[Terminé]Au mauvais endroit au mauvais moment [Lilith]

— J'ai bien envie de savoir oui... Comment pourraient-ils savoir de toute manière que j'ai regardé?

Au moins, sa petite blague ne l'avait pas mis trop mal à l'aise, tout comme sa suggestion. L'agent d'Abyss s'était finalement décidé à ouvrir la malette d'un coup sec, comme on retirait un pansement, comme s'il avait peur de faire une erreur. Il expliqua y trouver des sortes de plans d'un grand bâtiment... Pas vraiment plus d'infos. La vagabonde jeta un regard furtif aux documents, auxquels sans surprise elle ne comprenait absolument rien. Elle avait toutefois grâce à cela la certitude qu'Aaron ne travaillait pas à l'aveugle, en faisant bêtement confiance à ses commanditaires sans se poser plus de questions. C'était rassurant, il savait faire attention à lui et où il mettait les pieds.

— On devrait partir maintenant, suggéra-t-il. Il faut qu'on aille en sécurité loin de tout cela.

Elle avait entendu du bruit elle aussi, mais n'avait même pas réfléchit à ce que ça pourrait être, mettant ça sur le dos d'un Pokémon urbain qui se promenait et aurait pu faire tomber quelque chose sur son trajet. Avant même qu'elle ne puisse y penser d'avantage, Aaron l'avait prise par la main pour l'inviter à le suivre à toute allure, prenant la fille des rues par surprise. Elle se laissa un peu traîner sur quelques rues, jusqu'à ce qu'ils finissent par s'arrêter en sécurité, loin de la source des problèmes.

— Désolé d'être parti, s'excusa-t-il devant une Lilith encore un peu confuse quand à ce qu'il venait de se passer. Il y a eu du bruit, j'ai cru que des ens venaient. S'ils nous auraient vus, ils se seraient posé des questions...

— T'inquiète, répondit-elle simplement, bien consciente du danger elle aussi. On a bien fait de partir, t'as raison. Si on nous avait vus là-bas avec ce type assomé par terre, j'ose même pas imaginer les ennuis.

Il lui avait sans doute sauvé la mise en s'enfuyant ainsi avec elle, alors qu'elle n'avait pas pensé de suite à cette possiblité. Il était peut-être plus habitué à réagir rapidement à ce genre de situation... Lilith, même si elle n'en était pas à ses premiers problèmes et ses premières rixes, n'avait pas vraiment l'habitude de devoir être discrète à ce sujet. Aaron, lui, était comme une ombre agissant au grand jour.

— Je pense que je devrais y aller maintenant pour éviter de te poser plus de problèmes, lança-t-il en riant.

— C'est vrai que t'as l'air d'être un aimant à problèmes, avoua-t-elle sur le ton de la plaisanterie.

Sans vraiment qu'elle ne comprenne ce qu'il se passe, Aaron sortit ensuite un peu d'argent de ses poches pour le lui tendre. C'était une sacré somme! En tout cas pour elle. La vagabonde s'était retrouvée avec ces billets en main, un peu décontenancée.

— Avec ceci tu devrais pouvoir vivre tranquillement ces prochains jours, expliqua-t-il. Ne me remercie pas, c'est normal d'aider ses amis!

— Je... je peux pas accepter ça, répondit-elle en s'apprêtant à lui rendre son argent.

Mais d'un côté... pouvait-elle vraiment se permettre de refuser? C'était une garantie, pas tant pour elle mais aussi pour ses compagnons de route, de pouvoir se faire un peu plaisir, et d'être confortables pour quelques temps. Sans doute devrait-elle songer un jour à trouver une source de revenus plus sûre que sa musique. Quelque chose qui ne soit pas incompatible avec sa façon de vivre sur les routes, en ne suivant que le vent dans sa course. Laissant échapper un soupir, elle finit par se résigner.

— Ok... merci énormément. Par contre, je te revaudrais ça, lança-t-elle tout de même, n'étant pas prête à accepter gratuitement un tel cadeau. La prochaine fois qu'on se verra, je te dois au moins un verre en tête à tête, conclut-elle avec un petit clin d'œil taquin.

La prochaine fois? Qu'est ce qu'elle racontait, elle détestait l'idée de revoir les personnes qu'elle rencontrait. Elle haïssait la simple idée qu'une routine ne puisse s'installer dans sa vie... A vrai dire, c'était même une pensée qui lui faisait peur. Alors, pourquoi venait-elle de lui promettre des retrouvailles? Elle savait pourtant qu'elle en avait vraiment envie, de le revoir. C'était... une drôle de sensation. Elle détestait les drôles de sensations. Trop complexes, trop difficiles à comprendre, pour une fillette qui fut un temps avait du apprendre à sourire, à être en colère, à se sentir triste. Mais son train de vie tout entier ne consistait qu'à suivre ses envies sans réfléchir plus que ça... alors elle le reverrait un jour, elle en était certaine. Peu importait le peu de chances qu'ils avaient de se recroiser au hasard, ses pas la guideraient de nouveau jusqu'à lui.

La question était maintenant de savoir à quel point ils auraient tous les deux changé, le jour de leur prochaine rencontre?