Milo - The Taste Of Fresh Air

Grandir dans une métropole pleine de gratte-ciels, on ne va pas se mentir, c'est assez marrant. Il y a toujours quelque chose à faire, des tas d’activités sont accessibles. Cinéma, patinoire, restaurants, ballades au bord du port, sauts en élastique du haut d'un building, fête foraine saisonnière, musées, salles d'escalade, cours de musique, et surtout : pleins et pleins de petits cafés, de cafés à concepts, de cafés gourmands, gastronomiques, librairies, à pokémons félins, canins, rongeurs, ou aquatiques. Pleins et pleins de lieux et d'occasions de déguster un délicieux petit gâteau avec une tasse de thé en écoutant le discret fond sonore de jazz ou de lo-fi. Le bonheur.

Là-bas, tout va très vite, mais avec efficacité. Les gens vaquent à leurs activités, allant d'un point A au point B d'une traite, accomplissant leurs tâches sans paresse. Les rues sont nombreuses et bondées de personnes pressées, et Milo se souviens marcher parmi eux, à leur vitesse, incapable de voir le bout de la rue à travers la foule, ses deux mains accrochées chacune à un de ses parents, et à rêver.

À rêver que toutes ces personnes s'envolaient soudainement, afin que la voie soit libre pour qu'elle puisse lâcher sa mère et son père et courir.

Elle se souvient de la première fois qu'elle à vu un arbre ailleurs qu'en décoration de trottoir. C'était lors d'un des nombreux voyages scolaires que sont école privée organisait régulièrement. Sauf que cette fois-là, ils n'allaient pas à un énième musée d'art caché au milieu de l'immense centre-ville, mais c'est à la Forêt Blanche que leurs professeurs les ont amenés. Une semaine de camping pour ce groupe de petits lutins ; ce qui à l'origine n'intéressait guère la jeune Milo qui, comme ses camarades de classe, ne s'inquiétait que de son propre nombril. Mais du haut de ses 8 ans, quand elle vu cet arbre immense et large que le garde forestier décrivait comme plus vieux que Volucité, son monde se retourna. Il y avait donc quelque chose d'intéressant au-delà des grattes-ciels. Quelque chose de nouveau à découvrir.

Volucité ne se trouvait pas au centre du monde, c'était le monde qui leur avait fait un peu de place.

Il fallait qu'elle découvre ce monde.

Suite à ce voyage, elle se prit de passion pour la nature. Quels types de plantes existe-t-il ? De quoi ont-elles besoin pour vivre et comment ? Pourquoi sont-elles vertes, puis jaunisses ? Lesquelles sont dangereuses et lesquelles peuvent soigner ? Pourquoi certaines sont rares ou envahissantes ? Comment se forment les fruits ? Dans quels environnements difficiles arrivent-elles à survivre malgré tout ?

Bien vite, sa chambre (puis le balcon, puis finalement le reste de sa maison), furent envahis de pots et de plantes qu'elle faisait pousser elle-même. Les fleurs étaient toutes plus colorées les unes que les autres, émerveillant les visiteurs, tandis que les fruits des plantes assez petites pour être en intérieur remplissaient parfois les réserves alimentaires de la cuisine.

Ses recherches l'amenèrent éventuellement au monde des pokémons, créatures issues de la nature. Et quand elle vit les pokémons de type plante, c'est comme si la nature avait pris vie. Cependant, elle su qu'elle n'en aurait jamais. L'idée de les enfermer dans des petites boules toute la journée jusqu'à ce que leur dresseur décide de les faire sortir pour les faire combattre ? Non merci. Les pokémons font partie de la nature, et la nature est libre. Les êtres humains se pensent au-dessus de la nature. Et bien que beaucoup de pokémons semblent heureux de vivre ainsi, auprès de leur dresseur, Milo se refusait à en forcer un à la suivre. (Cela ne l'empêchait pas d'acheter parfois des friandises avec son argent de poche et de les distribuer aux pokémons qu'elle croisait au parc !)

Puis, en grandissant, Volucité commença à sembler trop étroite. Elle qui la trouvait immense et infinie dans son enfance en voyait à présent le bout. Et rien ne lui faisait plus envie que de traverser l'horizon.

Alors juste après son bac, pendant les vacances d'été, elle partit en voyage autour de sa région natale afin d'en découvrir tous les recoins. Lors de ce moment libérateur, seule, loin de ses parents et de sa ville, elle appris deux choses :

1. Les nuits de camping en solitaire sont bien silencieuses. Elle s'offrit donc un instrument de musique, afin de colorer un peu plus ses voyages. Elle choisit une flûte traversière pour sa petite taille et sa légèreté. Une fois rangée dans sa boîte, l'objet ne prenait que peu de place dans son sac. Elle prit également quelques cours. Juste assez pour connaître les bases et lire des partitions simples, car elle savait qu'elle progresserait bien vite par elle-même.

2. Elle a adoré ça. Vivre au jour le jour, sans planifier sa journée, en liberté dans la nature. Elle savait qu'il y avait ceci et cela qu'elle voulait visiter, mais il n'y avait aucune date butoire. Elle se laissait y aller quand elle le voulait, rester plus longtemps qu'elle le pensait, ou au contraire quitter l'endroit si l'envie lui prenait. Dormir à la belle étoile, ou dans une auberge pendant les nuits plus fraîches. Retirer des parasites et soigner les plantes qui en ont besoin, distribuer des friandises au pokémons sauvages et s'en faire des amis. Fuir un essaim d'apitrini après avoir accidentellement dérangé leur ruche, s'émerveiller au passage d'un haydaim et d'un vivaldaim entre les feuillages, et se faire pincer les orteilles par un crabicoque dans le sable au bord d'une rivière.

En rentrant chez elle, Milo en était sûre : elle voulait devenir garde forestière. Tout comme ce garde qui lui avait ouvert les yeux il y a des années, elle voulait protéger la nature et présenter ses beautées aux visiteurs.

Malheureusement, cette idée fut loin de plaire à ses parents, qui avaient déjà accepté avec grâce la quantité de feuilles mortes qui envahissaient le sol de leur magnifique appartement. Leur très chère petite Milona était leur seule enfant, il fallait donc qu'elle rejoigne l'entreprise familiale afin de la diriger quand leur retraite approchera. Autrement, qui allait assurer la survie de leur société, le projet de leur vie ?

Alors que Milo avait trouvé une formation, les deux adultes refusèrent de lui fournir les documents dont elle avait besoin pour son inscription. Têtus de famille, aucun des trois ne changea d'avis, et la date limite finit par passer sans qu'aucun compromis ne soit trouvé. Sans autre perspective d'avenir, Milo fut obligée de rejoindre, en plein milieu de l'année, l'école que ses parents avaient choisis. C'est ainsi qu'elle obtint de justesse un diplôme de commerce et gestion d'entreprise qui ne lui servira jamais.

Mais s'il y a bien une bonne chose que ces trois années d' école lui ont offertes, c'est du temps. Du temps pour réfléchir. Du temps pour chercher autre chose de son côté, sans l'accord de ses parents qui ignorent l'existence de ses projets.

Du temps pour trouver une solution et pouvoir s'en aller.

Il lui fallait un métier. Un métier qui ne l'attache pas à un bureau. Un métier qui, s'il ne l'envoie pas à travers les régions pour des voyages professionnels, lui permet de se déplacer comme elle le souhaitait, au gré du vent. Un métier qui subvienne à ses besoins, pour la soutenir pendant ses voyages.

C'est ainsi qu'elle découvrit l'écriture. Elle pouvait écrire et créer ce qu'elle souhaitait depuis là où elle le voulait, qu'elle soit en cours sur une feuille à part, ou sous un arbre dans le parc. Elle pouvait prendre son temps pour compléter une œuvre, et la faire publier quand ça lui chantait. Elle devait simplement rentrer à Volucité afin de faire publier ses invention par son éditeur, et elle pouvait repartir un fois chose faite.

Milo utilisa donc les 2 années qui lui restaient avant la fin de sa formation pour s'assurer quelques royalties avant même son départ. Entre deux cours, la nuit sous la lumière de son bureau, ou le weekend dans le parc entourée de ses amis, elle écrivit. Elle écrivit sans le dire à ses parents, car elle savait qu'ils désapprouveraient son projet, finalement bien concret, de quitter la ville. Et enfin, un jour de fin d'hiver, l'année de ses examens finaux, son livre pour enfant "La Petite Encyclopédie Verte" sortit dans toutes les librairies de Volucité. Son succès fut relatif, car s'il se vendait assez bien (peut-être que les enfants de la ville manquaient de verdure, tout comme elle), il n'était pas un best-seller pour autant. Cependant, bien vite, son éditeur l'informa que l'ouvrage allait être exporté dans toute la région. Ayant récupéré assez d'argent pour s'en aller, Milo partit peu de temps après. Elle ignore donc si sa petite création à traversé les frontières des régions depuis.

Un jour, peut-être, écrira-t-elle un roman sur ses aventures. Pour le moment, son objectif est plutôt de continuer son second projet, une petite encyclopédie sur les pokémons de type plante, au nom encore incertain.

Malheureusement, son départ ne se fit pas en douceur. Par respect pour ceux qui l'ont élevée et qui ont fait tout ce qu'ils pensaient être bon pour elle et son avenir, Milo déposa un exemplaire signé chacun de sa création sur la table de la salle à manger, et fit part à ses parents de sa décision. Les jours qui suivirent furent tendus, mais elle n'y prêta pas spécialement attention. Certes, cela lui brisait le coeur de savoir que ses parents ne la soutenaient pas dans ses rêves, et qu'ils se sentaient même trahis par elle d'avoir refusé de reprendre l'entreprise, après tout ce qu'ils avaient fait pour elle ; mais d'un autre côté, elle serait bien vite partie, à vivre sa seule vie comme elle l'entend.

(Peut-être reviendrait-elle sur sa décision, quand l'âge la rendra trop engourdie pour ses escapades. Peut-être choisirait-elle alors de revenir, et de faire prospérer la société familiale. Le jour où elle le décidera, elle aura déjà le diplôme nécessaire. C'est ce qu'elle tenta de leur dire, lors d'un des moments plus calmes. Mais elle n'est pas sûre qu'ils l'aient entendue.)

Et c'est ainsi, qu'un jour venteux de fin d'été, elle se rendit au port de Volucité. Après avoir choisi une destination au hasard sur la liste des prochains départs affichée, elle embarqua sur un navire, tout droit pour Maïlys.

Dans ses yeux, il est facile de lire la joie et la pétillance de Milo. La jeune femme est toujours pleine d'énergie, et il est rare de la voir refuser de s'amuser par fatigue. S'égratigner dans la forêt ne lui a jamais fait peur, elle n'a donc aucune hésitation à aller se balader toute seule dans des zones dangereuses, attirée par sa curiosité et son envie de découvrir le monde. Pourquoi attendre la compagnie d'une autre personne quand l'aventure lui tend les bras dès maintenant ? Elle s'y connaît bien assez en plantes médicinales pour soigner les petits bobos et piqûres de bêtes, et certains pokémons l'aident même parfois en échange de quelques friandises.

Quand elle n'est pas en train de photographier la faune et la flore pour ses ouvrages, il est parfois possible de la trouver dans des magasins de botanique, à résister difficilement à la tentation d'acheter encore de nouvelles graines. Mais le plus clair de son temps en ville, c'est ailleurs qu'elle le passe.

Son pêcher mignon, c'est sa gourmandise. Rien ne vaut un bon repas à la fin d'une journée épuisante, surtout quand celui-ci est cuisiné au feu de bois, loin de la civilisation. Certes, manger par terre est un peu inconfortable, mais... Mais rien du tout. C'est vraiment inconfortable ! C'est pourquoi, si vous la savez en ville et que vous la cherchez, votre plus grande chance de la dénicher serait de faire le tour des cafés. Assise sur un petit fauteuil, son carnet sur ses genoux, vous la trouverez en train de déguster un thé accompagné de quelques biscuits, profitant de l'ambiance paisible et studieuse de l'établissement pour écrire.

Cependant, personne n'est tout blanc ou tout noir. Milo est bien têtue, et cela lui a déjà causé bien quelques problèmes. Nous ne parlerons pas de la fois où un paysan a été insultant à son égard, si bien que quand la pluie vint et que sa fille lui proposa un abri, elle le refusa pour passer la nuit dehors. Nous ne parlerons pas des 3 jours de grippe qu'elle dû endurer ensuite. Néanmoins, cet entêtement la rend très honnête sur un point : ce qu'elle dit, elle le fait.  Elle ne fait jamais de promesse si elle a le moindre doute de ne pas pouvoir la tenir.

Milo soupçonne ses parents d'être responsable de sa réaction instinctive lors des disputes : elle se tait. Toute jeune, les bagarres s'envenimaient lorsqu'elle osait répondre, et les deux adultes trouvaient toujours le dernier mot. Si bien que, n'ayant jamais appris que dire sous la colère, la jeune femme grandit en préférant ne pas se défendre et attendre que la tempête passe. Aujourd'hui, sa gorge se sert à chaque dispute, la laissant silencieuse même si elle essaie de parler. Raison de plus pour refuser de laisser la mauvaise humeur la dominer, et de garder un esprit positif peu importe la situation !

De grands yeux verts ouverts sur le monde, des sourcils épais et expressifs, voilà ce que l'on remarque en premier chez Milo. Une petite branche semble être constamment coincée dans ses cheveux couleur cuivré, preuve qu'elle passe la plupart de son temps dans les buissons, à observer la nature, plutôt que de se pomponner pour aller sortir en ville. Sa peau couleur caramel est dûe au longs moments passés en extérieur, et de petites griffures s'étalent sur ses mains et le long de ses jambes, causées par des branches lors de ses passages en forêt.

Au niveau vestimentaire, son choix se porte sur des habits légers et libérateurs, dans lesquels il est facile de bouger. Elle n'a beau ne pas éviter les zones glaciales si ses aventures les y emmènent, elle a malgré tout horreur des vêtements d'hiver certes chauds, mais contraignants. Sa tenue préférée est simple, un léger pull blanc, large et confortable, accompagné d'un short vert lui permettant de se déplacer aisément. Avoir ses jambes dégagées n'est clairement pas l'idéal pour ses fameuses griffures, mais une sortie sous les arbres n'est pas une vraie sortie sans quelques égratignures.

Milo préfère également être pied-nus et sentir le sol sous sa peau. Elle ne porte des chaussures que pour se balader dans la nature, où le sol instable, recouvert de brindilles, cailloux ou autres épines, peuvent la blesser au point de ne plus pouvoir marcher. En ville, si vous la voyez avec une paire sur les pieds, c'est qu'elle est en route pour une escapade, ou alors qu'elle en revient.

Dans son dos, accroché par sa ceinture, Milo porte un sac en cuire. L'objet est bien solide, mais n'est finalement pas bien grand. Pourtant, cela ne la dérange pas vraiment : ça lui évite de transporter des choses inutiles et de s'alourdir pour rien. Elle n'emporte donc que le nécessaire à chacune de ses sorties. La liberté avant tout !

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