chercha un moment ses mots en remuant son thé.

— C’est un peu compliqué en effet. Si par exemple je te dis… qu’il existe un tueur en série. Qui tue pour la plupart des délinquants. Mais qui s’attaque aussi parfois à des innocents qui sont liés à ces délinquants. Ces délinquants, séparément, n’ont aucun lien entre eux. Et le type n’est jamais entré en contact avec la police ou les forces de l’ordre, sauf une fois, où il a enjoint à un détective qui suivait son affaire de « regarder plus près »… qu’est-ce que tu en penses ?

Il avait essayé de résumer au mieux ce qu’il avait compris et conclu de l’affaire Jigsaw sans trop en dévoiler. Il n’avait pas non plus dévoilé que le message lui était destiné, même si le ton de sa voix pouvait éventuellement trahir ce détail.
Il avait émis de nombreuses hypothèses concernant les motivations de ce tueur et, même s’il en existait une qui lui paraissait bien plus plausible que les autres, il était curieux de savoir ce que pourrait en penser quelqu’un de complètement extérieur.

Amelle était assez contente : si elle pouvait aider un autre combattant de la justice, elle aurait complètement gagné sa journée, autant sur le plan moral que financier. Ainsi, elle resta souriante en laissant sa pokémon manger, avant de pousser un « Oh » pas étonné que sérieux. Hé, ça parlait de tueur en série, c'était pas marrant. Alors un type s'amusait à rendre « justice » lui même et même plus que cela, s'attaquait à des personnes liées aux délinquants ? Par contre, la dernière partie la fit frémir un peu. On aurait dit le scénario d'un film policier. Amelle avait tout de suite fait le lien avec le détective hypothétique et Alex mais se garda bien de le faire remarquer… Ca ne ferait qu'empirer les choses s'il était vraiment mêlé à une sombre affaire. Elle prit un petit temps pour réfléchir à la problématique posée par le détective avant de soupirer et de prendre une lichette de café. Encore trop chaud, meh.

« Eh bien, ça peut vouloir dire plein de truc, ça. Déjà, il connaît un minimum son poursuivant, ça c'est certain. Ne serait-ce qu'un peu. Là, il peut vouloir jouer et disséminer des 'indices' dans les lieux habituels du détective, nah ? Ou alors il connaît l'entourage de la personne et, mh… Non, ça ne serait pas logique de s'en prendre à des innocents ainsi s'il ne se frottent qu'aux délinquants… Mais je ferais attention à la place du détective. Autant à mes fesses que celles de mes proches. Mais après c'est peut-être mon côté paranoïaque, ahah. Après, ça peut peut-être vouloir simplement dire 'regarde de plus près les scènes, couillon', même si ça a pas l'air d'être dans le personnage, hein ? D'ailleurs, ces délinquants, c'est des petites frappes, des gros richards corrompus ou quoi ? Car faut avoir les moyens d'approcher ces gens et de laisser aucune trace… M'enfin. »

Elle reprit une gorgée de son café, machinalement, avant de regarder les vaguelettes dans le liquide sombre un petit moment. Dans quoi elle se plongeait, là ? M'enfin, le garçon lui avait demandé que son avis, il devait bien savoir que ce qu'elle disait n'était pas parole d'évangile. À moins qu'il ait la capacité des séries américaines à tilter sur un pauvre mot et tout débloquer d'un coup avant de faire un « Voilà comment ça s'est passé…. ». Meh.

La réponse d’Âme était à la fois remplie de réalisme et de candeur. Oui, ce texte écrit était pour lui plus une menace que juste une volonté du tueur que le détective se penche d’avantage sur les scènes de crime. Même s’il savait que certains tueurs en série s’étaient fait connaître par les indices qu’ils laissaient aux forces de l’ordre, cela ne semblait pas être le style du tueur au puzzle à première vue. A première vue. Car il s’était tout de même avéré retors en s’attaquant à un membre des forces de l’ordre comme Jason. Etait-ce un avertissement ? Brr, il préférait ne pas y penser et répondre aux questions de la jeune justicière :

— Il s’attaque un peu à tout le monde. Mais c’est plutôt mineur. Il ne va pas forcément toucher aux têtes de business de drogue mais aux petits receleurs par exemple.  Mais c’est bizarre parce que c’est pas non plus… comment dire… Il va s’attaquer aussi aux délits moraux, genre quelqu’un qui tromperait sa femme ou qui mentirait à son patron. Il n’y a pas vraiment de victime « classique », c’est plus quand on la découvre, on en apprend sur elle.

En expliquant à Âme, le garçon essayait d’y voir lui-même plus clair. Une technique basique d’étudiant pour essayer de comprendre des leçons trop ardues. Mais son esprit toujours perturbé par cet avertissement ne semblait pas vouloir fonctionner aussi bien aujourd’hui. Il reprit une gorgée de thé et chercha à ré-orienter la conversation.

— Est-ce que tu crois qu’un jour ce genre de types sera arrêté ? Est-ce que tu crois qu’un jour, il n’y aura plus de malades comme ça dans le monde ?

Une vague de nostalgie ? Une montée de pessimisme ? Quelque chose dans la voix du garçon semblait trahir une perte momentanée ( ?) d’espoir dans les habitants de l’île.