Mirroring Dreamers [ft Aaron] [TERMINÉ]

New Esperantown, la ville phénix. Détruite de si nombreuse fois, trop têtue pour rester en ruine, renaissante après chaque cataclysme. Elle devait ça à ses habitants, beaucoup trop résilients pour s’enfuir, pour se laisser faire, pour laisser tout tomber. C’était chez eux, et aucune bataille divine entre légendes, aucune attaque terroriste et aucun être surnaturel tout puissant n’arriveraient à leur arracher leur maison.

Ralsen avait toujours été fière d’être originaire de sa ville natale, pourtant aujourd’hui, elle se sentait comme une étrangère, non pire, elle s’y sentait comme une intruse. Être étrangère, elle l’avait déjà ressenti avant son départ, quand la mystérieuse Abyss avait surgi des ombres en sauveur et aidé les locaux qui n’avaient jamais le temps de guérir leurs cicatrices et pleurer leurs morts qu’une autre tragédie venaient les frapper, encore plus souvent que sur le reste de l’île. Soudainement de puissants bienfaiteurs venaient reconstruire à leur place et s’imposer dans leur ville avec des moyens matériels et financiers tout aussi mystérieux que leurs origines. Elle avait déjà trouvé ça bizarre, à l’époque.

Ils avaient planté deux énormes tours comme un corps étranger dans la terre, en échange ils en avaient pulvérisé une autre, ailleurs.

Bizarre.

La secouriste avait risqué un retour aux sources. Elle était partie depuis trop longtemps, en sachant pertinemment que son choix de carrière allait lui fermer les portes de la ville, ou plutôt, allait fermer le coeur des gens et lui coller une cible dans le dos. Elle assumait complètement son choix, ça ne rendait pas les choses plus facile pour autant. Elle pouvait contacter sa famille régulièrement sans problème, demander des nouvelles des gens avec qui elle avait grandi et qui l’avait vu grandir, qui l’avait aidé et qu’elle avait aidé. Mais il y a une chose qu’elle pouvait faire difficilement sans être physiquement présente. C’était peut être stupide, c’était peut être risqué, mais elle lui devait bien ça. Et surtout, elle en avait besoin.

Elle s’était habillée sobrement, piochant dans ses habits qu’elle utilisait en tant que civil, elle avait laissé tout son matériel à la base, et n’avait en sa possession que ses Pokémons et son téléphone. Elle n’était pas Ralsen agente du STERN, elle était Ralsen d’Esperantown. Elle avait pris soin de choisir des vêtements qui couvraient ses cicatrices, des signes distinctifs beaucoup trop reconnaissables, malheureusement impossible de camoufler celles de son visage. Elle avait profité de la fraîcheur pour porter une écharpe et enfiler sa capuche en voyant le temps grisâtre, elle ne pouvait pas faire grand chose de plus. Et surtout, elle avait fait d’énormes détours pour éviter son quartier d’enfance. Elle craignait de tomber sur des connaissances, et surtout, elle était terrifiée de voir ses souvenirs de leurs regards chaleureux changer en expressions méprisantes. Une traîtresse.

Eviter son quartier était peut être inutile, sa destination pouvait réunir tout Esperantown. La peur avait simplement guidé ses pas, jusqu’à ce qu’elle atteigne le centre.

Le mémorial.

Avec toutes les destructions dont la ville devait se relever, le mémorial bien protégé était probablement une des meilleures choses qui avaient pu être construites. Quel intérêt de reconstruire un cimetière qui allaient constamment être désacralisé et les morts retournés et délogés de leur lieu de repos par explosion attaque et catastrophe ? Un mémorial, c’était la meilleure alternative. Surtout quand certains corps ne pouvaient être enterrés. Tant que la mémoire des morts vivaient encore à travers leurs proches, leur nom y figurait.

Le nom de Fillan y était gravé.

Ralsen avait pour habitude de rendre visite à son ami au moins tous les ans, en famille, aussi difficile que cela pouvait être. Ce jour-là elle était seule. Non, c’était injuste de dire qu’elle était seule, Spine avait insisté pour accompagner sa dresseuse dans ce voyage difficile, à sa façon, et Alcina lui avait fait promettre de sortir une fois arrivée. La Mangriff chromatique était beaucoup trop voyante et attirait beaucoup trop l’attention, mais elle aussi avait perdu un ami, sa famille, lors de l’éruption. Elle méritait de payer respect à son dresseur défunt, comme Ralsen méritait de venir en territoire ennemi dans une trêve non-dite pour honorer la mémoire de son ami.

Elle n’avait même pas envie de pleurer. Elle avait déjà versé toutes les larmes de son corps bien des fois pour lui. Elle pleurait pour bien d'autres choses, sans problème, même devant un film un peu trop émotionnel. Mais là, même en étant seule, sans personne autour… pas une larme. Des yeux brillants cependant, et un visage qui exprimait un panel bien compliqué et mélangé d’émotions. Nostalgie, mélancolie, tristesse, et étrangement, un sentiment de paix. Elle déposa quelques fleurs à l’endroit prévu pour les offrandes quel que soit leur forme. Le mémorial était sombrement assez grand pour accueillir tous les cadeaux du monde. L’anniversaire d’une des tragédies avaient dû avoir lieu récemment, personne n’était en vue en tout cas pas directement dans l’espace du mémorial, et beaucoup trop d’offrande décorait l’endroit. Les souvenirs de Ralsen étaient soit beaucoup trop vif, soit d’un épais brouillard, les dates et les catastrophes se mélangeaient souvent dans son esprit.

Spine, logée sur l’épaule de sa dresseuse, pressa doucement sa grosse tête contre elle pour la réconforter. Alcina elle, les yeux tout aussi plein d’émotions, était blottie, tandis que Ralsen effleurait le nom de son ami, son frère, du bout de ses doigts aux fines cicatrices. Il fallait qu’elle rende visite à sa famille… Elle était encore trop angoissée à cette idée. Passer un peu plus de temps près des morts qui ne la jugeraient pas avant de repartir semblait être une bonne idée. Les rues n’étaient pas trop agitées, le calme lui ferait un peu de bien. Elle ressentait tout de même un certain malaise, seule être humain si proche du mémorial. Peut-être fallait-il reculer un peu, rejoindre la population de passants…

HRP:

Ralsen essayait encore de rassembler tout son courage pour partir vers son deuxième objectif lorsque l’attention de ses Pokémon se porta ailleurs. Une nouvelle présence ? Quelqu’un s’était approché du mémorial. Rien de bien étonnant, seulement la jeune espérantaise restait sur le qui-vive depuis qu’elle avait passé le contrôle d’entrée de la ville. Déjà bien étonnée qu’on la laisse entrer - privilège de sa naissance ici sans doute - l’hypersurveillance à peine dissimulée l’empêchait de baisser sa garde. Simple soldate de bas étage sans grande importance, elle n’en restait pas moins associée au STERN. Elle avait l’impression d’être observée depuis son arrivée, elle avait mis ça sur le dos des patrouilles et des quelques caméras visibles, et pourtant…

Le nouvel arrivant avait quelque chose dans la main - un genre de masque ? - Ralsen n’osait pas le regarder directement, s’il venait se recueillir elle voulait respecter sa vie privée, tout du moins, autant que possible devant un mémorial public. Un autre souci du format de cet hommage au mort au lieu d’un cimetière en bonne et dûe forme, mais ils n’avaient pas trop le choix. À sa façon d’observer la stèle, il semblait y lire les noms. Cherchait-il quelqu’un en particulier ?

“Tant de gens... Disparus à cause des actes de certains. Du manque de protection des autres. Doit-on continuer de les honorer? Ou espérer qu'Abyss puissent les ramener auxprès de nous? Quel est le prix à payer pour ramener les morts à la vie?”

Ralsen n’avait pas l’impression qu’il s’adressait vraiment à elle, sans doute pensait-il à voix haute Etait-elle censé répondre ? Un peu gênée de ne pas savoir comment réagir, elle tenta tout de même d’entamer la conversation.

"Ça fera jamais de mal de les honorer, je pense. L’important c’est de pas les oublier”

Concernant les promesses d’Abyss… Aller à l’encontre de leur pensée en plein coeur de leur territoire était du suicide. Il fallait bien choisir ses mots. Allez savoir qui observait, qui écoutait. Si ramener les proches perdus à la vie pouvait être un souhait quasi universel, c’était un souhait qui paraissait beaucoup trop beau pour être vrai. Des histoires occultes plus folkloriques que concrètes sur de nombreux Pokémon Spectre transformaient un événement heureux en un film d’horreur. Et que dire de la seule autre fois bien certaine où quelqu’un avait voulu ramener un être cher à la vie ?

“Hmm… Je pense pas qu’on puisse ramener des gens à la vie comme ça gratuitement, c’est sûr. Le prix à payer… Je crois qu’on peut avoir une idée quand on regarde l’Histoire de Kalos”

Un fait tellement ancien qu’il en avait l’allure de légende. Pourtant bien réel et documenté, il avait eu non seulement des conséquences des millénaires auparavant… mais aussi il y a quelques années seulement. Ce que le deuil pouvait entraîner était terrifiant. Depuis son intégration au STERN, Ralsen avait commencé à s’interroger sur la promesse d’Abyss et sa faisabilité. Promesse donnée bien avant leur capture du Mal, elle se demandait s’ils avaient été aussi confiant pour se l’approprier ou si les deux éléments n’étaient pas nécessairement liés. Elle avait fait ses recherches, enquêté sur des phénomènes qui s’apparentait à ramener les morts à la vie. Ses maigres connaissances scolaires lui avaient rappelé un événement originant à Kalos dont la portée avait presque été mondiale, et lui avait permis de creuser le sujet. Une véritable tragédie.

“Je m’appelle Ralsen.” se présenta-t-elle en tendant la main au brun, essayant d’arborer un semblant de sourire pour détendre l’atmosphère malgré son humeur encore un peu morose. Le coeur y était, c’était le plus important “Et toi ?”

“Aaron”

La gêne du premier contact était déjà passée alors que le jeune homme se présentait à son tour. La première chose que Ralsen remarqua maintenant qu’il s’adressait directement à elle, c’était la douceur qui se dégageait de lui - ou plutôt, qui s’entendait à sa voix. Quelqu’un d’autre se manifesta pour faire les présentations, l’adorable Caninos qui accompagnait Aaron venait la saluer à sa façon. La secouriste sourit au Pokémon pour répondre à son aboiement joyeux avant que le dresseur du canidé ne… traduise, pour ainsi dire.

“Et lui c'est Lélaps. Mon compagnon depuis l'enfance”

“Enchantée, Aaron et Lélaps” Elle flatta la grande tête de Spine sur son épaule qui s’était manifestée d’un grognement innocent, comme pour participer aux présentations générales “Elle c’est Spine, et elle, Alcina” continua-t-elle en désignant tour à tour la Kraknoix et la Mangriff à ses côtés qui hocha simplement la tête.

“Tu as des proches dont le nom est écrit là ?”

Une question légitime, Ralsen s’y attendait. La taille du monument était tristement grande, assez pour contenir tellement de noms, et assez pour laisser de la place pour des nouveaux à graver… Une perspective bien sombre, si le monument survivait au caractère endémique des catastrophes qui semblaient obstiné à raser Espérantown de la carte de Maïlys.

“Si c'est le cas, je suis vraiment désolé pour toi. Je dois avouer que je ne connais aucun des noms mais je viens les voir tous les jours du moins quand je ne suis pas en mission. Aller et virer sur toute l'île rend les choses compliquées parfois”

Juste quand elle allait se poser la même question à son sujet, Aaron lui apportait déjà la réponse. Pas de proches perdus ici pour lui… Mais sûrement ailleurs. La secouriste n’oubliait pas où elle était, si les habitants actuels de la ville phénix n’étaient pas des résidents de longue date, c’était de nouveaux arrivés qui cherchaient refuge après les promesses de protection d’Abyss, qu’ils en deviennent des membres ou non. Et puis… Sur cette île, rares étaient les personnes qui n’avaient perdu personne.

Le fait de venir presque tous les jours honorer la mémoire des morts, ça pouvait paraître anodin, mais ce simple geste faisait chaud au cœur, se dit Ralsen. Il ne connaissait aucun de ces noms, pourtant il venait. En un sens, on pouvait se dire qu’il le faisait pour tous ceux qui n’en étaient pas capables non ? Par chagrin, par… empêchement.

“C’est gentil, merci” répondit-elle avec un sourire. Elle se sentait un peu bête de cette simple réponse générique, mais c’était des plus sincères “On est là pour deux personnes” précisa-t-elle pour répondre à sa question avant de pointer un premier nom du doigt, Fillan “On a grandi ensemble, il est mort durant la grosse éruption qui a touché toute l’île. Et…” Elle chercha le second nom, Logan, le nom de quelqu’un qu’elle n’avait pas connu, un nom qu’elle avait dû demander à l’époque, puisque la seule qui aurait pu lui donner ne pouvait tout simplement pas parler “Le dresseur d’Alcina. Même événement, on s’est entre aidée ce jour-là. On les a perdus en même temps, depuis on s’est pas quittée” expliqua-t-elle.

L’intéressée s’était assise alors que le Caninos l’observait non sans cacher sa curiosité. La Mangriff agita les oreilles en guise de salut poli et réservé, se demandant s’il l’observait à cause de ses couleurs atypiques et les occasionnelles étoiles qui parsemaient son pelage, ou si le Pokémon feu était simplement curieux de nature.

“Alors tu voyages beaucoup toi aussi ?” demanda-t-elle pour rebondir sur la dernière phrase d’Aaron. Elle essayait de ne pas réfléchir à ce que cela impliquait - il y avait des tas de raisons de voyager après tout. Des tas de métiers demandaient des missions. Elle n’était pas là pour le boulot et certainement pas là pour juger, ce n’était pas son genre de toute façon “C’est vrai que c’est pas toujours facile d’être tout le temps en déplacement” continua-t-elle avec un léger rire gêné.

“En fait je fais partie d'Abyss donc forcément…”

Il avait révélé ça sans aucune hésitation, quoiqu’avec une certaine gêne. Ralsen eut du mal à cacher sa surprise. Surprise qu’il en parle aussi facilement, elle n’avait jamais rencontré d’agent d’Abyss, encore moins qui le disait de but en blanc comme ça. Elle était au cœur du territoire de l’organisation, elle aurait dû s’y attendre pourtant. Et surprise qu’il en parle avec un certain embarras. Il en avait honte ? Elle imaginait bien certains membres les rejoindre à contre cœur, après tout, l’espoir de revoir un être cher faisait rêver, les méthodes des quelques interventions d’Abyss à ce jour… un peu moins.

“J'avoue aussi que je suis là parce que j'ai eu... quelques altercation avec des gens beaucoup moins fréquentables que je peux qualifier malheureusement de “collègues”. J'ai dû en calmer un qui s'en prenait aux espoirs des plus jeunes”

Il avait continué avant qu’elle n’ait eu le temps de rebondir sur son… métier ? C’était sans doute mieux ainsi, si elle posait trop de questions - même par simple curiosité - elle se donnerait une image un peu trop fouineuse pour son propre bien. Elle avait déjà l’impression de devoir marcher sur des œufs depuis qu’elle avait approché l’énorme champ de force qui protégeait la ville, discuter avec un agent d’Abyss n’allait certainement pas calmer sa prudence exagérée.

Si peu de phrases et tellement de questions. Est-ce qu’il n’appréciait pas ses collègues de façon générale ? Où juste ces énergumènes là ? Des plus jeunes ? Aaron avait l’air d’être dans sa tranche d’âge, Abyss avait des adolescents dans leurs rangs ? En tant qu’agent ? Ralsen dut faire des efforts pour éviter d’avoir la tête qui tourne devant l’horreur de cette possibilité à laquelle elle n’avait jamais pensé.

Au moins le brun avait un certain sens de la justice, rien que la mention de cet épisode semblait réveiller la colère qu’il avait dû ressentir. C’est bien parce qu’elle savait que ce genre de personne était dans les rangs d’Abyss qu’elle ne pouvait pas complètement les condamner. Peut-être que l’organisation était un peu moins pire avec des gens comme Aaron… D’ailleurs, et si…? Non non, elle était là pour des raisons personnelles, pas pour le travail, elle devait se le redire constamment.

“Oh, je comprends… C’est cool de protéger les plus jeunes. J’ai pas ce soucis dans mon boulot heureusement. Enfin… je crois ? Oh mais t’es pas blessé au moins ?” s'inquiéta-t-elle.

Une altercation avec des gens, alors qu’il était tout seul ! C’est la première chose qu’elle aurait dû demander pourtant. Il n’avait rien au visage, rien aux mains non plus du peu qu’elle apercevait, et son Caninos semblait en bonne santé également. Une rapide observation l’avait déjà rassurée, mais l’entendre de la bouche du concerné la rassurerait encore plus.

Une légère brise fraîche lui rappela qu’ils étaient toujours plantés devant le mémorial, un peu trop exposé à la vue de tous au goût de Ralsen. Une balade dans les rues s’imposait si elle devait continuer à converser avec le sympathique Aaron.

“Si t’as rien de cassé on devrait peut être… euh… bouger. Je suis pas sûre que ça soit très poli de discuter trop longtemps devant les morts !” fit-elle avec un ton un peu plus léger, peu sûre du goût de sa plaisanterie. Ce n’était pas comme si les défunts reposaient réellement près de la stèle. Les vivants, par contre, pouvaient venir ici n’importe quand rendre hommage à leur tour, et eux, ils ne fallaient pas les déranger.

“Non je n'ai rien du tout, tout va bien !” rassura-t-il “Mais oui laissons les morts en paix sans les déranger plus avec nos conversations. Je connais un endroit tranquille pour se poser”

“Parfait ! Je te suis” fit-elle en lui rendant son sourire.

Ralsen espérait qu’il ne la conduise pas aux alentours de son quartier d’enfance, heureusement la ville s’était bien agrandie et les chances étaient minces… mais pas nulles. Elle avait hâte de s’éloigner du mémorial, l’atmosphère morose devenait de plus en plus pesante. Elle rappela Alcina dans sa Pokéball avant d’emboîter le pas à Aaron - la Mangriff Chromatique était un peu trop visible à son goût, elle ne s’en souciait pas en temps normal mais la prudence était de mise.

Spine dans sa capuche et la tête sur son épaule, la secouriste suivait le jeune homme. Sur le chemin, il lui expliqua que leur destination était en fait son humble logement qui semblait d’ailleurs quelque peu excentré. La maison elle-même était simple, petite, mais son emplacement en bord de falaise pouvait sembler bien impressionnant.

Une fois à l’intérieur, Ralsen pouvait constater que la maison semblait… comme sans âme. Sobre, trop bien rangé, peu d’affaires personnelles, la seule chose qui apportait un peu de couleur et de joie était un vase contenant de bien jolies fleurs. Le nom échappait à la secouriste mais elle l’avait sur le bout de la langue, elle avait déjà vu ses parents en entretenir et en vendre. Dans le trop neutre de toute la maisonnette, cette simple petite plante fleurit semblait presque rayonner, Ralsen se dit que Bumbleby aurait sans doute apprécié voleter autour si seulement il ne détestait pas autant les décors urbains.

“Bienvenue chez ‘moi’ ”
À sa façon de présenter sa demeure, il était facile de deviner l’autodérision quant-à son aspect impersonnel. D’un côté, c’était un peu triste, d’un autre, le ton plaisantin la fit sourire. Elle ne pouvait pas trop lui en vouloir, les chambres du STERN n’étaient pas beaucoup mieux, même si elle avait fait des efforts pour décorer la sienne pour s’y sentir un minimum chez elle.

“A vrai dire, je ne compte pas rester longtemps ici du moins jusqu'à ce que ces histoires d'Abyss et Stern soient finies”

Il n’était pas membre de l’organisation de gaieté de cœur, c'était définitif. Et il était jeune, alors pour quelle raison les aider ? Ou bien était-il de ceux qui ne supportaient pas leurs méthodes mais trop endeuillés pour abandonner ? Il en parlait plus comme une corvée que comme une volonté propre qui allait à l’encontre de ses principes. Aaron la sortit de ses pensées en lui demandant si elle voulait boire quelque chose.

“Oh, euh je veux bien, juste de l’eau s’il te plait” répondit-elle.

Elle s’installa la table basse, étrangement rassurée par la présence des fleurs bleutées, et s’efforçait tant bien que mal de se concentrer sur autre chose que les mille questions qu’elle se posait… sans vraiment y arriver. Elle pensa à se distraire en parlant d’autre chose, ces fameuses fleurs auraient été un bon sujet de conversation si elle ne craignait pas de mentionner sa famille.

“Hum… Tu n’as pas vraiment l’air… d’apprécier Abyss. Pourquoi tu les as rejoint ? Enfin, si tu veux en parler !” ajouta-t-elle rapidement “C’est juste que d’habitude les gens ont l’air plutôt enthousiastes à l’idée de ramener leurs proches, même si c’est… difficile”