[S4] Le hasard ne fait pas bien les choses [Aaron] [Terminé]

Son petit-ami s’était rapproché, suffisamment pour venir la blottir contre lui. Maya ne savait pas comment réagir. Est-ce qu’il lui en voulait ? Est-ce que tout était désormais réglé ? Elle n’en avait absolument aucune idée. Et comment pourrait-on lui en vouloir ? Après tout ce qui venait de se passer ; tout ce qu’elle venait de dire… comment savoir s’il réagirait bien ou mal ?

En un mot comme en cent : la dresseuse affichait désormais une mine perplexe. Au fond d’elle, elle tentait désespérément de réfléchir, n’y parvenant que trop peu. Toute son énergie avait été absorbée par sa colère, et maintenant, elle était simplement perdue.
Bien sûr, elle savait où elle se trouvait, et ce qui s’était passé mais… c’était comme si son cerveau s’était mis en pause. Comme si le moment où son petit-ami l’enlaçait venait de se figer dans le temps.

Puis tout repris son cours, alors qu’il lui adressait un sourire. Elle n’avait pas eu le temps de répondre à son étreinte. Tout s’était passé si vite. Rapide et lent à la fois. Elle se trouvait encore plus perdue. Mais que se passait-il ici ? Que se passait-il dans sa tête ?!

Bien que légèrement absente, Maya avait entendu toutes les paroles de Aaron. Sans les écouter. C’était comme si elle était dans un autre monde, au ralenti. Non. C’est son cerveau, qui avait du mal à assimiler rapidement toutes les informations qui arrivaient.
La jeune femme recula alors de deux pas, montrant à son tour un sourire. Était-il sincère ?

"Ne t’excuse pas… j’ai dit des choses… que j’aurais pas dû. J’ai vraiment dépassé les limites.."

Même pendant qu’elle parlait, Maya restait dubitative. Ces paroles-là, elle n’y avait pas pensé. Elles étaient sorties toutes seules. C’est ce qu’elle pensait, tout au fond d’elle.

D’un seul coup, quelque chose sembla se briser. Et se réparer en un instant. C’était son énergie. Elle était totalement épuisée. Sous le choc, la dresseuse tomba sur les fesses, fronçant les sourcils. Rapidement, elle leva ses mains, affichant un sourire.

"Ne t’inquiètes pas, je vais bien !"

Se raclant la gorge, Maya se mit à caresser sa Gruikui, qui était venue voir l’état de sa maîtresse.

"Toi aussi, je t’ai fait subir ça…"

La jeune femme laissa échapper un soupir, avant de reprendre la parole.

"Hum… tu veux qu’on aille manger quelque chose ? Après tout… maintenant qu’on est là tout les deux, on peut pas revenir en arrière… et puis ! Si Angstorm vient, on n’a qu’à le battre, et puis voilà !"

Bien qu’elle affichait à nouveau un sourire, la dresseuse ne pensait bien évidemment pas qu’elle était capable de faire cela.

"Oui… on y va !"

Tout en parlant, Maya avait attrapé la main d’Aaron, avant de se faire surprendre par un baiser, auquel elle répondit.
Elle se sentait bizarre. Pas fatiguée ou mal. Maintenant que son calme commençait à revenir, elle se rendait compte de quelque chose. Elle venait de passer une étape. Dans sa vie, tant que dans son couple.
Voyant son petit-ami faire rentrer son Caninos, la dresseuse prit l’initiative de l’imiter, promettant un bon repas à sa Gruikui plus tard.

"Un endroit sympa.. ? Pas vraiment.. mais on peut essayer… ici ?"

Maya n’avait pas vraiment regardé où partait sa main. En vérité, elle n’avait rien regardé du tout. Et elle s’en fichait. Pour elle, tout ce qui comptait était l’instant présent.
À ce fait, elle se stoppa en plein milieu de la rue, faisant grogner quelques passants. La jeune femme vint prendre la deuxième main d’Aaron, prenant à nouveau la parole.

"Ce qui s’est passé aujourd’hui… et même les jours d’avants… ça a été très difficile. Mais maintenant… je suis là et… avec toi ! Je suis sûre que tout se passera bien, à partir de là !"

Les yeux de la dresseuse brillaient, alors qu’un sourire élargissait son visage. Peut-être avait-elle raison. En tout cas, elle avait bien été calmée. Cela serait peut-être décisif dans un futur proche.

Aaron avait accepté d’aller dans le restaurant. C’était déjà ça de fait. Encore fallait-il y accéder, avec autant de monde dans la rue.
Maya appréhendait beaucoup ce qu’il allait lui répondre, mais au final, tout se passait étrangement bien. C’était donc ça, l’arc-en-ciel après la pluie ?
Il avait raison. Elle était plus forte. Même si ce n’était pas forcément de la manière qu’elle le voulait. Et puis… tant pis. Si c’était comme ça, c’est que ça devait l’être.

Sur tout le trajet, Maya resta bien silencieuse et pensive, relevant la tête une fois arrivés au fameux restaurant.
Lorsque Aaron le mentionna, elle prit le pendentif entre deux doigts, et le fixa du regard.

"Oui."

Peut-être fallait-il développer un peu plus.

"Il est magnifique… merci !"

Un sourire franc sur le visage, elle prit la parole.

"Alors… tu sais ce que tu vas faire, à partir de maintenant ?"

Et elle.. ? Qu’allait-elle faire, d’ailleurs ? Retourner à Sinnoh voir ses parents.. ? Hahahaha non. Surtout pas. Jamais elle ne ferait ça. Mais alors quoi ? Prendre un peu de repos, et ne pas penser à ces histoires d’Abyss ? Sans doute. Mais était-ce seulement possible ? Est-ce qu’au final, battre cette organisation n’était pas devenu son objectif ? Est-ce qu’il ne s’agissait pas là de sa raison de continuer à se battre et progresser ? Oh ! Qu’est-ce que c’était compliqué !

Le serveur venait d’arriver, interrompant la discussion. Maya laissa passer quelques secondes, avant de se décider.

"Je prendrais juste des pâtes et… votre alcool le plus fort. S’il vous plaît. Oh, et à boire pour mes amis !"

La dresseuse ne pensa pas à prendre de la nourriture pour eux. À vrai dire, elle était encore légèrement désorientée par les quelques évènements précédents.

Elle écouta Aaron lorsqu’on répondit finalement à sa question, et ne l’interrompit pas.
Le serveur apporta ensuite les boissons, annonçant que la salade suivrait bientôt.
Toujours sans dire mot, Maya bu son alcool d’une traite, le regrettant amèrement après avoir toussé pendant plusieurs secondes. Il était vraiment fort, y’a pas à dire. Ce n’est qu’après ça qu’elle se permit de répondre.

"Hum. Je vois. Et s’il reste dans son délire ? Tu vas rester chez Abyss jusqu’à sa mort ? Bah ! C’est toi qui vois. Moi, je penses que c’est idiot. Enfin…"

Elle marqua une pause, soupirant, tout en clignant des yeux. Ne venaient-ils pas d’avoir une discussion similaire quelques peu avant ? Y avait-il vraiment une utilité à le relancer ?

"Si je pouvais partir et te forcer à venir, je le ferais. C’est ce qu’il y a de mieux à faire."

Baissant la tête, elle baissa également sa voix.

"Et j’ai pas la force de partir seule.."

Gardant la tête baissée, elle serra les poings, avant de se lever d’un coup sec, faisant tomber le serveur ainsi que la salade qu’il apportait. Toutes les personnes dans le restaurant la regardaient alors, se demandant quelle mouche avait bien pu la piquer.
Maya renvoya son regard à chacun, avant de se mettre à crier.

"JE SUIS MAYA SAKANA ! SI Y’A UNE PERSONNE D’ABYSS DANS LE COIN, COURREZ VOIR VOS SUPÉRIEURS ! JE VAIS TOUS VOUS TRAQUER, JUSQU’AU DERNIER ! C’EST UNE DÉCLARATION DE GUERRE, OK ?"

Légèrement essoufflée, elle prit légèrement le temps de regarder à nouveau l’ensemble de l’assistance, avant de se diriger vers la sortie. Arrivant à la hauteur d’Aaron, elle ajouta, à voix basse :

"Ça me plaît pas de dire ça… mais ça vaut pour tous les membres d’Abyss…"

Elle le fixa dans les yeux, terminant sa phrase.

"Sans exception. C’est bien clair ?"

N’attendant pas de réponse, elle quitta le restaurant.

Partie telle une furie, Maya ne vit pas Aaron la rattraper. En revanche, elle fut bien obligée de l’écouter lorsque son poignet fut attrapé.
Il l’attira à lui, la forçant à le regarder dans les yeux. Il semblait triste, mais elle n’en tenait pas compte, aveuglée par sa haine.

"La situation ?"

Elle fronça légèrement les sourcils, cherchant une réponse, mais également le sens de la question.

"Ils vont nous retrouver, oui. C’est pour ça que je leur ai donné mon nom. C’est pour ça que j’ai dit tout ça. Ils vont venir à moi, et je vais en finir. Ce serait plus simple comme ça, non ?"

Maya regarda la main désormais sur son épaule, la repoussant doucement.

"Tu es contre eux… mais jusqu’à quand ? Combien de temps avant que tu ne suives ton père ? Combien de temps avant que tu ne veuilles tenter le coup de ressusciter quelqu’un ?! COMBIEN DE TEMPS AVANT QUE TU NE TE RANGE DE LEUR CÔTÉ ?!"

Elle respira étrangement. Autant de colère en si peu de temps n’était pas bon pour elle. D’autant plus qu’elle s’était mise à ignorer la foule l’entourant. En s’en rendant compte, elle redescendit d’un ton.

"Peu importe le temps que tu resteras avec eux… je ne pourrais plus te faire confiance."

Détournant légèrement le regard, elle termina sa phrase.

"Non… je ne peux déjà plus te faire confiance, en vérité. Qu’est-ce que je peux faire ? Comment je peux savoir si tu ne mens pas ? Si tu n’es pas rallié à leur cause ?"

A la première phrase de Aaron, Maya faillit approuver, et se prépara à argumenter. Néanmoins, elle n’en eut pas le temps. Elle vit son petit-ami sortir une sarbacane, et commencer à la charger avec une fléchette.
La jeune femme afficha alors un léger sourire victorieux. Ainsi, elle avait eu raison, et il s’apprêtait à lui tirer dessus avec ça. Non. Quelque chose au fond d’elle lui assurait que ça n’arriverait pas.
Et les paroles ne firent qu’accentuer cette impression, à l’extrème.

Le poing fermé, et les dents serrées, la jeune femme fixa Aaron dans les yeux, tout en se mettant à parler.

“Pourquoi…”

D’abord à voix basse, elle haussa un peu plus le ton, s’exprimant désormais à un volume normal.

“Pourquoi tu me laisses pas te sauver ?! Tu sais tout ce qui se passe ici ?! Tout ce que j’ai fait..? Je ne veux plus rester ici... mais je ne veux pas te laisser.”

Elle soupire, et desserre le poing.

“Désolée. Je ne fais que me répéter, depuis tout à l’heure. Et… je pense que ça ne va pas s’améliorer. J’imagine que le mieux c’est de se dire au revoir maintenant… peut-être.”

Elle hésita à reculer, et s’en aller. Mais elle ne voulait pas. Elle espérait qu’ils puissent encore passer du temps ensemble, sans qu’il n’y ait de problèmes, de cris ou de colère. Mais dans l’état dans lequel elle se trouvait… seul le temps pouvait la calmer.