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 [Terminé] Air d'automne. [Solo]

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MessageSujet: [Terminé] Air d'automne. [Solo]   [Terminé] Air d'automne. [Solo] EmptyVen 4 Nov 2016 - 1:00
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-‘ SURPRISE ! ‘

Moment de silence. Okabe venait d’entrer par la porte de cuisine, les deux bras dans les airs avec un grand sourire aux lèvres. Celui-ci disparu légèrement en apercevant Bahia, qui était assise à la table, à moitié réveillée. La chercheuse n’était pas coiffée, en robe de chambre assez courte et surtout, le visage hagard et limite grognon, un journal ouvert devant son assiette de gruau. En apercevant le scientifique, celle-ci s’étouffa avec sa bouchée, incapable de défaire son regard de l’homme. Déjà parce qu’il était supposé être sur un autre continent en ce moment même, ce qui était une raison bien suffisante. Okabe resta un instant figé, regardant le Ténéfix se dépêcher de lui apporter un verre d’eau, tout aussi surpris qu’elle. La rousse prit quelques gorgées, respirant ensuite avec rapidité. Bordel d’Arceus. Bahia ne savait tout simplement pas comment réagir, sous le choc. Cela faisait deux mois qu’il était parti pour Hoenn et boom, d’un coup il était là… elle n’était même pas préparée, ce qui lui donnait envie d’exploser de gêne et de colère à la fois. Il lui avait pourtant dit pas plus tard qu’hier qu’il pensait rester un mois de plus, les recherches avançant bien. Ce n’était qu’un mensonge pour la surprendre ? C’était mignon et con à la fois. Le scientifique voyait son visage passer au cramoisie et se demanda s’il devait repartir, se décidant à relever les bras de nouveau d’un air un peu moins confiant que tout à l’heure.

-‘ Surprise, haha ! Je… enfin… Toc toc ? ‘

Il décida de regarder autour de lui, pour laisser le temps à la jeune femme de se remettre du choc et surtout peut-être, de lui permettre d’aller se changer. Il savait qu’elle avait finie de déménager il y a à peine deux jours, des cartons trainaient encore ici et là dans sa nouvelle maison. C’était plutôt coquet et tranquille comme quartier, elle avait choisi un bon coin. Okabe tourna la tête vers la chercheuse et fut surpris de voir que celle-ci s’était levée, s’approchant de lui. Elle enroula ses bras autour de ses épaules et il figea, néanmoins content d’avoir droit à un minimum de bienvenue. La demoiselle aurait préféré aller se changer, mais elle se sentait mal pour le scientifique, qui avait quand même fait des efforts pour la surprise. Ils se serrèrent quelques secondes, juste assez pour que le malaise revienne et les sépare de nouveau, chacun rougissant comme un débile. Malgré la surprise et la gêne, Bahia était contente de le voir. Elle avait vécu tellement de changement depuis les dernières semaines qu’elle voyait le retour de son ami comme une bouffée d’air frais. Sa présence était rassurante, malgré ses visions. Et, disons-le sincèrement, elle s’était ennuyé de lui et de sa personnalité haute en couleur. Soufflant par le nez pour calmer la boule de chaleur qu’elle avait dans le ventre, elle vit que l’expression du scientifique avait changé. Il semblait… soudainement fâché ? Surprise qu’il s’agrippe à sa robe de chambre, elle le fut encore plus avec la suite.

-‘ Comment ça tu es parti de l’université !? Je vais faire quoi moi !? Qui sait qui va me servir mon café le matin !? Ou me dire que je suis le plus intelligent de la planète !? Ça va me prendre des semaines trouver un autre faire valoir… ‘

Oh. Ooooh. Le visage de Bahia était en train de redevenir rouge, mais pas pour les mêmes raisons. Elle obligea l’homme à lâcher ses vêtements d’un geste brusque et ils passèrent un bon dix minutes à s’engueuler gentiment. Les Pokémons de la demoiselle s’étaient rassemblés dans le salon, observant depuis le divan la discussion sans queue ni tête du duo. C’était limite s’ils avaient pas envie de se faire du pop-corn tellement c’était addictif à regarder. Après avoir crié avec douceur qu’elle n’était pas son faire valoir et méritait mieux à la ligue, Okabe rajouta une couche en disant que sa place était à côté de lui, ce qui aurait pu être un peu romantique si Bahia n’avait renchéri en lui disant que sa place était là ou elle le décidait et que maintenant, elle décidait que c’était à Bordeciel, point final. Il la menaça de changer d’emploi pour venir la rejoindre et qu’elle ne se sauverait pas de lui ainsi, ce à quoi elle répondit qu’elle s’en fichait et qu’elle espérait qu’il se mange un mur à la ligue, ce qui risquait de ne pas être le cas, vu sa réputation de génie. Lorsqu’ils furent à court d’arguments stupides et essoufflés, ils se regardèrent quelques secondes dans le silence. Puis la rousse se mit simplement à rire sous le regard médusé de l’homme, qui finit par sourire devant sa réaction.

-‘ J’avais oublié à quel point tu étais con. ‘

Et ils se remirent à rire, comme si le temps passé aussi loin l’un de l’autre n’existait déjà plus. L’histoire des visions et de ses recherches ne refirent pas surface pour l’instant, ce qui était mieux ainsi. Après avoir repris leurs souffles, Okabe lui tendit une enveloppe, visiblement excité à l’idée qu’elle l’ouvre. Celle-ci l’attrapa et fut surprise d’y trouver une carte, dépliant celle-ci pour lire ce qui s’y trouvait. Bahia n’eut même pas le temps de commencer sa lecture que… que le scientifique se sauva par sa porte, courant dans le jardin. Il n’avait rien dit, juste foutu le camp comme si de rien n’était. La bouche à semi-ouverte, la chercheuse se tourna vers ses Pokémons, qui n’en pouvaient plus, riant sans s’arrêter. Est-ce qu’il venait vraiment de se sauver d’elle !? Décidant de lire la carte, elle dû faire son gros possible pour cacher sa réaction à ses compagnons pendant que son regard défilant le long du papier. Le scientifique l’invitait à une soirée spéciale pour son retour, à un restaurant assez dispendieux de Megapagopolis, pour ce soir. Ne pouvait-il pas faire comme tout le monde et lui demander en face ? Non, en réalité c’était mieux ainsi. Retournant s’asseoir sur sa chaise, la demoiselle posa ses deux paumes sur son visage, essayant de digérer ce qui venait de se passer.

Okabe était revenu, ils s’étaient engueulés un coup, avaient ri et il lui avait tendu une carte pour ensuite s’enfuir à pied. C’était un retour assez étrange, mais agréable.

-‘ Bon, y a quelqu’un qui veut bien m’aider à trouver quoi mettre ? ‘

Toujours rieurs, les Pokémons finirent de déjeuner avec elle pour ensuite l’aider pour ce soir. Il restait encore trois semaines avant le début de son nouvel emploi, elle avait amplement de temps pour s’amuser. Le cœur léger, elle laissa un message à son père pour qu’il dise à Cogneur qu’il pouvait rester ce soir à l’arène. Elle n’allait pas lui préciser pourquoi, sinon il allait venir ici à la course. Bahia décida aussi de renvoyer des messages à Lyndia pendant la journée, avec qui elle avait eu la chance de discuter après son premier message, avant son déménagement. La situation c’était améliorée et c’était avec plaisir qu’elle lui dit qu’Okabe était de retour à Hoenn. Elle n’avait aucune idée de ce que le scientifique lui réservait mais…

… mais elle espérait secrètement qu’il rattraperait son départ.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Air d'automne. [Solo]   [Terminé] Air d'automne. [Solo] EmptyLun 7 Nov 2016 - 1:32
-‘ Hum… Bahia ? ‘

Cogneur tenait fermement le punching bag, observant avec une certaine surprise la rousse frapper avec plus de conviction que d’habitude. La force qu’elle y mettait était plutôt impressionnante pour sa grosseur, le Blindépique se demandant ce qui pouvait motiver la demoiselle ce matin. N’ayant aucune réponse, il fit sortir ses lianes de sous sa carapace, les enroulant autour de ses poignets. L’handicapée tenta de se défaire, l’agressivité qu’il voyait sur son visage lui confirmant qu’il y avait bel et bien quelque chose qui la dérangeait. Poussant la cible de côté, il lui ordonna de prendre une pause, lui tendant une chaise. Même en ayant l’énergie de faire plus, il fallait que l’handicapée prenne le temps de se rasseoir de temps en temps, surtout lorsqu’elle s’entrainait sans le support de sa canne. Satisfait de la voir se calmer, il l’obligea à enlever ses gants de boxe, considérant qu’elle en avait assez fait pour la journée. Cette session d’entrainement qu’ils faisaient aux deux jours était habituellement agréable, depuis leur grande discussion, s’était un bon moyen de se rapprocher de nouveau. C’était Bahia qui lui avait demandé de l’entrainer, rajoutant une autre chose à sa liste de changement. Cogneur n’était pas certain de ce qu’elle voulait accomplir avec cela, mais c’était mieux pour elle de bouger un peu, surtout pour sa jambe. Voyant que son visage était un peu moins rouge, il reprit la parole, assit en face d’elle.

-‘ Tu t’imagines la tête de quelqu’un en frappant là-dessus, miss ? ‘

Le colosse végétal lisait son visage comme un livre ouvert. À qui pouvait-elle en vouloir à ce point ? Elle allait pourtant très bien hier, contente d’avoir fini son déménagement et d’avoir un peu de temps pour elle avant le retour au travail. Le chromatique se doutait bien que quelque chose s’était produit hier soir, lorsqu’elle lui avait dit qu’il pouvait rester à l’arène sans lui donner de détail. Elle semblait correcte ce matin lorsqu’il était revenu, mais il avait suffit de commencer l’entrainement pour voir que ce n’était pas le cas. Il tourna légèrement la tête pour observer Mercure, qui se tenait dans le coin de la pièce. Celui-ci s’amusait étrangement à soulever des poids avec son esprit, relayant leur conversation en même temps. Il ne semblait pas inquiet, ou il ne le montrait pas, comme d’habitude. Voyant que Bahia ne parlait toujours pas, le Pokémon décida de continuer de lui tirer les vers du nez, bien déterminé à savoir ce qui la rendait de si mauvaise humeur.

-‘ Okabe t’a appelé hier ? ‘
-‘ Hum. ‘


Un simple grognement. Alors il avait raison de croire que cela avait un rapport avec le scientifique. Bahia était du genre assez stable émotionnellement la majorité du temps, mais lorsque l’homme était en jeu, cela dérapait rapidement. Le Blindépique ne savait pas trop quoi penser de cette relation entre ses deux là, qui était toujours un peu ambiguë. Il n’eut pas trop le temps d’y penser, la rousse décidant visiblement de se délier la langue.

-‘ Il est revenu hier. ‘
-‘ Hein !? ‘


La dernière fois qu’elle lui avait parlé de lui, il ne revenait pas avant un-deux mois minimum. Cogneur se pencha un peu plus vers l’avant, plus attentif à présent. Il s’était passé quelque chose, c’était assez évident. Après tout ce qui s’était produit depuis cette sortie au spa avec Lyndia, le colosse végétal osait espérer que le scientifique c’était rattrapé. Enfin, vu la tête de Bahia, probablement pas. Le chromatique fit craquer ses jointures sans s’en rendre compte, écoutant la suite.

-‘ Il voulait me faire une surprise alors il est revenu sans rien dire. Je suis allé au restaurant avec lui le soir… et … je… ‘

Le colosse dû se retenir de rire en voyant celle-ci s’arrêter et gonfler légèrement les joues de colère, rouge. À moins que ce fût de la gêne ? Peut-être les deux, en fait.  Elle tapait aussi du pied, cherchant visiblement ses mots. Le Blindépique ne rajouta rien, attendant patiemment qu’elle se décide à cracher le morceau.

-‘ Ça allait… bien, pourtant. On avait tellement de chose à se dire. Puis elle est arrivée. ‘

Oh. Ooooh. Cogneur se gratta la tête, comprenant sans qu’elle n’ait fini ce qui la dérangeait à ce point. Sa princesse était jalouse. Il en était certain, juste à voir son expression et surtout, son ton de voix. Bahia se releva d’un coup, attrapant sa canne d’une main ferme. Elle se mit à faire les cents pas, le visage sombre. Ce n’était pas son genre de se laisser avoir par l’envie, mais visiblement, le scientifique avait cet effet.

-‘ … ils se sont rencontrés là-bas. C’est une psychiste très connue à Johto, elle a son propre groupe, un genre de secte limite… intelligente, aussi. Elle lui a proposée de lui donner des cours privés pour mieux contrôler ses visions et elle l’a suivie ici. Je te jure… ‘ La demoiselle s’était arrêté un peu plus loin, sa canne frappant le coin du mur. –‘ Il lui mange dans la main. ‘

Jalousie, question réglée. Le colosse ne savait pas trop quoi penser et surtout, faire. Il ne se souvenait pas de la dernière fois qu’il l’avait vu agir de la sorte. C’était son genre de traiter les gens jaloux de puériles, la situation se retournant drastiquement. Le Blindépique soupira, ne s’attendant pas à devoir désamorcer une telle bombe en se levant ce matin. Il se releva de son banc, s’approchant d’un pas lourd de l’handicapée qui ruminait dans son coin, sa canne tapant au sol. Tout allait pourtant si bien depuis deux semaines, Cogneur se disant qu’il aurait peut-être été mieux pour Okabe de rester à Hoenn. Là-bas, il ne mettait pas sa compagne en furie. Enfin, pas autant. Il posa sa grosse paluche sur son épaule, se disant que des problèmes de cœur étaient mieux que l’eau trouble qu’ils avaient traversée.

-‘ J’ai dû endurer deux heures de plus à les entendre parler de comment c’était, oh, si agréable de travailler ensemble à Hoenn. Quand elle est arrivée, il a même arrêté de me poser des questions sur les ruines, tu t’imagines ? Il m’a fait chié pendant des jours pour que je lui en parle, il était fou à ce sujet ! ‘

Il décida de passer de l’épaule à sa tête, lui tapotant gentiment les cheveux. Oh il se disait qu’il aurait deux mots à dire à cet imbécile s’il le recroisait, d’abord parce que ces conneries le mettaient lui dans l’eau chaude et ensuite, parce qu’il considérait qu’il avait assez joué comme cela avec le cœur de sa protégée. Cogneur souhaitait toujours le meilleur pour la rousse et il commençait à se dire qu’il était peut-être temps d’aider à couper complètement les liens étranges qui retenaient les deux scientifiques ensembles. Cela ne lui faisait pas plaisir, loin de là, mais il avait encore un peu la mentalité de chercher le bonheur de la demoiselle sans vraiment lui demander son avis. Celle-ci semblait déjà se calmer un peu, son visage reprenant sa blancheur ordinaire. Puis, sans le prévenir, elle se mit à marcher vers la sortie, d’un pas raide. Quoi ?

-‘ Merci Cogneur. Je vais me préparer, j’ai une autre sortie ce soir. ‘

Hein !? Il avait manqué un bout ou quoi ? Le colosse la suivi immédiatement, en compagnie du Séléroc. Le visage rigide de la demoiselle ne lui disait rien qui vaille. Il avait beau lui poser des questions, il ne recevait aucune réponse.

Qu’est-ce qu’elle avait prévue ?
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MessageSujet: Re: [Terminé] Air d'automne. [Solo]   [Terminé] Air d'automne. [Solo] EmptyLun 7 Nov 2016 - 20:00
-‘ Bahia ? ‘

La rousse s’arrêta, ses vêtements propres dans les mains. Elle venait à peine de sortir de sa séance d’entrainement, encore pleine de sueur et d’idées noires. Cela faisait à peine deux minutes qu’elle était dehors en train de vider sa corde à linge que la voix du scientifique avait résonné derrière. La chercheuse ne s’attendait pas du tout à cela mais ne se retourna pas, figé dans l’attente. Pourquoi était-il ici ? Il n’avait pas mieux à faire avec Noémie ? Bahia sentit la colère remonter d’un coup, incapable de la dompter. Ce n’était pas son genre de se sentir de la sorte, pourquoi était-elle aussi à nerfs ? Okabe dû se rendre compte de son état parce qu’elle entendit le bruit de ses pas sur le gazon, de plus en plus proche. Avançant de quelques pas pour garder une distance raisonnable, la voix de l’homme résonna de nouveau, visiblement inquiète.  Elle aurait préféré qu’il parte.

-‘ Qu’est-ce qui se passe ? Tu… tu es bizarre depuis hier. ‘

Bizarre !? Bien sûr qu’elle l’était ! Il revenait de son voyage de deux mois et s’imaginait qu’elle serait de bonne humeur à faire un souper à trois avec cette idiote. Avait-il de la boue dans les yeux ? Se retournant rapidement pour lui faire face, l’handicapée fut surprise de voir que la psychiste était là aussi. Seulement… quelque chose la frappa en la voyant, son expression changeant d’un coup. Pour une raison qu’elle ignorait, Bahia avait une image fort différente de Noémie en tête. Pourquoi ? Elle semblait… ordinaire, alors qu’hier, la rousse aurait juré que c’était l’une des plus belles femmes qu’elle avait vu de sa vie. Non pas que la vision qu’elle avait était laide, loin de là. Elle était juste… moins impressionnante. Pire que ça, certains détails ne concordaient même pas. Ses cheveux étaient plus courts et foncés, son tour de poitrine moins imposant, ses vêtements beaucoup plus flashy… elle avait presque l’impression de faire face à une autre personne, seul son regard – jaune, ce qui sortait vraiment de l’ordinaire - lui confirmant que c’était bien la psychiste. Sonnée et ne comprenant pas ce qui se passait, elle écoutait à peine les paroles d’Okabe, qui s’était rapproché de nouveau.

-‘ Voyons Bahia, qu’est-ce qu’il y a ? Tu avais l’air bien au départ, mais quand ma sœur est arrivée… enfin, je sais que je ne te parle pas souvent de ma famille, mais… ‘

Il continuait de parler, mais la rousse était déjà déconnectée. Sa sœur ? Comment ça, sa sœur ? La principale intéressée observait le duo de loin, l’air tout aussi inquiète qu’Okabe. C’est vrai que, si on oubliait les yeux, ils se ressemblaient un peu. Mais pourquoi, pourquoi est-ce qu’elle était certaine que cette femme était autre chose ? Elle s’en souvenait très bien, ça s’était passé hier ! Elle avait rejoint l’homme au restaurant, accueillit par du champagne et un scientifique étrangement bien soigné et en costume, lui qui avait du mal à délaisser sa chemise de travail. Ils avaient parlé pendant quarante minutes, les deux passant visiblement du bon temps. C’était son cas, elle avait vraiment apprécié ce moment. Le voir et prendre de ses nouvelles lui avait réchauffé le cœur et pourtant… Noémie était arrivée au repas principal. Elle s’en souvenait… enfin… non, elle en était certaine, ce matin elle ne pensait qu’à cela.

Alors pourquoi elle n’y arrivait plus maintenant ?

Les scènes après l’arrivé de Noémie étaient soudainement floues, des brides de conversation remontant dans son esprit. Des morceaux qu’elle ne reconnaissait pas et qui pourtant, lui semblait vrai. Le visage livide et en sueur, Bahia tentait encore et encore de refaire la soirée dans son esprit, se frappant à un mur chaque fois qu’elle cherchait des preuves de ce qu’elle avançait ce matin. Elle vit son Blindépique sortir de la maison par la porte de derrière, celui-ci observant d’un drôle d’air les invités. L’handicapée aurait aimé lui crier de s’occuper d’eux et de les faire partir de son terrain immédiatement, mais rien ne sortit. La panique se lisait dans son regard et Cogneur marcha jusqu’à eux, jetant à la fois des regards à la demoiselle et au scientifique qui se tenait devant elle.

-‘ Bahia ? Écoute, je sais que d’habitude tu n’aimes pas discuter de tes problèmes et tout ça, mais j’aimerais bien… ‘

Un instant. Juste après l’arrivée de Noémie, l’handicapée se souvenait qu’elle était partie à la salle de bain, toujours de bonne humeur à ce moment-là. Elle avait été à la toilette et alors qu’elle se lavait les mains…

Elle avait vu une ombre.

Après s’être souvenu de ce détail, le reste devint beaucoup plus net, certains détails qu’elle croyait véridique étaient faux : elle revoyait les vraies scènes, se rendant compte que c’était elle qui avait fait abrégé le souper. Le frère et la sœur étaient clairement mal à l’aise et lui avaient souvent demandés si tout allait bien pendant le repas, lui racontant néanmoins comment ils s’étaient revus à Hoenn et comment ils avaient pu travailler un peu ensemble. Rien à voir avec la situation qu’elle avait l’impression d’avoir vécu, à savoir un Okabe hypnotisé par une belle créature. La réalité avait été déformée, dès l’instant qu’elle avait quitté les toilettes. Elle se souvenait même avoir été contente de rencontrer Noémie, voyant là une sorte de confiance et un désir de se rapprocher d’elle en lui présentant sa famille. Le cœur battant à la chamade, la rousse recula de quelques pas.

-‘ Bahia !? ‘

Elle s’était retournée, laissant ses vêtements trainer au sol. Cela ne lui prit que quelques secondes, mais elle courait, l’adrénaline la traversant d’un seul coup, comme un fouet. Elle entendait les cris derrière, mais ne regarda pas, continuant son chemin. Elle n’avait qu’une seule idée en tête : sa voiture. Celle-ci était garée devant sa maison, prête à partir. Sortant les clés de ses poches, elle ouvrit la portière avec force, se glissant à l’intérieur. Il fallait qu’elle fasse vite, ne prenant même pas le temps de s’attacher. L’un de ses poursuivants finiraient bien par la rejoindre et si c’était Cogneur, elle serait incapable de se sauver. Un petit coup d’œil dans le rétroviseur alors qu’elle démarrait lui confirma la chose. Une seconde plus tard, elle appuyait sur l’accélérateur, la Charger bondissant avec un rugissement vers l’avant. Le Blindépique n’avait pas eu le temps de la retenir, sa silhouette disparaissant rapidement derrière sa trainée de poussière. Les mains crispées sur le volant, la rousse se rendait finalement compte de ce qu’elle faisait.

Et elle était incapable de faire autrement.

Même en essayant de défaire ses mains du volant, rien ne fonctionnait. Son corps restait rigide et ses pensées se mélangeaient, une pression dans son crâne lui confirmant que Platon était bel et bien aux commandes et ce, depuis son début de course. La panique se transforma en peur, Bahia comprenant qu’il était probablement la raison de son désordre mental d’hier. Mais pourquoi avoir ainsi modifié sa perception, pourquoi la vouloir jalouse ? Il n’était pas capable d’habitude de rester dans son corps si elle ne le voulait pas, alors pourquoi est-ce qu’elle ne pouvait pas se débarrasser de de lui maintenant ? Pourquoi ne l’avait-elle pas sentie plus tôt hier pendant le souper ? Toutes ses questions étaient en train de lui donner le tournis, la voiture continuant son chemin à haute vitesse. Malgré ses ordres à son pied, celui-ci ne relevait pas de la pédale, s’enfonçant même un peu plus. La route était heureusement assez vide à cette heure-ci, mais cela ne la rassurait pas du tout. Voiture ou pas, la vitesse à laquelle ils allaient était plus que dangereuse.

Après un instant de bataille intérieure, la chercheuse fut capable de regarder quelques secondes dans le rétroviseur, apercevant son poursuivant. Okabe avait fait sortir son Drattak chromatique de sa ball, le faisant Méga-évolué pour être capable de la suivre. Le dragon allait assez vite, la Charger ne semblant pas le distancer. Bahia aurait aimé appuyé sur le frein, mais rien n’y faisait. Après avoir dépassé dangereusement plusieurs voitures, une sirène lui vrilla les tympans. La police. La rousse avait du mal à croire ce qui se passait, espérant presque que ce n’était qu’un rêve. Ça ne pouvait pas être vrai, l’Ectoplasma n’avait pas ce qu’il fallait pour la contrôler. Pourquoi le voudrait-il, de toute façon ? Sa vue se brouilla, le chemin devenant plus sombre. Elle voyait les lumières des gyrophares rouge et bleu, son esprit ne souhaitant à présent qu’une seule chose : s’évanouir.

Deux minutes après, la Charger s’arrêtait sur le bord de la route. Platon avait perdu un peu de contrôle sur son hôte et celle-ci en avait profité pour s’arrêter, renvoyant ensuite la voiture au neutre. Le spectre avait tenté de presser encore son pied contre l’accélérateur, mais le moteur ne fit que gronder, sans bouger.  Les voitures de police étaient à présent derrière elle, des officiers sortant de leur véhicule. Ils avaient tous des armes à la main, pointant la Charger alors que l’un d’eux criait par-dessus les sirènes.

-‘ Sortez immédiatement du véhicule, les mains dans les airs et les paumes ouvertes ! ‘

Ce n’était pas un rêve. Elle était assise dans sa voiture et, après une course poursuite qu’elle ne comprenait même pas, se retrouvait dans la visée d’armes à feu. Figée pendant quelque secondes, la demoiselle se pencha légèrement, sa main attrapant quelque chose sous son banc. Les policiers ne pouvaient pas la voir faire d’où elle était, ce qui était mieux ainsi. Ouvrant lentement sa portière, Bahia sortie, les jambes tremblantes. Le scientifique s’était posé non loin de là, bataillant avec un policier pour avoir le droit de se rapprocher. Ils parurent surpris en la voyant, s’attendant probablement à un autre genre de personne. L’un d’eux remarqua la lame qu’elle avait entre les mains, criant quelque chose qu’elle ne comprit pas. Le canif était caché sous son siège en cas d’urgence, mais jamais elle n’aurait cru s’en servir de la sorte. Platon criait à son corps de bouger d’une manière, mais elle résistait. La rousse ne comprenait pas trop ce qu’il voulait faire, mais elle savait que cela risquait d’être dangereux. Ne voyant qu’un seul moyen de se débarrasser de lui, elle releva la main sous les cris des policiers.

Et s’enfonça la lame dans l’estomac.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Air d'automne. [Solo]   [Terminé] Air d'automne. [Solo] EmptyMar 8 Nov 2016 - 2:52
-‘… Lorsque je voyais mes visions, je ne m’attendais pas vraiment à ce que ce soit toi-même. ‘

Le scientifique restait assis sur le matelas moelleux, regardant par la fenêtre. L’automne était déjà sur le point de laisser sa place à l’hiver et il tenait dans ses mains une tasse de thé bouillante qui le réchauffait un peu. Il prit une gorgée et manqua de s’étouffer, se rappelant de souffler dessus avant. Il tourna ensuite sa tête vers Bahia, qui dormait encore dans son lit d’hôpital. Autant dire qu’elle avait fait peur à tout le monde, autant que la première fois qu’elle était venue ici, lors de son accident en montagne. Détaillant son visage plus blanc que d’habitude, il posa délicatement sa main sur la sienne, qui était froide comme un glaçon. Okabe décida de replacer ses couvertures, essayant de l’envelopper le plus possible. Il ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il refaisait les mêmes choses que lorsqu’elle avait été prise dans l’éboulement, vérifiant toutes les dix secondes qu’il n’y avait rien de spécial. C’est vrai, sa blessure n’avait absolument aucun rapport avec ce qu’elle avait vécue avant. Le scientifique était certain que la rousse connaissait assez bien l’anatomie humaine et avait fait exprès de viser un endroit ou ses organes ne seraient presque pas touchés. Elle souffrait plus de la perte de sang que de la blessure en soi, qui s’avérait assez légère. Ils avaient tout de même décidés de la garder à l’hôpital une journée de plus, juste pour voir si… enfin… si sa folie reviendrait. Et par folie, l’homme pensait au spectre qu’il avait vu. Il revoyait les détails très nettement dans sa tête, sa main se crispant sur sa tasse en y repensant.

Bahia s’était enfoncé la lame en criant, envoyant sur la route une gerbe de sang dont la vision lui avait coupé le souffle. Sans écouter les policiers, il s’était jeté vers elle, apercevant alors qu’il courait la forme de l’Ectoplasma quittant son corps. Sur le coup il avait douté, mais après avoir passé des heures à discuter avec Cogneur, il comprenait à présent que c’était la seule explication. Il l’avait ensuite pris dans ses bras, le sang de la rousse s’étalant sur son sarreau. C’était à ce moment qu’il s’était rendu compte que la scène ressemblait presque exactement à ses visions, comme figé dans la surprise. Tout ce temps-là, il avait cru qu’il devait la protéger de quelqu’un… c’était en quelque sorte le cas, mais jamais n’aurait-il cru qu’elle serait le déclencheur et surtout, qu’elle serait celle qui pousserait sur la lame. Accompagné de deux policiers, ils purent faire le voyage en ambulance, laissant la voiture derrière. Lorsqu’elle entra finalement pour son opération, Andrew arrivait, en compagnie de Cogneur. Okabe frissonna en y repensant, se souvenant très bien de l’air qu’avait l’autre homme. Le scientifique avait toujours été intimidé par le champion, qui protégeait sa princesse comme un dragon enragé. Pas juste à cause de ça… ils étaient très différents et chaque fois qu’il tentait de se rapprocher de lui, il avait l’impression qu’un fossé se creusait entre eux. Cette fois-ci, c’était un peu différent.

Sur le coup lui et son Pokémon avaient cru que c’était de sa faute, furieux contre lui. Cela n’avait pas duré longtemps, heureusement pour lui et ses jambes. Okabe n’osait pas imaginer ce qu’ils lui auraient fait si cela aurait été réellement le cas. Le champion ne resta pas longtemps, juste assez pour prendre des nouvelles de sa fille et partir ensuite à la rencontre des policiers. Il y avait beaucoup de chose à démêler et s’il ne voulait pas que la chercheuse finisse avec une poursuite sur le dos, il fallait qu’il joue soigneusement et il le savait très bien. Le psychiste était donc resté avec Cogneur les premières heures, celui-ci acceptant étrangement de lui expliquer ce qu’il pensait qu’il s’était passé. Okabe avait mis beaucoup de temps à comprendre, ou plutôt, à accepter cette version. Bahia qui prêtait son corps à un spectre ? C’était ridicule ! Et pourtant… c’était, d’après le Blindépique, l’une des raisons pour laquelle elle avait réussie à se tenir debout dans les ruines.

Le Pokémon avait fini par repartir, après que la rousse soit sortie de son opération, rejoignant son dresseur qui était toujours à couteau tiré avec la police. Dans un état stable et déjà en rémission, on avait donné à la demoiselle une petite chambre le temps de vérifier que tout allait bien dans quelques heures. Un policier restait à l’entrée avec son Canidos, ce qui fâchait le scientifique, même s’il n’osait rien dire. Sa Bahia n’avait rien d’une criminelle, au contraire. Elle faisait toujours de son mieux pour agir de la meilleure façon possible. Mais ça, est-ce qu’ils le croiraient ? Prenant une autre gorgée de son thé qui commençait à refroidir, l’homme reposa de nouveau son regard sur la chercheuse. Celle-ci n’avait pas ouvert les yeux une fois depuis sa sortie d’opération, mais il savait qu’elle avait été quelque fois réveillée. Il le voyait à l’expression de son visage, toujours attentif aux petits détails. En fait, elle l’était probablement en ce moment et c’était la raison pour laquelle il parlait à voix haute. Il espérait que celle-ci sortirait de son mutisme, désireux de pouvoir enfin lui parler de nouveau. Il ne savait pas comment agir, se demandant s’il devait continuer d’être doux ou lui dire quelque chose d’assez choquant pour l’obliger à ouvrir les yeux. Même s’il risquait de se manger un coup, il décida de prendre la deuxième option.

-‘ Je sais bien que tu n’aurais jamais fait cela toute seule. Cogneur m’a parlé de ta mère, tout à l’heure. Tu agis toujours pour le mieux parce que tu as peur de lui ressembler, non ? ‘

Bingo. Les paupières de la rousse s’ouvrirent d’elles-mêmes à l’évocation de sa mère, Bahia semblant regretter immédiatement son geste. Okabe tenta de se rapprocher, mais elle se coucha sur le côté, repliant l’oreiller sur sa tête. Peut-être avait-il manqué de tact, un peu. Comme d’habitude, dirait sa sœur. Celle-ci était passé quelques minutes, partant ensuite s’occuper de ses Pokémons. Le seul qui était resté était Éole, son Drattak. Étant trop gros, il restait dans sa ball, attendant des nouvelles de la rousse. Déposant sa tasse à moitié vide sur la petite commode à côté du lit, le scientifique reprit sa place sur le matelas, à ses pieds. Il se sentait nerveux, se caressant le menton en cherchant les mots pour se rattraper. Malgré l’étrangeté de la situation, il avait autre chose en tête. Cogneur lui avait raconté que Bahia avait eu une vision assez déformée de leur soirée au restaurant et qu’elle était folle de jalousie de sa sœur. Passant sa paume sur son visage, il tenta de se forcer à parler de nouveau, sans que rien ne sorte. Non, ce n’était pas assez. Il se répétait toujours cela, chaque fois qu’il se retrouvait dans une situation un peu intime avec la chercheuse. Dans sa poche de pantalon se trouvait le cadeau que lui avait donné Lyndia, lui qui n’avait jamais vraiment eu la chance de le repasser à la rousse. Il aurait pu le faire au restaurant. Il aurait pu…

-‘ Il est parti ? ‘

La voix de Bahia le fit sursauter, le scientifique se retournant pour la regarder. Elle était toujours cachée en dessous de ses couvertures et il se pencha un peu pour mieux entendre, rassuré qu’elle lui reparle.

-‘ Qui ça ? ‘
-‘… Platon… il est vraiment parti ? ‘


Platon, l’Ectoplasma. Il ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine colère en repensant au spectre, qui avait été assez lâche pour foutre le camp lorsqu’elle s’était blessée. D’un côté, c’était mieux ainsi. Il alla s’asseoir un peu plus proche de la chercheuse, à présent au niveau de son dos. Okabe garda la main levée en répondant, ne sachant pas trop s’il avait le droit de la poser sur son épaule.

-‘ Les Pokémons psy de la police ont vérifiés, ils n’ont rien senti. Il… il n’est plus là. ‘

Pour l’instant. Rien n’empêchait Platon de revenir se cacher dans son ombre dès que ce cirque serait terminé. Il fallait un Pokémon psy assez puissant pour le détecter, l’idée qu’il y retourne sans que personne ne s’en rende compte lui faisait un peu peur. Okabe cru entendre une sorte de soupir, espérant que la demoiselle était soulagée de l’apprendre. Celle-ci se défit légèrement de sa couverture, posant son regard sur le scientifique. L’homme sentit son cœur se serrer, ayant toujours l’impression que les yeux bleus de la chercheuse lisaient jusqu’à son âme. Il déglutit, hypnotisé par le visage fatigué de Bahia.

-‘ Tu ne trouves pas que ça ressemble beaucoup à l’accident ? ‘
-‘ … un… un peu… ‘
-‘ Pourquoi tu passes autant de temps ici ? ‘


La question le prit par surprise, l’homme reculant légèrement la tête. La rousse était sérieuse, fixant sans ciller son regard. Eh bien… il restait ici parce qu’il tenait à elle et qu’elle était une amie de longue date, cela ne suffisait pas ? Il sentait la sueur lui dégouliner dans le dos sans raison, cherchant ses mots plus que d’habitude. Il était vrai qu’il avait, autant à l’accident qu’aujourd’hui, toujours passé beaucoup de temps dans sa chambre d’hôpital. À un point ou les infirmières avaient cru qu’il était son mari, passant plus de temps à son chevet que son père, qui avait des responsabilités de champion à tenir. Bahia, ne recevant pas de réponse, se releva légèrement, une main sur sa blessure encore fraiche. Okabe savait que les médicaments la mettaient probablement dans une sorte d’état second, espérant que sa lubie passerait. Au contraire.

-‘ Tu ne trouves pas qu’on tourne assez en rond, toi et moi ? ‘

Le génie qu’il était avait une faiblesse, et elle était assise à côté de lui. Son cerveau voulait se jeter de tous les côtés, cherchant une solution. Il aurait préféré ne jamais être confronté de la sorte, encore moins par une Bahia blessée et, disons-le, un peu droguée aux antidouleurs. Elle ne rougissait même pas, le teint toujours aussi livide. La seule chose qui semblait en forme, c’était ses yeux. Ils brillaient, étrangement alertes. Ça le rendait vraiment mal à l’aise.

-‘ … je… je vois pas trop où tu veux en venir… ‘
-‘ Vraiment ? ‘


Il commençait à faire chaud dans la pièce. Enfin, pour lui en tout cas. Okabe avait du mal à mettre une pensée derrière l’autre, encore moins de se lever et partir en courant comme il aimait si bien le faire. Il s’ordonnait de réagir, de prendre position clairement une fois dans sa vie. Le visage de Bahia se rapprocha, fatigué.

-‘ Après tout ce que j’ai vécu depuis les dernières semaines, j’aimerais juste une chose. ‘ Elle lui avait attrapé le menton, le forçant à plonger dans l’eau glacée de ses yeux. –‘ Que tu me dises ce que tu penses de moi. ‘

Il aurait encore préféré repasser tous ses examens depuis le début de sa vie plutôt que de devoir répondre à une question piège du genre. Ayant encore du mal à réfléchir, il ne s’imaginait même pas capable de trouver une réponse satisfaisante, voyant les sourcils de Bahia se froncer avec le temps. Le scientifique tenta rapidement d’ébaucher quelque chose, intimidé par le peu de distance qu’il y avait entre eux deux.

-‘ … je… huh… tu es très intelligente … et … et jo…’
-‘ Par pitié. ‘


Il se tut, surpris du ton de voix de la demoiselle. Son visage avait pris une expression dégoûtée, celle-ci relâchant son emprise. Le scientifique se rendit compte qu’il avait arrêté de respirer, soufflant rapidement par le nez. Il n’eut pas le temps de penser à ce qu’il avait fait de mal que Bahia reprenait la parole, le regard embué.

-‘ On sait très bien tous les deux que je ne suis pas à ton niveau. En plus du QI, tu es psychiste… moi je suis juste bonne à être possédée comme une imbécile. J’ai fait pleins de changements depuis les ruines, je voulais… m’améliorer. Prouver que je peux avancer. J’ai peut-être eu tort. ‘ Elle se frotta les yeux, une main toujours sur sa blessure, sur le ventre. –‘ J’aimerais… j’aimerais bien que tu arrêtes de me tourner autour. Ça me donne juste l’impression que j’ai une chance. Après tout ce temps, j’en ai assez. ‘

Ses paroles le percutèrent et finirent de l’achever. Il figea quelques secondes, le silence reprenant dans la pièce. La rousse ne bougeait pas, continuant de regarder obstinément par la fenêtre et surtout, attendant visiblement qu’il parte. Quelque part dans sa tête, le scientifique savait que c’était maintenant ou jamais. S’il se levait de ce lit et partait, il n’aurait plus jamais de chance. Ce serait officiellement terminé. Cette simple idée lui donnait envie de crier, son corps bougeant de lui-même alors qu’il se penchait vers la chercheuse. Elle avait raison, il avait été un idiot. Ils auraient beaucoup de chose à se dire, mais pour l’instant, il devait tout recoller les morceaux avant qu’ils ne volent en éclat. Avec une grande douceur, il attrapa le visage de Bahia et l’embrassa, son cœur ratant un battement.

Le scientifique ne pouvait pas dire combien de temps cela avait duré, mais il avait l’impression d’avoir la même sensation que quelqu’un qui avait failli se noyer, reprenant son souffle dès qu’il recula. Est-ce qu’elle allait le frapper ? Pire, lui dire de sortir ? Rien. Elle ne lui dit rien. La rousse posa simplement sa tête contre son torse et, contre toute attente, se rendormit presque immédiatement. Reprenant la maîtrise de son esprit, il resta ainsi, serrant fortement l’handicapée contre lui.

Il ne s'attendait pas à ce genre de journée en ce levant ce matin.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Air d'automne. [Solo]   [Terminé] Air d'automne. [Solo] EmptyDim 4 Déc 2016 - 3:33
-‘ Il va mieux ? ‘
-‘ J’imagine. Il ne s’est toujours pas rendu compte de la supercherie. ‘
-‘ J’avoue avoir du mal à comprendre. Tu es certaine de ce que tu avances ? ‘
-‘ Je n’aurais pas poussé la mascarade jusqu’à me poignarder si ce n’était pas le cas, tu penses pas ? Je ne sais pas si c’est à cause de ses… capacités sensorielles, mais quelque chose à cloché. En tout cas sa… sœur est reparti d’où elle venait, c’est parfait comme cela. ‘


Assise dans sa maison, Bahia était contente d’être de retour ici. Elle avait eu son congé d’hôpital la journée avant, après avoir été lavée des accusations de conduites dangereuses qui pesaient sur elle. La situation avait été très tendue, mais la chercheuse essayait de ne pas y penser. Cette étrange aventure n’avait pas eu d’influence sur son embauche à la ligue vu l’histoire derrière et elle allait pouvoir commencer la semaine prochaine, ce qui lui ferait le plus grand bien. Prenant une gorgée de son thé, la rousse soupira et posa son regard sur son Blindépique. Il n’était pas seul dans le salon avec elle, toute son équipe était là. Ils avaient écouté attentivement ce qu’elle avait à dire, visiblement nerveux après son discours. Il y avait de quoi l’être. Posant avec douceur une main sur son ventre, l’handicapée repensa à ses paroles. Était-elle réellement certaine de ce qu’elle avançait ? Oui, sans aucun doute. Il y avait beaucoup trop de coïncidence pour qu’elle accepte une autre raison. Son cœur aurait préféré une autre issue, mais c’était la moins réaliste. Son téléphone vibra mais elle ne fit pas attention, reprenant la discussion qu’elle avait avec Cogneur, le visage grave de celui-ci la faisant soupirer de nouveau.

-‘ Quelqu’un a trouvé le moyen de jouer dans sa tête. C’est vrai qu’il a une sœur, mais je suis certaine que ce n’était pas cette femme. Ils ne se sont presque jamais vus, ça devait être facile de se faire passer pour elle, surtout avec l’aide d’un bon Pokémon psy… il n’a même pas l’air de se demander pourquoi elle est repartie aussi vite et sans lui redonner vraiment de nouvelles. C’est mieux comme ça. ‘
-‘ Il a pas oublié le baiser en tout cas. ‘
-‘ Change pas de sujet.


Bahia rougit et recula sa tête contre le divan, évitant le regard moqueur de son compagnon. Dire qu’ils étaient officiellement ensembles était peut-être trop tôt pour les deux ermites, mais le scientifique en semblait particulièrement enchanté. L’handicapée avait dû se battre avec lui pour avoir son après-midi toute seule avec ses Pokémons, celui-ci semblant vouloir faire le tour de la planète avec elle. C’était mignon mais elle commençait le travail dans une semaine, ce n’était pas le moment d’avoir des projets de grandeur. Encore moins avec la menace qui semblait peser sur eux deux. Enfin, elle espérait que ce n’était plus le cas pour Okabé. Il avait servi à cette femme, normalement elle n’allait plus chercher à le contrôler. La rousse pensait avoir une idée de ce qu’elle voulait réellement, mais n’osait pas en parler avec son chromatique. Pas qu’elle ne lui faisait pas confiance, mais cela concernait sa mère et seul Arceus savait que cela la mettait dans tous ses états d’en parler. Elle avait demandé à son équipe de lui faire confiance et ils avaient acceptés. La chercheuse ne leur avait pas caché qu’elle croyait qu’une menace finirait par débarquer à Mailys et ils n’avaient pas bronchés. Ses mains tremblèrent à cette pensée, la demoiselle baissa légèrement la tête. Les derniers jours n’avaient pas été facile, elle leur avait fait peur et elle le regrettait par moment, se promettant de ne plus jamais les mettre dans une telle situation. Au moins, cela les avait débarrassés de cette dangereuse inconnue. C’était sa seule consolation…

-‘ S’pas parce que tu crois qu’il t’a aidé que je lui accorde une quelconque confiance. ‘
-‘ Tu sais bien qu’il s’en fout. ‘


Non, Cogneur ne parlait pas d’Okabé, mais bien de Platon, qui se tenait derrière l’handicapée. Celui-ci ne resta que quelques secondes, faisant une grimace au Blindépique avait de disparaitre de nouveau. Il n’avait jamais vraiment quitté son ombre, juste le temps de fausser la police. Évidemment le scientifique ne devait pas le savoir, il était persuadé que c’était lui le problème. C’était le cas, mais pas de la manière qu’il le croyait. Un bruit à la porte la fit sursauter, la rousse observant son compagnon se lever et aller ouvrir. C’était Andrew, qui avait toujours des cernes sous les yeux. Cette histoire lui avait tiré beaucoup d’énergie et c’était dans des moments comme celui-ci que l’handicapée se rendait compte qu’il vieillissait. Lentement, son paternel fit signe à son équipe de sortir de la pièce, même Cogneur. Celui-ci grogna et poussa les autres dans le couloir, refermant la porte derrière lui. Le père et la fille restèrent en silence pendant quelques minutes, chacun semblant profiter de ce moment de paix. Doucement, le champion alla prendre place devant elle, posant deux choses sur la table basse.

-‘ C’est pour toi. ‘

Surprise, Bahia observa la Pokéball et sa canne des ruines. Andrew lui avait emprunté celle-ci hier, lui disant vouloir y apporter des modifications. La rousse ne voyait rien de changé, posant ses doigts sur la Masse Os. Elle fut surprise de constater qu’elle était presque… plus légère. Son père reprit la parole, la voix légèrement enrouée.

-‘ Je sais que tu n’aimes pas parler de ta mère… mais si c’est vraiment dangereux… ‘
-‘ Papa. Écoute moi bien. Si je te disais ce que je savais, tu… je pense que tu ne pourrais plus dormir le soir. ‘


Une certaine tension flottait dans l’air, leur regard bleus glacés se fixant. Bahia croyait que son père allait tenir plus longtemps, mais il finit par détourner ses yeux, visiblement lasse. La demoiselle se rapprocha et posa ses deux mains sur les siennes, essayant de le rassurer.

-‘ Je ne pense pas qu’il y ait aucun problème pour l’instant. S’il fallait que cette femme revienne, tu serais le premier au courant. En attendant, il n’y a rien à faire. Je commence mon nouveau travail bientôt et je compte sur toi et Cogneur pour m’aider à m’entrainer. Si elle revient… on l’attendra de pied ferme, elle et les autres. ‘

Ces paroles semblèrent secouer un peu le champion, qui reprit un air plus serein. Il attrapa la canne de sa fille et lui montra ce qu’il avait fait. Bahia cru qu’elle allait tomber en bas de sa chaise en voyant que son paternel avait trouvé le moyen de la transformer en canne-épée, une lame se cachant à présent à l’intérieur. Il suffisait de tirer sur le bout de la canne pour la faire sortir, le reste servant de fourreau.

-‘ Tu me promets de ne pas te l’enfoncer dans le ventre, celle-là ? ‘
-‘ … seigneur… ‘


Il rit, même si cela sonnait un peu faux. La demoiselle savait qu’il était content qu’elle reprenne les rennes de sa vie, mais il était aussi inquiet et ce cadeau en était une preuve. Bahia n’avait strictement aucune idée de comment elle allait s’en servir, mais elle était certaine que son père allait lui donner des leçons. Il se tourna ensuite vers la ball, lui faisant signe d’appuyer sur le bouton. Assez intrigué à ce sujet, la jeune femme ne se fit pas prier, un éclair blanc traversant la pièce.

Un Nounourson en sorti.

Le petit Pokémon se tenait à quatre pattes sur la table, observant la demoiselle avec un sourire très mignon. La chercheuse le fixa un moment, surprise de voir que son père avait récupéré un Pokémon Combat d’Alola. Ils étaient assez rares ici. Elle était moins surprise du fait qu’il lui offrait un compagnon, surtout avec son désir de s’améliorer sur certaines… lacunes. N’osant pas trop toucher à l’ourson, la demoiselle attendit que son père fasse les présentations.

-‘ Voici Grincheux, il vient directement d’Alola. Je me suis dit qu’il pourrait, avec Ouranos, t’aider à… t’entrainer. ‘

Grincheux, hein ? Cela promettait. Elle fit signe à son nouveau Pokémon, qui semblait plutôt tranquille… pour l’instant. Ses autres compagnons revinrent dans la pièce et ils passèrent le reste de l’après-midi ensemble, la rousse appréciant ce moment de détende. Le Nounourson se mêlait plutôt bien avec les autres, des liens se créant très vite avec les plus jeunes. Tout irait pour le mieux.

Elle allait bientôt commencer un nouveau travail.
Elle avait de nouveaux Pokémons et des buts.
Elle savait que quelque chose se tramait au loin.

Qu’importe. Elle continuerait d’avancer pour elle, pour les autres. Pour la première fois depuis longtemps, Bahia se sentait maitresse de sa vie. Elle avait toute sa famille autour d’elle et c’était tout ce qui comptait. L’ombre qui planait au loin ne lui faisait pas peur. Prenant son téléphone qui vibrait de nouveau, elle sourit en voyant le message. Un souper avec le scientifique de son cœur ce soir ?

Pourquoi pas.

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