Apple vs. Windows pokéstyle [Pv Dr. Neffy & Shiro]

- 12 minutes 37, nouveau record personnel ! La jeune femme se tourna vers la banquette arrière de la Spyker, posant son coude sur le siège passager. Merci d’avoir choisi Bla-Blamélia ! N’oubliez pas de me mette 5 étoiles sur le site et de ne vomir, qu’une fois à l’extérieur du véhicule.

Le pauvre homme en costume avait le teint plus blême que sa chemise et plus vert que sa cravate. Il fallait dire que dans le principe pour aller de la périphérie sud de la ville jusqu’au quartier des bureaux, il fallait compter au moins 30 minutes et ce, dans meilleurs des cas, si la circulation était fluide. C’était sans compter la puissance du bolide de la baronne et le gyrophare qui trônait sur son toit pour l’occasion de sa course. Depuis que la jeune femme avait trouvé l’accès à une plateforme de covoiturage payant entre particuliers, offrir des courses records à des passagers malchanceux était devenu son troisième passe-temps favori. Après les mots croisés aléatoires et ses tentatives visant à rendre le quotidien des personnes qu’elle connaissait plus ou moins particulièrement misérable.
—Chacun trouve son bonheur où il peut—

Libérant son ossatueur pendant que son passager s’extirpait de la cabine du véhicule, la brunette ajusta dans un sourire expectatif ses lunettes de soleil. Les deux compères observèrent l’homme prendre une longue goulée d’air, les genoux tremblants et les jambes flageolantes l’une d’un air amusée et sûre d’elle, l’autre particulièrement attentif à ce que ferait l’homme en costume. Regardant autour de lui, ce dernier s’avança d’un pas titubant vers la poubelle de rue la plus proche. Il ne lui fallut que 7 enjambées pour rejoindre son objectif et y rendre la totalité de son déjeuner dans un bruit disgracieux qui rappelait un peu le broyeur d’évier bouché. Charles s’enfonça alors dans son fauteuil en levant les bras vers le ciel d’un air contrarié alors que la baronne quant à elle ricanait face à la réaction de son pokémon, posant un coude sur son volant pour appuyer son profil contre son poing ganté.

- 7 pas. J’avais dit 5 et toi 10, c’est encore moi qui gagne.
- Ossa ossa, heu… Oss’tueur… (C’est ça, c’est ça, ouais… De t’façon tu triches…)

Le reptilien avait répondu d’un ton accusateur gorgé de contrariété et avait pointé la distance qui séparait le volant de la conductrice avec la poubelle dans laquelle l’ancien passager était toujours plongé à mi hauteur. Si son visage le lui avait permis, il aurait surement gonflé les joues et froncé les sourcils. C’était l’avantage et l’inconvénient de porter un crâne sur sa tête, ça limitait grandement le potentiel expressif du visage de son porteur. Il se contenta de croiser ses bras sur sa poitrine alors que sa partenaire réussissait avec beaucoup de prestance à réprimer son envie d’éclater de rire devant tant d’absence de fair-play.
—Et son accent titi-illumisien, ne l'oublions pas surtout.—

- Je te ferais remarquer que quand c’est toi qui gagne, je ne boude pas, moi.

Décidé à faire ressentir son mécontentement, Charles haussa les épaules et poussa un soupir contrarié. La conductrice quant à elle se contenta de pincer les lèvres pour éviter de fâcher plus encore son pokémon en affichant son amusement et rejeta sa chevelure épaisse par dessus son épaule. Un fin bandeau de soie noire venait dompter les mèches folle de la brunette, dégageant ainsi son visage, ce qui était plutôt pratique pour conduire il fallait l’admettre. Son décolleté était mis en valeur par une chemise noire ouverte en V dont elle avait retroussé les manches jusqu’au coude. Au creux de sa clavicule, son pendentif venait accrocher les éclats du soleil pour les renvoyer dans diverses directions, faisant concurrence aux boutons d’argent qui ornaient son col. De la même manière, elle avait opté pour des boucles d’oreilles assez sobres consistant en deux disques de faïence noirs insérés dans deux cercles, d’argents une fois encore. L’originalité de sa tenue tenait sans doute du corset de cuir qui enserrait sa taille fine et maintenait aussi discrètement qu’élégamment sa colonne vertébrale. Les motifs lacés de l’accessoire se retrouvaient d’ailleurs sur les mitaines qu’elle avait enfilées pour conduire ainsi que sur les bottes qui remontaient sur son pantalon chocolat jusqu’à mi-mollet. Baissant ses lunettes de soleil pour observer son pokémon par dessus ses verres fumés, elle coupa le moteur ronronnant de son véhicule.

La tenue:

- Tu vas être mauvais perdant jusqu’au bout ou tu vas nous les chercher ces cafés ?

Apparemment tenté par la perspective de bouder encore un peu plus longtemps, le Pokemon finit par ouvrir la boite à gant pour en sortir un calepin et un stylo. Une fois les deux objets rangés sous son couvre chef, au fond duquel des billets de banque semblaient scotchés, il s’extirpa de la voiture en grommelant pour partir en direction d’un StariBucks situé non loin de là. Une fois seule dans le véhicule, la jeune femme laissa s’échapper quelques expirations amusées et sortit son téléphone de sa pochette fourre-tout. Nombreux étaient les passants qui ralentissaient voire même s’arrêtaient aux abords du véhicule de sport sans que la baronne n’y prête la moindre attention, elle avait l’habitude à force et il était plus que normal que sa chère Spyker indigo fasse chavirer les coeurs des personnes dotées d’un minium de goût. Et en parlant de personnes de goût, elle fut comblée en voyant une notification ornée d’une miniature de porygon2 sur l’écran qu’elle tenait entre ses mains. Le message parlait de téléchargement et d’installation terminée et la nouvelle paraissait la ravir au plus haut point. N’attendant pas une seconde de plus, elle se mit à taper un message, l’air radieux d’une baronne qui prépare une vacherie illuminant son visage.
—Ma seule déception, ne pas être là pour voir sa tête quand ça va sonner.—

JINGLE:

”Cher Mad,
J’espère que la nouvelle sonnerie vous plaît, je l’ai choisie exprès rien que pour vous.
Bisous.
Votre bouseuse préférée. A.
PS : Vous ne pouvez plus la changer, ce qui n’est pas un problème puisqu’elle est géniale. Comme moi. De rien. ”

Quelque part dans Maïlys, un certain holokit allait sonner pour annoncer la réception d’un message. Un message qui faisait déjà rire son expéditrice. Elle imaginait son destinataire, occupé à créer des robots maléfiques dotés de boutons d’auto-destructions mal placés ou encore des nouveaux pisto-rayons-à-protons-laser-ionisés-qui-sentent-la-limonade, soudain déconcentré dans son travail par un jingle dont il ne reconnaitrait pas la provenance dans un premier temps. Puis il comprendrait sans comprendre que ça venait de son propre holokit. Et il découvrirait le message et comprendrait la situation. Et à partir de là il sauterait dans tous les sens, rebondissant contre les murs comme une balle de pinball en répétant son insulte favorite à chaque impact. Bien qu’elle ai masqué son numéro, évidemment, elle n’avait aucun doute sur le fait que son scientifique de destinataire ne mettrait pas longtemps à reconnaitre l’auteur de la plaisanterie ce qui était parfait. S’installant confortablement dans son siège en attendant que Charles revienne avec son café, elle resta appuyé sur le bouton central de son téléphone, normalement destiné à activer l’assistant vocal, mais faisant apparaitre son pokémon virtuel à la place.

- Mon cher Paolo, si tu n’étais pas là, il faudrait t’inventer.

Il fallait dire, il n’y avait vraiment rien de mieux que d’avoir un porygon dévoué dans son équipe. Surveillant son appareil au cas où quelque chose d'interessant apparaitrait de nouveau dessus, elle augmenta le volume de l'auto-radio et se laissa entrainer par le rythme de la musique qui envahit rapidement l'habitacle.

La jeune femme attendait patiemment que son Pokémon revienne avec son café, garée en double file, le coude posé sur la vitre ouverte de sa portière. Le temps passait vite quand on s’amusait mais qu’est ce qu’il paraissait long quand on attendait une commande… Baissant son rétroviseur pour vérifier son maquillage et sa coiffure, ses sourcils, bref le moindre détail de son visage, elle remarqua la ficelle de son gyrophare pendouillant mollement à coté de son oreille. Haussant les épaules, elle récupéra l’appareil qu’elle glissa dans sa portière. Elle était sur le point de réciter l’alphabet à l’envers quand son téléphone se mit à vibrer et sonner bruyamment.
—Bruyamment, le mot est faible—

Le fait que son téléphone sonne aurait pu être simplement surprenant voir drôle. Une bonne blagounette en somme. Mais il avait fallut que le téléphone de la baronne soit connecté à l’ordinateur de bord de sa voiture encore allumée pendant son attente. Le bruit qu’avaient vomi les hauts parleurs était abominable suffisamment pour que la jeune femme, après s’être par réflexe crispée sur son volant, sorte du véhicule sous une impulsion quasi reptilienne. Malgré le fait que les portières étaient fermée, la fenêtre conducteur ayant été activée pour être close au moment où la baronne était sortie, la tonalité insupportable restait largement audible à plusieurs mètres à la ronde. Lorsque Charles revint avec deux gobelets protégés par des capots en plastiques, il s’arrêta à quelques pas du spectacle, se demandant ce qui venait encore de se produire le temps qu’il fasse un aller-retour. La brunette, de nouveau stoïque était appuyée contre son véhicule, ignorant l’air perplexe des passants qui ralentissaient pour observer la scène. Lorsqu’elle remarqua son Pokemon s’approcher, elle partit à sa rencontre, prenant une des tasses en carton en précisant comme si de rien n’était.

- Un petit soucis technique, Paolo gère apparemment.

Elle but une généreuse rasade de boisson chaude alors que son pokémon grattait son crâne chauve du revers de son pouce. Quelques secondes plus tard, la musique se tût comme elle avait commencé et la jeune femme ouvrit la portière passager pour récupérer son téléphone, abandonné dans la bataille. Voyant ce qui s’y était affiché, elle ricana, tendit l’appareil à Charles et fit le tout de la Spyker pour s’installer de nouveau à la place conducteurs. Vu l’air qu’elle arborait, elle avait une idée en tête. Cependant une chose était sûre, elle allait prendre le temps de boire son dû avant de mettre son dernier plan en route. Ou du moins c’est ce que l’ossatueur espérait parce que lui aussi avait un café à boire après tout si bien qu’il espérait qu’elle ne le rappelle pas tout de suite.
—Le café d’abord, le reste ensuite. Je connais mes priorités—  

Buvant d’une main et pianotant de l’autre sur son mobile, elle regarda dans un premier temps l’endroit où elle était sensée récupérer sa ”course anonyme”. Ensuite elle s’assura que sa sonnerie toute personnalisée était toujours en place. Elle était sur le point de prendre sa dernière gorgée pour redémarrer quand une boutique attira son attention. Elle avait déjà en tête tout plein d’idées amusantes à mettre en place avec son scientifique fou préféré mais une nouvelle était en train de germer alors que la devanture du magasin de l’autre coté de la rue lui faisait de l’oeil. Cherchant rapidement quelques images sur internet pour les sauvegarder directement dans son téléphone, elle détacha sa ceinture, récupéra son gobelet vide et celui de Charles pour les jeter au passage et se faufila hors du véhicule sans plus d’explications mis à part un :

- Garde la Spyker, je reviens !

Son pokémon aurait sans doute haussé les sourcils s’il en avait eut, mais en l’espèce il se contenta de battre des paupières sans comprendre ce qui se passait. Observant le chemin qu’empruntait sa patronne, il comprit encore moins la raison pour laquelle elle entrait dans un magasin de télécopie et imprimerie. Puis, tout comptes fait, il haussa les épaules et sortit sa peau de chamois de la boite à gant, s’occupant de nettoyer et polir son os en attendant de connaître les tenants et aboutissants de la dernière trouvaille de la baronne. Quelques minutes plus tard, elle revint avec plusieurs plaques de papier blanc rigide format A3 sous le bras. Les glissant au sol devant le siège passager, elle rappela son pokémon pour faire le trajet, la sécurité avant tout, et se mit en route pour aller au point de rendez vous. Ce dernier ne fut d’ailleurs pas vraiment complexe à trouver dans la mesure où déjà, la tenue de l’ingénieur, un complet robotique aux antipodes des tendances printemps-été, passait difficilement inaperçue et où, ensuite, il y avait un enfant qui hurlait non loin de là où il se trouvait. Se garant le plus proche de lui possible mais aussi le plus loin de l’enfant hurleur, elle fit réapparaitre Charles à ses cotés, baissa sa vitre et plaqua ses mains à plat sur ses joues dans une expression de stupeur surjouée.

- Keeeewaaaa ? Mais sacrilège ! Comment cela se peut-il que ce soit vrai ? Ma prochaine course ne serait d’autre que le Docteur Doofensmirtz en chair et en…. Elle retrouva un air plus normal et professionnel, perplexe tout d'abord avant de reprendre. Elle n'avait pas prévu ça mais sa plaisanterie n'en serait que meilleure. Hmm, alors si un robot essaie de nouveau de se faire offrir une course, ça ne va pas aller du tout. C’est pourtant précisé dans les conditions d’utilisation du site, c’est terrible ça… Bon comme c’est vous, je vous offre le bénéfice du doute. Sortant un peu plus son buste de la voiture par la fenêtre ouverte, elle pointa un passant du doigt pour le prendre à témoin. Vous monsieur ! Oui oui, vous avec cette sauvage tignasse couleur du temps, venez par là j’ai besoin d’être sûre qu’il triche pas. Puis, sans quitter l’automate de Neffy des yeux elle mit une main en arrière pour que son pokémon lui fasse passer un de ses cartons fraichement imprimés. Allez y, prouvez que vous n’êtes pas un robot, qu’est ce que vous voyez sur l’image ? Elle précisa à l’attention du passant. Et vous, ne soufflez pas hein.

I'm not a robot: