[SOLO CAPTURE] Mieux vaut prévenir que guérir

L’après midi était calme et la météo plus que généreuse, l’ombre de la végétation apportait une douce fraîcheur tandis que le soleil baignait la ville de ses rayons chaleureux. Des enfants s’agitaient dans la cour d’une école sous une surveillance légère d’un de leurs enseignants, c’était l’heure de la récréation. L’enseignant n’était pas le seul adulte présent, Ralsen était là, et bon nombre d’élèves réclamait son attention pour jouer avec elle et sa Mangriff.

Un de ses boulots préférés : venir assurer des cours de premiers secours et expliquer les différents protocoles en cas d’urgence dans différents établissements. Un travail avec une certaine dualité, qui à la fois rappelait à quel point la région était dangereuse et que tout pouvait arriver à n’importe quel moment, et à la fois un moment étrangement convivial, ludique et amusant. Surtout dans les écoles avec des enfants surexcités au moindre événement positif qui venait perturber leur emploi du temps habituel.

La journée était passée bien vite, entre les explications à répéter à plusieurs groupes, les cas pratiques, rendre le tout amusant pour les enfants, rassurant pour les enseignants. Ralsen avait su retenir l’attention des élèves et à contenir leur turbulence, un talent naturel, ou peut être le résultat des promesses d’une participation à leurs jeux durant la pause.

Ainsi, elle s’était retrouvée à devoir porter les gamins à tour de rôle sur des épaules, à jouer au gentil et au méchant, à Miaouss perché, à devoir leur faire faire l’avion, ou les laisser jouer avec Alcina qui malgré son regard agressif de Mangriff avait toute l’attention sur elle dû à sa nature duveteuse.

Comme souvent, des enfants trébuchaient et se faisaient mal, sauf que ce jour là, leurs camarades, encore fraîchement dans le bain de cette journée spéciale, s’amusaient à jouer aux secouristes et aux médecins. Les petits bobos devenaient encore plus vite des souvenirs, et les professeurs passaient tout aussi vite de l’inquiétude au soupir rassuré.

Ralsen prenait une pause bien mérité, elle avait beau être remplie d’énergie, elle n’était clairement pas à la hauteur de tous ces gamins ! Elle discutait tranquillement avec un des professeurs quand un élève arriva en courant, essoufflé et paniqué.

“Ariel-” le pauvre avait du mal à articuler en reprenant son souffle, au point que les deux adultes se mirent instantanément en alerte “Ariel a disparu ! On jouait avec des Pokémons sauvages là derrière et… Et d’un coup il était plus là !”

New Lakit était la ville la plus verte de l’île, la nature y régnait, et si les habitants y vivaient en harmonie avec faune et flore, les Pokémon sauvages qui y habitaient restaient des Pokémon sauvages. En plus, l’école était en bordure de la ville, au plus proche de la forêt. Un enfant qui ne faisait pas attention en jouant pouvait facilement se retrouver à la limite entre la zone urbaine et la nature complète.

L’enseignant et la secouriste se mirent rapidement d’accord. Ralsen partit rapidement en éclaireur, le petit n’avait pas dû avoir le temps d’aller bien loin. Elle suivit les indications de l’ami du dénommé Ariel, du moins autant d’indications qu’il pouvait donner, tandis que le professeur se chargeait de prévenir ses collègues pour rassembler le reste des enfants, les surveiller le temps de trouver le disparu, et envoyer du renfort par la suite.

Ralsen garda Alcina à ses côtés qui courait près d’elle, et envoya Bumbleby pour les devancer en volant et surtout en utilisant ses instincts de Bombydou pour repérer le garçon au plus vite. La végétation se faisait de plus en plus dense et le petit insecte n’aurait aucun mal à avancer plus vite, tandis que sa dresseuse et la Mangriff devait se frayer un chemin.

Le Bombydou peinait à repérer quoi que ce soit, trop de plantes, trop de fleurs, trop de Pokémon qui se tapissaient un peu partout, mais au moins il avançait, il écoutait, et il ressentait autant que possible. Et là, il perçut quelque chose. Un combat ? Une voix d’enfant, aussi. Ralsen manqua de se prendre son propre Pokémon dans la figure quand il revint précipitamment.

Elle traversa un dernier mur de buisson avant d’arriver à destination, guidée par sa petite fée. Alcina était déjà prête à en découdre. Le garçon était fesse sur le sol, un peu égratigné mais sans autres blessures apparentes. Égratignures qui, d’ailleurs, étaient étrangement couvertes de petits bouts de coton. Devant lui, un Doudouvet prisonnier des lianes d’un Vortente visiblement bien en colère qui s’apprêtait à lui infliger une Morsure. Ralsen compta sur ses ordres pour attirer l’attention de la plante, tout en comptant sur sa surprise.

“Alcina, Vive-Attaque puis Groz’yeux !”

La Mangriff n’attendait que le top départ pour s’élancer vers le Vortente, qui lâcha le Doudouvet, pris de court par l’attaque prise de plein fouet. Le Pokémon de Ralsen profita de sa proximité avec son adversaire pour l’intimider de son regard perçant. Le garçon fut pris d’un élan de courage et attrapa le Doudouvet pour s’éloigner avec lui du combat.

Le Vortente s’entoura d’énergie qui sembla le faire grandir, une Croissance, et enchaîna avec un Fouet Liane qu’Alcina se prit, encore trop proche de la plante agressive. Laissant le combat à la Mangriff, Bumbleby avait rejoint l’enfant et le Doudouvet, pour les rassurer, et les protéger si leur adversaire venait à changer de cible. Il avait déjà combattu le pokémon cotonneux, il y réfléchirait à deux fois avant d’affronter deux nouveaux adversaires en même temps.

“Taillade !”

Il était déjà affaibli, Ralsen voulait lui faire peur. Il n’avait pas l’air très fort, Alcina saurait encaisser des coups si il le fallait. C’était un Pokémon sauvage, il allait forcément commettre une erreur, et la Mangriff pourrait en profiter pour enchaîner la même attaque en boucle jusqu’à ce qu’il s’avoue vaincu.

La Taillade fit mouche, le Vortente pris de panique planta ses Racines et lança un Doux Parfum pour empêcher Alcina de fuir sa prochaine attaque. Elle n’aurait pas besoin d’esquiver quoi que ce soit. Et le Vortente ne pouvait plus esquiver non plus. La Mangriff grimaça quand l’odeur agréable lui vint au narine, agacée, avant de suivre les prochains ordres.

“Encore une fois, Taillade !”

Les griffes brillaient plus intensément, et le pauvre adversaire de la Mangriff allait vite regretter de s’être ancré au sol. Aucune chance que ça rate. Un coup. Une Etreinte désespérée avec ses lianes de libre. “Encore !” Deux coups. Le Vortente essaya la même tactique qu’avec son précédent adversaire pour tenter une dernière Morsure, ses Racines ne le soignaient pas assez vite, et les coups de griffes devenaient de plus en plus violents. “Une dernière !”

Le Pokémon sauvage s’effondra. Alcina s’ébroua, les dégâts qu’elle avait pris n’était rien comparé à ce qu’elle avait infligé à son opposant, il n’empêche qu’elle n’aurait peut-être pas tenue une approche aussi directe si la plante n’avait pas déjà été affaiblie. Ralsen la félicita avant de rejoindre le garçon qui tenait toujours le Doudouvet.

“Hey, tout va bien maintenant. Tu peux marcher ?” dit-elle doucement, accroupie à hauteur du garçon.

“Oui ! J’ai rien !” Acquiesça-t-il bien rapidement “C’est lui il m’a soigné. Il vient souvent près de l’école, il fait ça tout le temps quand on tombe” continua-t-il en montrant le Doudouvet dans ses bras qui s’agita pour confirmer “J’ai trébuché sur les pieds de l’autre et je me suis fait mal. C’est pour ça qu’il était en colère… C’était pas sa faute”

Le Doudouvet semblait en désaccord, mais l’enfant lui était visiblement désolé pour le pauvre Vortente. Il avait simplement répondu à ce qu’il pensait être une agression. Ralsen sourit, à la fois rassurée et attendrie.

“T’inquiète pas Ariel. Regarde, j’ai de quoi les soigner tous les deux en plus” Elle entendit un grognement agacé d’Alcina, et un rire à base de couinement de Bumbleby en réaction. “Okay, tous les trois ! Tous les trois, désolée Alci”

Sans attendre, elle sortit des Potions. Sans même s’inquiéter, elle finit par quelques coups de spray régénérateur sur le Vortente, le rassurant d’une caresse sur sa large tête. “Doucement, doucement…” Tous les autres étaient sur leur garde, prêt à réagir au moindre mouvement brusque, le garçon par peur, les Pokémons par méfiance. Mais le Pokémon plante se contenta de déguerpir, un peu confus par la situation. La secouriste rappela ses deux compagnons pour les laisser se reposer.

Le petit Ariel ne perdait pas le nord, il avait demandé à Ralsen de faire le trajet sur ses épaules, elle avait dû refuser en expliquant que le chemin était beaucoup trop dense en végétation et qu’il risquait de se blesser. Il fit le chemin un peu boudeur, mais au moins la petite frayeur était très vite oubliée. Le Doudouvet était toujours logé dans les bras du garçon alors que le petit groupe rejoignait un coin plus dégagé, presque arrivé à l’école, où ils croisèrent deux enseignants Pokéball à la main.

Les retrouvailles entre Ariel et son camarade avait beau être touchante, les professeurs ne s'étaient pas laissé avoir et n'avaient pas hésité à gronder les deux jeunes imprudents. Ralsen essaya de contrebalancer comme elle pouvait en étant rassurante, les adultes voulaient simplement qu’ils soient en sécurité.

L’heure du départ arrivait, les mésaventures d’un seul enfant avait bien épuisé tout le monde. La secouriste faisait des aux revoir à tout le monde, les élèves qui rentraient chez eux, et les professeurs qui n’allaient pas tarder à faire de même. Ralsen s’apprêtait à rejoindre un transport pour rentrer à la base, mais un certain Doudouvet s’était précipité vers elle. Un peu confuse, les deux garnements la rejoignirent rapidement.

“On lui a dit que tu sauvais des gens et tout !” “Ouais et il a vu comme t'étais cool j’pense !” “Lui il aime bien venir nous soigner mais personne a dû le soigner avant” “Ouais ! J’crois qu’il veut t’aider !”

La secouriste eut un rire un peu gêné. “Okay, okay ! Je vais voir avec lui, vous, filez rejoindre vos parents !”

Après un dernier au revoir, les deux enfants s’en allèrent. Le silence était étrange après une journée aussi bruyante et mouvementée de bien des manières. Le Doudouvet avait l’air… souriant. C’était son regard, et la façon dont ses feuilles étaient orientées. Il s’agita et sauta en se secouant, des petites particules de coton furent envoyées sur Ralsen et se posèrent doucement sur ses vieilles cicatrices. Il se laissa flotter pour se poser dans les mains de la secouriste.

Oh…

“Merci”

Le Doudouvet répondit au sourire mélancolique et aux yeux brillants d’émotions de l’humaine par un regard entendu. Il ne pouvait plus soigner ces blessures. Mais il pourrait aider à en prévenir d’autres.