|S3| Un nouveau départ ? (Nyssa & Oliver) [Terminé]

Cela faisait plusieurs jours que le grand Mal de Maïlys comme j’aimais l’appeler avait pris fin mais ce, uniquement pour laisser place à une nouvelle vague de problèmes et de défaillances en tout genre. La ville avait été saccagée par les ombres ainsi que par les fauteurs de troubles, les enquêtes judiciaires allaient bon train et je ne comptais plus les instructions que j’avais à superviser. A tout cela s’ajoutaient mes missions classiques de championne bien évidemment. Les challenges semblaient être de plus en plus nombreux, à croire que cette intervention aussi désastreuse fut elle finalement n’avait pas uniquement désintéressé les jeunes espoirs de la voie que leur offrait la ligue. Cependant je me heurtais toujours aux mêmes problèmes, tant d’appelés si peu d’admis. Mon arène souffrait toujours de sa réputation d’antre de l’échec mais je n’étais pas prête à renoncer à mes méthodes pour le bien du moral des troupes ou je ne sais quoi. Nous nous devions d’être juges et jury de jeunes gens qui ne se rendaient pas compte des responsabilité qui pesaient sur les épaules d’un maitre ou simplement d’un top dresseur.

Comme toutes les semaines j’avais pris le temps de passer au commissariat ainsi qu’au palais de justice de la capitale afin de faire une présélection des dossiers à instruire ou à juger. Une tache fastidieuse qui semblait plus que jamais répétitive en ce moment. L’opération occupa la majeure partie de ma matinée et ce ne fut qu’une fois dehors que je sortais mon téléphone de fonction afin de vérifier que tout se passe bien à l’arène. Un message attendait ma lecture, apparement un dresseur s’était présenté et attendait mon retour aussi poussant un léger soupir, je regardais la rue qui s’étendait en face de moi, cherchant distraitement un taxi des yeux. Ce n’était pas mon moyen de transport favoris mais au moins, la lenteur du véhicule aux heures de pointes m’offrirait un court laps de temps pendant lequel j’aurai tout le loisir de souffler un petit peu à l’abri des regards indiscrets. Une voiture venait de s’arrêter après avoir remarqué le signe que le lui faisais lorsque l’appareil que je venais pourtant de ranger se mit à sonner bruyamment. Mon staff ne se serait jamais permis de me harceler pour un simple soucis de dresseur impatient aussi devinais-je que c’était un problème plus grave pour lequel on m’appelait. Voyant que je n’avançais pas, le chauffeur ouvrit la fenêtre de son véhicule et tenta d’écouter vainement les paroles paniquées qui se déversaient de mon portable. Voyant à qui il avait à faire et l’air de plus en plus contrarié qui se peignait sur mon visage, il ne se risqua pas au moindre commentaire et préféra attendre patiemment. Vu ce que l’on venait de m’expliquer néanmoins, il était hors de question de perdre plus de temps. Dévoilant ma bruyverne à coté de moi sur le trottoir, je montais sur son dos à peine le téléphone raccroché et partais à pleine vitesse vers mon établissement sans prendre le temps de donner la moindre explication au chauffeur.

Il ne me fallut pas plus que cinq minutes pour atteindre le casino en empruntant la voie des airs. en arrivant sur place, je laissais ma vouivre planer en cercle quelques secondes afin d’étudier les différents protagonistes à l’oeuvre. La police semblait avoir bloqué les accès aux rues alentours ce qui limitait au moins les possibilités de retraites des preneurs d’otage mais le fait qu’ils aient justement des otages ne me plaisait absolument pas. Apparemment, j’étais personnellement la source de leurs états d’âme, moi et une affaire d’argent, quelle originalité. Heureusement pour moi, les criminels étaient sortis de mon bâtiment ce qui allait limiter les dégâts et les frais de réparation si les choses venaient à mal tourner mais quand même, je préférais ne pas envisager le pire. Bien décidée à prendre le tauros par les cornes et peu encline à me laisser marcher sur les pieds, surtout après ce que j’avais enduré ces derniers jours, j’indiquais à Némésis d’atterrir entre l’entrée du casino et fauteurs de troubles qui ainsi pris en tenaille n’auraient aucun choix si ce n’est celui de se rendre. Sautant du dos de ma dragonne, je m’avançais et déroulais mon fouet à mes pieds, soutenant le regard de qui aurait bien le courage de le faire.

- Je serai ravie d’en entendre plus au sujet de cette histoire de vol.

Je me savais pertinemment en joue mais pour tirer en fallait il le cran et ces hors la loi débutant ne me semblaient pas en être pourvus outre mesure. J’avais hâte d’entendre ce qu’ils auraient à me dire. Je sentais bien que mon apparition soudaine n’avais pas été prévu dans leur programme de braquage aussi je repris la parole d’un ton aussi sec que les sons produits par mon outil de dressage.

- Messieurs vous êtes maintenant cernés par des dizaines d’agents des forces de l’ordre en joue et vous avez tout le loisir du monde pour vous adresser à moi. Je vous somme donc de relâcher immédiatement ces otages avant que je ne me mette vraiment en colère.

Je savais bien que mon comportement allait déplaire aux policiers dépêchés sur place mais je ne leur avais pas laissé le choix, c’était une question de devoir et souvent, une assurance telle que la mienne suffisait à faire vaciller celle des autres. J’étais plus que certaine que cette fois ci ne ferait pas exception ceci dit, je restais sur mes gardes et n’avançais pas. Sans que je n’ai besoin de faire quoi que ce soit, deux de mes poké-balls se déverrouillèrent par elles mêmes et laissèrent apparaitre Apophis et Thérion qui eux non plus ne semblait pas d’humeur à se laisser marcher dessus. Les otages n’auraient pas à s’en faire à présent, j’avais la situation bien en main. Quant au dresseur qui m'attendait au sous-sol au niveau de l'arène, il n'avait plus qu'à espérer qu'il attende que j'en ai terminé avec ces énergumènes.

HRP:

HRP:

Mon sang ne fait qu’un tour au moment où l’explosion si caractéristique d’un coup de feu raisonne dans la rue, auparavant si calme. Le silence qu’avait induit la tension présente chez toutes les personnes aux alentours fut soudainement rompue, les policiers ajustant leur ligne de mire vers l’origine du son et les malfaiteurs se regroupant pour passer à la phase suivante de leur petit plan minable. Ceci dit, vu l’expression de ceux qui me faisaient face, quelque chose ne devait pas tourner rond dans leur organisation, vu le mélange d’incompréhension et de colère qui se lisait sur leur visage. En ce qui concernait le mien de visage, on devait sans doute y voir une rage sans borne sur le point de déferler sur tout ce qui se trouvait à coté. Subir des petites frappes était un fait, que l’on ose essayer de me tirer dessus en était un autre. D’autant plus que ce genre de choses avait tendance à me rappeler de douloureux épisodes passés, ce qui avait le luxe de me rendre quelque peu tendue.

Dans la fraction de seconde, je laisse apparaitre Némésis et Charybde tout en déroulant mon fouet d’un geste ample et sans équivoque. Je m’apprêtais à donner des ordres lorsqu’un mur de glace sembla s’ériger de lui même autour de ce qui avait été quelques secondes auparavant des otages. Cela leur assurera une protection certaine mais je ne pouvais m’empêcher de m’interroger quant à la source et la raison de cette apparition fortuite. Ce moment d’inattention fut suffisant pour que de précieuses secondes s’écoulent et qu’une nouvelle balle vienne se loger dans le flanc d’un policier cette fois. Ce ne serait pas vital si aucun organe n’était touché mais il fallait agir vite.

- Je ne tolèrerai pas plus votre idiotie ni votre impudence. Brouillard et Ultrason.

Alors que mon démon marin s’exécutait sans demander son reste, ma wyverne patienta quelques secondes avant d’agir, simplement le temps que je sorte deux bouchons et que je les glisse furtivement dans mes oreilles à l’abri du nuage noir qui envahissait maintenant l’entrée de mon établissement. Voyant l’un des auteurs se précipiter hors de la brume, sans doute un qui se croyait plus malin que les autres, je lançais mon outil de dressage dans sa direction sans aucun état d’âme. Surprit tant par le bruit que par la douleur qui lacérait maintenant sa pommette sanguinolente, il lâcha son arme pour porter sa main à son visage, quelque peu hébété. Un florilège d’insultes s’apprêtait sans doute à voguer en ma direction mais il fut interrompu par quatre hommes qui le maintinrent au sol le temps de lui passer des menottes. Pour le reste, c’était à Némésis de jouer. Personnellement, je n’entendais plus rien, mais je sus que mon stratagème fonctionnait lorsque je vis d’une part la fine membrane de ses oreilles vibrer et d’autre part, toutes les personnes qui n’étaient pas protégées se tordre de douleur en se bouchant vivement les oreilles. L’avantage de l’abri fortuit de glace, c’est qu’il amoindrirait sans doute la diffusion des ondes sonores qui plus est, pour ce qui concernait les policiers, ils comprendraient sans doute la nécessité de la chose, d’autant que les avais avertis par le passer d’équiper leur voitures de paires de protections auditives, ce que les plus anciens semblaient avoir fait. Libérant à son tour Thérion qui ne grimaça même pas en entendant le bruit généré par sa coéquipière, je n’eut qu’à lui indiquer.

- Va les chercher.

Les complices restants se feraient cueillir comme des pâquerettes par un méga-dracaufeu ce qui promettait d’en choquer plus d’un. Vu l’épaisseur de ses écailles et son imposante stature, je n’avais aucune inquiétude quant à ce qui pourrait lui arriver face à ces vauriens. Une fois le dernier récupéré, je faisais signe à ma bruyverne de cesser son vacarme et de repousser le brouillard restant. Retirant les bouchons qui protégeaient mes tympans je pus apercevoir la tête d’un dimoret surgir de l’abri glacé puis disparaitre de nouveau derrière ce qui devait s’avérer être son oeuvre. Peu de temps après cet épisode, la structure vola en éclat affichant de nouveau les otages mal en point. Le chef de brigade vint me faire son rapport pendant que je ré-enroulais mon fouet, le regard tourné vers le Pokémon de glace et son dresseur.

- Nous n’avons que deux blessés à déplorer de notre coté, l’un des assaillant est décédé des suites de ses blessures et les autres vont être placés en garde à vue à… il baissa les yeux vers sa montre, 15h34.
- Très bien, vous pouvez disposer. Je m’occuperai personnellement des charges à leur encontre.

Sur ces mots je m’avançais vers le dresseur au dimoret et remarquais qu’il tenait l’une de mes employées dans ses bras. Evidemment, tout aurait été tellement plus simple sans blessés civils. Il hurle vainement dans l’espoir d’attirer l’attention de quelqu’un, d’un médecin de préférence et se tait lorsque son regard rencontre le mien. Un nouvel OPJ vient m’annoncer que d’autres tireurs se sont enfuis dans les étages, refermant encore un peu plus mon expression contrariée. Je le congédie d’un revers de la main et commence à donner des instructions sans même lever les yeux.

- Emmenez les blessés dans mon bureau au sous-sol, ils seront à l’abri le temps qu’une ambulance arrive. Je m’adresse enfin au dresseur. Si vous n’êtes pas un proche ou de sa famille et que vous n’êtes pas vous même blessé, vous pouvez reprendre le cours de vos activités.

Sans plus de cérémonie, je fais demi-tour et rappelle deux de mes dragons, ne laissant que Thérion immobile à mes cotés. Malheureusement, j’ai à peine le temps de libérer Apophis pour lui confier de nouvelles instructions que l’employée blessée se met à gémir de plus belle.

-Non… Non… Je veux pas y aller seule, ne me laissez pas…

Dans un soupir, je me retourne vers la pauvre femme, de toute évidence en état de choc, qui s’accroche de toutes ses forces au dresseur qui la maintenait jusqu’alors. Poussant un soupir tout en me massant pensivement le sourcil de mon annulaire, je commence tout de même par indiquer à mon draco ce que j’attend de lui. Entre lui et mon Méga-dracaufeu, les forces de police n’auraient sans doute que peu de problèmes à interpeler les forcenés restant. Ce problème réglé, je baissais de nouveau le regard pour rencontrer celui du dresseur. Pourquoi faut t’il toujours que des civils s’en mêlent ?

- Je suppose que vous me devez quelques explications de toute manière. Suivez moi dans mon bureau vous aussi.

Encadrées par quelques policiers, plus par protocole qu’autre chose, nous partîmes tous vers l’ascenseur qui menait à l’arène et mon bureau, les escaliers n’étant pas préconisés dans cette situation. Un autre blessé attendait déjà, étendu sur le canapé de mon espace de travail qui avait fort heureusement été protégé d’une couverture de sécurité. Les premiers soins lui avaient apparement été prodigués par le personnel de l’infirmerie du casino, une bonne chose de faite. Ces derniers virent décrocher Audrey du dresseur pour faire de même sur sa plaie, en attendant quoi je m’asseyais à mon bureau et fixais les dresseurs présents.

- Bien. Vous avez des choses à me dire je crois.

HRP:

Voyant le comportement du dresseur qui me faisais face, je relevais un sourcil amusée et me laissais aller à un sourire moqueur. Soit l’homme souffrait de divers troubles, entre autres bipolaires et amnésiques, soit il forçait un peu son interprétation et jouait avec ma crédulité. Posant le coude sur mon bureau, je laissais mon visage se reposer sur mon point fermé et ganté avant de lui expliquer.

- Le choc a dû être rude dites moi. Vous avez déjà oublié que vous êtes venu ici pour accompagner Audrey Forgan qui se trouve justement derrière vous, avec les service de mon infirmerie en attendant l’ambulance qui l’emportera elle, et ce monsieur sur mon canapé.

J’avais vraiment beaucoup de mal à envisager que qui que ce soit qui aurait agit avec tant de sang froid et de précision au beau milieu de l’attaque deviendrait subitement aussi timide que ce qu’il était pourtant prêt à me faire croire. Après les plus mauvaises langues diront sans doute que je vois le mal partout, ceci dit, j’ai pour principe de me dire que prudence est mère de sureté. Dans le cas où je me livrerais à un excès de zèle, cette personne serait toujours apte à rentrer chez elle sans le moindre préjudice, il ne serait qu’un énième de mes concitoyens à se plaindre de mon tempéraments. Très honnêtement, je n’étais plus à cela près.

Me redressant dans mon fauteuil, je jetais un coup d’oeil à la seconde victime étalée se tout son long sur mon divan. De toute évidence, il avait connu des jours meilleurs et vu le garrot qui enserrait sa jambe et l’abondante tache de sang qui le maculait, il fallait croire que la balle avait suivi son parcours proprement et était ressortie comme elle était rentrée. Il avait de la chance, j’étais bien placée pour le savoir… Quittant mon bureau, je récupérais une bouteille d’eau dans l’élégant frigo vitré miniature qui ronronnait au fond de la pièce. Je me dirigeais ensuite vers le blessé et lui tendait le contenant sans plus de cérémonie ni sans non plus m’apitoyer sur son sort. Déjà cela ne servait à rien et ensuite le contraire ne serait qu’une hypocrite perte de temps et d’énergie. D’un ton neutre et égal, je lui indiquais tout de même.

- Vous devriez vous hydrater. C’est essentiel en cas d’importantes pertes de sang.

Je me retournais ensuite vers l’autre dresseur dont les discours n’étaient décidément pas ce à quoi je pouvais m’attendre. Plantant mon regard dans le sien, je cherchais à lire sur son visage s’il était sérieux dans sa remarque ou s’il testait vraiment les limites de ma patience.

- Vous connaissez le diction : Qui se sent morveux se mouche. Si vous êtes ici, c’est parce que la coordinatrice des croupiers du 1er étage ne voulait plus bouger sans que vous l’accompagniez pour une raison qui me semble aussi idiote qu’abstraite. Quant à ces types comme vous dites, je doute qu’ils soient encore une menace pour qui que ce soit à cette heure ci, ne vous faites aucun soucis à ce niveau.

Dans un de ces grands mouvements amples et théâtraux dont j’ai l’art et la manière, je tendais la main vers la porte et continuais.

- Sur ce je ne vous retiens pas, ne vous sentez surtout pas appréhendé ou acculé de quelque manière que ce soit. Et puis vous nous avez prouvé à tous que vous êtes aptes à vous défendre seul. Vu vos exploits de tout à l’heure, vous n’avez effectivement pas besoin de rester à l’abri de mon arène.

Et sur ces mots, je retournais m’assoir en attendant de voir quelle serait la réaction de mon interlocuteur. J’espérais au moins qu’il comprenne que jouer les laporeilles pris dans les phares d’une voitures ne le mènerait nulle part avec moi. Si c’était là son comportement normal, je serais au regret de me dire que je m’étais finalement trompée, mais j’en doutais. Sinon nous pourrions passer aux choses sérieuses et parler de la manière dont il avait réagi, lui et son Pokémon au beau milieu de la fusillade. Une réaction pleine de sang-froid qui était toute à son honneur et qui m’intriguait au plus haut point. Etait-il un top dresseur ? Un missionnaire ? Plus ? Moins ? Je devais avouer que tout cela avait piqué ma curiosité et que j’étais en droit par ma position et ma personne d’exiger des réponses. Après, je débordais de travail et j’aurais bientôt les procès verbaux des petits malfrats de tout à l’heure à éplucher en vue de leur mise en examen. Plus l’arène à faire tourner, plus le casino à gérer.

- Prenez une décision mais prenez la vite, je n’ai pas de temps à gaspiller contrairement à d’autres.

Je ne visais personne en particulier cela va de soi. Quiconque se sentant ciblé par cette remarque n’aurait qu’à s’en référer de nouveau à la petite maxime que je n'avais pas manqué de rappeler tout à l'heure. Je jetais un coup d'oeil à l'horloge qui trônait sur mon mur, me disant qu'avec un peu de chance, l'ambulance arriverait qui plus était bientôt pour emporter les blessés. Là encore, ça ne serait pas trop tôt.

HRP:

L’homme qui se tenait en face de moi semblait subitement moins penaud, quoi que, pas vraiment mais ce coup ci, il l’était pour les bonnes raisons. Entendant ses premières excuses, je relevais les yeux vers lui. Effectivement ces excuses me semblaient plus plausible cette fois ci mais il n’y avait pas grand chose que je pouvais répondre à cela. Par contre lorsqu’il me présenta ses excuses pour la seconde fois, je commençais à grimacer. J’ai horreur que l’on s’excuse dans l’espoir de faire passer la pilule plus facilement, l’effet est souvent l’opposé de celui que l’on espère avec moi. Relevant un sourcil face à ses doutes, je pinçais les lèvres et me retenais de lever les yeux au ciel. Il ne fallait pas être un génie pour deviner que cet environnement était loin d’être propice à la collecte d’un quelconque témoignage, surtout si on l’espérait officiel. Quoi que, j’aurais pu recevoir de telles informations techniquement mais pour cela il fallait que je remplisse une convocation, un procès verbal, un compte rendu, et j’en passe. Rien que de penser à cette paperasse me fatigue. Par contre, il y avait bien un point sur lequel j’étais d’accord avec le dresseur.

- En effet, mais de nombreuses choses me paraissent stupides au quotidien et je ne leur en tient pas pour autant rigueur. Mais repartons sur des bases saines voulez vous ? De toute évidence, il va de soi que vous me connaissez, mais je n’ai pas le plaisir de la réciproque.

Le dresseur repris la parole, pour se présenter sans doute et je profitais de cet intermède pour entasser les papiers qui se trouvaient sur mon bureau et les écarter du milieu de mon espace de travail. Ceci étant, je m’arrêtais pour fixer de nouveau toute mon attention vers lui lorsqu’il interrompit sa phrase en plein milieu et garda le silence. A l’arrière de la pièce, les ambulanciers étaient arrivés et évacuaient les blessés, peut être était-ce la raison de cette coupure qui n’en restait pas moins subite et superflue. Levant les sourcils, je secouais légèrement la tête pour intimer mon interlocuteur de continuer, perplexe et de plus en plus impatiente. Peut être faisait-il cela pour ménager son suspens ou par timidité alors que les médecins s’activaient derrière lui mais je n’avais pas vraiment le temps pour cela.

Néanmoins, je dois avouer que de le voir soutenir enfin mon regard me convient plus que l’attitude qu’il arborait tout à l’heure. Il parvient enfin à cracher le morceau et me donne son nom, rien qui me dise quoi que ce soit très honnêtement. Sa dernière remarque pique ma curiosité par contre. Encore un dresseur qui souhaitait avoir un tête à tête avec moi pour diverses raisons que seule sa propre personne connaît. J’en croise énormément des comme ça et le plus souvent, pas pour mon grand plaisir. Ce fut le moment que choisirent mes dragons pour revenir à moi gracieusement pour l’un, de manière impressionnante pour l’autre. Il ne faisait aucun doute que cette affaire avait elle aussi été réglée de main de maitre. Ou en l’occurence, de championne. Je m’apprête à répondre lorsque le jeune homme reprend la parole et capte définitivement mon attention. En bien ou en mal, cela reste à déterminer.

- Avant toute chose, c’est Mlle. Germanni, nous n’avons pas gardé les spoinks ensemble Mr. Olivier Raporow.

Ce détail maintenant écarté, je devais avouer que l’offre était tentante, seulement, la dernière personne qui m’avait offert une telle opportunité sur un plateau n’avait pas été des plus plaisantes. Rien que de repenser aux frasques de cette détective, je sentais chacun de mes muscles se crisper. C’était évidemment alléchant, mais justement, comme souvent avec ce genre de propositions c’était trop beau pour être vrai. Sans même m’en rendre compte, je m’étais instinctivement levée et mon regard froncé était toujours planté dans celui du brun. Son expression avait définitivement changé, à croire que mon instinct s’était avéré juste au début de cette interview. Nous n’étions plus que deux dans le bureau, sans compter mes pokémons. Je n’avais pas pris le temps de les rappeler et eux aussi semblaient intrigués face à cette proposition sortie tout droit de nulle part.

- Quelle championne je serais si j’affirmais le contraire ? Mais je ne peux m’empêcher de m’interroger quant aux raisons qui vous pousseraient à me servir de telles informations sur un plateau.

L’une de mes mains s’était plus ou moins inconsciemment mise à jouer avec mon fouet alors que je parlais et réfléchissais en même temps. De nombreux paramètres restaient extrêmement flous. La provenance de ces informations, leur raison, le fait que l’on veuille me les transmettre personnellement. Quoi que non, ce point était clair si ce n’était évident. Mais aussi et surtout :

- Et quel serait le prix de telles informations ? Je doute que vous me les proposiez personnellement à titre gratuit. A moins que vous soyez une sorte de bon samaritain des temps modernes. Vu l’intérêt que vous avez porté à cette pauvre Audrey Forgan, je n’exclus pas encore totalement cette possibilité. Rajoutais-je avec un sourire narquois.