[Hugues Baer + Axelle]Lakit dans la brume

Axelle courut à la suite de son compagnon d'infortune. Les Migalos semblaient enragés, le combo de Tranch'herbe et de Piétisol semblait les avoir mis dans une fureur noire. Des Toiles volaient de partout, et la jeune fille dut plus d'une fois bondir au-dessus de l'une d'elles pour ne pas se retrouver à portée des horribles bestioles.

Finalement, ils finirent par tomber sur d'autres gens. Némésis, Ligue, ou simplement habitants du coin qui défendaient leurs maisons, Axelle n'en avait aucune idée. Tandis que j'aime le caca crachait ses poumons (quelle idée de n'avoir pas pris un masque au ravitaillement, aussi ?), Axelle se dirigea vers l'origine des voix. Plusieurs personnes parlaient entre elles : la horde de Migalos qui les poursuivait était toute proche. Elle ne prit pas le temps de demander son chemin ni de les prévenir, elle déboula parmi eux et les bouscula, poursuivant sa route en tirant un j'aime le caca assez amoché derrière elle. Pas question de s'arrêter maintenant. Des hurlements horribles s'élevèrent quelques secondes plus tard, et se terminèrent rapidement en des gargouillis écoeurants. Axelle frémit, et espéra que les Migalos n'avaient plus faim, maintenant. Si c'était la faim qui les poussait...

Ils finirent par s'arrêter, épuisés, lorsque les crissements arachnéens des pattes sur les pavés devinrent inaudibles. Axelle songea à enlever son masque pour le prêter à j'aime le caca et se protéger avec une écharpe pour un temps, mais un grésillement de sa radio attira son attention. Une voix quasiment inaudible répétait :

"Rendez vous aux Ruines de Grei... Rendez-vous aux chhhrrrrhhh de hhchrhrh vous chrhhrhch nes de grchrhhhr..."

j'aime le caca devait également posséder une radio, songea Axelle. Les ruines, de ce qu'elle savait, n'étaient pas très loin. Ils se remirent en route après qu'Axelle ait offert la moitié de sa bouteille d'eau à son coéquipier.


Une fois sur les lieux, ils entrèrent par une sorte de porte béante, espérant trouver un peu d'air frais à l'intérieur. Manque de chance, le brouillard semblait s'être répandu un peu partout. Ils se dirigèrent vers un escalier afin de descendre : l'air frais descendait par rapport à la fumée, en général, alors il faudrait descendre dans ces profondeurs pour en trouver un peu. Le messsage sur la radio grésillait toujours, puis s'interrompit. L'obscurité était totale, et Axelle dut rapidement sortir sa lampe-torche. Celle-ci se réverbérait contre les volutes de fumée, ne révélant finalement que très peu les alentours. Prudemment, ils s'engagèrent dans un escalier à moitié effondré qui semblait descendre jusqu'aux entrailles de la planète.

Récapitulatif:

Finalement, les araignées furent semées grâce au sacrifice héroïque des victimes leur ayant servi de repas. Le spectacle était fort peu ragoûtant et serait sans doute censuré 18+ par la certification Pegi. Hugues grimaça et menaça de vomir autre chose que ses poumons cette fois ci. La chair des victimes pustulait et se nécrosait à vue d'oeil suite aux morsures venimeuses des Migalos. D'un autre côté, il était ravi qu'il ait pu y échapper et que ce soient des lambdas qui y passent. Il mourrait un autre jour. Pour l'instant il devait se rendre aux Ruines de Grei en compagnie d'Axelle.

"Les Ruines de Grei ? C'est pas le truc qui est passé à la télé avec la Chaglam la ?! Pfff. Déjà que j'ai trouvé ça chiant ! C'est que des vieilles pierres ! Y'a rien à se mettre dans la poche... J'me demande ce qu'il a derrière la tête le papi !" s'exclama le trentenaire.
Il n'était pas particulièrement motivé par l'exploration de ruines. Comme il venait de l'expliquer, la valeur monétaire de ces dernières était difficilement mesurable car la demande était très faible pour ce genre de biens. De plus, il n'était pas dit que toutes les pierres gravées aient de la valeur. Bref : une perte de temps. Il valait mieux faire les caisses d'un Golden Dragon Casino. Axelle lui passa ensuite une bouteille d'eau. Quelle délicate attention. Assoiffé, l'homme ne refusa pas un tel don et but la portion qui lui était allouée avec célérité. Ce n'était que de l'eau, mais il la sirotait comme s'il s'agissait d'un très bon alcool. Les circonstances rendaient n'importe quelle commodité banale extrêmement jouissante. Requinqué par cette petite pause, le sbire put alors se concentrer sur la recherche des ruines. Ce ne fut pas trop dur. Tout le monde semblait s'y précipiter.

Une fois à l'intérieur, le duo se heurta au premier obstacle : la luminosité. Il faisait aussi sombre que dans l'esprit de Lyndia la dedans. Il n'y avait pas la moindre lumière pour éclairer ce gouffre béant. Heureusement, Axelle avait une lampe de poche dont le faisceau se réverbérait admirablement bien sur le brouillard aussi épais à l'intérieur que dans New Lakit. C'était étrange de voir qu'il s'était propagé jusqu'ici... Après, il semblait bien épais, donc c'était peut être normal qu'il aille vers le bas car plus dense que l'air classique.

"Qu'est ce qu'il fait sombre la dedans ! Et c'est étouffant comme pas possible ! On se croirait presque en taule !..."
Tout à coup, d'étranges souvenirs s'emparèrent de l'esprit du barbu. La simple évocation de la prison semblait l'emplir de claustrophobie et de paranoia. Il regardait à droite à gauche, peu rassuré, comme si des gardes et des barreaux invisibles semblaient le hanter. Sa respiration se faisait plus anxieuse et son rythme cardiaque augmentait. Il n'était clairement pas à l'aise. L'atmosphère des ruines emportait petit à petit sa santé mentale. Ce fut encore pire quand Axelle emprunta un escalier qui semblait s'enfoncer de plus en plus dans les ruines et vers le sous sol. L'espace était encore plus étriqué et les gravures ressemblaient de plus en plus à des barreaux aux yeux du forcené.

"Dis ! Tu vas pas aller la dedans quand même !!!" s'écria l'homme.
Trop tard. Elle était déjà partie. Il fonça pour la rattraper et descendit l'escalier à grands pas... avant de se casser la figure et de le dévaler sur les fesses en hurlant. Il tentait de se raccrocher tant bien que mal aux parois mais ses doigts s'écorchaient sur la roche qui était extrêmement coupante. Petit à petit, il se lacérait les mains et son sang alla reposer sur les murs des ruines. Sa chute ne fut stoppée que par un tournant dans l'escalier qui le fit se cogner contre un mur.

"Putaaaaaaain !" hurlait-il.
Il regarda à droite à gauche avant de comprendre qu'il avait surement du semer Axelle dans sa chute. Il était maintenant seul et dans le noir. Ses yeux doublèrent de volume tandis que de nouvelles visions de la prison lui revenaient en tête... voire semblaient se matérialiser. Des voix semblaient murmurer à son oreille pour le rendre encore plus fou. Il se recroquevilla sur lui même, comme paralysé par la paranoia. Dès qu'on touchait un peu trop à son esprit grâce à des stratagèmes psychiques, le trentenaire semblait s'effondrer. Il était bien loin le grand costaud intrépide. Tremblotant de froid sur lui même, il n'osait plus avancer plus loin dans les ruines et grognait des paroles incompréhensibles.

Récapitulatif:

Axelle s'enfonça dans le tunnel, pas rassurée le moins du monde. Son instinct la poussait à descendre, mais l'obscurité la terrifiait. Elle brandissait sa lampe-torche dans tous les sens, sans y voir grand-chose : le simple fait d'avoir de la lumière la rassurait un peu. Elle commença à descendre les marches de l'escalier sans écouter la voix de son coéquipier qui lui semblait très, très lointaine... Quand soudain, un hurlement la fit sursauter et elle manqua de lâcher sa lampe. Le coeur battant à mille à l'heure, elle sentit une masse volumineuse la frôler, et elle mit plusieurs secondes à comprendre que le grand bruit qu'elle avait entendu n'était autre que Hugues qui s'était méchamment ramassé.

Elle dévala les marches à sa poursuite, mais vu son poids, il avait dû atteindre le fond depuis bien longtemps. Elle manqua de glisser et s'érafla le bras en se rattrapant : elle s'arrêta, et se força à se calmer. Son coeur battait trop vite, sa respiration était saccadée dans son masque à oxygène qui l'étouffait plus qu'autre chose. Ses mains tremblaient. Elle se força à descendre à l'aveuglette, crispée sur sa torche qui ne lui servait qu'à éclairer les volutes de fumée qui semblaient de plus en plus prendre des formes fantomatiques. L'escalier lui parut interminable. La fumée l'entourait et l'étouffait. Elle déglutit avec difficulté. Un souffle d'air derrière son dos, trop subit pour être naturel, la fit se retourner brusquement pour scruter les ténèbres. Il y avait quelqu'un. Sans plus réfléchir, elle dévala les marches restantes et faillit se casser la figure en arrivant sur du plat. Un rire lugubre sembla se moquer de sa faiblesse. Parmi ses pensées affolées, elle réussit à s'accrocher à la seule à peu près cohérente qu'elle trouva : retrouver son compère.

Une forme apparut devant elle, volute parmi les volutes. Plus menue que Hugues, presque enfantine, elle avait une forme vaguement familière. Un visage apparut, déformé et monstrueux, mais les yeux noirs qui la dévisageaient avec mépris étaient reconnaissables entre mille. Lorsque l'apparition parla, elle eut l'impression que Louis chuchotait à son oreille.

"Tu m'as abandonné. Tu ne mérites pas d'être ma soeur..."
"Quoi...? Je... Louis ?"
"C'est toi qui m'as entraîné là-dedans... Je ne veux plus jamais te revoir !"

Axelle se mit à sangloter, sa poitrine se soulevant compulsivement. Tout était de sa faute. Si Louis n'avait jamais cherché à la retrouver, pourquoi voudrait-il la revoir maintenant ? Elle l'avait abandonné, son propre petit frère, si fragile et innocent... L'apparition disparut lorsque la lampe-torche s'éteignit. Axelle renifla sans comprendre ce qui se passait, et avança à l'aveuglette. Elle buta sur quelque chose de mou qui grogna : un Pokémon ? Elle secoua la lampe-torche qui clignota faiblement, lui permettant à peine de voir Hugues recroquevillé sur le sol, les pupilles dilatées, l'air fou.

Elle se rendit soudain compte de quelque chose. Pourquoi Louis lui avait-il parlé ? Pourquoi était-elle aussi terrifiée d'être dans le noir, alors qu'il n'y avait rien d'autre que des murs un peu humides... et ce brouillard omniprésent ? Ses pensées étaient embrumées. Elle se raccrocha à quelque chose de tangible : Hugues. Les larmes lui mouillaient les joues, mais elle ne voyait rien de toute façon. Elle attrapa le barbu par le bras, et s'efforça de retrouver une voix stable et sûre :

"Il faut... qu'on sorte de ce brouillard. Viens, allez !"

Elle tira de toutes ses forces pour le relever : il faisait quarante bons kilos de plus qu'elle, et s'il ne l'aidait pas un peu, elle ne parviendrait jamais à le traîner, mais c'était plus pour se concentrer sur quelque chose - et pour le faire réagir.

Récapitulatif:

Le syndrome de stress post traumatique d'Hugues fut interrompu par l'arrivée soudaine de sa partenaire : Axelle. Il ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait au premier abord. La demoiselle tentait de soulever toute la masse du trentenaire qui mit un petit moment avant de le comprendre. Il semblait comme en transe. Cependant, les essais désespérés d'Axelle pour le réveiller finirent par le faire retomber contre un mur. La chute le fit se cogner et brisa les illusions dans lesquelles il était baigné.

"Hein ?! Axelle ! Qu'est ce qu'on fout la ?!"
Il regarda à droite à gauche et n'observa que le noir des ruines. L'odeur était toujours aussi horrible et il posa sa main contre sa bouche jusqu'à remarquer le goût ferreux du sel se déposer sur ses lèvres. Une expression de surprise parcourait ses traits alors qu'il releva sa tête vers la demoiselle. Petit à petit, il commençait à comprendre.

"C'est ces ruines qui font ça la ?! Toi aussi tu as halluciné ? Faut vite qu'on se barre !"
Il se releva alors et se décida à poursuivre la descente de l'escalier. Il était hors de question de se retaper toute cette descente dans l'autre sens ! Ca devait faire plusieurs centaines de marches ! Il n'avait plus assez d'endurance pour un tel exploit physique et tomberait de fatigue au milieu du chemin. Ce n'était pas un bel endroit pour mourir d'épuisement. Il préférait que ce soit dans un lit avec de la charmante compagnie. Heureusement, l'escalier était en réalité quasi terminé. Non loin se trouvait une sorte de temple ou de sanctuaire. Plus Hugues avançait, plus il pouvait remarquer des points lumineux se dessiner aux alentours, formant d'innombrables petites lueurs dansant comme des bougies. Le sol crissait sous ses pieds et de nombreuses colonnes semblaient gêner sa progression. Finalement, la malice reprit rapidement sa place dans le regard du sbire. De nombreuses gemmes luminescentes ornaient la pièce. Ca devait valoir un beau paquet de thunes de tels cailloux ! Il était sûr qu'il y aurait forcément un joaillier qui adorerait faire des bagues luminescentes pour ses clientes richissimes. Attiré par les gains potentiels, l'homme commença à grimper à un des pilones malgré ses paumes blessées. Il grimaça plusieurs fois et poussa quelques cris de douleur à cause de la morsure de la roche sur ses plaies.

"Axelle ! Viens m'aider ! On va piquer ces caillasses ! Ca doit valoir un max de thunes ! On va être riches !" lança l'homme.
Il ne se doutait pas que dans l'ombre, d'autres sources de lumière apparaissaient. Un H rougeoyant s'alluma tandis que le sol commençait à trembler légèrement. Le golem protégeant le temple s'était réactivé. Un Regirock avançait à pas lents mais géants, faisant trembler le sol à chacun d'entre eux. Hugues ne se soucia pas de ces mini séismes. Il supposait que c'était Axelle qui lançait des Piétisol comme avant dans la rue. C'était bien son genre. Le golem de pierres fut libre de commencer à attaquer tout ce qui lui passait sous la main. Nul doute qu'Hugues serait sans doute le prochain.

Récapitulatif:

Axelle suivit Hugues dans la pénombre, qui semblait doucement s'éclaircir. Des pierres lumineuses incrustées dans les murs parvenaient à très légèrement illuminer les alentours, juste assez pour qu'ils puissent découvrir les environs. L'escalier avait débouché sur un tunnel qui menait à une sorte de grotte immense déchirée par des stalagmites énormes. La jeune fille resta bouche bée. Partout, les pierres lumineuses brillaient de mille couleurs, baignant la grotte d'une pâle lumière irisée. Encore un peu sous le choc de ses hallucinations, Axelle resta plantée là un petit moment tandis que son compagnon s'affairait.

Elle l'entendit jurer à plusieurs reprises avant de se rendre compte de quelque chose : le brouillard s'était légèrement dissipé. Elle ôta son masque et le fourra dans son sac et inspira l'air sec de la grotte qui sentait le caillou et le renfermé. Soudain, juste devant elle, s'allumèrent doucement sept points rouges, lumineux et parfaitement alignés en une forme de H. Curieuse, Axelle s'approcha jusqu'à presque les toucher. Elle se sentait calme et la lumière l'attirait, comme... une baudroie attire sa proie.

Axelle se rendit compte de l'erreur énorme qu'elle avait commise lorsque, alors que sa main n'était qu'à quelques centimètres des points rouges, un craquement de fin du monde retentit et les lumières s'éloignèrent vers le haut. Un monstre se levait, dérangé dans son sommeil millénaire par deux hurluberlus perdus. La jeune fille ne connaissait pas le Pokémon Golem, et elle se contenta de reculer. Elle entendit Hugues l'appeler, au loin, pour une histoire de cailloux. Le Regirock se dressait devant elle, la fixant de son regard rouge (mais étaient-ce des yeux?).

"Hugues..."

Elle avait à peine chuchoté, paralysée par la peur. Elle retenta d'appeler son allié, mais seul un mince filet de voix s'échappa de ses cordes vocales. Le Regirock se mit soudain en mouvement, et chacun de ses pas causait un mini-tremblement de terre. Elle manqua de tomber, puis se reprit : elle devait faire quelque chose. Elle se précipita vers la paroi sur laquelle Hugues était perché, et elle hurla :

"PUTAIN DE MERDE HUGUES BORDEL DESCENDS !!!!!"

La peur ne lui permit pas de dire autre chose. Dans la panique, elle envoya tous ses Pokémon en même temps contre cet ennemi colossal qui se tournait vers elle. Savage, Rocket, Mocheté et Rocaille apparurent dans un éclat rouge. Le Regirock ne sembla pas s'intéresser à eux outre mesure, pourtant : son visage (pour autant qu'on eusse put appeler ça un visage) était tourné vers le brigand qui essayait d'extraire les gemmes du mur. Il s'arrêta, puis excava une stalagmite aussi facilement que s'il s'était agi d'un couteau à beurre. Il allait punir le voleur de son sanctuaire. Sans réfléchir, Axelle hurla à nouveau :

"VITE, EMPECHEZ-LE DE BALANCER CA !!"

Elle ne pouvait littéralement rien faire contre le colosse. Par contre, Mocheté et Savage déployèrent efficacement leurs deux Fouets Lianes, enlaçant la stalagmite dans la main du golem. Rocket, pourtant terrorisé aussi, lança une Ecume sous les pieds du géant, espérant le faire tomber. Il pouvait toujours espérer, mais bon. Rocaille, quand à elle, lança à nouveau son attaque préférée : Piétisol. Axelle espéra que Hugues avait eu la présence d'esprit de commencer à descendre à son premier appel, parce que sinon, il risquait de dégringoler de haut.

Récapitulatif: