Aujourd’hui, le rire ne serait pas le fil conducteur du récit.
Yob Stran, champion de la Ligue de type insecte, en était pourtant un des agents. Cependant, il n’en était pas déçu. Un peu de sérieux ne lui fera pas de mal. Son sourire, éternellement affiché sur son visage particulier, n’existait plus. Il avançait alors, vigoureusement, à travers les étendues volcaniques, se promettant d’arriver jusqu’à la porte de Rodin. Yob était équipé du nécessaire à l’accomplissement de sa mission : ses pokémons étaient près de lui, d’autres secrets lui étaient attachés, et il avait rangé sa bêtise.
En apercevant au loin la fameuse porte, il cessa sa marche. Il entreprit alors de penser un peu. Peut-être sera-ce la dernière fois qu’il le fera...Tout d’abord, son passé : évidemment, Stran se remémora toutes ces années seul à attendre que quelqu’un ne vienne le voir et ne s’intéresse à lui, où personne ne lui a appris à grandir, à devenir ce qu’il rêve dorénavant de voir pour les enfants de l’île. Il serra à sa ceinture la pokéball de Grant, son meilleur ami qui l’a aidé à se sortir de cette situation horrible de solitude, et à entrevoir l’avenir comme un chemin lumineux, pavé de bonheur, de vivre ensemble, d’autodérision et de rire. Quelle belle utopie que la vie idéale de Yob Stran, le loubard étrange.
Lui, il avait eu de la chance. Il avait un talent certain qu’il avait deviné et qu’il camouflait. Au fond, Yob Stran n’était qu’un grand chanceux : il avait été champion car le type insecte était dur à maîtriser et était peu populaire, ce qui lui a valu d’être nommé en dépit d’autre candidats sérieux, il avait toujours été de ceux qui ne meurent pas lors des tragédies, et il avait cette particularité de toujours aller là où il fallait. Pourtant, sa principale qualité c’était que sa confiance en soi n’existait que dans l’idée de croire en une autre personne. Seul, Yob est une coquille vide et sans intérêt, mais avec quelqu’un, Yob est une armure. Ce besoin d’aider a toujours été pour Yob sa seule fonction vitale, dans le sens où il mourrait s’il personne ne pouvait le voir. Son talent, au final, était d’être un complément de n’importe qui, aussi étrange qu’il puisse être.
Sa mentalité a évoluée au fil du temps. Lui, il est devenu quelqu’un par un heureux sort du hasard, mais si beaucoup se seraient reposés sur cela, lui a décidé de partager sa chance. Son véritable but est l’avenir de Maïlys, et plus spécifiquement de ses enfants. Il a bien vécu et a pour devoir d’éduquer la génération suivante à la paix. Lui pour les autres, c’est comme ça qu’il conçoit son existence et son but. Son excentricité, sa manière de faire, ses habitudes, ses blagues, son comportement enfantin et déplacé, son apparence exagérée, sa bêtise...toutes ces manières n’avaient qu’un seul but : renvoyer une image positif d’un idéal parfait, beau, optimiste. Malgré des dérives, Yob ne pensait pas avoir mal fait.
Il reprit son sérieux un instant, et rigola un peu dans sa tête. Il fallait relâcher un peu la pression avant d’affronter le diable : il s’amusa à penser qu’un instant flashback était l’apanage le plus ridicule des héros. Oh, se considérait-il comme un héros ? Peut-être un peu. Il fallait bien laisser déborder son égo parfois, sinon l’on se braque. Mais bref, il fit un autre pas et se laissa aller à d’autres divagations de l’esprit : qu’avait-il accompli, au final ?
Il avait joué au super héros, rencontré des jeunes au potentiel certain, il avait rigolé, il s’était battu contre des dresseurs talentueux, avait participé à des compétitions loufoques, et il en était fier.
Mais...il avait échoué à sauver l’avenir d’un garçon, et pire encore, à rendre justice face à son agresseur, car il avait été trop faible pour faire du mal, à devenir un criminel, il avait aussi plusieurs fois blessé des gens par sursaut de folie...et sa pire erreur, mais aussi sa plus grande prouesse, avait été de récupérer une des clés.
La Ligue et lui n’étaient pas toujours en bons termes. En fait, Yob avait pensé quitter la Ligue juste après avoir inséré sa clé, s’il était encore vivant après. La Ligue n’agit pas autant qu’il le croyait, la Ligue réconforte, la Ligue soigne les blessures, mais la Ligue n’anticipe pas. La véritable justice se devait de trouver des représentants, et il pensait à devenir un vagabond. Pour le moment, il agissait en tant que champion. Un champion qui n’avait pas prévenu ses supérieurs qu’il allait vers l’endroit le plus dangereux et le plus mystérieux du monde avec un des moyens de l’ouvrir partiellement. Plus il y pensait, plus Yob se rendait compte que rien n’avait de sens dans ses agissements. Mais il ignorait tout ça. Au final, réfléchir est le seul moyen que Yob aurait pour anéantir sa détermination.
Plus que quelques centaines de mètres. Yob devait arrêter de penser. Maintenant, tout pouvait arriver. Son passé était effectivement passé, son futur était trop incertain, son présent était littéralement la clé de tout. De sa main gauche, Yob était prêt à lancer ses pokémons, de sa main droite, Yob portait une arme. Il n’y avait personne de visu. La clé était cachée sur son corps, à l’endroit habituel. Il prit une inspiration certaine et détala le plus vite possible, autant que ses muscles jambiers le permettaient. C’était maintenant où jamais. Plus aucun rire, plus aucun trouble, plus aucune idée, seulement un objectif : bondir jusqu’à la serrure la plus proche et y insérer la relique.
60 mètres à parcourir.
Yob Stran vérifia aux alentours : personne. Pas un bruit à par celui de ses pas.
50 mètres à franchir.
Ses mains tremblaient d’excitation, de peur et d’espoir. Ses réflexes étaient si aiguisés qu’on aurait dit qu’ils avaient été améliorés par Poliroche.
30 mètres séparaient la porte du champion.
Il rangea son arme à sa ceinture, et il inséra sa main dans son caleçon pour y attraper la clé.
20 mètres à faire.
Les yeux de Yob, cachés derrière ses lunettes caractéristiques, ne clignaient plus. Il était dans un état de transe profonde.
10 mètres...encore.
Maintenant, c’est maintenant Yob Stran.
Écrasant le sol avec une de ses jambes, il fit un tour sur lui même et laissa sa constitution herculéenne utiliser la vitesse de sa course et la puissance de l’intégralité de sa chair, galvanisée par son appui à l’instant, pour sauter à une hauteur incroyable et placer sur la serrure la plus haute sa clé. Insérée, il sembla un instant que Yob pensait être soulagé, mais rien n’y fit. En atterrissant, le champion se retourna précipitamment, prêt à dégainer.
Un fauteur de trouble ? Un ennemi ? Un allié le croyant lui-même son adversaire ? Un pokémon sauvage ? Un gardien des temps anciens ? Il était prêt à tout affronter.
Aujourd’hui, Yob Stran n’avait peut-être rien accompli. La suite nous dira s’il a participé à écrire une nouvelle page de l’avenir, ou s’il n’a été qu’une anecdote.
La plus pimp de toutes les anecdotes.